Mister Arkadin

MASOCHISME SCÉNARISTIQUE

20 Septembre 2008, 23:07pm

Publié par Mister Arkadin

« […] les scénaristes et comédiens ne se sont pas écrits les personnages les plus reluisants. », écrit Christophe Carrère à propos de Parle-moi avec la pluie et de leurs auteurs, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri (L’Express, 18 septembre 2008, supplément « Styles », p.55). C’est le moins qu’on puisse dire ! Cela se remarque plus particulièrement en ce qui concerne le rôle de looser complet que s’est attribué Jean-Pierre Bacri, par contraste avec le rôle en or qu’ils ont écrit pour Jamel Debbouze. Il n’est pas une séquence du film où leur confrontation ne tourne à l’avantage du second, qui a toujours le mot juste, qui fait preuve de tous les talents, de toutes les audaces, qui est lucide et délicat, alors que Bacri joue un lourdaud gaffeur, stupide, pleutre et incapable. « Deux godelureaux veulent consacrer un reportage à l’héroïne. Il faut voir le travail. Ils sont en retard, ils oublient la pellicule, leur voiture tombe en panne » (Éric Neuhoff, Le Figaro, « Le cinéma et vous », 17 septembre 2009, p.28). Pourquoi ce pluriel ? « Il » oublie la pellicule, « il » se gare mal et retrouve sa voiture dans le fossé, « il » pose des questions égocentrées, « il » oublie de filmer alors que son comparse pose les questions les plus pertinentes et percutantes, « il » fait perdre son temps à tout le monde, « il » prétend avoir un contrat alors qu’il n’en est rien, « il » prétend rendre service à des amis en filmant le baptême de leur fille alors qu’ « il » cachetonne misérablement à cause de sa nullité, « il » filme le mauvais bébé, etc., etc. Bacri s’est écrit un rôle de tocard absolu, qui permet en comparaison à Jamel Debbouze de se la couler douce dans le rôle du mec brillant et impeccable, qui ne souffre que de ne pas être reconnu comme il le devrait et de la discrimination pépère dont sa mère et lui sont les victimes quasi consentantes. Bizarre masochisme scénaristique, que je ne me souviens pas avoir rencontré à ce point dans un autre film.

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MISTER ARKADIN

19 Septembre 2008, 23:02pm

Publié par Mister Arkadin

Avoir adopté "Mister Arkadin" pour pseudonyme à l’ouverture de ma messagerie Internet me permet d’évaluer le degré de cinéphilie de mes correspondants, selon qu’ils connaissent ou non la référence.

Pour ceux qui l’ignoreraient encore ou qui n’auraient pas vu le film d’Orson Welles Mister Arkadin, il passe depuis mercredi sur Ciné Polar.

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LE CHÂTEAU DE GUITRY

19 Septembre 2008, 14:11pm

Publié par Mister Arkadin

Un très précieux Guide des lieux cultes du cinéma en France a été publié en 2005 par Marc Lemmonier aux éditions Horay.

Les journées du Patrimoine, qui ont lieu ce week-end, sont une bonne occasion d’aller en visiter quelques-uns.

Pour les Parisiens, conseillons une petite virée dans les Yvelines. Non loin de la "Cité du Patrimoine cinématographique", comme s’autoproclame la commune de Bois d’Arcy, où fut en grande partie tourné Le Trésor de Cantenac, en 1949, le parc du château de Ternay, à Fontenay-le-Fleury, ouvre ses portes le samedi 20 septembre 2008 pour des manifestations relatives à son ancien propriétaire, Sacha Guitry.

Détails ci-dessous.


Communiqué de presse :

Sur les pas de Sacha…


Partez sur les pas de Sacha Guitry qui vécut à Fontenay de 1937 à 1957 au château de Ternay où il épousa sa quatrième épouse, Geneviève de Séréville.

Propriété privée, le château de Ternay ouvre les grilles de son parc à titre exceptionnel.

Visite drôle et poétique du parc du château de Sacha Guitry animée par la Compagnie des 2 mains et les Amis de Sacha Guitry : improvisation théâtrale, exposition et témoignages.

Château de Ternay – 41 rue René Dorme.

Horaires : 15h-19h

Entrée libre


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CINÉMA ET RADIO : SEMAINE DU 20 SEPTEMBRE 2008

18 Septembre 2008, 23:10pm

Publié par Mister Arkadin

Avec la collaboration de Desata

Rattrapage :

Conférence de la Bibliothèque Publique d'Information (BPI), vendredi 19 septembre 2008, cycle "Histoire du cinéma sous influence documentaire" (Jean-Louis Comolli) : Films Lumière

« J'ai mes sources » (Colombe Schneck), France Inter, mardi 16 et mercredi 17 septembre 2008, de 9h35 à 10h00 : Oren Nataf (cinéaste), pour son documentaire Vingt minutes de bonheur ; Philippe Val (patron de presse), Denis Jeambar (ancien directeur de L'Express), Daniel Leconte (journaliste, producteur et réalisateur), pour son documentaire C'est dur d'être aimé par des cons

« Esprit critique » (Vincent Josse), France Inter, mercredi 17 septembre 2008, de 9h10 à 9h35 : Léa Seydoux et Grégoire Leprince-Ringuet (acteurs), pour le film La Belle personne

« Rendez-vous » (Laurent Goumarre), France Culture, mercredi 17 septembre 2008, de 19h15 à 20h00 : Gilles Taurand (scénariste), Christophe Honoré (cinéaste) et Alex Beaupain (compositeur), pour le film La Belle personne


Émissions radiophoniques sur le cinéma de la semaine à venir :

Les émissions consacrées à Faubourg 36 ou à Entre les murs sont trop nombreuses pour être toutes recensées ici. On peut se reporter aux informations données par le site "Zapping du paf".

