Mister Arkadin

Articles avec #films - sorties

FILATURES

11 Janvier 2008, 09:52am

Publié par Mister Arkadin

« À force de lire et d’écrire à propos du cinéma, as-tu encore le temps de voir quelques films ? », me demande un ami qui s’en enfile allègrement, bon an mal an, cinq à six cents. N’en ayant jamais vu guère plus de deux à quatre cents par an (petit écran compris), je conçois fort bien que je puisse être considéré comme un simple amateur aux yeux des véritables cinéphiles, ceux des années soixante, qui étaient prêts à faire trois cents kilomètres en voiture pour aller voir à Bruxelles un inédit, ceux d’aujourd’hui, dont la cinémathèque est la seconde maison, pour lesquels les programmes du câble et l’édition DVD n’ont aucun secret et dont le tableau de chasse avoisine le millier de films par an. Pour ma part, je fais effectivement partie de ces cinéphiles "littéraires", représentés par un André S. Labarthe. Je garde en effet en mémoire ce passage d’un documentaire de Claude-Jean Philippe, réalisé à l’occasion des quarante ans des Cahiers du cinéma (en 1991, donc), où A. Sylvain L. déclarait que, pour la constitution de sa cinéphilie (au tournant des années 1960), la lecture des critiques (les Bazin, Truffaut, Rohmer, Godard, etc.) avait été bien aussi importante que la vision des films. Ainsi ma collection de revues, livres et coupures de presse sur le cinéma est-elle aussi précieuse pour moi, plus même, oserais-je avouer, que ma collection de cassettes et DVD.

 

Pour autant, un blog de cinéma sans recension de films serait tout de même assez étrange. Aussi essaierai-je d’en publier au moins une par semaine.

 

Aucun film vu ces derniers temps ne m’inspire énormément. En revanche, je tiens à conseiller aux lecteurs d’aller voir, sans tarder (vu la rotation actuelle des films), le film de Hong-Kong Filatures.
FIlatures.jpg Premier film de Yau Nai Hoi, le scénariste de Johnny To, il se caractérise (paradoxalement ?) par la qualité de sa production (de JT) et la virtuosité de sa mise en scène, plus encore que par l’astuce de son récit. Celui-ci se résume presque à une succession de filatures menées par les services de renseignements de Hong-Kong afin de prévenir des braquages de banques ou de bijouteries (d’où le titre français, très pertinent ma foi, le snobisme des distributeurs français ne les ayant pas amené, pour une fois, à garder le titre anglo-saxon, et sans doute chinois, pourtant plus poétique : « Eye in the Sky »). Yau Nai Hoi excelle à découper ses séquences de telle sorte que nous puissions ressentir, presque physiquement, la perception des choses de plusieurs personnages à la fois : qui me suit ? suis-je repéré ? suis-je à la bonne distance de celui que je file ? puis-je anticiper ses mouvements ? me soustrairai-je à son regard en me faufilant derrière tel quidam ? à quel moment dois-je changer de vêtements ? quelle caméra va permettre au staff du QG de suivre au mieux les événements ? quelle consigne donner à mes hommes ? Toutes questions, et bien d’autres, que se posent les divers protagonistes de ce film haletant, et que nous nous posons par procuration !

 

J’avais trouvé l’année 2007 moins fournie en bons films asiatiques que les précédentes. J’allais même jusqu’à me demander si le filon n’allait pas naturellement se tarir. Et me voici contredit dès la première semaine de janvier 2008 !

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Sortie du jour : ALIENS VS PREDATOR

2 Janvier 2008, 10:56am

Publié par Mister Arkadin

Sort aujourd'hui sur les écrans français le blockbuster Aliens vs Predator -  Requiem.

Aliens-vs-Predator.jpg

Il s’agit du deuxième épisode d’une "saga". Je n’avais pas vu le premier à sa sortie en France, le 27 octobre 2004.

