Mister Arkadin

Articles avec #revues de presse

CHASSE AUX '"ARCHI" "BLANCS" "HÉTÉROS" ET "FIDELES"

23 Avril 2013, 23:18pm

Publié par Mister Arkadin

Une fois n'est pas coutume, au lieu de commenter la sélection pour Cannes en jouant les grincheux, afin de ne pas ajouter à l'exaspération de mon ami Lucien, je me fends d'une petite question à propos de l'affiche du Festival, ou plutôt du commentaire qu'elle a inspiré à Libération (23-24 mars 2013, p.25) : qu'est-ce donc qu'un couple "archi-hétéro" ? C'est moi qui souligne, en passant sur l'adjectif qui l'accompagne ("fidèle"), dont on devine qu'il est aussi employé pour provoquer la répulsion du lecteur progressiste (« cinquante ans de mariage » ? berk !). C'est sans doute dans l'autre journal officiel des "pensants" en France, Le Monde, que l'on pourrait lire la réponse, sous la plume d'une surdiplômée faisant part de son horreur des "paires" de « reproducteurs "blancs" » : c'est en effet effroyable, que des choses aussi dégoûtantes puissent encore exister !

http://farm9.staticflickr.com/8259/8666922058_ec1acc4b71_c.jpg

(cliquer sur l'illustration pour l'agrandir)

 


Complément :

(25 avril 2013) L'annonce de la composition du jury 2013 m'a donné l'occasion d'actualiser le billet "Le pouvoir aux acteurs et réalisateurs".

Voir les commentaires

"SANS DOUTE" PAS "PAR PATRIOTISME"...

2 Novembre 2011, 00:22am

Publié par Mister Arkadin

http://www.moviepostershop.com/antoine-et-antoinette-movie-poster-1020553237.jpgExtrait d'un article d'Aurélien Ferenczi sur la rétrospective consacrée à Jacques Becker lors du Festival Lumière de Lyon, paru dans Télérama le 19 octobre 2011 (n°3223, p.69) : « A un groupe de scolaires un peu turbulent, lors d'une séance d'Antoine et Antoinette (1947), merveilleuse peinture d'un quartier ouvrier au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Tavernier rappelait même, de façon autoritaire, l'importance de connaître le passé de son pays, "votre propre histoire", avant de devenir adulte. http://lh6.ggpht.com/_Ma21yaNiJMg/TTtQa8YDeAI/AAAAAAAAGzQ/iHjbSvnmMp4/JacquesBecker4.jpg"Ça se passe en France, je suis français, je travaille sur des Français, je m'intéresse aux Français", disait Jacques Becker lui-même, plus par fatalisme que par patriotisme sans doute. »

Voir les commentaires

"PREMIERE IDEE QUI ME VIENT A L'ESPRIT..."

19 Août 2011, 23:01pm

Publié par Mister Arkadin

Je me souviens que Renaud Camus, déplorant la dégradation de la langue sur France Culture, remarquait que le pire "français" employé l'était par les réalisateurs intervenant dans l'émission "Le Cinéma l'après-midi". Allez savoir pourquoi cela m'est revenu à l'esprit en lisant les propos du seul cinéaste interrogé par Le Nouvel Observateur dans un dossier sur Marine Le Pen ("Pourquoi elle est si dangereuse", n°2433, 23 juin 2011). "Comment la combattre", p.72, Phlippe Lioret : "La première idée qui me vient à l'esprit serait d'inciter les gens à lire - ou relire - deux livres. Dans l'ordre, d'abord "Mein Kampf", publié en 1925 par Adolf Hitler : mesures sociales populistes - donc populaires -, lutte contre le chômage par la préférence nationale, stigmatisation de "l'étranger". Ensuite, "Si c'est un homme", de Primo Levi (1947), premier livre écrit sur le génocide perpétré par l'auteur du précédent. A méditer."