« Le grand studio » (Anthony Martin), RTL, samedi 20 septembre 2008, de 15h00 à 16h00 : Émission spéciale sur le film Faubourg 36, avec Christophe Barratier (réalisateur) et les acteurs Gérard Jugnot, Kad Merad, Clovis Cornillac et Nora Arnezeder

« 42ème rue » (Laurent Valière), France Musique, dimanche 21 septembre 2008, de 12h00 à 13h00 : « Les liaisons Hollywood-Broadway »

« Jazz Fan » (Laure Albernhe), TSF Jazz, dimanche 21 septembre 2008, à partir de 19h00 : Jacques Bonnaffé (comédien)

« Esprit critique » (Vincent Josse), France Inter, lundi 22 septembre 2008, de 9h10 à 9h35 : Le collège du film Entre les murs

« À plus d’un titre » (Tewfik Hakem), France Culture, lundi 22 septembre 2008, de 15h00 à 15h30 : Alice Ferney pour Paradis conjugal (Albin Michel)

« Europe 1 Soir » (Patrick Cohen et Marie Drucker), Europe 1, lundi 22 septembre 2008, de 18h00 à 20h00 : Gad Merad (acteur), pour le film Faubourg 36

« Du jour au lendemain » (Alain Veinstein), France Culture, lundi 22 septembre 2008, de 23h30 à 00h00 : Alain Fleischer, pour Prolongations (Gallimard) et Le Carnet d’adresses (Seuil)

« Nonobstant » (Yves Calvi), France Inter, mardi 23 et mercredi 24 septembre 2008, de 17h05 à 18h00 : Victoria Abril (actrice) ; Serge Toubiana (directeur de la Cinémathèque française) - l'émission avec Toubiana a été répoussée au vendredi 2 octobre 2008 

« Découvertes » (Michel Drucker), Europe 1, mercredi 24 septembre 2008, à 9h30 : Émission spéciale "Spécial Front populaire", à propos du film Faubourg 36, avec Christophe Barratier (réalisateur) et Gérard Jugnot (acteur)

« L’invité culture et médias » (Marc Fauvelle), France Info, mercredi 24 septembre 2008, à 9h45 : François Bégaudeau (critique, écrivain, scénariste et acteur), pour le film Entre les murs

« Culture vive » (Pascal Paradou), RFI, mercredi 24 septembre 2008, à 17h10 : Laurent Cantet (cinéaste)

« L’invité classique » (Olivier Bellamy), Radio classique, mercredi 24 septembre 2008, à 18h30 : Christophe Barratier (réalisateur), pour le film Faubourg 36

« La tête dans les étoiles » (Laurent Boyer), RTL, jeudi 25 septembre 2008, de 14h30 à 16h00 : Zabou Breitman (actrice)

« Europe 1 Soir » (Patrick Cohen et Marie Drucker), Europe 1, jeudi 25 septembre 2008, de 18h00 à 20h00 : Charles Berling (acteur)

« Surpris par la nuit » (Alain Veinstein), France Culture, vendredi 26 septembre 2008, de 22h15 à 23h30 - Rediffusion de l’émission du 28 février 2007 : « La petite boutique d’Orson Welles » (par Frédéric Bas), avec Yves Deschamps, François Thomas, Jean-Pierre Berthomé, Michel Chion, Nicolas Saada et Jean-Baptiste Thoret ; lecture de quelques extraits d’un journal de tournage écrit par un acteur sur Othello, par Mathieu Amalric


Rediffusions :

« Ronde de nuit » (Olivier Le Borgne), France Vivace, nuit de samedi 20 à dimanche 21 septembre 2008, de 1h00 à 4h00 : Sorties DVD de juin et juillet 2008, B.O.F. de Howard Shore pour le film Les Promesses de l’ombre (David Cronenberg) ; la veille la reprise de l’émission, dans la nuit de dimanche 21 à lundi 22 septembre 2008, de 1h00 à 4h00 (Sorties DVD de la rentrée, bande originale du mois)

« Mardis du cinéma » (Francesca Isidori, 1989), France Culture (« Nuits »), nuit du samedi 20 au dimanche 21 septembre 2008, de 2h20 à 3h45 : « Michelango Antonioni »

« Le cinéma des cinéastes » (Claude-Jean Philippe, 1976), France Culture (« Nuits »), nuits des samedi 20 au dimanche 21 et dimanche 21 au lundi 22 septembre 2008, à 4h35 et 4h30 : « Jean-Luc Godard »


Rappel : Grille des émissions de radio spécifiquement consacrées au cinéma(la grille de la saison 2008-2009 est en cours de préparation)

