Mister Arkadin

BESANCENOT, LE VICTIME D’UNE SANS-PAPIÈRE

21 Août 2008, 23:01pm

Publié par Mister Arkadin

Voici quelques années, j’avais été épaté, au cours d’une émission de France Culture (« Répliques ») dans laquelle il était question de la féminisation des mots (de fonctions notamment), par l’humour pince-sans-rire d’un professeur de philosophie qui avait réussi à glisser dans la conversation, en n’appuyant aucunement son effet, puis en continuant de parler comme si de rien n’était, qu’il était « un victime » (1). On ne pouvait mieux montrer le ridicule de nos modernes précieux, de la complaisance envers un féminisme outrancier et suranné, mais ayant toujours le vent en poupe. Le plus beau avec Ubu, c’est quand la réalité rattrape la farce. Le farceur, ici, est facteur. Son conformisme d’idiot utile éclate, une fois de plus, dans une vidéo qu’Alain Soral a mise en ligne avant-hier sur son site (« Bobo-libéralisme : petit cours de rappel avant la rentrée... »). Que ceux que Soral exaspère aille directement au passage (au début de la sixième minute du document) qui voit Olivier Besancenot compatir, la larme à l’œil, avec la misère d’immigrés clandestins pourchassés par la gestapo sarkosyste, des drames ayant frappé un sans-papiers et une sans-papiers : « une sans-papières », se reprend-il, sans que cela choque son interlocutrice et sans qu’il se rende compte de l’énormité de sa bourde (2).   Ne manque que le nez rouge à ce rigolo ! Il ne porte pour l'instant que le faux nez…


Compléments :

(1) (1er septembre 2009) Devait manifestement prendre place ici une note, mais elle a disparu, j’ignore à quel moment et pourquoi. Je ne me souviens plus non plus de son contenu…

(2) (1er septembre 2009) Depuis l’année dernière, j’ai eu l’occasion de constater qu’il ne s’agit pas là d’une « bourde ». Cela semble être la façon quasi officielle de désigner une immigrée clandestine dans certains milieux. Il s’est aussi confirmé depuis que ceux-ci pouvaient avoir la modestie de se parer du titre de Résistant autant qu’ils veulent, ils représentent les opposants rêvés pour le Pouvoir (et pour le Medef, comme le dénonce une nouvelle fois récemment E&R). On appréciera par exemple le magnifique « Sans papiers, la fabrique du délinquant » publié dans Libération (12 août 2009, p.23) par Évelyne Perrin (militante d’AC ! et de Stop précarité), dont voici un extrait : « […] la France a toujours besoin de ces travailleurs dans les secteurs de l’économie aux conditions de salaire et de travail les plus mauvaises, toujours désertés par la main-d’œuvre nationale. »
(3) (27 mars 2010) Dans le dépliant publicitaire du film réalisé par le collectif des cinéastes pour les "sans-papiers" (les guillemets sont dudit collectif), On bosse ici ! On vit ici ! On reste ici !, et qui appelle à la régularisation de tous les travailleurs sans papiers, l'un de ceux-ci déclare :
« Si c'est pas les sans papiers qui font ce travail, là, le patron ne trouvera jamais quelqu'un pour le faire. » J'ai du mal à comprendre la logique. Si ce travailleur est régularisé, il n'acceptera donc plus ce travail que seul un sans papier, ce qu'il ne sera plus, accepterait. Et si ce patron ne pouvait trouver, aux conditions qui lui conviennent, qu'un sans papier, il ne pourra garder ce travailleur auquel des papiers auront été donnés. Mais la sanction que mérite peut-être ce patron pour avoir employé des sans papiers, sanction que le collectif n'a pas l'air d'envisager (il ne figure en tout cas pas parmi ses revendications affichées), est-elle de devoir garder ce travailleur dans d'autres conditions, plus décentes, mais du coup moins avantageuses pour le patron, alors que ses concurrents continueront à employer, à moindre coûts pour eux, des sans papiers arrivés depuis moins longtemps et du coup moins enclins à "sortir du bois" ?
(4) (21 mai 2012) Vient de paraître sur le sujet l'excellent Le Sanspapiérisme. Où sont les papiers des sans-papiers ? Anatomie d'une manipulation, par Luc Gaffié, aux éditions Xenia (Vevey, Suisse, 128 p.). Si l'implication des acteurs savamment mal rasés et des actrices aux lèvres charnues dans cette manipulation est soulignée de belle manière, le grotesque Welcome se voyant épinglé au passage, manque toutefois un chapitre sur le véritable genre cinématographique qu'est devenu le film d'hommage aux clandestins et d'éloge aux complices des filières qui les exploitent.  
http://ecx.images-amazon.com/images/I/41Wy%2BHopv8L._SL500_AA300_.jpg
(5) (2 juin 2012) Jean-Claude Michéa, dans Le Complexe d'Orphée (p.142), conseille, au sujet du refoulement du « souvenir des luttes des ouvriers de Lip et des paysans du Larzac au profit de celles des clandestins de l'église Saint-Bernard (et sur l'étrange pacte entre l'univers "associatif" et le monde du showbiz et des médias noués à cette occasion », la lecture du livre de Thierry Blin L'Invention des sans-papiers (PUF, 2010).
(6) (28 septembre 2012)
http://lesalonbeige.blogs.com/.a/6a00d83451619c69e2017ee3cc1eaf970d-800wi 