Voir les commentaires

"LE PLUS GRAND DES CADEAUX"

27 Juillet 2011, 17:02pm

Publié par Mister Arkadin

Thomas Sotinel est l'un des critiques du Monde que j'apprécie le plus. Je me demande dès lors quelle mouche l'a piqué pour qu'il consacre une pleine page au xième épisode d'Harry Potter, avec amorce et photo en tête de la une du journal (daté du 13 juillet 2011) ? L'essentiel est constitué par le récit d'une rencontre avec le producteur de cette brillante affaire commerciale, pour laquelle Sotinel est parti à Londres en "envoyé spécial" ; l'accessoire est une critique du film, relativement longue, mais cantonnée à un discret quart intérieur de page intérieure (alors qu'une seconde photo couleurs du film occupe le quart droit du haut de page, afin d'attirer au mieux l'attention). Gageons dès lors que la critique, très mitigée, voire négative (un carré noir sur trois possibles), passe quasi inaperçue et ne gêne en rien l'opération marketting. Bizarre choix éditorial de la part d'un journal qui se prétend indépendant, sans doute imposé par la direction, qui vole au secours du succès, et auquel ne peut se soustraire un journaliste qui tient à préserver son jugemement critique, mais tout de même contraint de servir la soupe au nabab du moment.

Voir les commentaires

PROJECTIONNISTE CINÉPHILE

29 Septembre 2010, 23:02pm

Publié par Mister Arkadin

J'ai à plusieurs reprises, sur ce blog, cherché une définition de la cinéphilie. Qu'est-ce qu'un cinéphile ? La coupure de presse ci-jointe, prélevée dans les pages "Emploi & Marchés publics" de Télérama (n°3159, 28 juillet 2010, p.135), m'amène une nouvelle fois à m'interroger sur les qualités que confère cette qualification.Projectionniste-cinephile--TRA-3159--28.7.2010--p.135.jpg

Existe-t-il des projectionnistes qui ne sont pas cinéphiles ? Alors que d'autres  mentionnent cette "qualité" sur leur CV  car cela n'irait pas de soi ? Qu'attend-on de plus d'un projectionniste qui l'est ?

Voir les commentaires

TRANSCENDANCE

8 Mars 2010, 09:48am

Publié par Mister Arkadin

Télérama, n°3136, 17 février 2010, pages 81 et 117 :
- "
Hitchcock délaisse son scénario (une vague histoire d'espionnage franco-russe) pour se consacrer à la mise en scène" (à propos de L'Etau) ;
- " L'intensité de la mise en scène transforme une simple intrigue d'espionnage en une fable morale" (à propos de Chasse à l'homme).

Voir les commentaires

"COMME SI LA SOCIÉTÉ AVAIT BESOIN DE L'EXPERTISE DES RÉALISATEURS FRANÇAIS"

28 Août 2009, 12:00pm

Publié par Mister Arkadin

À l’occasion de la sortie des Mesrine en Grande-Bretagne, « The Guardian a cherché à savoir pourquoi les gangsters de cinéma étaient en France plus "moraux" et plus "chics" qu’ailleurs », nous informe Le Courrier international dans son édition du 27 août 2009, où est reproduit un article savoureux de Joe Queenan intitulé « Les malfrats sophistiqués du cinéma » (merci beaucoup à Nemo de m’avoir communiqué cet article). On y appréciera la délectable ironie de nos amis d’outre-Manche : « Le message classiquement délivré par un film policier français est que le plus minable des hors-la-loi est tenu par un code moral qui échappe à la compréhension du citoyen lambda respectueux de la loi – et qu’à leur manière les malfrats ont plus de principes que les policiers. »

À lire également prochainement (merci cette fois à Thierry Lefebvre) : « Mesrinographe. Récits audiovisuels des vies de Jacques Mesrine (1984-2008 », par Sébastien Le Pajolec, Sociétés & Représentations, n°28, « Le médecin prescripteur d’images », à paraître aux éditions Nouveau Monde en fin d’année.

Enfin, à voir en ce moment sur le câble : Mesrine, d’André Génovès.

Voir les commentaires

REVIREMENTS

1 Mai 2009, 23:06pm

Publié par Mister Arkadin

« [...] depuis peu, par une politique anticulturelle qui rogne un peu partout, mais ici et maintenant, les crédits consacrés à l'éducation cinématographique et à la découverte d'œuvres que le commerce ne diffuse guère ou dont il masque l'originalité, si bien qu'il a fallu des années pour imposer l'idée qu'Eastwood est un grand auteur. »