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LA FONTAINE D'ARÉTHUSE

18 Septembre 2008, 22:28pm

Publié par Mister Arkadin

La Fontaine d’Aréthuse n’est pas seulement l’un des premiers films d’Ingmar Bergman (1949), édité en DVD l’année dernière par Opening avec Cris et chuchotements. C’est également le titre d’un court métrage, précurseur des clips, conçu en 1935 par le critique musical et cinématographique Émile Vuillermoz, et réalisé par Dimitri Kirsanoff. Le film, qui fait partie d’une série de "Cinéphonies" réalisés par quelques-uns des meilleurs cinéastes des années 1930 (Kirsanoff, Marcel L’Herbier et Max Ophuls), est assez rare, même s’il a été montré dans quelques manifestations parisiennes relatives au patrimoine cinématographique (au musée d’Orsay ou à l’auditorium du Louvre). Des copies de qualité relativement médiocre circulent sur le Net, par exemple sur Qobuz, où même des contempteurs de Vuillermoz doivent reconnaître l’importance des "Cinéphonies". Raison de plus pour ne pas le manquer demain soir sur Arte au sein d’un programme concocté par Philippe Truffault (déjà diffusé le 31 décembre 2005), dont je reproduis le détail ci-dessous.


Informations complémentaires :

C’est dans deux travaux universitaires sur des cinéastes ayant réalisé des "Cinéphonies" que l’on trouve le plus de renseignements sur celles-ci et sur La Fontaine d’Aréthuse :

- Roger (Philippe), Max Ophuls. Un cinéaste exilé en France (1933-1941), Thèse de Doctorat (nouveau régime) en sciences de l’information et de la communication, Université de Lyon II (Louis-Lumière), dir. Jean-Louis Leutrat, soutenu le 25 octobre 1989 [Philippe Roger consacre également quelques pages aux deux cinéphonies de Max Ophuls, ainsi qu’à celles de Dimitri Kirsanoff et Marcel L’Herbier, dans Lyon. Lumière des ombres. Cent ans de cinéma (Lyon, Ed. LUGD, 1995, p.49-53].

- Trebuil (Christophe), L’œuvre singulière de Dimitri Kirsanoff, Paris, L’Harmattan, septembre 2003.

Présentation du programme sur le site d’Arte :

Cliposaurus rex
(France, 2005, 28mn)
Réalisateur: Philippe Truffaut

Vendredi, 19 septembre 2008 à 22:20

Rediffusions : 24.09.2008 à 04:30 ; 24.09.2008 à 16:20 ; 06.10.2008 à 04:30 ; 13.10.2008 à 11:25

Avant les clips, il y avait déjà des clips ! Philippe Truffaut redonne vie à quelques fossiles étonnants, objets rares et bizarres.

Cliposaurus rex ressuscite le monde perdu des clips préhistoriques, des chansons illustrées, des bandes promotionnelles avec danseuses sexy, de la musique en images. Ils ne s'appelaient pas clips, mais Vitaphones, Chronophones, Soundies ou Cinéphonies. On retrouve ainsi Fernandel dans un "protoclip" drôle et charmant de 1947 ("La caissière du Grand Café"), Lester Young dans un chef-d'oeuvre de 1944 ("Jammin' the blues"), une très belle symphonie visuelle d'Émile Vuillermoz de 1936 ("La fontaine d'Aréthuse"). On remonte même à la fin du XIXe siècle, avec les song slides, chansons illustrées avec des images fixes et très colorées obtenues grâce à des plaques de verre transparentes.

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BÉRAUD SELON "1895"

17 Septembre 2008, 23:16pm

Publié par Mister Arkadin

Depuis quelques années, la revue de l’Association française de recherche en histoire du cinéma (AFRHC), 1895, publie de plus en plus de notes de lecture, de taille très variable et dont les deux principales qualités, mis à part le simple fait qu’elles sont publiées régulièrement (Dieu sait si est précieuse l’information bibliographique pour les chercheurs en histoire), sont de ne pas se limiter aux livres, tous types de publications pouvant faire l’objet d’un recensement (catalogue, revues, plaquettes, etc.), et de ne pas se limiter au domaine français, ni même franco-anglo-saxon, les publications d’autres pays étant largement représentées, en particulier les publications italiennes (très abondantes en matière de cinéma), suisses et russes (on aura reconnu là deux des principaux centres d’intérêt de François Albéra, secrétaire de rédaction de la revue).

La dernière livraison (n°55, juin 2008) offre une belle moisson, dont je prélève sans vergogne la note suivante (page 247) :

La Gerbe d’or, roman de Béraud, contient une des plus belles descriptions de séance du cinéma des premiers temps. Chardère l’avait citée lors du Centenaire dans un article et on pouvait rêver de trouver d’autres liens avec le cinéma dans l’œuvre de romancier et de journaliste de cet auteur oublié aujourd’hui (après une compromission impardonnable durant l’Occupation). Heu, déjà thuriféraire du mal connu Émile Vuillermoz s’est attelé à cette tâche paradoxale. En effet il n’y a a priori aucun rapport entre Béraud et le cinéma : ni scénario, ni critique de film… Pourtant la moisson est abondante et passionnante : adaptations, fréquentations du monde du cinéma (il est l’ami de Vuillermoz mais aussi bien d’Epstein ou de Jeanson) et multiples allusions dans des textes. Béraud se révèle au centre d’un ensemble qui brille même d’une révélation, la filiation, tue par Henri Jeanson et Christian-Jaque, entre Un revenant et le roman de Béraud Ciel de suie.

