Pour présenter quel cinéphile je suis, j’ai publié le 7 janvier dernier mes réponses à un « Questionnaire cinéphilique » que j’avais adressées à Françoise De Paepe en janvier 2003. Ce questionnaire en avait suscité un second, constitué par les questions suggérées par les cinéphiles qui suivaient le magnifique site "Cinerivage.com", disparu depuis la mort de son animatrice. Voici quelques réponses que j’avais préparées, restées inédites, et qu’il faudrait que je complète un de ces jours (je donne l’ensemble des questions, même celles auxquelles je n’ai pas répondu, si cela amuse certains lecteurs de jouer eux-mêmes le jeu du questionnaire). Venant de relire les copieuses, truculentes et très pertinentes réponses qu’avait données Jean-Pierre Bouyxou au même questionnaire, les miennes me paraissent aussi maigrelettes que pauvres. Baste ! Elles feront l’affaire, en espérant que celles de Bouyxou soient un jour publiées.
Réponses au Questionnaire (bis) de Françoise De Paepe
1. Quelle est la plus belle introduction cinématographique ? Plan, scène, ou encore, générique ? (Question de Marnie)
La première séquence du second Batman (Tim Burton) ; The Magnificient Ambersons.
2. Un décor naturel ou une ville ou un pays, que vous avez découvert au cinéma et qui vous a séduit(e) au point de vous donner l’envie d’y aller voir, un jour ? (Question d’Emilia Marchant)
Taïpeh. Au point que j’avais demandé s’il était possible d’y faire son service militaire en tant que coopérant. Hélas, les relations diplomatiques avec ce pays non reconnu par l’ONU ne sont pas assez développées pour que ce projet ait pu avoir un début de réalisation.
3. Vous souvenez-vous de votre premier film « enfants non-admis » ? (Autre question d’Emilia Marchant)
Ne sais plus.
4. Le plus beau baiser ? (Question de Jean-François Pluijgers)
Dans la salle ou sur l’écran ?
Il faudrait demander à Montherlant, qui répondit à un questionnaire publié juste après guerre par la revue Saint-Germain des Prés :
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5. Un exemple flagrant de miscasting ? Et, au contraire, un rôle allant comme un gant à un acteur ? (Question de Marlène Pilaete)
Première question : ai déjà répondu à propos du Pianiste.
6. Un des plus beaux mouvements de caméra ? (Question de Jean Leirens)
La scène du meurtre dans Good Men, Good Women.
7. Le plan le plus hallucinant ? (Question de Pierre-Paul Renders)
Le dernier plan de Stalker (déjà mentionné dans le précédent questionnaire).
Le plan du meurtre dans Good Men, Good Women.
8. Un réalisateur [ou un acteur, un film] sous-estimé ou à réhabiliter ? (Question de Louis Danvers)
Une actrice : Martine Carol, par exemple dans Nathalie, vu à l’été 2003.
Germaine et Benjamin, de Doillon, avec Anne Brochet et Benoit Régent.
Angel, d’Ernst Lubitsch, rarement cité parmi ses meilleurs films.
Le Grand alibi, d’Alfred Hitchcock.
9. Quel est pour vous le film le plus subversif ? (Question de Noël Godin)
D’accord pour La Rivière de Tsaï Ming-Liang [si mes souvenirs sont bons, j’avais écrit « D’accord » car l’auteur de la question pouvait avoir accompagné sa suggestion de sa propre réponse]
10. La politique des auteurs vous semble-t-elle encore une clé valable pour juger le cinéma d’aujourd’hui ? (Question de Henri Sonet)
« Si dans les années 50, des critiques ont dû âprement polémiquer pour imposer le concept de "politique des auteurs", n’est-ce pas parce que le cinéma, art encore très jeune alors, était proche de son origine impure, entaché par ses débuts forains ("un divertissement pour les troufions et les bonniches"). » (Henri Sonet)
La question est trop vaste pour répondre dans ce cadre. Il faudrait de toutes façons au préalable établir une généalogie de la notion d’auteur de film, que d’aucuns ont déjà esquissé (Alain Carou, Christophe Gauthier, Jean-Jacques Meusy, etc.), mais qu’il faudrait poursuivre.