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CINÉMA ET RADIO : SEMAINE DU 23 AOÛT 2008

21 Août 2008, 09:49am

Publié par Mister Arkadin

Rattrapage (merci Desata !) :

« Parking de l’été » (Sophie Loubière), France Inter, lundi 18 août 2008, de 21h05 à 22h00 : « Un grand moment de l’histoire cinémato-discographique de l’année 1979 », sur le 45 tours Absence prolongée

« Esprit critique » (Ali Rebeihi), France Inter, mercredi 20 août 2008, de 9h10 à 9h35 : Fabrice Lucchini (acteur) pour le film La Fille de Monaco et Xavier Leherpeur (critique de cinéma) sur Johnny To

« Escale estivale » (Emmanuel Khérad), France Inter, mercredi 20 août 2008, de 18h12 à 19h00 : Solveig Anspach, réalisatrice du film Back Soon

« BO à gogo ! (3) » (Olivier Le Borgne), France Musique (« Vivace »), mercredi 20 août 2008, de 22h00 à 24h00 

« Les Belles captives cinématographiques », France Culture (« Chemins de la création »), jeudi et vendredi 22 août 2008, de 18h00 à 20h00 : « Des héros et des hommes (5/6). L'héroïsation au cinéma, le Napoléon d'Abel Gance », conférence de Jean-Claude Bonnet et François Hartog (Bibliothèque nationale de France, 20 mars 2008) ; « Des héros et des hommes (6/6). L'invention d'un héros de l'ouest américain, Billy the Kid », conférence de Jean-Louis Leutrat et François Hartog (Bibliothèque nationale de France, 17 avril 2008)


Émissions radiophoniques sur le cinéma de la semaine à venir :

« Un morceau de délice » (France Culture, « Sentiers de la création »), samedi 23 août 2008, à 4h00 (rediffusion à 20h00) : « Sport et cinéma » (10 juin 1969, 43 min.) ; « Jean Carmet à bicyclette » (« Ma non Troppo », 02 mars 1975, 28 min.)

« Intime projection » (Stéphanie Fromentin ; « Pour les soirées DVD de l’été… les conseils de l’été »), France Inter, samedi 23 et dimanche 24 août 2008, de 9h15 à 9h20 : Dirty Harry (1 et 2)

« Dis, tu mets quoi dans ta valise ? » (Laurent Segui), France Inter, samedi 23 août 2008, à 10h15 : Richard Borhinger (acteur)

« Les Belles captives cinématographiques », France Culture (« Chemins de la création »), samedi 23 août 2008, de 16h00 à 17h00 et 17h00 à 18h00 : « Festival de premiers films cultes (2/2) : Le film culte, art de l'innovation ou du cinéma ? », débat réunissant Jan Kounen (réalisateur et producteur), Franck Vestiel (réalisateur), Jean-Jacques Beineix (réalisateur et producteur), enregistré le 7 juin 2008 au Cinéma des cinéastes ; « Festival de premiers films cultes (1/2) : Ou pourquoi un premier film devient culte ? », débat réunissant Jan Kounen, Bertrand Blier (cinéaste et écrivain) et Gaspard Noé (réalisateur), enregistré le 6 juin 2008 au Cinéma des cinéastes

« Parking de l’été » (Sophie Loubière), France Inter, samedi 23 août 2008, de 21h05 à 22h00 : Drive-in Johnny Guitar, avec l’éditeur et critique François Guérif