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TRANSPARENCE – IV. MAILLOT MOUILLÉ (1)

16 Septembre 2008, 23:10pm

Publié par Mister Arkadin

TOUS LES PRÉTEXTES SONT BONS…

…AU CINÉMA…

…POUR DÉSHABILLER LES FEMMES !


Quatrième galerie de photos sur le thème de la transparence, après le voile, les combinaison et chemise et le débardeur.

 

TRANSPARENCE – IV. MAILLOT MOUILLÉ (1)

 

Le procédé est si souvent employé que cette galerie est subdivisée en trois sections. Voici la première :

 

Cindy Crawford dans Fair Game


 


Keri Russell dans Eight Days A Week





 

CatherineDeneuve dans Liza



 

Alexandra Schalaudek


 

Devil Blood Legend



 

Kate French et Mia Kirshner dans The L Word


 

Gina Lollobrigida



 

Sophia Loren




Jacqueline Bisset dans The Deep


 

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DE LIEN EN LIEN : LA CRITIQUE SUR INTERNET

16 Septembre 2008, 13:58pm

Publié par Mister Arkadin

La consultation du magnifique blog "Pour 15 minutes d'amour" m'a renvoyé à "Cinebeats", superbe journal en ligne d'une cinéphile anglo-saxonne, qui m'a lui-même donné envie d'aller regarder d'un peu plus près le site de la revue américaine "Cinéaste" (ce nom est-il un hommage à la cinéphilie française ?), et plus particulièrement un débat sur la critique de cinéma à l'heure d'Internet ("Film Criticism in the Age of the Internet : A Critical Symposium"). Je n'ai pas encore eu le temps de le lire, mais nul doute qu'il complète très utilement le débat qu'a organisé à ce sujet la Cinémathèque française cet été (dont j'ai publié un bref résumé ici). Je passe donc le relais. 

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"DAVANTAGE DE JUIFS À L’ÉCRAN"

15 Septembre 2008, 23:05pm

Publié par Mister Arkadin

J’ai souligné, ici, à quel point les discours sur la nécessité d’imposer une plus forte proportion de telle ou telle catégorie de population dans tel ou tel secteur d’activités pouvaient engendrer autant d’absurdités que les discours inverses (dont ils ne sont que les "doubles inversés", selon une expression qui faisait florès dans les années 1970).

« Quand Nicolas Sarkozy nomme Fadela Amara ou Rachida Dati, je trouve ça formidable, la gauche aurait dû le faire depuis longtemps. Mais encore faut-il leur laisser les moyens d’agir ! Je trouve cette visibilité indispensable, mais je trouve tout aussi indispensable qu’on ouvre les grandes écoles à ceux qui en ont besoin et qu’il y ait à l’écran davantage de rebeus, de renois, de juifs, de chinois… Et c’est d’ailleurs de plus en plus le cas au cinéma », a déclaré l’influent histrion Jamel Debbouze dans un entretien publié par Studio (n°249, septembre 2008, p.12).

Cela fait de nombreuses années que je ne cesse de lire et d’écouter des discours sur le cinéma ; c’est bien la première fois que je lis qu’il faudrait qu’il y ait davantage de juifs (acteurs et personnages ?) à l’écran (au cinéma et à la télévision ?).

Et pourtant ; je lis régulièrement L’Arche et Tribune juive, en particulier les comptes rendus d’Anne-Marie Baron sur les films ; je connais Le Royaume de leurs rêves, ouvrage de Neal Gabler (Calmann-Lévy, 2005) qui présente avec sympathie « la saga des juifs qui ont fondé Hollywood » (3) ; je connais les travaux universitaires de Claude Singer sur Le Cinéma en France pendant l’Occupation (1940-1944) et les Juifs (Mémoire de maîtrise d’Histoire du cinéma, dir. Claude Beylie / Jacques Goimard, Université de Paris I, juin 1980), de Pierre Sorlin sur la « Présence des Juifs dans le cinéma français à la veille de la Seconde Guerre mondiale » (Les Juifs dans l’histoire de France, dir. Myriam Yardeni, E.J. Brill, 1980, p.186-210) et de Raphaël Meltz sur Le Juif dans le cinéma français des années 1930. Productions et réceptions (mémoire de maîtrise, dir. Christophe Charle, Université de Paris I, U.F.R. d’Histoire, octobre 1998, 137 f.) ; je connais les dénonciations frénétiquement antisémites de la présence juive dans le cinéma, autant les anciennes, telles celles de Lucien Rebatet (Les Tribus du cinéma et du théâtre, Paris, Nouvelles Editions françaises, coll. « Les Juifs en France » (n°IV), avril 1941), que les récentes, par exemple celles d’un Hervé Ryssen, ce dernier les voyant notamment à l’œuvre dans la « La mafia du porno » (La Mafia juive) ; je connais l'étude de Michel Goreloff sur les  « films juifs », parue dans Cinémagazine le 17 février 1928 (7e année, n°7, p.282-284), celle de Philippe Haudiquet sur « Quelques images du peuple juif à l'écran » (Image et Son. La Revue du cinéma, n°179, décembre 1964, p.26-45) et le travail bibliographique de Claude Gauteur « Pour une histoire juive du cinéma » (Image et Son. La Revue du cinéma, n°203, mars 1967, p.50-51) ; je connais le supplément n°5 des Cahiers de la Cinémathèque (88 p.), qui présente la manifestation "Confrontation 8" (« Réflexions sur la question juive au cinéma », 26 mars - 2 avril 1972, Perpignan) ; je connais des publications juives sur la question (en particulier  l'étude de dix pages sur "l'apport des Juifs allemands au film allemand" publiée par Lotte Eisner (4) dans les Cahiers juifs en septembre 1933 et le numéro sur « Le vécu juif au cinéma » des Nouveaux cahiers de l’Alliance Isréalité Universelle) ; etc. ; etc.