Alien-vs-Predator.jpg

Bien entendu, cela ne m’empêcha point d’en parler, au "Libre journal du cinéma" de Philippe d’Hugues, le 4 novembre 2004. J’appliquai là le principe cardinal de la critique, à savoir qu’il n’est nullement nécessaire de connaître une œuvre pour discourir à son sujet. Plusieurs critiques de cinéma en ont joué avec virtuosité, tel Jean-Pierre Manchette ; Noël Godin, devenu célèbre depuis comme entartreur en chef (petite sélection de liens sur cette noble activité : 1 ; 2 ; 3), démontrant l’inutilité de l’existence même du film. En tout état de cause, la vision d’un film s’avère finalement pour eux, non seulement subsidiaire, mais presque superfétatoire.

N’ayant toujours pas vu Alien vs Predator, mon compte rendu de 2004 ne peut que garder toute sa pertinence et valoir tout aussi bien pour Aliens vs Predator -  Requiem. Le voici donc.

« Alien vs. Predator est le type même de film que que le « Libre journal du cinéma » se doit de signaler, tant il est rassurant de constater que l’industrie cinématographique renoue sans cesse avec certains de ses genres les plus traditionnels.

Or, il en est un qui est particulièrement cher au cœur des cinéphiles : l’orchestration de la rencontre entre grands monstres ou génies du mal. Rappelez-vous notamment l’inoubliable King Kong vs. Godzilla (1). Remarquez que le "versus" (contre) doit impérativement s’écrire "vs." : cela en jette, si je puis me permettre l’expression, cela en jette beaucoup plus sur l’affiche. C’était le cas également de "Kramer contre Kramer", Kramer vs. Kramer (2), dont les monstres étaient, reconnaissons-le, un peu moins distrayants.

On nous propose aujourd’hui un n’en doutons pas tout aussi mémorable Alien vs. Predator (3), après le Freddy vs. Jason (4) de l’année dernière. Sans doute nous proposera-t-on demain Terminator vs. Gremlins ou Dracula contre les dinosaures à Jurassic Park. On peut imaginer toutes sortes de combinaisons, de formules diverses et variées, même si elles risquent d’être assez vite quelque peu répétitives, de nous apparaître comme, littéralement, des formules.

Mais peut-être justement faut-il seulement les imaginer, et c’est d’ailleurs ce que je me suis contenté de faire, puisque je ne suis pas allé voir Alien vs. Predator. Pour une raison principalement : l’élément primordial recherché dans ce genre de films, la terreur qu’inspirent les deux monstres mis en présence, tend en général à s’annihiler, au lieu d’être démultiplié, surtout parce que cette terreur ne s’exerce plus aux dépends des personnages humains, auxquels le spectateur peut s’identifier. Au lieu de s’allier, les deux bestioles finissent très vite par s’affronter, et se taper dessus. Or, c’est tout de même bien moins le rapport entre King Kong et Godzilla, ou n’importe lequel des ses confrères, qui nous passionnaient, que ses rapports avec les humains, surtout, bien sûr, quand l’humain en question était la ravissante Fay Wray, disparue il y a peu. »


 

 

Informations et liens complémentaires :

- Le livre de Noël Godin, dans lequel sont regroupées quelques-unes de ses critiques de films : Godin par Godin, Éditions Yellow Now, 2000

Godin.jpg
http://fr.wikipedia.org/wiki/No%C3%ABl_Godin

- Celui de Jean-Pierre Manchette : Les Yeux de la momie : chroniques dManchette.jpge cinéma, Éditions Rivages, 1997


http://manchette.rayonpolar.com/

- Le "Libre journal du cinéma" de Philippe d’Hugues : scripts des émissions sur le blog de Radio Courtoisie (http://radio-courtoisie.over-blog.com/categorie-175154.html)

Notes :

(1) Ishirô Honda / Thomas Montgomery, 1962

(2) Robert Benton, 1979.

(3) Paul W.S. Anderson, 2004.

(4) Ronny Yu, 2003. Nota : le Jason en question est le monstre de Vendredi 13.

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