Comme prévu (1, 2, 3), le Katyn de Wajda n'a pas fait l'objet d'un accueil digne de son importance, principalement en raison de sa faible distribution, seules trois salles parisiennes l'ayant projeté en première semaine (quatre à partir de la deuxième) et aucune à Lyon (une à partir de la deuxième semaine). La réception critique a été un peu plus abondante que je le pensais, même si elle a pris en grande partie la forme que je prévoyais (ignorance pour les uns, Les Cahiers et Libé se surpassant, tiédeur pour les autres, diversion enfin, sous la plume de Jean-Luc Douin notamment, Le Monde ayant cependant largement mis en valeur le film et quelques critiques l'ayant tout de même traité très favorablement).
Ci-dessous : actualisation du papier du lundi de Pâques ; d'autres compléments peuvent être trouvés sur le site officiel du film (section « Presse », où est aussi disponible le dossier de presse).
Distribution :
Avant-premières parisiennes : projection organisée à l'initiative de Marc Le Fur à l'Assemblée nationale, en présence de l'Ambassadeur de Pologne et du distributeur du film ; « Un événement et sa résurgence. Katyń - de la réalité au cinéma », table ronde organisé par l'Institut Polonais, en présence d'Andrzej Wajda, à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, le 24 mars 2009 ; à la Cinémathèque française le 23 mars 2009 ; au Champo le 31 mars 2009 (avec un débat organisé par la revue L'Histoire)
Semaine du 1er au 7 avril 2009 : 3 salles à Paris (Les Cinq Caumartin ; Reflet Médicis ; Saint-André-des-Arts) et 11 au total en France (Aix-en-Provence, Brest, Grenoble, Marseille, Nantes, Perpignan, Pessac, Tournefeuille), selon le décompte du quotidien Présent (« Il faut sauver le soldat Wajda », 3 avril 2009, p.3).
Semaine du 8 au 14 avril 2009 : 4 salles à Paris (Les Cinq Caumartin ; Saint-André-des-Arts ; Lincoln ; Majestic Bastille) ; 9 salles en province (Aix-en-Provence, Brest, Grenoble, Lyon, Nantes, Orléans, Perpignan, Pessac, Toulouse)
Semaine du 15 au 21 avril 2009 : 4 salles à Paris (Les Cinq Caumartin ; Saint-André-des-Arts ; Lincoln ; Majestic Bastille) ; 6 salles en province (Brest, Grenoble, Lyon, Nice, Orléans, Tournefeuille)
Semaine du 22 au 28 avril 2009 : 4 salles à Paris (Les Cinq Caumartin ; Saint-André-des-Arts ; Lincoln ; Majestic Bastille) ; 7 salles en province (Brest, Grenoble, Lyon, Metz, Nantes, Nice, Perpignan)
Semaine du 6 au 12 mai 2009 : 1 salle à Paris (Lincoln) ; 9 salles en province (Angers, Avignon, Belfort, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Lyon, Nancy, Nice, Pessac)
Semaine du 13 au 19 mai 2009 : 1 salle à Paris (Lincoln) ; 1 salle en banlieue (Argenteuil) ; 8 salles en province (Angers, Avignon, Bordeaux, Lyon, Nancy, Nice, Pessac, Valence)
Semaine du 20 au 26 mai 2009 : 1 salle à Paris (Lincoln) ; 9 salles en province (Angoulême, Annecy, Lille, Lyon, Montpellier, Nice, Rennes, Thionville, Valence)
Semaine du 27 mai au 2 juin 2009 : 1 salle à Paris (Lincoln) ; 9 salles en province (Angoulême, Carcassonne, La Roche-sur-Yon Les Sables, Lyon, Montpellier, Nice, Rennes, Tarbes, Toulon)
Émissions de télévision :
France 3, « Ce soir ou jamais » (Frédéric Taddéi), mercredi 25 mars 2009 : « Staline - Poutine : les liaisons dangereuses ? », débat, avec notamment Andrzej Wajda
Histoire, « Le grand débat » (Michel Field et Éric Zemmour), 29 mars 2009, à 22h05 : « Katyn : la vérité sur un massacre », avec Alexandra Viatteau (historienne), Stéphane Courtois (historien) et Jean-Louis Panné (historien)
Émissions de radio :
France Inter, « Et pourtant elle tourne » (Bruno Duvic), mercredi 1er avril 2009 : Entretien d'Evan Bettan avec Andrzej Wajda ; « Le Masque et la Plume » (Jérôme Garcin), dimanche 5 avril 2009, avis d'Éric Neuhoff, Pierre Murat, Sophie Avon et Xavier Leherpeur
Radio Courtoisie : Libre journal du cinéma (Philippe d'Hugues, avec Philippe Ariotti, Pascal Manuel Heu, Michel Marmin, Alain Paucard et Anne Brassié, 19 mars, 16 avril et 14 mai 2009 ) ; Bulletins de réinformation du 2 avril (« Le film Katyn, une vérité qui dérange ? ») et du 15 avril 2009 ; « Livres en poche » (Anne Brassié, avec Alain de Benoist, 16 avril 2009 ; 14 mai 2009) ; « Libre journal de Jacques Trémolet de Villers » (avec Benoît Gousseau, critique littéraire et rédacteur en chef du mensuel Politique Magazine, jeudi 19 mars 2009 - enregistrement) ; « Libre journal de la Réplique » (Bernard Antony, avec Yves Daoudal), mercredi 25 mars 2009 ; Bulletin de réinformation du 2 avril 2009 ; « Libre journal de la Résistance »« Club de la presse nationaliste », avec Camille-Marie Galic, Caroline Parmentier et Jeanne Smits (journalistes) ; « Libre journal des lycéens » (Romain Lecap, avec Xavier Delaunay et Agathe Menot, samedi 11 avril 2009, de 12h00 à 13h30, « Chronique culturelle ») (Emmanuel Ratier, mercredi 8 avril 2009, de 18h00 à 19h30,
Radio Courtoisie : « Libre journal de la Résistance française » (Gérard Marin, mercredi 15 avril 2009) : « Allez voir Katyn, c'est un chef d'œuvre ! » (Alain Paucard)