Les rapports entre les Juifs et le cinéma sont suffisamment documentés pour que personne, jusqu’à l’ineffable Jamel Debbouze, ne prétende qu’ils seraient sous-représentés dans ce secteur d’activités.

Je m’interroge dès lors sur ce qui l’a incité à inclure les Juifs dans son énumération et ne puis que ranger sa motivation parmi les manifestations de judéomanie analysées par Jean Robin. Ce dernier, dans La judéomanie. Elle nuit aux Juifs. Elle nuit à la République (éditions Tatamis, 2006), montre qu’elle est souvent le fait, non de Juifs qui se plaindraient d’être maltraités, mais de personnes surenchérissant sur les revendications de la communauté juive, se précipitant pour dénoncer tout ce qui pourrait apparaître comme une manifestation d’antisémitisme et allant au devant de ce qu’elles pensent être le plus à même de montrer que la France n’est pas, n’est plus ou fait tout ce qu’elle peut pour ne plus être un pays antisémite, montrant d’abord surtout leur préoccupation qu’elles-mêmes ne puissent être suspectées le moins du monde.

Dans le cas qui nous occupe, le comique Jamel Debbouze n’a-t-il pas saisi l’occasion d’afficher qu’il ne saurait être tenu pour antisémite, sans même se rendre compte qu’il faisait du zèle et que son propos n’avait guère de sens ? Ne s’est-il pas dit qu’il ne fallait surtout pas qu’il oublie les Juifs parmi ceux qui sont persécutés, d’une façon ou d’une autre, alors même qu’il évoquait un domaine où personne ne songe qu’ils puissent l’être ? Cela s’apparente à de la flatterie et laisse à penser que Djamel Debbouze voudrait se rendre agréable à la communauté juive, comme s’il lui prêtait une influence telle qu’il ne pourrait se la mettre à dos.

Comment, dès lors, ne pas se rappeler que, durant le sketch sur un religieux ultra-sioniste (1) qui a valu tant d’ennuis à Dieudonné (2), la personne, sur le plateau de Fogiel, qui s’esclaffait le plus de rire, sans aucune retenue et tout du long, était son copain Debbouze, dans les bras duquel Dieudonné est ensuite tombé ? Quelque temps après, la curée ayant commencé, Djamel Debbouze prit prétexte de l’un des passages d’un spectacle de Dieudonné pour se désolidariser complètement de lui.


Notes :

(1) http://www.wideo.fr/video/iLyROoaftMfo.html

Attention, certaines versions de ce sketch circulant sur le Net sont soit coupées, soit trafiquées et agrémentées de commentaires orientés : http://www.youtube.com/watch?v=QBFNKBV2Px4&feature=related ; http://www.youtube.com/watch?v=1MFllE3d31M&feature=related

(2) À propos de Dieudonné, je dirais l’inverse de ce qui est dit habituellement. Il aurait un grand talent d’humoriste, mais ferait preuve d’une grande confusion idéologique, sinon d’un antisémitisme forcené. Pour ma part, ses sketchs, assez maladroits (d’où les polémiques), ne m’ont que très rarement fait rire, mais le personnage me paraît assez censé dans ses discours, du moins quand il peut s’exprimer relativement longuement, sans que l’interlocuteur ait d’hostilité a priori à son égard (cf. une interview du Choc du mois, paru en mai 2006).

(3) (21 avril 2009) Une synthèse peut être lue dans Tribune juive de février 2009 («  L'invention du rêve américain », par Aaron Weiser, p.118-123). Notons également que trois des personnalités sur les neuf figurant sur les illustrations de l'article « Un "génie juif" ? Mythe ou réalité », paru en janvier 2009 (p.74-77), sont des acteurs et réalisateurs de cinéma (Groucho Marx, Woody Allen et Steven Spielberg).

(4) Le Dr L. H. Eisner avertit en note son lecteur : «  Nous ne saurions donner ici autre chose qu'un aperçu rapide de la question, à titre d'information. S'il fallait être complet, un volume ne suffirait pas. Nous parlerons d'ailleurs, surtout de l'activité artistique et non industrielle des Juifs au cinéma.  »


Compléments :

(18 septembre 2008) Une belle prestation de Dieudonné, dont on peut contester le fond, dont on ne peut nier le talent : "Palestine".