« Cartoon story » (Laurent Vallière ; « Chaque semaine, l’histoire et l’actualité de nos héros de dessins animés préférés, illustré par extraits et musiques »), France Info, dimanche 24 août 2008, à 5h21 (rediffusions à 6h27, 9h27, 20h12, 21h42 et 0h12) : « La naissance des héros préférés des dessins animés » (Droopy) – précédentes émissions : « Bon Anniversaire, Monsieur Emile Cohl » (17 août 2008) ; « Totoro » (10 août 2008) ; « Andrew Stanton, le réalisateur de Wall-E » (3 août 2008)

France Culture (« Chemins de la création »), samedi 23 août 2008, de 12h00 à 14h30 : « Exposition Zucca : Vérité des images, vérité de l'histoire », débat, organisé le 9 juin 2008 à l'Hôtel de Ville avec la Ligue des Droits de l'Homme, en écho à l'exposition "Des Parisiens sous l'Occupation. Photographies en couleurs d'André Zucca", qui a été présentée à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, avec Agnès Tricoire (avocate, spécialiste en propriété intellectuelle, membre du Bureau National de la Ligue des Droits de l'Homme et déléguée de l'Observatoire de la liberté de création de la LDH), Gilles Manceron (historien et membre du comité central de la LDH), Christian Delage (historien, professeur à l'Université Paris 8 et à l'EHESS), Paul Ardenne (historien et historien d'art, professeur à l'Université d'Amiens), Marc-Olivier Baruch (historien et directeur d'étude au CNRS), Laurence Bertrand Dorléac (historienne et historienne d'art, maître de conférence à l'Institut d'Etudes Politiques et chercheur au Centre d'Histoire de l'Europe du XX° siècle)

« Climats » (Simone Depoux ; « Toute rencontre est susceptible d’éveiller l’impensable », « série de fictions dont Hugo est le narrateur »), France Inter, dimanche 10 août 2008, de 15h05 à 16h00 : Marcello Mastroianni à Rome dans les années 60

« Les Belles captives cinématographiques », France Culture (« Chemins de la création »), lundi 25 août 2008, de 20h30 à 22h00 : « Cinéditions : Dialogue entre Antonio Tabuchi et Manoel de Oliveira », enregistré à la Cinémathèque française

« Prochainement sur cet écran » (Axel Brücker), France Culture, à partir du lundi 21 juillet 2008, du lundi au vendredi à 8h56 (rediffusions à 13h26, 20h26 et 23h00) : Présentation d’un film à partir de sa bande-annonce

« Cent merveilles » (« Rediffusion d'une sélection de pastilles thématiques de huit minutes par Pierre Lhoste et Sacha Guitry »), France Culture, du lundi au vendredi, à partir du lundi 21 juillet 2008, de 13h50 à 14h00

« Le rendez-vous musique de film » (F.Drésel), Radio Classique, lundi à vendredi, à partir du lundi 21 juillet 2008, de 16h00 à 17h00

« A voix nue » (Marc Voinchet), France Culture, du lundi 25 au vendredi 29 août 2008, de 20h00 à 20h30 : Jean-Louis Comolli (cinéaste et théoricien du cinéma)

« Escale estivale » (Emmanuel Khérad), France Inter, mardi 26 août 2008, de 18h12 à 19h00 : Jean-Pierre et Luc Dardenne (cinéastes), pour leur film Le Silence de Lorna

« Musiques de stars » (Olivier Bellamy), Radio Classique, août 2008, de 17h00 à 19h00 – Rediffusions : Christian Clavier (acteur ; mardi 26), Coline Serreau (cinéaste et actrice ; mercredi 27), Claude Chabrol (cinéaste ; jeudi 28), Danièle Darrieux (actrice ; vendredi 29)

« C’est pas croyable » (José Artur et Stéphane Bern), France Inter, lundi 25 août 2008, de 10h15 à 11h00, France Inter : Gloria Swanson et Marlene Dietrich

« C’est pas croyable » (José Artur et Stéphane Bern), France Inter, mardi 26 août 2008, de 10h15 à 11h00, France Inter : Fred Astaire et Maria Callas

« C’est pas croyable » (José Artur et Stéphane Bern), France Inter, mercredi 27 août 2008, de 10h15 à 11h00, France Inter : Maurice Chevalier

« Ça vaut le détour », RCF, vendredi 29 août 2008, à 11h30 (rediffusions à 16h00 et 4h30) : « Bienvenue chez les Ch’tis, entre fiction et réalité » (Alix Froissart et Olivier Malcurat)

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JEAN BRÉRAULT, L’INSTITUTEUR CINÉASTE (1898-1973)

19 Août 2008, 23:02pm

Publié par Mister Arkadin

Je reproduis ci-dessous une note de lecture écrite pour la revue CinéScopie, qui porte sur le livre suivant : Josette UEBERSCHLAG, Jean Brérault, l’instituteur cinéaste (1898-1973), Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne / IUFM Lyon-Saint-Étienne, juin 2007, 332 p.

