Dans un remake russe des Tontons flingueurs, à la rigueur
cela pouvait faire penser, pour la violence et la rage, à la dérive urbaine de Robert De Niro dans Taxi Driver
C’était le scénario qu’il se racontait à trente ans, émigré sans le sou largué sur le pavé de New York, et trente ans plus tard, voilà, le film se réalise
un genre d’amabilité que je croyais l’apanage des actrices américaines : riant beaucoup, s’émerveillant de tout ce que vous lui dites, vous plantant là quand passe quelqu’un de plus important
s’en prenant à Poutine avec aussi peu de précautions qu’une actrice engagée, chez nous, en faveur des sans-papiers peut s’en prendre à Sarkozy
j’écris des livres, des scénarios, et ma femme est journaliste
Arrêtez de vous faire un film d’épouvante
Quand il arrive avec Kadik au cinéma Pobiéda
étaler des livres d’occasion sur une table pliante dans le hall d’un cinéma
notre Édouard, ce Barry Lyndon soviétique
un film projeté de façon quasi permanente à Kharkov tout au long de ces années, et qu’il ont vu en bande dix, vingt fois : Les Aventuriers, avec Alain Delon et Lino Ventura
avoir l’air d’un homme comme Delon, qu’il essaie d’imiter, seul devant son miroir
une certaine Néna (pas Nina, ni Léna : Néna), qui était la femme du cinéaste Jacques Baratier – auteur de Dragées au poivre, avec Guy Bedos
jamais à ma connaissance parlé de Tarkovski fils
il va boire un coup avec les autres et tente de fomenter une révolte à la manière d’un de ses héros, le marin du cuirassé Potemkine
des gens comme les frères Mikhalkov, Nikita et Andreï, tous deux cinéastes de talent, célèbres à l’étranger, louvoyant entre docilité et audace avec autant de doigté que leur père, poète célèbre lui aussi et qui entre l’aube et le crépuscule de sa longue carrière trouva le moyen de composer des hymnes à Staline et Poutine
toujours riant, avec l’acteur connu qui l’embrasse à pleine bouche avant d’entrer dans l’appartement
Quand on vient de Moscou, c’est comme si on passait d’un film en noir et blanc à un film en couleurs.
dans de petits cinémas pornos, et cela aussi les enchante
pensé que sa vie aventureuse le mènerait quelque part, que le film finirait bien
quelquefois, il se paye un cinéma porno, moins pour s’exciter que pour pleurer doucement, silencieusement
avec l’air de se prendre très au sérieux, les feuillets dactylographiés de ce qui doit être un scénario
se flatte d’avoir perdu un million de dollars en produisant un film d’avant-garde
l’auteur des Dents de la mer
les clients des revues et des cinémas pornos
comme le richard à haut-de-forme des Lumières de la ville
commettre un meurtre politique, comme De Niro dans Taxi Driver
devenu une sorte de wunderkind de la critique de cinéma
emmener les filles à des projections privées
trouvé du travail comme critique de cinéma
une autre allure que les conversations de café filmées par les anciens élèves de l’IDHEC
un restaurant géorgien qui ressemble, pense Édouard, aux restaurants de marché noir dans les films français sur l’Occupation
l’affaire semble partie pour tourner comme dans les films dont le jeune homme récite les répliques cultes
Obi-Wan Kenobi, le sage mentor, dans Star Wars, du chevalier Jedi velléitaire et indécis à qui fait de plus en plus penser Gorbatchev
l’horreur du héros dans L’Invasion des profanateurs de sépultures, le vieux film de science-fiction des années cinquante, quand il découvre que les hommes ont été, peu à peu, remplacés par des extraterrestres et que chacun de ses familiers, en apparence inchangé, est en réalité un mutant malfaisant
un journaliste américain qui s’était fait assez sérieusement démonter la gueule et, par ailleurs, partageait ma passion pour les histoires de science-fiction paranoïaques dont L’Invasion des profanateurs de sépultures est le paradigme
Hatzfeld décrit Arkan, qui préside à l’opération, comme une sorte de Rambo
un cinéaste anglais d’origine polonaise avec qui je partage beaucoup de curiosités
ce changement d’échelle présenté comme un contrechamp est un peu vicieux
à l’enterrement de Sakharov, un jeune homme avait comparé le défunt à Obi-Wan Kenobi et Gorbatchev à un Jedi maladroit
ceux qui se référaient à Star Wars pour se raconter l’histoire de leur pays
un film d’épouvante absolument terrifiant et qui se terminait de façon enthousiasmante
Castro, Kadhafi et Saddam Hussein, seuls rescapés du cercle des poètes disparus
Beau, costaud, le sourire franc, la poignée de main ferme : Mel Gibson dans L’Année de tous les dangers.