France Culture, « Du grain à moudre » (Julie Clarini et Brice Couturier), vendredi 10 avril 2009, de 18h15 à 19h15 : « Autour de la sortie du dernier film d'Andrzej Wajda, Katyn [« film d'une amère mélancolie et d'une grande beauté » (Brice Couturier)] », en direct et en public de la Gare Saint Sauveur à Lille, avec Stéphane Courtois (Historien du communisme, directeur de recherche au CNRS), Jean-Yves Potel (Politologue, ancien conseiller culturel à l'ambassade de France à Varsovie) et Christian Szafraniak (Spécialiste du cinéma polonais, correspondant pour la Pologne du FIPA, Président de l'association Jean Mitry) - Enregistrement
France Culture, « La Fabrique de l'histoire » (Emmanuel Laurentin ; « Les usages politiques et sociaux du passé »), France Culture, vendredi 1er mai 2009, 09h05 à 10h00 : « Table ronde des historiens », avec Arlette Farge, Pascal Ory, Fabrice d'Almeida et Séverine Liatard, notamment sur Katyn, d'Andrzej Wajda
Quotidiens :
20 minutes (1er avril 2009, p.13) : « Le cinéaste polonais revient en signant un drame bouleversant sur un massacre historique et l'absurdité de la guerre » (texte intégral)
Canard enchaîné (Le) (1er avril 2009, p.6 - film mis en vedette dans la rubrique « Cinéma ») : « Faucille, marteau, fosse commune », par Jean-Luc Porquet [« c'est grave, sans effets, presque sans affect », « une impeccable leçon d'histoire »]
Croix (La) (1er avril 2009, p.21) : « Ce film sur Katyn était une nécessité », entretien avec Andrzej Wajda ; « Récit d'un massacre et d'un mensonge d'État », par Laurent Larcher (**)
Direct Matin : rien le mercredi 1er avril 2009 (deux page sur le cinéma et une marée de pub pour Montres contre Aliens)
El Watan (9 février 2009) : « Katyn ou l'histoire d'un mensonge »
Figaro (Le) (15 février 2008) : « "Katyn, du massacre à l'imposture », par Marie-Noëlle Tranchant ; « Un des plus terrifiants massacres de l'histoire », par Jacques Saint Victor
Figaro (Le) (24 mars 2009) : « Le cœur lourd », par Bertrand de Saint Vincent (chronique « Sur invitation » ; « Avant-première de "Katyn", d'Andrzej Wajda, à la Cinémathèque »)
Figaro (Le) (1er avril 2009, p.28 ; ***) : « Historiquement correct », par V.D. ; « Andrzej Wajda au cœur du massacre de Katyn », entretien ; « Entre requiem et réquisitoire », par Marie-Noëlle Tranchant ; « Tout le symbole du mensonge totalitaire », par Stéphane Courtois
Figaro magazine (Le) (27 mars 2009 ; 4 avril 2009 ) : « Katyn : l'autre devoir de mémoire », par Jean Sévilla ; « Historiquement correct », par Véronika Dorman
France soir (trois pages sur le cinéma le mercredi 1er avril 2009 ; www.francesoir.fr) : néant.
Humanité (L') (1er avril 2009, p.22) : « Tu n'as rien vu à Katyn », par Jean Roy [L'Huma a-t-elle souhaité rendre hommage à "Mister Arkadin" et à mon billet du même titre ?!]
Libération (18 septembre 2007 ; 16 février 2008 ; 20 avril 2009, « Rebonds », p.28) : « La Pologne revit le drame de Katyn », par Maja Zoltowska ; « Andrzej Wajda dans la forêt de Katyn », par Didier Péron et Nathalie Versieux ; « Antisémite, Andrzej Wajda ? », par Jean-Charles Szurek
Libération (1er avril 2009, p.22, colonne « D'autres films ») : « Katyn, d'Andrzej Wajda, est le premier film consacré au massacre des 25 000 soldats et officiers polonais par le futur grand frère soviétique » (texte intégral)
Métrofrance.com (31 mars 2009) : « "Katyn" du Polonais Andrzej Wajda, met en images un massacre longtemps tabou »
Monde (Le) (29-30 mars 2009, p.20) : « Au cinéma avec Stéphane Courtois »
Monde (Le) (1er avril 2009) : « Je voulais évoquer le crime et le mensonge », entretien avec Andrzej Vajda, p.1-19 (débutant en ventre de une) ; « "Katyn" : film poignant et douloureux pour Wajda », par Jean-Luc Douin, p.19.
Monde (Le) : « "Katyn" ou le film du massacre des Polonais par les Soviétiques » (« Nulle ambiguïté chez Wajda : il relate un drame sans lien avec la Shoah »), par Adam Michnik, 15 avril 2009, p.16.
Monde (Le) (25 avril 2009, p.18) : « Haro sur le critique », par Véronique Maurus ("médiatrice")
Ouest France : « Fort et douloureux »
Parisien (Le) (13 février 2009 ; 31 mars 2009) : « La 59e Berlinale approche de son terme, Wajda de retour en compétition » ; « "Katyn" : édifiant » (**)
Présent : « Katyn », par Jeanne Smits, et « Katyn », par Jacques Trémolet de Villers (n°6820, 11 avril 2009, p.1 et 4 ; accompagné d'un dessin de Chard)
Tribune (La) (28 mars 2009 ; 1er avril 2009, p.30) : « Il y aura d'autres films sur Katyn », entretien avec Andrzej Wajda ; « "Katyn", crime de guerre et mensonge d'État », par Jean-Christophe Chanut »
Tribune de Genève (La) (30 mars 2008) : « "Katyn" du Polonais Andrzej Wajda, met en images un massacre longtemps tabou »
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Hebdomadaires :
Elle (28 mars 2009) : Compte rendu de Françoise Delbecq (*** ; « un film personnel et poignant »)
Express (L') (supplément « Style », 2 avril 2009, pages « Tentations Culture ») : rien.