Rappel : une petite liste de revues ayant consacré un dossier aux rapports entre cinéma et éducation.


Alors que la thèse de doctorat sur laquelle Josette Ueberschlag s’appuie portait sur « le film à intention heuristique, un média en faveur de l’apprentissage des sciences », Jean Brérault, l’instituteur cinéaste (1898-1973), comme son titre l’indique ouvertement, s’est focalisé sur le « premier instituteur à devenir cinéaste professionnel ». Bien qu’il faille toujours se méfier du risque d’attribuer à son "héros", à tel ou tel génial "inventeur", toutes les positions avant-gardistes dans les domaines qu’il a touchés (cf. l’histoire des origines de la critique, souvent réduite à la figure de Louis Delluc, voire l’histoire de l’émergence du cinéma lui-même, réduite à l’invention des frères Lumière), Josette Ueberschlag a fait feu de tout bois pour démontrer que Jean Brérault doit être considéré, non seulement comme une figure majeure du cinéma éducateur, mais comme un acteur non négligeable de l’histoire du cinéma à partir des années 1920. A cet égard, parmi les questions essentielles qui parcourent son ouvrage, quelques-unes peuvent tout simplement être formulées ainsi : « qu’est-ce que la nouveauté ? » ; « qu’est-ce qui fait événement en histoire ? » ; « comment certains hommes s’y sont-ils pris pour introduire du nouveau dans l’histoire ? ».

La biographie historique a longtemps été déconsidérée dans les milieux académiques, sous l’influence (quelque peu mal comprise) de l’École des Annales, qui n’aurait eu pour angles d’attaque que l’étude des mouvements d’ensemble, des caractéristiques économiques et techniques, sur la longue durée, de sociétés envisagées dans leur globalité. Le collectif serait à privilégier sur l’individuel ; la statistique sur le sentiment ; les mentalités sur la psychologie ; etc. Ce dédain de la biographie a vécu, d’abord parce que l’on s’est opportunément souvenu que de grands maîtres s’y étaient adonnés (Lucien Febvre et Fernand Braudel, par exemple), ensuite parce que de nouveaux maîtres ont pris le relais (Marc Ferro et Jacques Le Goff, en particulier), enfin parce que l’épistémologie a réhabilité ce genre qui ne fut donc jamais complètement délaissé (cf. François Dosse, Le pari biographique. Ecrire une vie, La Découverte, 2005).

Malgré tout, le préjugé contre la biographie demeure, notamment dans la discipline qui nous importe ici – les études cinématographiques. Sans doute parce que c’est le genre qui se vend le mieux, quand le sujet est connu ; a contrario, c’est peut-être celui qui se vend le plus mal, quand le personnage traité ne l’est pas. Ce serait un genre "facile", favorisant l’identification à une personne plutôt que la compréhension des mécanismes sociaux et culturels qui modèlent l’activité humaine. La biographie propagerait en outre une vision éculée de l’auteur de films, individu créateur détaché des contingences, ou devant être libéré de ses entraves pour pouvoir exprimer son univers propre ; elle favoriserait un auteurisme qui n’aurait plus lieu d’être. La visée des films scolaires étant, par définition, d’abord éducative plutôt qu’esthétique, cet écueil est moindre ici. Enfin, la biographie historique manquerait de scientificité car elle serait psychologisante, elle ressortirait d’une histoire vue par le petit bout de la lorgnette (mais Rohmer ne nous a-t-il pas montré que la lorgnette de son Anglaise ne manquait pas de pertinence ?) et ne pourrait quasiment pas échapper à une vision téléologique de l’histoire.