Suivons la recommandation d'Alain Masson, dans l'éditorial du numéro 377 de Positif (mars 2009), en faisant un peu d'"éducation cinématographique", au sujet de la critique, grâce à l'index Calenge. Regardons voir ce qui s'écrivait sur Eastwood durant une bonne partie de sa carrière de réalisateur. Tiens, au hasard, pourquoi ne pas choisir la revue du professeur Masson ? Un seul article dans la partie « Critique » jusqu'en novembre 1983 (aucun entre les n°137 et 273, Alain Garsault semblant le seul à s'intéresser à lui pendant quinze ans), sept films étant relégués en « A à Z », le premier article d'ensemble paraissant en 1985. Reportons-nous par exemple à ce que ce bon vieil Albert Bolduc écrivit sur L'Homme des hautes plaines en janvier 1974 (n°155, p.66) - un bien bon mois, soit dit en passant : « "Beau est le fascisme" déclara un jour Luc Moullet qui avait l'excuse d'une jeunesse certaine et, surtout, celle de n'avoir point vu cette seconde "mise en scène" de Clint Eastwood, ce "Mein Kampf" de l'Ouest, si invraisemblablement mal ficelé, mal photographié, mal écrit, que l'on se prend d'un regain d'affection pour tous les honnêtes artisans capables, il y a vingt ans, de boucler à la suite dix films d'une qualité supérieure et d'un esprit sensiblement plus sympathique. »

Nous ne pouvons effectivement que donner raison au savant Masson. Avec ce genre de soutien, pas étonnant qu'il ait fallu si longtemps pour « imposer l'idée qu'Eastwood [était] un grand auteur » ! En fait, non, il a suffi qu'une belle soirée de Césars, Godard regarde Clint avec les yeux de Chimène. Est-il besoin de chercher beaucoup plus loin pourquoi chacun de ses films paraît désormais supérieur au précédent et pourquoi est accueilli de façon délirante le médiocre Gran Torino, qui n'est en outre pas du tout le film progressiste que les bons esprits ont voulu y voir, ce que le rusé Clint a suggéré complaisamment à longueur d'interviews ? Je reviendrai sur la réception de ce film.

Pour aujourd'hui, je me contenterai de pointer le phénomène, déjà évoqué dans « Tous pour ou contre Guitry », qui voit dans le cas d'Eastwood les contempteurs mêmes d'un cinéaste du temps où il n'avait pas la cote prendre en pitié ceux qui se refusent à imiter leur revirement à 180 degrés. À tout prendre, est encore préférable l'attitude d'un Michel Marmin, qui a l'honnêteté de revenir sur ses jugements passés quand il tresse aujourd'hui les louanges de Charlie Chaplin (« Le chevalier Chaplin contre l'Amérique », Éléments, n°131, avril-juin 2009, p.60-61) : « Nous ne dissimulerons pas que nous avons été nous-même assez longtemps allergique au personnage de Charlot. À la mort de son créateur, nous avons même renchéri sur le propos de Suarès [1] dans une méchante chronique du Figaro, qui fit son petit scandale... Nous eussions alors été mieux inspirés de revoir ses films ou de relire les pages admirables que lui ont consacrés Maurice Bardèche et Robert Brasillach dans leur Histoire du cinéma : "Il a beau avoir été frappé par la vie, il reste l'ingénu, de la race de ses garçons qui offrent leurs billes et leurs confitures et n'ont jamais de camarades." » Or, bouclons la boucle, Positif fut l'une des publications les plus scandalisée par les écrits de Marmin des années 1970, notamment ceux sur Charlot, fustigeant son fascisme à plusieurs reprises dans « L'Encyclopédie permanente du cinéma ». À l'instar de son revirement à l'égard d'Eastwood, Positif va-t-il se mettre à tresser des couronnes à Marmin, sans même se souvenir de son aversion passée ?

Pour ma part, j'espère que si j'étais amené, dans vingt à trente ans, à ne plus tenir JCB, BNC, GVS, LVT et autres JJ pour des tâcherons, mais pour de grands artistes, je reconnaîtrai avoir changé d'avis plutôt que de stigmatiser rétrospectivement l'aveuglement des autres ! Au moins aurais-je pris note aujourd'hui...


Note :

[1] André Suarès parla en 1926 de « ce cœur ignoble de Charlot, [qu'il aurait voulu] écraser comme une punaise ». Je me permets de renvoyer sur les controverses suscitées par Charlot durant les années 1910 et 1920 à mon livre "Le Temps" du cinéma. 


Complément : à lire sur Eastwood la biographie de Patrick McGilligan, Clint Eastwood, une légende (Éditions Nouveau monde, 766 p., 24 €), dont le titre comporte plusieurs sens.

Voir les commentaires

1 2 > >>