Cette figure [le baron Ungern von Sternberg] comparable à l’Aguirre de Werner Herzog
pêle-mêle dans son panthéon Lénine, Mussolini, Hitler, Leni Riefenstahl, Maïakovski, Julius Evola, Jung, Mishima, Groddeck, Jünger, Maître Eckhart, Andreas Baader, Wagner, Lao-tseu, Che Guevara, Sri Aurobindo, Rosa Luxembourg, Georges Dumézil et Guy Debord
dans les films, le héros est toujours blessé à l’épaule
Il faudrait un Scorsese pour illustrer cette aventure.
On traverse l’Herzégovine, plateau rocheux, venteux, aride, où ont été tournés beaucoup de western spaghettis et où ne poussent, dit-on, que des pierres, des serpents et des oustachis.
Les affiches et peintures qui recouvraient les murs rongés d’humidité représentaient Staline, Fantômas, Bruce Lee, Nico et le Velvet Underground, Limonov en uniforme d’officier de l’armée rouge.
On commandite de grands films romanesques sur les purges, comme Soleil trompeur de Nikita Mikhalkov.
Arnold Schwarzenegger en moins fluet
Alain Delon, montrant un intérêt inattendu pour les affaires intérieures russes, l’a assuré de son soutien dans Paris Match.
Liza, une ravissante et longiligne punkette qui a vingt-deux ans, qui ressemble à Anne Parillaud dans Nikita
Comme dans un film de Mankiewicz, l’officier falot et obséquieux va se révéler une machine de guerre implacable et dégommer un à un ceux qui l’ont fait roi.
une personnalité aussi puissante et consensuelle de Mikhalkov
combiner un nouveau voyage d’études sur les possibilités de déstabilisation du Kazakhstan avec un stage de survie, façon Rambo, dans les montagnes de l’Altaï
comme le voyageur trop civilisé devant le trappeur mongol Dersou Ouzala
C’est lui [Mikhalkov], Kouznetsov, qui a sévi, à la demande du cinéaste.
Pour un homme qui se voit comme un héros de roman, la prison, c’est un chapitre à ne pas rater et je suis sûr que, loin d’être accablé, il a joui de chaque instant, j’allais dire de chaque plan de ces scènes de film cent fois vues
une règle, à la télévision, de ne regarder que les informations, jamais un film ou une émission de variétés qu’il considère comme le début de l’avachissement
la plage d’Ostie, près de Rome, où il est allé avec Elena quelques mois avant que Pasolini ne s’y fasse assassiner
Un ami plaisantait récemment, devant moi, au sujet de David Lynch, le cinéaste, en disant qu’il était devenu complètement zinzin parce qu’il ne parlait plus que de la méditation et voulait persuader les gouvernements de la mettre au programme dès l’école primaire.
ses compagnons de cellule regardent à la télé un de ces films policiers qu’ils adorent, malgré les tentatives d’Édouard pour leur faire prendre conscience de ce qu’ils ont, pour eux d’insultant
un spectacle de film burlesque : des processions de détenus écopant avec des verres à eau, du matin au soir, des flaques sans cesse renouvelées
voilà qu’on lui annonce que dans dix jours, dans huit, dans trois, c’est fini, on replie le décor, on congédie les figurants, on passe à un autre film
fait exactement pareil quand j’ai tourné une séquence de mon film documentaire à la colonie pour mineurs de Kotelnitch, ayant espéré un spectacle dantesque et me résignant mal à ce qu’il ne le soit pas
j’aime bien avoir avec lieu des discussions de scénaristes
une quantité de grands livres ou de grands films dont les héros finissent dans la panade
Raging Bull, par exemple, et sa dernière scène où on voit le boxeur joué par De Niro au bout du rouleau, complètement déchu.
Limonov, par Emmanuel Carrère,
Paris, P.O.L., août 2011,
p.13/16/24/29/30/34/47/68/82/92/93/106/108/110/121/124/139/140/160/163/170/184/188/194/205/207/212/213/221/260/266/286/297/298/308/315/320/326/331/339/341/347/349/362/371/389/398/401/402/404/410/414/416/418/429/433/436/437/448/449/458/468/471/485