Assisté samedi dernier à la passionnante soutenance de thèse en Sorbonne de Myriam Juan, l'un des piliers d'un des groupes les plus dynamiques de jeunes chercheurs en études cinématographiques, "Les Trois Lumières".
Le sujet, « "Aurons-nous un jour des stars ?". Une histoire culturelle du vedettariat cinématographique en France (1919-1940) », m'intéressait, mais je craignais tout de même de trouver un peu longuettes les plus de trois heures que promettait de durer (et que dura) la soutenance, vu le nombre de membres du jury - d'autant que cela me faisait manquer un colloque dont le sujet ("La critique française de cinéma face à l'animation") est plus proche de mes propres recherches (à tel point que deux de ses organisateurs et participants m'avaient demandé d'y contribuer, ce à quoi j'avais dû renoncer).
Que nenni ! Cette soutenance a constitué l'exemple cardinal de ce qui peut se faire de mieux en matière d'échanges entre universitaires : érudition, réflexion , clarté dans l'exposition, absence de jargon n'excluant pas l'élaboration des concepts, stimulation des uns par les autres, générosité dans la transmission de l'information (et des documents, si l'on en juge par le volume de cette thèse de plus de mille feuillets, qui serait bourrée de données et de pièces d'archives sans que cela nuise pour autant à la lisibilité), etc.
Et finalement, bonne pioche, la médiatisation étant l'un des fils conducteurs de cette thèse, j'ai pu glaner quelques informations qui me seront directement utiles pour mon propre travail.
Chacun aimant retrouver ses dadas, j'observe que Myriam Juan a déclaré que, pour mieux appréhender l'engagement dans la vie publique des acteurs, il conviendrait d'explorer les pages non cinématographiques de la presse généraliste.
Enfin, pour apporter ma petite pierre à cette recherche de très grande envergure, je publie, sur le blog que j'ai créé sur la vie et l'oeuvre d'Émile Vuillermoz, un article de cet auteur sur le sujet.
PS : On s'imagine fréquemment qu'une soutenance de thèse est plombée par un sérieux de tous les instants. Les moments savoureux n'ont cependant pas manqué, loin de là. Mon préféré : quand la présidente du jury a remarqué qu'il fallait aller chercher dans les "vrais films populaires" pour trouver des femmes émancipées, Les Dactylos par exemple (si mes souvenirs sont bons - ce qui fait écho à ce billet), et non dans des films à la Marcel L'Herbier. A l'objection que ce film ne les montrait pas franchement en situation d'égalité sociale par rapport aux hommes, la présidente répondit en substance : « au moins sont-elles actives » (citation de mémoire) !
Voici un document qu'il me semble avoir déjà publié sur ce blog, mais que je ne retrouve pas, dont l'écho avec l'actualité est trop évident pour que je le souligne par quelque commentaire que ce soit (sinon pour préciser que les archives du sixième des acteurs les plus payés selon le classement ci-dessous sont conservées à Los Angeles - genre de petit détail dont les chercheurs sont friands dans une thèse comme celle de Myriam Juan) :