Je n’irai pas jusqu’à affirmer que le livre de Josette Ueberschlag est exempt de toute réserve à cet égard, mais il prouve amplement que la biographie historique, pour "monographique" qu’elle soit, ne manque pas forcément d’ambition. Se concentrer sur un personnage important, et polyvalent comme l’était Jean Brérault, puisqu’il fut « scénariste, réalisateur et monteur [chez Pathé Cinéma], mais également instituteur public, syndicaliste militant et homme engagé dans l’action politique [au moment du Front populaire notamment] » (ajoutons journaliste et écrivain de cinéma), permet en effet de tendre vers l’histoire globale du cinéma, ne serait-ce que parce que l’index des noms cités montre que bien peu d’aspects de l’histoire du cinéma échappent à une étude de ce type. Pour dire quel homme de cinéma fut Brérault, Josette Ueberschlag a dû démêler tout un écheveau de liens et fournir, comme par capillarité, une vue transversale d’un demi siècle d’histoire du cinéma. Elle offre en particulier des portraits relativement fouillés de toutes les personnalités que Jean Brérault a fréquentées (amis, appuis et relations), de toutes celles qui ont marqué l’histoire du cinéma éducatif (de Ferdinand Buisson à Robert Lefranc et son Centre audiovisuel de Saint-Cloud, en passant par Pierre Marcelle, sa CUC, et Marceau Pivert), toutes leurs activités étant replacées dans leur contexte (politique tout autant que cinématographique) et dans les débats de l’époque (« spécificité du film d’enseignement », « cinéma d’enseignement » muet ou commenté, choix des procédés techniques et des formats de films, etc.), et mises en perspectives.

Une densité d’informations assez vertigineuse est dès lors prodiguée, servie par la multiplicité des sources explorées et astucieusement exploitées (jusqu’aux laboratoires Boiron de Sainte-Foy-lès-Lyon !). Elles n’ont d’égale que la précision des références (aussi bien filmographiques que bibliographiques) et la variété des illustrations (photos, graphiques, tableaux, etc.). Le lecteur ne saura peut-être pas absolument tout sur Jean Brérault à la fin de ce livre ; il en saura cependant beaucoup sur l’histoire du cinéma éducateur en France, suffisamment pour poursuivre l’investigation, par ses propres recherches ou par l’attention pour les publications à venir sur le sujet, que n’aura pas manqué d’éveiller le beau travail de Josette Ueberschlag.

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LA GRÂCE

18 Août 2008, 23:18pm

Publié par Mister Arkadin

« Louise Bourgoin, c’est la grâce », dit Fabrice Lucchini de sa partenaire dans La Fille de Monaco, pour promouvoir le film d’Anne Fontaine sortant demain (Le Point, n°1874, 14 août 2008, p.83). La "grâce", notion bien utile pour tresser les louanges de quelqu’un, mais indéfinissable et des plus subjectives, la personne en question représentant à mes yeux exactement l’inverse. Elle fait partie des rares acteurs ou actrices (puisque c’en est une, paraît-il) qui peuvent déterminer mon choix de voir un film. En l’occurrence, il faudra que je me fasse violence pour aller voir celui-ci, de même qu’il me faut essayer de vaincre ma répulsion pour un Djamel Debbouze ou une Emmanuelle Béart quand un film où ils sont à l’affiche sort.

Un « trio sensuel et dangereux », comme dit la pub à propos de La Fille de Monaco. Ce slogan, ainsi qu’une lointaine ressemblance physique entre les personnages féminins principaux, me rappelle Le Parfum d’Yvonne, de Patrice Leconte, peut-être son meilleur, et sans doute le meilleur film érotique français. Qu’est devenu son interprète, la sublime et pleine de grâce Sandra Majani (que Louise Bourgoin n’est pas prête de nous faire oublier !) ?

 



P.S. :
Je doute que la réputation de fantaisie et d'insolence de la Miss Météo de Canal + soit justifiée, mais ne peux en juger, ayant toujours changé de chaîne, éteint immédiatement ou changé de pièce quand je tombais sur elle. Je lis dans Paris Match l'un de ses hauts faits d'armes. Elle aurait lancé en présence de Jean-Marie Le Pen :
« je suis absente pour cause d'allergie. » J'avoue être bluffée par tant d'esprit et d'audace. S'essuyer les pieds sur un "homme" (je mets des guillemets, car je ne sais s'il est permis d'employer ce terme pour parler de cette "personne" - idem) sur lequel la quasi totalité des médias crachent depuis cinquante ans, voilà assurément la preuve que cette jeune femme fera du chemin dans le monde, comme dirait l'autre. Son père, professeur de philosophie, lui aurait adressé un message de félicitations. Avec des professeurs aussi anti-conformistes, gageons qu'une nouvelle génération de petits Résistants est bien formée.