11. Quels sont les gens que vous jugez essentiels et que vous n’avez pas eu l’occasion de citer ? Les bons, les vrais. (Question de Jean-Marie Buchet)
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12. Penser que tout a été dit en matière de cinéma et ce, depuis cinquante ans, est-ce forcément une manifestation de passéisme ? (Question de Maurice Einhorn)
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13. Quel est le cinéma qui vous manque aujourd’hui ? Qu’est-ce qui n’a pas encore eu sa place au cinéma ? (Question de Sébastien Verkindere)
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14. Quel film regrettez-vous de ne pas avoir vu ? (Question de Stephan Streker) Quels sont les films que vous n’avez pas vus et que vous voudriez voir ? (Question de Gérard Lenne)
Quelques films pornos des années soixante-dix, par exemple Derrière la porte verte (dont j’ai cependant récupéré une version numérique).
Je regrette surtout de ne pas avoir le temps de TOUT voir, mais aussi de tout retenir de ce que j’ai vu.
« La question de Stephan Streker est plus floue. On peut penser qu’il s’agit de films qui n’ont jamais vu le jour malgré un état avancé du projet » (FdeP) ; on peut penser aussi aux films disparus.
15. Pour quel genre de films avez-vous le plus d’indulgence ? (Question de Romain Hannebert)
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16. Y a-t-il une salle de cinéma qui vous ait particulièrement marqué(e) ? (Question d’Eric Russon)
Des séances dans telle ou telle salle (cf. réponses au précédent questionnaire), mais peu de salles en particulier.
Exemple : le Grand Action de la rue des Ecoles (à Paris), où, pour la première fois, adolescent, je suis resté à plusieurs séances de suite. Je me souviens même avoir demandé à l’ouvreuse si c’était permis. Il s’agissait de Mister Arkadin…
Au risque de choquer les cinéphiles purs et durs (et surtout conformistes à mes yeux), j’avoue volontiers apprécier tout particulièrement le multiplexe qui s’est ouvert il y a deux ou trois ans à deux pas de chez moi. Cela fait certes moins chic que de mentionner tel cinéma lilliputien d’un quartier périphérique. Mais les seize salles y sont toutes grandes et confortables, avec des conditions de projection excellentes ; le choix de films est vaste (quoiqu’il se restreigne quelque peu ces derniers temps) ; le public y est, dans l’ensemble, respectueux ; le personnel aimable ; les séances spéciales assez nombreuses ; la VO prédominante ; les films de tierce cinématographie assez nombreux (j’y ai entendu de l’allemand, de l’espagnol, du russe, de l’hébreu, de l’arabe, de l’italien, etc.).
17. Les succès en salle, de foule ou critique qui vous ont vraiment choqué(e) ? (Question Véronique Kirszbaum)
Le Cercle des poètes disparus.
Gus van Sant (et beaucoup d’autres) : me choque moins que me navre.
18. Si vous étiez acteur, quelle période ? Quel film ? (Question d’Anne-Cécile Brandenbourger)
N’importe quel film avec Marie Gillain.
19. Quel rôle vous colle le plus à la peau ? (Question de Pierre De Paepe)
Plusieurs de James Stewart.
20. Si vous aviez pu réaliser un et un seul film existant, lequel serait-ce ? (Question Franco Delvecchio)
A Brighter Summer Day.
21. Le meilleur film en noir & blanc ? (Question de Christian Lebrat)
Dead Man (photo de Robbie Muller).
22. La plus belle lumière ? (Question de Paul-Hervé Mathis)
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23. Qu’est-ce qui vous exaspère le plus au cinéma ? (Question de Damien Marchal)
Ne pas avoir le temps de tout voir et, par conséquent, de devoir sélectionner, alors que ne me satisfait aucun critère de choix (car il en faut bien, même si l’on se défend que cela soit tel ou tel qui nous guide – affiche, bande-annonce, acteurs, entretiens promotionnels, résumé de l’intrigue lu ou entendu ici ou là, bouche-à-oreille, critiques, que sais-je encore ?).
24. Qu’est-ce qui vous exaspère le plus dans la critique cinématographique ? (Question de Christian Collin)
Son amnésie.