Femme actuelle (25 mars 2009) : « "Katyn" du Polonais Andrzej Wajda, met en images un massacre longtemps tabou »
Figaroscope (1-7 avril 2009, p.19) : critique de Marie Noëlle Tranchant (♥♥♥ ; 1/4 de page sur 2 pour les nouveautés du jour)
Humanité Dimanche (2-8 avril 2009, p.57) : « Du devoir de mémoire au cinéma », par Maud Vergnol
Inrockuptibles (Les) (n°696, 31 mars 2009, p.53) : Jean-Baptiste Morain [« Évocation lourdingue d'un drame national polonais »]
Journal du Dimanche (Le) (29 mars 2009) : « Tragédie polonaise », par D.A. (*)
Madame Figaro (28 mars 2009) : « Histoire d'un drame », par S.G. (** ; « beau film historique et humain sur le mensonge et l'attente, le martyre et l'honneur »)
Marianne (28 mars - 3 avril 2009, p.76) : Danièle Heymann
Minute (n°2405, 15 avril 2009, p.13, « Le Charivari de la semaine », par François Couteil) : « Où "Première" enterre de nouveau les morts de Katyn » et « Où "Le Monde" prive de nounours les enfants polonais »
Monde 2 (Le) (n°253, 20 décembre 2008, p.16) : « Le souffle de l'épopée invisible », par Pierre Assouline
Nouvel Observateur (Le) (26 mars - 1er avril 2009, p.111) : « Révélations sur le massacre de Katyn », par François Forrestier
Nouvel Observateur (Le), supplément « TéléObs » (2 avril 2009, p.62 et 68) : « L'homme de fer » et critique, par François Forrestier
Paris Match (31 mars 2009) : « Salades russes », par Alain Spira
Pariscope (« Cotation des critiques », semaine du 1er au 7 avril 2009) : V.Gaucher/A.Gaillard (Pariscope) * / Françoise Delbecq (Elle) *** / Fabrice Leclerc (Studio - Ciné Live) * / Bruno Cras (Europe 1) *** / Pierre Murat (Télérama) *
Point (Le) (n°1906, 26 mars 2009, p.102) : « Requiem pour Katyn », par François-Guillaume Lorrain
Rivarol (n°2900, 10 avril 2009, p.10) : « Requiem pour un massacre », par Patrick Laurent
Siné-hebdo : pas d'article, mais une forme d'hommage, certes involontaire, avec le dessin de couverture (reproduit ci-dessous)
Télérama (1er avril 2009, p.50) : Pierre Murat (« pas si mal »)
Valeurs actuelles (2 janvier 2009, p.63) : « Katyn massacré », par Basile de Koch
Valeurs actuelles (26 mars 2009) : « Katyn ou la tragédie du mensonge », par Éric Branca
Vie (La) (n°3318, 2 avril 2009, p.78) : Frédéric Théobald (*, « La Vie aime un peu »)
VSD (n°1649, 1-7 avril 2009, p.61) : « Vérité sur un massacre », par Patrick Besson
Mensuels :
Histoire (L') (n°340, mars 2009, p.33 ; n°341, avril 2009, p.34-35) : « Wajda et la mémoire polonaise » ; « Wajda, Katyn au cœur », entretien avec Alexandra Viatteau
Politique Magazine (n°72, mars 2009, p.42-43 ; n°73, avril 2009, p.36-38) : « Katyn. L'insoutenable audace de la mémoire », par Benoît Gousseau ; « Un testament polonais », entretien avec Andrzej Wajda
Spectacle du monde (Le) (n°555, avril 2009) : « Katyn, une blessure polonaise », par Arnaud Guyot-Jeannin
Mensuels de cinéma :
Cahiers du cinéma (numéros de mars et avril 2009) : néant.
Positif (n°566, avril 2008, p.66) : Compte rendu du festival de Berlin, par Michel Ciment (« œuvre émouvante » et « importante »)
Positif (n°578, avril 2009, p.42-43) : « Le mensonge insupportable », par Hubert Niogret
Première (n°386, avril 2009, p.63 ; avec une très belle galerie de photos sur le site du magazine) : Isabelle Danel (**)
Studio - Ciné Live (n°3, avril 2009, p.38) : « Quand le cinéma se conjugue avec le devoir de mémoire »
Revues :
Nouvelle Revue d'Histoire (n°41, mars-avril 2009, p.8) : « "Katyn" à la trappe », par Norbert Multeau
Renaissance Catholique (n°111, mars-avril 2010) : « "Katyn" », par Nicolas Noël
Tausend Augen (« revue des cultures audiovisuelles » ; n°32) : « Massacre dans une forêt de symboles. A propos de Katyn d'Anrzej Wajda », par Boris Faure
Internet :
AgoraVox : « Katyn, Wajda sur les lieux du crime »
Allociné : revue de presse
Big blog (« Notes cinéphiles et censoriales d'Albert Montagne », 17 avril 2009) : « Katyn, film d'Andrzej Wajda, censuré en France ? »
Blog de Christian Vanneste (député du Nord ; « Le courage du bon sens !) : « Katyn : le mensonge rouge et noir »
BraveHeart (Olivier Q.)
Cinéfriends : revue des blogs
Critico-Blog
CultureCie : « Wajda s'essouffle »
Culturopoing (13 avril 2009)
Dasola (5 avril 2009)
DVDrama
Fenêtres sur cour (Timothée Gérardin) : « Katyn - du Polak contre la langue de bois »
Filmtrailer : bande-annonce
Hérodote : « Un film qui dérange », par André Larané
Lanterna Magica : Benoît Thevenin (***)
Magazine International Polonais (Le) (14 septembre 2007) : « Andrzej Wajda se penche sur le massacre de Katyn »
Objectif-cinema : compte rendu à l'occasion de la Berlinade 2008, par Nicolas Villodre
Petit journal des Français et francophones à l'étranger (Le) (18 septembre 2007) : « Katyn, le film attendu par la Pologne tout entière »
Rob Gordon a toujours raison (6 avril 2009) : 5/10
Zéro de conduite (4 avril 2009) : « Katyn : requiem pour un massacre », par Francis
Yahoo France : 2/5
Rappels bibliographiques sur les massacres de Katyn eux-mêmes :
Faverjon (Philippe), « Le charnier de Katyn : controverse autour d'un massacre », Les Mensonges de la seconde guerre mondiale, Perrin, mars 2004, p.149-166.