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"DIGNE DE MAX PÉCAS"

17 Août 2008, 23:16pm

Publié par Mister Arkadin

Un « succédané de nanar digne de Max Pécas » ! La journaliste du Figaro, Brigitte Baudin, ne risque pas d'être taxée de complaisance envers Michel Houellebecq, le cinéaste. Son compte rendu du 11 août 2008, à l’occasion de la présentation de La Possibilité d’une île au festival de Locarno, donne le ton de l’accueil que la critique réservera probablement au film lors de sa sortie, le 10 septembre prochain. Ce n’est guère surprenant. Plus étonnant est la référence à Pécas. A moins de considérer que ce dernier doive systématiquement être évoqué quand il est question d’un "nanar", qui plus est un "succédané de nanar" (i.e. "pire que le pire" ?), quel est le rapport entre le "ridicule" et la "philosophie de bazar" de Houellebecq et le cinéma de plage mêlant jeunes cons et jolies pépés  de Pécas ? S’il est un seul reproche que l’on ne peut faire aux films de Max Pécas, c’est d’avoir quelque prétention philosophique que ce soit. « Succédané de nanar digne d’Emmanuelle » m’aurait paru plus juste, l’érotisme léché de Just Jaeckin mâtiné de logorrhée cunyenne ayant eu cet été les honneurs d’une programmation sur la chaîne culturelle franco-allemande (Arte). Cela ne risque certes pas d’arriver à Pécas !http://vintagepics.v.i.pic.centerblog.net/o/b9e0e9d5.jpg

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FRANCIS LACASSIN

17 Août 2008, 13:39pm

Publié par Mister Arkadin

J’apprends par le blog de Pierre Assouline la mort de Francis Lacassin (18 novembre 1931 – 12 août 2008), journaliste, éditeur et préfacier exemplaire, spécialiste de littérature populaire et de bande dessinée, "contre-historien" du cinéma (1). La série noire continue avec la disparition d’une énième figure historique de la cinéphilie cette année, après celle de Lo Duca, de Geneviève Le Baut, de Roger Icart, de José Baldizzone, de Henri Agel et de Claude Baignères. N’ayant connu Francis Lacassin qu’à la tout fin de sa vie, j’ai peu de choses à ajouter à la belle nécrologie écrite par Assouline, à celle du Monde, à celle d'Albert Montagne, et au portrait très informé publié sur le site "Bibliotrutt".

Retenons que c’est dans Le Cimetière des éléphants (Editions Encrage, 1996) que figurerait la bibliographie la plus complète des ouvrages écrits ou édités par Lacassin (2), qu’une partie de ses archives (171 boites tout de même, avec des quantités de publications !) a été déposée à l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (Imec), que Lacassin avait initié la republication des ouvrages de Henri Béraud (3), que Lacassin écrivit avec Jacques Champreux le scénario et les dialogues du Judex de Franju et qu’une notice lui a été consacrée par Gérard Lenne dans La Critique de cinéma en France. Histoire. Anthologie. Dictionnaire (4).

Le 14 juin 2007, Francis Lacassin était venu présenter au Libre journal du cinéma (5) le premier tome de ses mémoires, Sur les chemins qui marchent (Editions du Rocher) et le n°99 d’Archives, qui reprenait les brochures L’Idée et l’écran de Jean-Louis Bouquet et Henri Fescourt, parues dans les années 1920. Nous espérions pouvoir l’inviter à nouveau pour la publication de la suite de ses mémoires. Espérons qu’une édition posthume nous consolera quelque peu de la perte de ce "passeur" hors norme.


Notes et informations complémentaires :

(1) Pour une contre-histoire du cinéma, Paris, UGE, coll. "10/18", 1972 ; Actes Sud, 1994.

(2) À l’occasion de la sortie de cet ouvrage, avait paru un avis discordant sur l’œuvre de Francis Lacassin et notamment ses compétences d’éditeur et de bibliographe.

(3) Le Flâneur salarié, Paris, UGE, coll. "10/18", 1985. Est particulièrement précieux, dans cette réédition de reportages de Béraud, le relevé des pages de différents mémoires (André Billy, Horace de Carbuccia, Gabriel Chevallier, Jean Galtier-Boissière, etc.) dans lesquelles Béraud est évoqué. Francis Lacassin m’avait confié avoir espéré pouvoir publier un volume regroupant tous les volumes de souvenirs de Béraud, en vain, faute d’intérêt de la part des éditeurs.

(4) Dir. Michel Ciment / Jacques Zimmer, Syndicat français de la critique de cinéma / Ramsay, 1997, 423 p.

(5) Script de l’émission ici et enregistrement numérique .

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L’OMBRE DU CINÉPHAGE

17 Août 2008, 05:28am

Publié par Mister Arkadin

Les rapports entre BD et cinéma sont plus forts que jamais. Des auteurs de BD se transforment de plus en plus fréquemment en cinéastes (Marjane Satrapi, bientôt Joann Sfar et Lewis Trondheim) et tout album un tant soit peu populaire fait l’objet d’une adaptation cinématographique (Largo Winch après Blueberry, et bien d’autres, avant le Tintin de Spielberg qui devrait enfin voir le jour). Il est d’autant plus étonnant que la bibliographie en la matière n’ait pas connu grand regain, le numéro de CinémAction dirigé par Gilles Ciment en 1990 demeurant la référence.

