DISPARITION DE ROGER ICART
J’apprends aujourd’hui, par la lettre d’information de l’AFRHC (cinehistoire@afrhc.fr), la mort le 12 juin dernier de Roger Icart. Après José Baldizzone, c’est une deuxième personnalité très attachante de la cinéphilie du Sud-Ouest qui disparaît depuis le début de l’année. Espérons que nous n’aurons pas d’aussi mauvaises nouvelles avant longtemps.
J’avais signalé le récit de cet historien du cinéma toulousain sur la drôle de guerre du cinéma, paru dans le dernier numéro de CinéScopie. Il ne s’agissait vraisemblablement que d’un extrait d’un manuscrit important sur le cinéma en France durant les années 1940, que Roger Icart préparait de longue date. Espérons que ce projet sera repris et publié. Cela permettrait, entre autres, de se rendre compte que les travaux historiques de Roger Icart ne se limitaient pas à Abel Gance, même si les deux noms étaient justement associés. Réalisés par un passionné en marge de l’Université, en liaison avec la Cinémathèque de Toulouse et l’Institut Jean-Vigo, ils étaient quelque peu dédaignés par les historiens professionnels. Les plus honnêtes d’entre eux, et pas forcément les moins sérieux, tel Laurent Véray, avaient tout de même l’honnêteté de reconnaître leur qualité et de citer couramment aussi bien les biographies de Gance écrites par Roger Icart (la plus volumineuse ayant paru chez l’Age d’Homme) que le recueil de textes d’Abel Gance joliment intitulé Un soleil dans chaque image (CNRS Éditions, 2002).
Pour ma part, je retiens de Roger Icart, outre sa très grande amabilité et le plaisir évident qu’il avait à faire partager son savoir à moins expérimenté que lui, ses très précieux index de revues de l’entre-deux guerres (Pour Vous, Cinémonde et Ciné-Miroir) et La Révolution du parlant vue par la presse français (Institut Jean-Vigo, 1998). L’enquête initiée par ce dernier livre devrait être étendue à la presse non cinématographique (notamment les revues théâtrales et techniques), mais elle constitue encore un ouvrage indispensable.
Assurément, le parcours et l’œuvre de Roger Icart montrent que l’écriture de l’histoire du cinéma a tout à gagner d’une cohabitation harmonieuse entre universitaires et amateurs, rigueur et passion pouvant être déployées aussi bien par les premiers que par les seconds.