Viatteau (Alexandra), « Katyn : la négation d'un massacre », L'Histoire, n°35, juin 1981, p.6-17.
Viatteau (Alexandra), Katyn, l'armée polonaise assassinée, Complexe, 1992.
Viatteau (Alexandra), Katyn, André Versaille éditeur, printemps 2009.
Zaslavsky (Victor), Le Massacre de Katyn, Monaco, Éditions du Rocher, octobre 2003, 168 p.
Big blog (« Notes cinéphiles et censoriales d'Albert Montagne ») : « Katyn, film d'Andrzej Wajda, censuré en France ? »
En 1959, le jeune Andrzej Wajda dénonçait dans Lotna (ou La dernière charge ou L'ailée) le massacre en 1939 de la cavalerie polonaise par les Allemands. La chair broyée par l'acier des chars et les cris humains étouffés par les rugissements des machines et des canons exorcisaient l'extermination de la noblesse polonaise qui préférait l'honneur suicidaire de la Mort au combat plutôt que la honte de la reddition. 50 ans, plus tard, le cinéaste reprend derechef son vieux cheval de bataille et dénonce avec Katyn un nouveau massacre, celui en 1940 de plus de 4.000 officiers polonais par les Soviétiques. Longtemps attribuée aux Nazis - notamment par Moscou, avec le silence de l'État polonais communiste et, donc, avec sa complicité - cette extermination est désormais attribuée aux Russes : en 1990, Mikhaïl Gorbatchev, numéro 1 du régime, reconnaît la responsabilité du NKVD. Le sujet est toujours dérangeant et, dans un billet intitulé Katyn : le mensonge rouge et noir, le député (UMP du Nord) Christian Vanneste trouve "particulièrement inquiétant et même honteux, que le Centre National de la Cinématographie (CNC) n'ait pas cru devoir subventionner, comme il le fait d'habitude, ce film polonais réalisé par l'un des plus grands cinéastes vivants". Il dénonce aussi la censure d'une non-distribution. En effet, la première du film se tint à Varsovie le 17 septembre 2007, date symbolique coïncidant avec le jour où, en 1939, l'Armée rouge pénétra à l'Est en Pologne, envahie à l'Ouest par la Wehrmacht le 1er septembre. Le film n'est sorti en France que le 1er avril 2009, soit 2 ans plus tard ! Et seulement dans une douzaine de salles ! Comment expliquer cette censure "distributive" ? Plusieurs hypothèses se présentent. Pour simplifier, on n'hésite pas à dénoncer les horreurs du nazisme et du totalitarisme en général mais on bute sur celles du communisme (rouge). On n'hésite pas à dénoncer l'extermination des Juifs et des génocides en général mais on bute sur celle des Catholiques (polonais) ! Pascal Manuel Heu, apparemment fou de ce film, lui consacre de nombreux et exhaustifs articles sur son site que j'incite fortement à lire : Tu n'as rien vu à Katyn du 11 janvier 2009, Vive Wajda du 24 janvier 2009, Katyn, voici déjà venir les contre-feux du 25 mars 2009, Katyn du 15 avril 2009...
Radio Courtoisie, « Bulletin de réinformation » du 2 avril 2009 » : « Le film Katyn, une vérité qui dérange ? »
Il faut croire, puisque seul un petit nombre de salles de cinéma françaises ont programmé le dernier film du réalisateur polonais Andrzej Wajda. Le film Katyn évoque le massacre de milliers d'officiers polonais par l'armée rouge en 1940. Un film bouleversant pour la mémoire nationale polonaise (un grand succès dans ce pays), mais aussi un film très peu politiquement correct : raison de plus pour aller le voir avant sa censure définitive !
Le Monde : « "Katyn" ou le film du massacre des Polonais par les Soviéttiques » (« Nulle ambiguïté chez Wajda : il relate un drame sans lien avec la Shoah »), par Adam Michnik, 15 avril 2009, p.16
Le Monde fait partie des plus sérieux quotidiens internationaux. Aussi ai-je été fortement surpris de lire la critique qu'il a faite de Katyn, le dernier film d'Andrzej Wajda (Le Monde du 1er avril).
Son auteur y formule deux remarques, dont la première "concerne le renvoi dos à dos des nazis et des Soviétiques comme prédateurs du territoire national". Aux yeux du critique français, c'est une aberration, une contre-vérité. Cependant, dans la période entre septembre 1939 et juin 1940, tels furent les faits historiques. Quelle troublante ignorance !
A l'époque, la Pologne fut morcelée par deux puissances totalitaires liées par le pacte germano-soviétique. La terreur dans les deux parties occupées du pays fut comparable ; la brutalité et la cruauté avec lesquelles les deux occupants emprisonnaient et assassinaient les Polonais était la même.
Lorsque, en avril 1943, les Allemands découvrirent, dans la forêt de Katyn, les cadavres d'officiers polonais, le plus important bulletin de la Résistance polonaise (Bulletin d'informations) publia le commentaire suivant : "Nous sommes conscients de la barbarie de l'occupation soviétique en territoire oriental de la Pologne. (...) En même temps, nous sommes stupéfaits par l'insolence des Allemands qui font semblant d'oublier leurs effroyables crimes commis à Auschwitz, Majdanek, Palmir, Wawer et n'hésitent pas à rechercher des criminels du côté de Smolensk." (...)
"Aujourd'hui, alors qu'éclate toute la vérité sur cet événement tragique, nous disons avec force : nous n'oublierons jamais le crime soviétique perpétré près de Smolensk - comme nous n'oublierons jamais non plus les crimes allemands de Palmir, de Wawer, des camps de concentrations, et ceux de la partie occidentale de la Pologne." Voici comment la Résistance polonaise réagit au massacre de Katyn, qui fut un couronnement du pacte Ribbentrop-Molotov.