Parallèlement à l’amplification de la colonisation du cinéma par la BD, la présence du cinéma dans les BD ne faiblit pas. Aussi conseillerais-je la lecture des trois tomes de "L’Ombre du cinéphage", par Jean-Charles Gaudin et Laurent Gnoni (Toulon, Soleil productions) : Fondu au noir (2004), Flash-back (2005), Final Cut (2007). Je le fais d’autant plus volontiers que le thème de cette série est moins le cinéma fantastique (genre que je ne goute guère), que la cinéphilie elle-même, dont elle donne une image quelque peu conventionnelle, mais de façon très plaisante.


 

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SCREAM QUEENS

15 Août 2008, 23:26pm

Publié par Mister Arkadin

Je ne suis pas un grand amateur de films de genre, que ce soit le cinéma fantastique, le gore, le porno ou le film de kung fu. J’admire néanmoins beaucoup le travail fourni par quelques bandes de passionnés pour publier de magnifiques publications dans ces domaines. La revue Mad Movies a fêté l’année dernière en beauté son 200ème numéro, avec un dossier spécial « 1996-2006, 100 films, 13 réalisateurs, le bilan d’une décennie », mais surtout en publiant un hors série « Grindhouse. Dans les veines du cinéma d’exploitation », essentiel pour apprécier comme il se doit les films de Gonzalez et Tarantino.

Mad Movies a également publié un somptueux hors série sur « l’âge d’or du cinéma de genre italien », où n’est pas oublié le cinéma érotique, comme n’avaient pas été oubliés les films de "sexploitation" pour le précédent (1).

Cet été, Mad Movies remet le couvert avec « Les Divas de la série B. 100 scream Queens, femmes fatales & Pin-ups ». Je ne devais pas connaître plus d’une dizaine d’icelles, mais cela donne assurément envie de découvrir leurs films. D’abord parce que leurs titres sont en eux-mêmes réjouissants. Mes préférés : Slave Girls from Beyond Infinity, Zombie Strippers, Stripped to Kill, Surf Nazis Must Die, Kidnapped Girls Agency, Samantha nana explosive, Beach Babes from Beyond, Killer Sex Queens from Cyberspace, etc. Ensuite parce que les critères de sélection de ces donzelles sont très séduisants, au moins ceux de la firme d’Andy Sidaris, résumés par son épouse Arlène (p.44), qui les trouvent dans Playboy et Penthouse : « Celles qui ont les meilleures mensurations, les plus gros seins, la taille la plus fine et la peau la plus éclatante. […] Et parmi elles, on sélectionne les plus athlétiques, celles qui arrivent à courir, à se servir d’une arme à feu, à monter à cheval ou à conduire une moto. » Pour ne rien gâter, ces bimbos, comme notre BB nationale, n’ont pas leur langue dans leur poche et ne manquent pas de jugeote. L’actrice d’Emmanuelle 5, Monique Gabrielle, a déclaré par exemple : « Il y a des ados aux Etats-Unis qui connaissent mieux les formes de mon corps que la géographie de leur propre pays. » Cette sentence devrait à mon avis figurer dans tout bon manuel sur la civilisation américaine !

Enfin, ce numéro de Mad Movies permet d’en savoir plus sur ces "vedettes" des films de troisième partie de soirée des chaînes du câble qui sont des actrices auxquelles le cinéma plus "traditionnel" fait régulièrement appel, soit pour doubler une star un peu frileuse, soit pour jouer dans la séquence olé-olé du film, telle Lisa Boyle dans Lost Highway ou Shannon Whirry dans Me, Myself and I.


Note :

(1) Un exemple de film de "sexploitation", avec Pam Grier, l’égérie de Tarantino : http://www.dailymotion.com/video/xq6tq_the-big-bird-cage-trailer

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LECTURES ÉTÉ

14 Août 2008, 23:05pm

Publié par Mister Arkadin

Cet été encore, ce sont des périodiques non spécialisés qui ont publié quelques-uns des articles les plus intéressants sur le cinéma.

Une fois n’est pas coutume, je conseille la lecture d’un entretien avec Arnaud Desplechin, paru dans Esprit (n°347, août-septembre 2008, « Pourquoi les films comptent-ils ? », p.191-219). Peut-être parce qu’il se confronte aux travaux de Stanley Cavell, en présence du philosophe américain qui plus est, Desplechin délaisse son ton sentencieux et son pédantisme habituels et se révèle éclairant et stimulant.