(23 et 25 septembre 2008) : Depuis l'écriture de ce billet, j'ai lu et entendu plusieurs autres entretiens avec Debbouze, ainsi qu'avec Bacri et Jaoui, qui se répandent un peu partout [pour la promo de leur production Parlez-moi de la pluie]. Je n'ai cependant pas eu le courage de relever toutes les autres âneries qu'ils débitent, Debbouze étant de loin le plus généreux en la matière. Iannis Roder s'en est chargé, en ce qui concerne une page du JDD particulièrement gratinée, sur le "salon de réflexions" d'Elisabeth Lévy. Excepté les précautionneuses louanges de l'acteur, on ne saurait mieux dire. Les commentaires des internautes valent aussi parfois le détour, par exemple celui d'un certain "Robert Marchenoir" (15 septembre, 18h29), mis à part la généralisation abusive à tous les musulmans, ou celui de "David" (15 septembre, 19h55). Un point de vue opposé : celui de "babeil" (17 septembre, 14h53).

Parmi tous les entretiens donnés par et au trio, on regardera particulièrement celui de "Ce soir ou jamais" (France 3, 15 septembre 2008), où il n'est pas une question posée à Jamel Debbouze que celui-ci ne rapporte à son propre cas (pour se présenter comme l'objet de toutes sortes de persécutions), à tel point que, à un moment, Jean-Pierre Bacri est obligé de demander à Frédéric Taddéi de lui répéter la question car la réponse à côté de la plaque, parce que complètement égocentrée, de Debbouze (alors que Taddéi l'interrogeait sur un autre sujet que sa petite personne) lui a fait perdre le fil de la discussion. 

(29 septembre 2008) : Dieudonné sur le revirement de son pote Jamel.

(6 octobre 2008) Une retranscription du "sketch" de Dieudonné a été proposée par le journal de Marc-Edouard Nabe, La Vérité (n°4, février 2004, p.4), accompagnée de points de vue sur le revirement de Jamel Debbouze («  Le voir tenir des propos antisémites, tu penses bien que je condamne ça »...), l'un de Dieudonné, l'autre d'Alain Soral («  Jamel, le futur Smaïn », également disponible sur le site de ce dernier).

(22 mars 2009) Alain Soral revient sur les rapport entre Dieudonné et Jamel dans un entretien récent (voir aussi).

(22 août 2010) Le grand écart entre Debbouze et Dieudonné se retrouve dans leur positionnement sur "l'Affaire Polanski" (coupure de presse ci-jointe en ce qui concerne le premier, tirée de Oops !, n°59, 4-17 juin 2010, p.36 ; vidéo "Polanski : la vérité", pour le second).

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(28 août 2010) On admirera, dans une émission d'"Arrêt sur images" sur le rire, comment le courageux Olivier Mongin, gêné par une question de Daniel Schneidermann sur le rire de Djamel durant le sketch de Dieudonné, botte en touche et dédouanne complètement son chouchou avant de bien charger son unique bête noire (un « fondamentaliste [ayant] opté pour un rire identitaire, qui renforce les fermetures, malsain, [pour une] politisation du rire qui fige l'identité du comique et bloque le message  »). Le plus amusant est que Mongin ne se rend pas compte que la définition du grand comique qu'il donne ensuite (celui qui joue sur la limite) correspond très exactement à ce qu'a fait Dieudonné dans son sketch  (la limite entre un Juif extrêmiste et un Nazi) : « Les comiques, c'est des funnambules. Buster Keaton, il a toujours un pied d'un côté et un pied de l'autre. Et faut que ça tienne. Un grand comique, faut faire tenir ensemble deux choses qui ne tiennent pas nécessairement ensemble, c'est-à-dire un flic arabe, la cité et le centre ville, Canal + et Trappes. C'est pas n'importe qui qui peut faire ça.  »

(11 février 2011) Du temps où Debbouze soutenait Dieudonné, il était venu le saluer sur scène en simulant qu'il se désolidarisait de lui pour éviter les ennuis, tout en clamant à peu près (je cite de mémoire) : « C'est pas toi qui dois te taper le passage chez Drucker, en compagnie d'Enrico Macias » Debbouze a achevé récemment son parcours vers Canossa, un passage du "Zapping" (Canal +, 17 janvier 2011) nous le montrant se vautrant dans le canapé de Drucker, sous le regard attendri de celui-ci, en "narguant" Marine Le Pen, peu après que Drucker a déclaré qu'il ne la recevrait jamais. A-t-on jamais vu plus obscène mise en scène de sa propre servilité ? Debbouze ayant déclaré à L'Express (n°3108, 26 janvier 2011, p.14) qu'il était « un jeune qui a[vait] soif de liberté et qui l'a[vait] assouvie », nul doute qu'il n'en a plus besoin, ayant déjà été comblé.

(24 juillet 2012) Polémique sur la représentation des Juifs à l'écran + "How Jewish is Hollywood ?".

(18 août 2012) « Hollywood et les Juifs : moteur, ça tourne », par Noémie Grynberg, Israël Magazine, 2008.

(20 août 2012) Des points de vue divergents sur la représentation des Juifs à l'écran sur "Enquête & Débat", mais pas de "débat", puisque l'auteur de la vidéo ne prend pas la peine de répondre aux multiples objections formulées de manière argumentée dans les commentaires d'internautes à son "enquête" (de même que le discours qu'il tient dans sa vidéo ne prend en compte que les infos et analyses allant dans son sens parmi celles qui lui avaient été préalablement communiquées, et non celles qui le contredisaient).