Après la guerre, la vérité sur ce massacre était tue, voire falsifiée. Le silence mensonger entourait le drame ; Staline et sa propagande remportaient la victoire. En Europe centrale et orientale, ce silence fut imposé par la terreur. En Europe occidentale, en revanche, le dogme idéologique interdisait de mettre côte à côte les crimes d'Hitler et ceux de Staline. La critique du Monde est donc prisonnière de ce dogme, alors que Wajda le défie. Le metteur en scène polonais brise le mur du silence.
Katyn est le premier film qui porte sur le massacre et l'agression soviétique contre la Pologne, commise en accord avec Hitler. Ce fut un sujet tabou pour la gauche française. Pendant de longues années, elle garda le silence autour de l'invasion de la Pologne par l'Armée rouge, des crimes des Soviétiques, de même que sur Katyn. Jusqu'à aujourd'hui, ce tragique événement historique est un cadavre dans le placard de la gauche française, si longtemps indulgente à l'égard du "Grand Linguiste" (Staline).
Ce ne fut pas le seul dogme de la gauche française. Un autre fut la conviction que, depuis toujours, les Polonais tétèrent l'antisémitisme avec le lait de leurs mères, et que les juifs furent les seules victimes de l'occupation allemande. Je lis dans Le Monde que le film de Wajda crée "une étrange confusion entre Katyn et le génocide des juifs", ainsi qu'il n'y a "rien, aucune allusion, dans le film, sur la Shoah". Il y a en revanche "une description des rafles, de la traque des familles des officiers polonais, comme s'il s'agissait de la déportation des juifs en camps".
Pire : "Ces proies d'un massacre programmé sont attachées à leur ours en peluche. Or, le Musée Yad Vashem de Jérusalem a fait de l'ours un symbole de l'extermination des enfants juifs, du martyre d'un peuple". Et de conclure : "Tout, sans cesse, nous ramène aux juifs, sauf que le mot n'est jamais prononcé. Le juif n'existe pas. La victime de la seconde guerre, c'est le Polonais."
Faut-il rappeler que le thème central du film de Wajda n'est pas l'Holocauste mais le massacre de Katyn ? Si, dans ce film, on ne voit pas de juifs dans les rues de Cracovie occupée par les Allemands, c'est parce qu'en 1943, ils étaient entassés dans des ghettos et déportés dans des camps de la mort.
Aucune confusion n'est faite dans ce film entre Katyn et Treblinka. Ce furent deux crimes différents ; le film n'aborde que l'un des deux. Le reproche sur le manque de référence à l'Holocauste est donc absurde. Pourrait-on formuler la même critique à l'adresse de Steven Spielberg ou de Roman Polanski qui, dans leurs films (La liste de Schindler et Le Pianiste), ne mentionnent pas non plus le massacre de Katyn, des goulags de la Kolyma, ou de Karaganda ? Jusqu'alors peu de films ont été réalisés autour des crimes soviétiques, même si ces derniers furent aussi barbares et massifs que ceux perpétrés par Hitler - et je le déplore. Pendant des décennies, ils furent entourés d'un mur de silence.
Par ailleurs, je tiens à souligner qu'Andrzej Wajda n'est pas et n'a jamais été un négationniste déguisé de l'Holocauste. Il a réalisé trois films consacrés à cette problématique : Samson, Korczak, et La Semaine sainte. Lui faire ce reproche me paraît tout à fait infondé. Katyn décrit avec réalisme les rafles et les persécutions subies par les Polonais, "coincés" entre deux Molochs totalitaires. Tel fut le sort réservé à ce peuple et c'est pour cette raison que les Polonais ont fait partie des principales victimes de la seconde guerre mondiale. Il est grand temps de prendre note de ces vérités banales.
En conclusion, la critique du Monde constate "l'ambiguïté de la représentation des juifs dans le cinéma polonais". Or le cinéma polonais n'est pas un monolithe, il est représenté par une multitude de personnalités, de perspectives, de styles. C'est pourquoi il est insensé de généraliser cette question, comme il est insensé de reprocher à Wajda d'avoir polonisé le symbole du martyre du peuple juif - l'ours en peluche.
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Adam Michnik est ancien cofondateur de Solidarnosc, rédacteur en chef du quotidien Gazeta Wyborcza.
Christian Vanneste :
En présence de l'ambassadeur de Pologne et du distributeur du film en France, j'ai pu assister à la projection du film d'Andrej Wajda, Katyn, à l'Assemblée nationale. Cette séance était à l'initiative de mon ami Marc Le Fur. C'est un film sobre, austère, doté d'une puissante retenue devant une tragédie qui est davantage perçue à travers les souffrances et les deuils personnels, les drames familiaux que sur un plan politique. Sans doute, est-ce là la force du message : les systèmes totalitaires ont, au nom d'idéaux apparemment opposés, écrasé les personnes. Hannah Arendt ne s'est pas trompée. Il y a un totalitarisme aux multiples visages : l'officier allemand qui envoie les universitaires polonais dans des camps de concentration a pour reflet l'officier soviétique qui assiste à l'arrivée des officiers polonais dans une gare et qui vont être conduits dans la forêt de Katyn pour y être exécutés. Les deux visages respirent la même suffisance et la même stupidité satisfaite.
Toutefois, il n'est que trop évident, qu'à de malheureuses exceptions près, tout le monde aujourd'hui connait et condamne les crimes des nazis alors que durant de longues années on a nié ceux du communisme, couverts par un cynisme diabolique de la part de leurs auteurs, et la complicité de tous ceux qui, bénéficiant de la liberté d'expression dans les démocraties, ont été les thuriféraires d'une idéologie et d'un système politique totalement inhumains.
