Les trois ou quatre lecteurs réguliers de ce blog se seront peut-être étonnés qu’après avoir rendu compte plusieurs fois du cycle de projections parisiennes "Images d’hier", les 13 mars, 5 avril, 28 avril (présentation par Bibi du Cri de la victoire), 20 septembre (annonce d’une soirée Aimée-Astruc, qui fut mémorable) et 14 novembre 2011, je n’en ai plus parlé du tout en 2012. N’annonçais-je pas, dans le dernier de ces billets, intitulé « "Images d’hier" à venir », que je prévoyais d’y présenter un film à la saison 2011-2012 ? Dans mon dossier informatique « Articles ou livres en projets » (hélas autrement copieux que le dossier « A paraître, déjà parus ou abandonnés »), je retrouve de la documentation sur Le Chevalier sans armure, film sur lequel mon choix s’était donc probablement fixé.
J’aurais pu faire défection, pour manque de temps. Cela ne m’aurait pas empêché de signaler les projections animées par mes petits camarades, ne serait-ce que parce qu’ils sont pour la plupart largement plus compétents que moi. Non, la raison d’un silence, comme dirait l’autre, est qu’il m’a été fait savoir que ma présence parmi les collaborateurs du Champollion, la salle qui accueille cette manifestation, n’était pas souhaitée. Il n’a pu m’être donné d’autre raison à cette éviction que la réception de deux [2] lettres de dénonciation. Ces lettres ne m’ont pas été communiquées, leur contenu ne m’a pas été précisé et la direction a obtempéré sans prendre la peine de me le faire savoir directement. Tout juste ai-je pu apprendre, non les noms des corbeaux, mais quelques indices sur leur identité. L’un serait professeur à l’Université de Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) ; l’autre restant mystérieux, appelons-le Monsieur X.
Voilà, pas de quoi faire un plat de cette scène de la lâcheté ordinaire, dont il serait trop dire que j’en serais la victime, vu qu’il s’agissait d’un petit travail non rémunéré, à destination de quelques happy fews d’une salle de répertoire du Quartier Latin, et non d’une activité régulière ou d’un gagne-pain. Il me tenait moins à cœur pour son importance en lui-même que pour l’honneur que constituaient la participation à une manifestation cinéphilique pointue et la responsabilité de représenter une revue que j’affectionne, Jeune cinéma, pour la possibilité de m’exprimer sur des films, ce que je ne fais pas si souvent que cela (mon sujet de prédilection n’étant qu’indirectement le cinéma, contrairement aux apparences), les abordant plutôt de biais en général, et pour le plaisir pris à passer de l’autre côté du miroir, d’une certaine façon, en n’étant plus seulement l’habitué des salles d’art et d’essai qui ont formé ma cinéphilie à l’adolescence, mais l’une des personnes participant à l’animation de l’une de ces salles, qui n’est en outre pas la moins prestigieuse.
Tant pis, ce n’est pas bien grave, le plus important étant que mon retrait forcé n’aura nulle incidence sur la poursuite d’"Images d’hier", qui, je l’espère, s’apprête à repartir pour un tour en 2012-2013.
Deux remarques pour finir :
- un peu étonné tout de même qu’il en faille si peu pour obtenir que quelqu’un soit black-listé (deux lettres, je le répète pour réaliser moi-même que cela soit possible !), d’autant qu'il serait presque flatteur pour moi de pouvoir me prétendre un individu menaçant, capable de mettre en danger l’existence d’une salle de spectacles par ma simple participation à l’animation d’une soirée par an, de la compromettre par le souffle d’aura maléfique qui émanerait de ma parole subversive, ma foi, croyez-bien que j’aimerais pouvoir faire l’intéressant, mais j’ai peur d’être bien plus inoffensif que ne le subodorent mes censeurs et ceux qui leur ont obéi le doigt sur la couture du pantalon ;
- ayant obtenu deux prix pour un mémoire soutenu à l’UVSQ, où deux professeurs aussi suspects politiquement et aussi peu réputés que messieurs Pascal Ory et Antoine de Baecque (C1) m’ont attribué deux années de suite la meilleure note qui y était donnée aux mémoires de maîtrise et de DEA, le premier ayant préfacé le livre tiré de ma maîtrise et le second ayant fait appel à moi pour un dictionnaire qu'il a dirigé aux Presses universitaires de France, je trouve ironique, quoiqu’un peu attristant, que cela soit un professeur de cette faculté qui ait réclamé et obtenu si aisément ma tête.
Complément :
(C1) (28 août 2012) qui se trouve être l'animateur régulier des soirées organisées par la revue L'Histoire au Champollion, après l'avoir été des soirées organisées par Libération dans le même établissement, quand il était rédacteur en chef des pages culturelles de ce journal.