Regrette qu’il n’y ait pas une ou deux questions de plus sur la critique ou les écrits de cinéma, puisque, manifestement, les personnes fréquentant ce site, cette rubrique en tout cas, aiment lire et écrire sur le cinéma, et non seulement voir des films (peut-être pas autant qu’André S. Labarthe, qui dit un jour à Claude Jean-Philippe dans un documentaire sur les Cahiers du cinéma qu’il aimait autant lire sur le cinéma que voir des films).
Par exemple : une critique vous a-t-elle un jour donné une impérieuse envie de voir un film ?
25. Le plus beau décor ? (Question de Marie Baudet)
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26. Avez-vous découvert au cinéma un certain genre de musique ? Avez-vous connu une expérience si forte qu’elle vous pousse désormais à associer les images d’un film à cette musique ? (Question Isabelle Corbisier)
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27. Y a-t-il un livre que vous souhaiteriez voir adapté à l’écran ? Ou alors, surtout pas !!! (Question de Françoise De Paepe)
Parmi mes livres préférés, certains ont tenté les cinéastes et scénaristes. Je me réjouis que ces projets n’aient pu voir le jour. C’est le cas, en particulier, du Parfum, de Patrick Süskind [depuis, un film allemand est sorti en France, que je me suis abstenu d’aller voir] : Patrice Leconte y aurait renoncé et considérerait que le Parfum d’Yvonne en tient d’une certaine façon lieu. Cela tombe bien : c’est le film de Leconte que je préfère. J’ai appris que Jacques Audiard rêvait d’adopter le Voyage au bout de la nuit, de Louis-Ferdinand Céline. Mon soulagement est plus grand encore dans ce cas-là, quoique ce roman en tentera certainement d’autres (voir sur ce point l’article que je mentionne ici).
28. Quel mauvais film que vous avez toutes les raisons de détester, voire de mépriser, ne pouvez-vous vous empêcher d’aimer quand même ? (Question de Jean-Pierre Bouyxou)
Un film que je voudrais mentionner bien que (ou parce que ?) je suis sûr de me faire honnir des cinéphiles, en particulier ceux de « Cinérivage » (n’est-ce pas JPB ? il vous sera difficile après cela de trouver « intelligentes » mes réponses !) : Les Tricheurs, de Marcel Carné, vu, circonstances aggravantes, quand j’avais à peu près l’âge des personnages.
U-Turn d’Oliver Stone.
Les Grands ducs et Le Parfum d’Yvonne de Patrice Leconte.
Mon père ce héros de Gérard Lauzier.
29. Comment êtes-vous devenu cinéphile? (Question de Robert Cappadoro)
Peut-être des origines familiales, puisque j’ai cité presque tous les membres les plus proches de ma famille dans le précédent questionnaire (ma grand-mère, ma mère, mon frère, auxquelles on pourrait ajouter l’une de me tantes, à laquelle j’ai dédié le livre que j’ai publié fin 2003).
30. La cinéphilie n’est-elle pas futile ? (Question de Jean-François Houben)
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31. Quel film auriez-vous aimé vivre ? (Question de Gregory Crenn)
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32. Revoir un film aimé, n’est-ce pas courir le risque d’être déçu ou, davantage, se rendre compte que l’on a changé, que l’émotion n’est plus aussi forte que dans son souvenir… que l’on a vieilli (beaucoup) et vécu (trop peu) ? Et que le film est déjà presque terminé ? (Question de Jean-Pierre Deloux)
Question très pertinente, et qui comporte sa propre réponse, tout aussi pertinente.
Point déjà évoqué dans le premier questionnaire, notamment à la question 2.
33. Le film que vous aimeriez voir avant de mourir ? (Question de Gael Le Bellego)
It’s a Wonderful Life (Frank Capra).
34. Pourquoi allez-vous au cinéma ? (Question de Laurent Aknin)
Quelqu’un qui se demande pourquoi il va voir la femme qu’il aime devrait sans doute se demander ce qu’il en est vraiment de son amour. Aussi cette question ne se pose-t-elle pas pour moi.
35. Qu’est-ce que le cinéma ? (Question de Gilles Esposito)
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Retour sur le questionnaire précédent :
Ry Cooder, la B.O. de Paris Texas : la longue plage de la rencontre finale.