Les soviétiques ont volontairement voulu éliminé l'élite polonaise pour mieux dominer leur voisin catholique de l'ouest. Ce crime s'en prenait à une classe, comme les nazis s'en prenaient à une race. Staline, après l'Holodomor, le meurtre par la faim de millions de paysans propriétaires ukrainiens, n'en était pas à son premier génocide, ni à son dernier : comment tant "d'intellectuels" français ont-ils pu cautionner un régime qui au lieu de combattre des idées détruisait des êtres humains ? Leur responsabilité est immense. Il ne faut pas oublier que Pol Pot est passé par la France, et que le Monde s'est félicité de la liesse lors de la prise de Phnom Pen par les communistes... C'est pourquoi, il est particulièrement inquiétant et même honteux, que le Centre National de la Cinématographie (CNC) n'ait pas cru devoir subventionner, comme il le fait d'habitude, ce film polonais réalisé par l'un des plus grands cinéastes vivants. C'est pourquoi il est tout aussi préoccupant de savoir que cette œuvre a connu des difficultés pour être distribuée en France. Elle ne l'est pas sur certains réseaux de salles particulièrement importants, notamment celui qui s'était déjà refusé à la distribution de la Passion du Christ... Qui prétendra que la censure n'existe pas dans notre pays, et que celui-ci est une parfaite démocratie ?
Allez tous voir ce film et n'hésitez pas à me donner votre avis sur lui !
Femme actuelle (25 mars 2009) : « "Katyn" du Polonais Andrzej Wajda, met en images un massacre longtemps tabou »
AFP, 27 Mars 2009 - Avec "Katyn" [...]
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(Dépêche supprimé à la demande de l'AFP, juin 2010).
Histoire (L') (n°340, mars 2009, p.33) : « Wajda et la mémoire polonaise »
« Enfin ! Katyn, le film d'Andrezj Wajda, a trouvé un distributeur en France, plus d'un an et demi après sa sortie en Pologne. Une œuvre forte pour le cinéaste polonais puisque son père faisait partie des milliers d'officiers exécutés par les Soviétiques au printemps 1940 près de Smolensk. Un crime longtemps attribué aux nazis. »
Libération (16 février 2008) : « Andrzej Wajda dans la forêt de Katyn », par Didier Péron et Nathalie Versieux
Le palmarès de la Berlinale va être donné ce samedi par le président du jury Costa-Gavras. Après dix jours de projection, on peut d'ores et déjà dire que Berlin peine à trouver un vrai souffle face à Venise dont le blason a été redoré par Marco Müller, et Cannes qui demeure le champion de l'alliance entre culture cinéphile, glamour et business. Les films étaient globalement trop inégaux pour laisser un sentiment positif. Selon toute évidence, There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson et Happy-Go-Lucky de Mike Leigh ne devraient pas repartir bredouilles, idem pour le In Love We Trust du Chinois Xiaoshuai ou The Song Of Sparrow de l'Iranien Majid Majidi. Présenté hors compétition, Katyn d'Andrzej Wajda était particulièrement attendu.
Carnage. Ce film n'est pour le moment sorti qu'en Pologne avec un certain retentissement, et il est sélectionné pour l'oscar du film étranger. Wajda, 81 ans, revient avec ce film historique sur l'épisode du meurtre de 22 000 officiers polonais par la police secrète soviétique au printemps 1940 sur ordre de Staline. A l'époque, la Pologne est envahie à la fois par le Reich et l'Armée rouge, en plein pacte d'acier. La population assiste, impuissante, au dépeçage du pays entre les deux puissances, les cadres de l'armée réduits à déposer les armes.
Le père de Wajda, Jakub, a été tué dans la forêt de Katyn avec des milliers d'autres officiers, la plupart réservistes, qui occupaient dans le civil des postes d'avocats, de médecins, d'ingénieurs. Mais les communistes ont toujours nié ce carnage découvert par l'armée allemande en 1943. L'URSS accuse alors les nazis d'être les coupables de ces atrocités. Cette version va prédominer à la fin de la guerre quand la Pologne intègre le bloc de l'Est. Katyn, symbole de la sauvagerie de l'occupation nazie, permet aux Soviétiques d'apparaître comme les libérateurs de la nation. Cette falsification durera jusqu'en 1989. Un an plus tard, l'URSS reconnaît officiellement le crime de Katyn. Le film relate les faits à partir de lettres et journaux de victimes, restitués à leurs familles.
Mensonge. La mise en scène de Wajda n'évite pas le mélodrame, et la caméra se jette un peu trop volontiers sur les mourants. Les massacres des juifs de Pologne constituent un hors-champ problématique, exception faite d'une mention d'Auschwitz par une jeune fille au crâne tondu. Du moins Katyn met-il l'accent sur ce moment incroyable, la jonction des deux totalitarismes majeurs du XXe siècle et leur passion commune pour le mensonge et la mort.
Le mensonge de Katyn a pendant des années porté ombrage aux relations germano-polonaises. Raison pour laquelle la critique allemande s'attache, aujourd'hui, plus à la dimension historique du film de Wajda qu'à sa valeur artistique. «Nous voulons essayer de passer ensemble par-dessus les tombes de l'Europe. Cela n'est possible que si l'on parvient à rétablir les vérités historiques»,ont rappelé hier les ministres de la Culture allemand et polonais, avant d'assister à Berlin à une projection du film de Wajda en compagnie d'Angela Merkel, qui a grandi en ex-RDA. «Personne n'avait jusqu'à présent tenté de briser le tabou de la mémoire plombée de la Pologne. Wajda y parvient», s'enthousiasme l'hebdomadaireDer Spiegel.Av ant de reprendre les propos de l'historien polonais Adam Krzeminski, pour qui «Katyn comble un vide béant» dans la mémoire collective polonaise.
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Libération (18 septembre 2007) : « La Pologne revit le drame de Katyn », par Maja Zoltowska
Un film d'Andrzej Wajda ranime le souvenir du massacre d'officiers par les Soviétiques en 1940.
Varsovie de notre correspondante
Le cinéaste polonais Andrzej Wajda a présenté hier soir son dernier film Katyn, un hommage aux 22 500 officiers polonais - dont faisait partie son père - massacrés par la police secrète soviétique sur ordre de Staline en 1940. Il s'agit d'un des films les plus attendus par la Pologne où le mot «Katyn» fut banni par la propagande communiste pendant plus d'un demi-siècle. Présenté en grande pompe à l'Opéra de Varsovie, le film, qui sera dans les salles polonaises vendredi, constitue en soi un événement national . Andrzej Wajda et le ministère de la Culture ont choisi un jour symbolique pour sa présentation : le 17 septembre 1939, date où l'Armée rouge pénétrait dans l'est de la Pologne, déjà envahie à l'ouest le 1er septembre par l'Allemagne. Une fois de plus, les deux grands voisins se partageaient le pays.