(20 septembre 2012) Prise de position d'un film français récent sur la question.

(28 février 2013) Le retournement de veste est décidément un sport que monsieur Debbouze pratique intensivement.

(27 octobre 2013) Un coïncidence rigolote à propos de l'humour de Dieudonné, dans Libération du 13 septembre 2013 :

- p.12 : « Les "quenelles" de Dieudonné laissent un sale goût »

- p.17 : « "L'humour est de plus en plus requis chez les cadres" »

(9 février 2014) Le meilleur sketch de Dieudonné est à mes yeux "Le cancer", d'une durée de près de 20 minutes, qui prouvent indubitablement que ses détracteurs ne daignent pas prendre la peine de l'écouter ou mentent délibérément quand ils affirment qu'il n'a plus un seul sujet de préoccupation, les Juifs, et qu'il n'est plus drôle depuis qu'il s'attaque au sionisme.

(21 juin 2014) L'Arche, n°648, mai 2014, "Les Visages de l'humour juif"

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(20 aout 2014) Toutes sortes de liste sur ce type de sujets, décidément : "Beautiful actresses- Jewish/partially Jewish, and Israeli"

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(parmi ces "beautiful actresses", Jennifer...)


Ci-dessous un article du Monde sur les aides à la "diversité ethnique" sur les écrans, dont a par exemple bénéficié Entre les murs, pour la modique somme de 100.000 euros.

« La diversité ethnique s'impose lentement au cinéma », par Nicole Vulser, Le Monde, 23 septembre 2008 

La Palme d'or du Festival de Cannes 2008, Entre les murs, de Laurent Cantet, qui sort mercredi 24 septembre, a été réalisée avec une classe d'un collège parisien. Les comédiens s'appellent Sandra, Khoumba, Driss ou Souleymane, de jeunes Français souvent d'origine arabe ou africaine. Passée dans les moeurs aux Etats-Unis, au Canada ou en Grande-Bretagne, l'apparition à l'écran d'acteurs de couleur reste encore rare en France. Au point que les pouvoirs publics s'en sont préoccupés avec la loi sur l'égalité des chances de 2006.

Cette loi a créé le fonds d'aide Images de la diversité, géré par le Centre national de la cinématographie (CNC) et l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (ACSÉ). Il a pour mission de donner de l'argent à la production, la distribution de films, documentaires ou téléfilms qui permettent "la connaissance des réalités et expressions" des populations immigrées ou issues de l'immigration et des départements d'outre-mer ou qui mettent en valeur "la mémoire, l'histoire, le patrimoine culturel de ces populations et de leurs liens avec la France".

Parmi les critères d'attribution de ces aides - 4,5 millions d'euros par an (le prix moyen d'un film français) - figurent aussi "la lutte contre la discrimination" ou "la visibilité de l'ensemble des populations qui composent la société française d'aujourd'hui". Sur 175 oeuvres aidées en 2007, le jury a sélectionné 77 documentaires et 34 longs métrages, dont Entre les murs, qui a reçu 100 000 euros, Welcome de Philippe Lioret, La Trahison de Philippe Faucon, Sexe, gombo & atieke de Mahamat-Saleh Haroun, Les Bureaux de Dieu de Claire Simon ou Bled Number One de Rabah Ameur-Zaïmeche...

Toute la difficulté, selon les animateurs du fonds, est de ne pas aider des films qui véhiculent trop de clichés ou qui tomberaient dans les excès du politiquement correct. "On reçoit beaucoup de documentaires qui font pleurer Margot. La grande majorité concernent la banlieue. Depuis janvier, on a reçu une dizaine de propositions de documentaires sur les prisons", explique Samia Meskaldji à l'ACSÉ. "La population maghrébine est très forte dans l'univers carcéral, mais ce n'est pas une raison pour ne donner à voir que ce type de documentaire", ajoute Blanche Guillemot, directrice générale adjointe de l'ACSÉ. "On n'aiderait pas non plus un film simplement parce qu'un acteur est noir. Ce n'est pas le casting qui fait la diversité", précise Samia Meskaldji.

Aux yeux d'Alexandre Michelin, qui préside le fonds, "Images de la diversité doit tenter de dénouer certaines rigidités du système français". Sur l'histoire encore trop méconnue de la France mais aussi sur la petite place des acteurs blacks ou beurs à l'écran. "Le cinéma est plus en avance dans ce domaine que la télévision, où la diversité, dans la fiction, arrive d'ailleurs, par le biais des séries américaines, ajoute M. Michelin. Si bien qu'en regardant les séries à la télévision, on connaît mieux les acteurs noirs américains que les français." Au point que le Conseil supérieur de l'audiovisuel a créé en avril un Observatoire pour la diversité audiovisuelle.

Personne n'envisage pour autant d'imposer des quotas d'acteurs d'origine beur ou noire dans les films. D'autant que les choses vont dans le bon sens, selon Djourha, la première agente d'acteurs à Paris à s'être occupée de la carrière d'acteurs noirs, comme l'Ivoirien Isaach de Bankolé - parti aux Etats-Unis il y a une dizaine d'années -, le Burkinabé Sotigui Kouyate, le Malien Habib Dembélé...