À lire également, dans Le Monde diplomatique (n653, août 2008, p.21), « Ni Dieu, ni maître, ni impôts », une présentation de « Ayn Rand, romancière fétiche de la droite américaine », version courte d’un article de François Flahaut, « De l’individu créateur à la droite américaine », paru dans la revue Communications (n°78, « L’idéal prométhéen », novembre 2005). Il faudra consulter le livre de François Flahau, Crépuscule de Prométhée (à paraître en novembre aux éditions Mille et une nuits), pour voir s’il donne quelques extraits du Guide des écrans pour les Américains, brochure écrite par Ayn Rand pendant le maccarthysme, que j’ai déjà signalée ici.

Ayant toujours pensé que Le Rebelle (1949), tiré par King Vidor du roman d’Ayn Rand The Foutainhead (1948, La Source vive) (1), était le nanar suprême, d’une grandiloquence même pas tempérée par l’humour, comme dans Duel au soleil, pétri d’un symbolisme de pacotille (le marteau-piqueur phallique !) et carrément fasciste, cela m’amuse aujourd’hui d’apprendre qu’il semble avoir été spécialement conçu pour devenir le film de chevet des ultra-libéraux américains. Il serait à rapprocher de Sergent York, autre concentré d’idéologie avec Gary Cooper. Et pendant ce temps là, Positif continue de chérir Vidor et Hawks tout en se voulant de gauche…


Note :

(1) Michael Caine nous apprend dans Le Figaro Magazine du 9 août 2008 (p.14) qu'il a donné à l'une de ses filles le prénom de l'héroïne de La Source vive, son livre préféré.

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TERA, NELLY, CLAUDE, ANGEL ET LES AUTRES

13 Août 2008, 23:36pm

Publié par Mister Arkadin

Collectionnant les dossiers et numéros spéciaux sur le cinéma publiés par les périodiques francophones non spécialisés en cinéma, je suis amené à acquérir toutes sortes de publications que je n’aurais sinon pas l’occasion de consulter. Cet été, j’ai par exemple appris l’existence d’En Alsace (n°49, « Le cinéma en Alsace »), de Chocolate (« International Beauty »), qui publie des entretiens avec Hafsia Herzi, Fatou N’Diaye, Sabrina Ouazani, d’Attitude voile (« Septième art. La voile fait son cinéma »). Karaté Bushido publie pour sa part son énième numéro sur Bruce Lee, pour le 35ème anniversaire de sa disparition, en attendant le 40ème, etc. C’est avec gourmandise que j’ai ouvert le dossier d’un certain Guts sur les actrices X, avec la pulpeuse Melissa Lauren en couverture.  Le « Top 30 », paraît-il. Ne suivant pas de bien près l’évolution du X, j’espérais y découvrir de belles nanas ! Las, elles y sont quasiment toutes siliconées (les exceptions sont signalées, telles les « naturelles » Rita Faltoyano et Angel Dark), sans charme aucun et assez mal photographiées (1). La fameuse Tera Patrick et la grande Kyla Cole tirent tout de même leur épingle du jeu. Le plus intéressant est finalement le quiz qui accompagne l’anatomie de ces dames. Deux questions m’enchantent : « Elle n’a jamais tourné dans un film X : A. Brigitte Lahaie B. Catherine Ringer C. Lolo Ferrari D. Nelly Kaplan » ; « Le premier producteur de films X en France est : A. Claude Soine B. Marc Dorcel C. Rocco Siffredi D. Claude Berri » On ne prête qu’aux riches et le président de la Cinémathèque doit se réjouir qu’on lui attribue un succès de plus. Quant à l’égérie de Gance, elle appréciera sans doute beaucoup ce coup de projecteur supplémentaire pour la promotion de son dernier livre, sorti récemment !


(1) Liste des 30 "Top" : Jenna Jameson, Tawny Roberts, Estelle Desanges, Brigitte Bulgari, Briana Banks, Jesse Jane, Yasmine, Tracy Lords, Sylvia Saint, Rita Faltoyano, Zara Whites, Tera Patrick, Tania Ritz, Sunrise Adams, Anita Blond, Jenna Haze, Laure Sinclair, Stella Delcroix, Angel Dark, Kyla Cole, Katsuni, Sasha Grey, Suzie Carina, Teagan Presley, Lanny Barby, Nina Roberts, Dolly Golden, Melissa Lauren, Janine, Oksana.

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