«Mensonge». Hier matin, le président polonais Lech Kaczynski s'est rendu en Russie pour se recueillir sur les tombes des officiers dans la forêt de Katyn, un petit village près de Smolensk où, en avril 1940, les officiers polonais furent exécutés, un par un, d'une balle dans la nuque par la NKVD. Pour cette première visite en Russie, il ne fera pas le déplacement jusqu'à Moscou et ne participera à aucune rencontre officielle. Ce séjour éclair, non dénué de considérations électoralistes, ne devrait pas améliorer les relations entre Varsovie et Moscou, tendues depuis l'arrivée au pouvoir, en 2005, du président conservateur qui ne cache pas sa méfiance envers la Russie.
Le même soir, aux côtés des proches de victimes, le président polonais a pu imaginer les scènes de leur mort. «Cela a vraiment dû se passer ainsi. J'ai cru assister à l'exécution de mon père», a reconnu la gorge serrée Krystyna Brydowska, fille de Feliks Miszczak, tué à 44 ans à Miednoïé, un autre lieu de massacre des officiers polonais.
Dix-huit ans se sont écoulés depuis la chute du communisme et aucun cinéaste n'avait encore osé adapter à l'écran cette tragédie nationale. «Ce film n'aurait pas pu voir le jour avant, ni dans la Pologne communiste ni en dehors de la Pologne, où il n'y avait pas d'intérêt pour le sujet», a déclaré le cinéaste lors d'une présentation à la presse. Wajda a, malgré la censure, mis en scène de nombreux épisodes de l'histoire de la Pologne du XXe siècle. Dans Kanal , il exaltait le drame de l'Insurrection de Varsovie, dans Cendre et Diamant , la résistance à l'instauration du communisme, dans l'Homme de marbre , les années staliniennes et dans l'Homme de fer la naissance de Solidarité, qui lui aura valu la Palme d'or à Cannes en 1981. Mais faire un film sur Katyn aurait été impossible à l'époque communiste où les Soviétiques étaient présentés uniquement comme des libérateurs : «Sur ce mensonge reposait toute la soumission de la Pologne à Moscou» , a déclaré le cinéaste.
Wajda, qui s'était promis de le réaliser depuis des années, considère ce film comme un devoir national et un devoir envers sa famille : «J'ai compris que je ne pouvais plus attendre, Katyn est sans doute un de mes derniers films sinon le dernier», a déclaré le cinéaste bientôt âgé de 82 ans.
Attente. Sur un scenario écrit d'après le roman Post mortem d'Andrzej Mularczyk,Katyn est dédicacé à ses parents car ce film est aussi l'histoire de sa famille. Son père, Jakub, capitaine au 72e régiment d'infanterie, fut parmi les officiers tués par les Soviétiques dans la forêt de Miednoïé, autre lieu de massacre, dont Katyn est devenu le nom symbolique. Les emprunts à l'histoire familiale sont nombreux. «Ma mère s'est bercée d'illusions jusqu'à sa mort, car le nom de mon père figurait avec un autre prénom sur la liste des officiers massacrés», raconte Wajda. Sa mère, Aniela, porte dans son film le nom d'Anna et Anna aussi espère et une erreur dans le prénom prolonge cet espoir. C'est justement à travers les femmes - les épouses des officiers, leurs mères, soeurs ou filles - et leur attente désespérée que Wajda raconte l'histoire de Katyn.
Les charniers ont été découverts par les troupes allemandes lors de leur avancée en territoire russe après la rupture du pacte germano-soviétique en 1941. Révélé par les nazis en 1943, le massacre de Katyn a toutefois été imputé par la propagande communiste aux troupes allemandes pendant plus de quarante ans .
Le film débute par une scène sur un pont. Deux vagues de civils se croisent : l'une vers l'est fuit la Wermacht, l'autre vers l'ouest l'Armée rouge. Nul ne sait lequel des deux agresseurs sera le moins cruel. Le film se termine par le massacre raconté dans les moindres détails sur un mode documentaire.
On devine le jeune Wajda dans le personnage d'un jeune résistant qui, à la fin de la guerre, vient à Cracovie pour étudier aux Beaux-Arts. Comme le père de Wajda, celui du jeune résistant est mort à Katyn mais il refuse, lui, de le renier dans son curriculum vitae comme beaucoup d'autres l'ont fait pour éviter les ennuis sous l'occupation soviétique. Le jeune homme meurt. «Un remords de conscience?», s'est interrogé un spectateur lors d'une avant-première : «Avec Katyn, vous laissez entendre que si vous n'aviez pas menti sur la mort de votre père, vous n'auriez pas pu étudier aux Beaux-Arts, à l'école de cinéma et que l'école polonaise du film n'aurait jamais vu le jour ?» Le cinéaste n'a eu d'autre réponse : «Je confesserai mes propres péchés devant un autre auditoire et ce sera certainement dans peu de temps.» Et de conclure : «Chacun militait à sa manière contre ce régime.»
Enquête. Car le film parle aussi du mensonge qui a entouré Katyn et des diverses attitudes face à ce massacre. En Pologne, pratiquement jusqu'à la chute du communisme au début des années 90, il était interdit de parler de cet événement. La censure rayait ce nom de tous les livres. Etre parent d'une victime de Katyn pouvait entraîner une interdiction d'étudier, et briser une carrière professionnelle.
Il faudra attendre avril 1990 pour que le dernier président soviétique Mikhaïl Gorbatchev reconnaisse la responsabilité de l'URSS en transmettant au président polonais d'alors, le général Jaruzelski, des copies des listes des victimes, promettant une enquête. Durant la Guerre froide, l'Occident s'est tu pour ne pas envenimer ses relations avec l'URSS. Le crime est resté impuni.