"Il y a vingt ans, raconte Djourha, on ne proposait aux comédiens maghrébins que des rôles de voyou, de dealer, de méchant. Dans un scénario, un avocat ou un médecin ne pouvait être qu'un Blanc, jamais une femme, ni une noire ni une arabe. Et l'Africain se devait d'être grand et beau." Les mentalités ont changé, surtout depuis que Jamel Debbouze, Sami Bouajila, Roschdy Zem, Samy Naceri ou Gad Elmaleh sont devenus des acteurs qualifiés de "bankables" - des projets de films se bâtissent sur leur nom et des scénaristes leur écrivent des rôles sur mesure. Question de génération sans doute, Grégory Weill, l'agent de l'actrice Hafsia Herzi, 21 ans, révélée par La Graine et le Mulet d'Abdellatif Kechiche, se veut résolument optimiste : "Hafsia a reçu une multitude de propositions. Son statut de comédienne est reconnu au-delà de ses origines."

Djouhra aussi se veut confiante : "Il existe un potentiel d'excellents acteurs. On est sorti des clichés au cinéma." Mais Alexandre Michelin tempère : "La plupart du temps, il n'y a guère de rôles positifs, et ils restent plutôt marginaux. On ne sait pas encore vraiment comment représenter la diversité en France, on reste toujours sur un modèle jacobin. Le simple fait qu'on ait besoin d'une aide ad hoc témoigne que tout n'est pas réglé. Si Jamel Debbouze est considéré comme l'alibi parfait de la réussite des acteurs beurs au cinéma, c'est aussi l'arbre qui cache la forêt", rappelle-t-il.

Pour boucler la boucle, Images de la diversité devrait aider un documentaire sur la lutte qu'a menée Jenny Alpha, une des premières grandes comédienes martiniquaises, pour conquérir sa place dans les théâtres parisiens.

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UNE LIMITE DE L'ILLIMITÉ

14 Septembre 2008, 23:10pm

Publié par Mister Arkadin

Mercredi 3 septembre, 14h15, je me pointe à la caisse d’un cinéma pour voir un film commençant 20 minutes après le début de la séance de 14h. « Vot' carte elle passe pas », me dit la caissière. Bon, ce n’est pas étonnant, vu que je l’ai utilisée, à 12h55, pour aller voir un autre film. Je ne comprends pas trop pourquoi je n’aurais pas le droit, si un film me déplaît et que j’ai envie de quitter la salle, d’aller voir un autre film même si le premier n’est pas encore fini. Il paraît que cette limite à l’ « illimitée » a été instaurée pour éviter une sorte de "zapping" cinéphile qui verrait des spectateurs naviguer de salle en salle pour voir une suite de bouts de films, car ces allées et venues risqueraient de gêner les autres spectateurs. Coup de chance, le premier film que je suis allé voir ce jour là étant très court, il finissait à 14h15, la séance suivante ayant lieu à 14h25. J’ai donc pris mon mal en patience, attendu 14h25 et redemandé une place pour Troupe d’élite, commencé depuis 5 minutes. « Ça passe toujours pas. » Quand je rétorque à la caissière que ce n’est pas normal, vu que la séance pour laquelle j’ai précédemment utilisé ma carte est terminée, elle me répond : « Pt’êt ben, mais vous avez dû utiliser c'te carte ya moins de deux heures. On peut pas utiliser une carte si on l'a déjà utilisée moins de deux heures avant. » La situation me paraît absurde. Je propose toutefois à la caissière de lui laisser ma carte pour qu’elle me laisse aller voir Troupe d’élite et qu’elle enregistre mon entrée à la séance suivante, au moment où je reviendrai la chercher. Pas moyen de l’amadouer : « non, j’pas le droit, la direction veut pas. » Et voilà comment l’excès de zèle dans la lutte contre la fraude et le détournement des possibilités offertes par les cartes illimitées, qui s’apparente en l’occurrence à du refus de vente, risque au contraire d’encourager des pratiques illicites. Non de fracasser le crâne de la caissière bornée pour qu’elle me laisse aller voir ce putain de film, non d’aller kalachnikover toute la direction, tout de même pas, je suis civilisé, mais tout simplement de ne pas repasser par la caisse quand on veut aller voir un second film si un premier nous a déçu et qu’on l’a quitté en cours de route, ou quand on veut voir un autre film après un premier durant moins de deux heures. En attendant, je vais me contenter d'un courrier au service Clients d'UGC, auquel il ne sera sans doute pas répondu, sinon peut-être une réponse convenue et n'engageant pratiquement à rien.


PS (26 décembre 2008) : Une réponse datée du 5 décembre 2008 m'est parvenue, accompagnée par un beau livre "en raison du retard", qui me confirme qu'"aucune retrait de billet n'est possible avec [ma] carte UGC ILLIMITE dans un délai de 1h30 [et non 2h, comme le prétendait la caissière dans mon cas] suivant une première utilisation". La raison : "tout billet émis fait l'objet d'une déclaration au Centre National de la Cinématographie (CNC), organisme de contrôle assurant la rétribution des ayant- droits [sic] auprès desquels chaque cinéma est pénalement responsable." Soit. Ceci dit, dans le cas que je décrivais ci-dessous, de 12h55 à 14h25, 1h30 s'était bien écoulée.

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