En 2004, après quatorze années d'enquête, le parquet militaire russe a classé le dossier de Katyn, refusant de qualifier ces exécutions de crime de guerre ou de crime contre l'Humanité. Selon le parquet, il s'agissait d'un crime de droit commun, donc déjà prescrit. La justice russe a aussi refusé de transmettre les documents en sa possession à la Pologne qui, de son côté, poursuit toujours sa propre enquête. Varsovie recherche encore les tombes et les listes des disparus. Des traces mènent à Bykovnia, près de Kiev. Les restes d'un officier polonais viennent d'y être identifiés. En attendant, les proches des victimes attendent que la Cour des droits de l'homme à Strasbourg se penche sur leur plainte déposée contre la Russie.
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Libération (20 avril 2009, « Rebonds », p.28) : « Antisémite, Andrzej Wajda ? », par Jean-Charles Szurek (directeur de recherches au CNRS ; auteur, avec Annette Wieviorka, de Juifs et Polonais (1939-2008), Albin Michel, 2009)
Une fois de plus, l'accusation d'antisémitisme affleure ici ou là à l'adresse d'Andrzej Wajda qui, dans son dernier film, Katyn, consacré au meurtre des officiers polonais au printemps 1940 dans une forêt de Biélorussie, n'aurait pas évoqué la mort des Juifs ou l'aurait, au contraire, trop évoquée par des procédés subreptices (rafles d'opposants au régime communiste semblables à celles des Juifs, évocation du camp d'Auschwitz pour les Polonais, correspondance entre crime de race et crime de classe, etc.). En un mot, il aurait, comme l'a toujours fait l'historiographie polonaise, mis en avant le martyre polonais au détriment du martyre juif.
Cette accusation est absurde à plusieurs titres.
Katyn symbolise plusieurs événements marquants qui ne sont pas liés à la Shoah. L'assassinat méthodique de milliers d'officiers polonais, de réserve pour la plupart, constitue un crime de guerre - sans que la guerre fût déclarée entre l'URSS et la Pologne - aux aspects rares. Les Soviétiques le dissimulèrent initialement puis, quand les Allemands le découvrirent et en firent une grande publicité, ils organisèrent une contre-expertise qui accusait les troupes allemandes. Avisés, les Alliés, au tribunal de Nuremberg, refusèrent de faire endosser ce crime aux nazis alors que telle était la demande soviétique. Durant la période communiste, Moscou n'admit jamais ce meurtre qui devint la principale page blanche de l'historiographie polonaise. Régulièrement, les dirigeants soviétiques demandaient aux dirigeants polonais, avec un cynisme inouï, pourquoi le crime de Katyn ne figurait pas dans les manuels scolaires. Si l'on admet avec le philosophe Leszek Kolakowski que le communisme forma le mensonge incarné - car il réalisa l'inverse de ce qu'il annonçait, ce qui n'est pas le cas du nazisme -, le crime de Katyn constitue un mensonge dans le mensonge d'autant plus odieux que, jusqu'à aujourd'hui, les autorités russes refusent d'ouvrir une part importante de leurs archives sur cette question, accréditant l'idée qu'il y a encore quelque chose à cacher. Boris Eltsine, peu de temps après l'écroulement de l'URSS, avait déclaré aux Polonais : «Pardonnez-nous si vous le pouvez»... On n'en est plus du tout là aujourd'hui.
Katyn, le film, et Katyn l'événement relèvent donc de la phase la plus criminelle du régime communiste et les relations entre Juifs et Polonais n'en constituent vraiment pas l'objet, même s'il y a eu des Juifs, citoyens polonais, parmi les suppliciés de Katyn.
Autre reproche adressé au film, celui de renvoyer dos à dos nazis et Soviétiques, insinuant qu'il introduirait une équivalence entre crime de classe et crime de race, pour reprendre les termes des polémiques qui avaient entouré le Livre noir du communisme. Andrzej Wajda indiqua d'ailleurs que ce qui avait étonné le plus les spectateurs russes, incrédules, après deux projections de Katyn à Moscou, c'est la coopération entre officiers allemands et soviétiques. En réalité, le film ne fait que relater les faits sans s'adresser, implicitement ou explicitement, à la question de la comparaison. Au demeurant, autant la comparaison de certains crimes peut être légitime (c'est bien au début de la guerre que les élites polonaises - médecins, avocats, universitaires - furent éradiquées par les deux occupants), autant la comparaison des régimes connaît plus de limites que de vertus heuristiques.
Le film évoquerait aussi les traques des familles d'officiers polonais par les communistes comme les Allemands le faisaient des Juifs. Là aussi, la comparaison est imaginaire : rien dans Katyn n'autorise une telle interprétation. Par contre, n'est pas du tout imaginaire la guerre acharnée que livra le pouvoir communiste à la résistance anticommuniste, issue souvent de l'armée de l'intérieur (AK). Que des éléments importants de cette résistance se soient livrés, notamment, à de nombreux crimes antisémites entre 1944 et 1947 ne change rien à l'affaire. Cette période ne peut faire l'objet d'un regard sommaire.
Enfin, le camp d'Auschwitz serait mentionné comme si les Polonais n'y avaient pas été, eux aussi, déportés, constituant le deuxième groupe des victimes.
En fait, si Wajda est accusé «d'ambiguïté» à l'égard des Juifs, c'est en raison des polémiques qui ont entouré certains de ses films tels Korczak ou la Terre de la grande promesse. Il n'y a guère de sens à isoler ces œuvres d'autres qui portent également sur des personnages juifs. Dans des films tels Samson, Génération, Noces , la Semaine sainte, le thème juif est présent. Présent, parce que le réalisateur l'a voulu, présent parce qu'il s'appuie sur des œuvres majeures de la littérature polonaise qui posent la question de la place des Juifs dans la société polonaise. Ce thème, comme les autres, s'inscrit à chaque fois non seulement dans le langage de son époque mais aussi de son contexte politique, notamment des humeurs de la censure. Par exemple, dans Génération (1955), son premier film, ce sont des Polonais communistes qui sauvent les Juifs du ghetto de Varsovie. Dans Korczak (1990), autre époque, Wajda narre l'histoire implacable de ce fameux médecin, directeur d'un orphelinat juif, qui accompagne les enfants à la mort vers Treblinka : montrer l'aide des Polonais communistes