Mister Arkadin

Articles avec #cinema - politique - societe et histoire

FILMS ET GENS DE CINÉMA "CONTRE" LES JUIFS, LE JUDAÏSME ET LE SIONISME

6 Avril 2011, 23:03pm

Publié par Mister Arkadin

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Suite à la rédaction du billet « Gassenhauer », j'ai reçu copie des pages de l’ouvrage de Paul-Éric Blanrue Le Monde contre soi. Anthologie des propos contre les Juifs, le judaïsme et le sionisme (Éditions Blanche, 2007) dans lesquelles sont cités des gens de cinéma ou des films. Voici la liste de ceux-ci (en précisant que le terme "contre" du sous-titre de l’ouvrage ne s’applique pas à certaines des citations données) : Michel Audiard, Claude Autant-Lara, Maurice Bardèche, Brigitte Bardot, The Big Lebowski, Marlon Brando, Robert Brasillach, Casino, Jean Cocteau, Sacha Baron Cohen, Danny Balint, Rainer Werner Fassbinder, Jean Genet, Mel Gibson, Sacha Guitry, Spike Lee, Ken Loach, Fabrice Luchini, Robert Mitchum, Michael Moore, Pier Paolo Pasolini, Rabbi Jacob, Lucien Rebatet, Jean Renoir, South Park, Jean Yann.

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ÉCONOMIE ET CINÉMA

15 Février 2011, 18:08pm

Publié par Mister Arkadin

Invité par Arnaud Guyot-Jeannin, avec Alain de Benoist, au "Libre journal des enjeux actuels" de ce soir, dont l’un des thèmes sera « Pourquoi le capitalisme appauvrit-il les peuples ? », suite à la parution du dernier numéro d’Éléments, il se peut que je sois amené, au cours de l’émission, à évoquer quelques films sociaux et anticapitalistes. En voici une petite liste thématique, à la fois très loin de l’exhaustivité et plus complète que les deux ou trois titres dont je parlerai peut-être à l’antenne de Radio Courtoisie :

Alternatives au salariat : L’An 01 (Jacques Doillon et Gébé, France, 1972) ; Volem rien foutre al pais (Pierre Carles, France)

Auto-gestion : Les Lip, l’imagination au pouvoir (Christian Rouaud, France, 2007)

Bourse : L’Argent (Marcel L’Herbier, France, 1928 ; d’après Emile Zola)

Capitalisme agraire : 1900 (Bernardo Bertolucci, Italie)

Classe ouvrière : La classe ouvrière ira au paradis (Elio Petri,Italie, 1972) ; Riff Raff, Raining Stones et autres (Ken Loach, GB) ; Les Virtuoses (GB) ; Elise ou la vraie vie (Michel Drach, France)

Collectivisme et "esprit Front populaire" : La Belle Equipe (Julien Duvivier, France)

Crise de 1929 : Notre pain quotidien (King Vidor, USA) ; Les Raisins de la colère (John Ford, USA ; d’après John Steinbeck)

Crise de 2008 : Inside Job (Charles Ferguson, USA) ; Capitalism : A Love Story (Michael Moore, USA, 2009)

Dégraissage, lutte pour les places et "direction des ressources humaines" : Que les gros salaires lèvent le doigt ! (Denys Granier-Deferre, France, 1982) ; In the Air (USA) ; Le Couperet (Costa-Gavras, France) ; Violence des échanges en milieu tempéré (Jean-Marc Moutout, France, 2004) ; Ressources humaines (Laurent Cantet, France)

Désindustrialisation / paupérisation us : Roger and Me (Michael Moore, USA) [l'ironie faisant que Détroit, suite au départ de Flint et à sa désindustrialisation, dont Moore montrait les conséquences sur la population, se reconvertit partiellement aujourd'hui en... studios de cinéma ! (cf. article dans Le Monde d’hier, p.3)]

http://fr.web.img1.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/35/24/23/20477367.jpg

Exploitation de la main d'œuvre immigrés : It’s a free World (2007) et Bread and Roses (Ken Loach, GB) ; La Promesse (frères Dardenne, Belgique)

Grands propriétaires terriens et proto capitalisme américain : Les Portes du paradis (Michael Cimino, USA)

Grèves : La Grève (SME, 1924, URSS) ; Coup pour coup (Marin Karmitz, 1971)

Machinisme – travail à la chaîne : A nous la liberté (René Clair, France) ; Les Temps modernes (Charles Chaplin, USA)

Misère ouvrière : Germinal (Capellani), et autres adaptations de Zola ; Rosetta (frères Dardenne, Belgique)

Mondialisme et multinationales : Mille milliards de dollars (Henri Verneuil, France, 1982) ; The Big One (Michael Moore, USA, 1997)

Mouvements révolutionnaires des années 1960 : Prima della revoluzione (Bernardo Bertolucci, Italie)

Petit patronat et esprit "Front populaire" : Le Crime de Monsieur Lange (Jean Renoir, France)

Privatisation des services publics : The Navigators (Ken Loach, GB, 2001), sur les transports ferroviaires

Rapport patrons-domestiques : Les Bonnes (Nikos Papatakis, France) ; La Cérémonie (Claude Chabrol, France) ; Les Femmes du 8ème (Philippe Le Guay, France, 2010 ; sortie le 16 février 2011)

Révolte paysanne et occupation des terres : Antonio Das Mortes (Glauber Rocha, 1969)

Spéculation : Le Sucre (Jacques Rouffio, France)

Système de santé us : Sicko (Michael Moore, USA, 2007)

Travail en usine : Reprise (Hervé Le Roux, France, 1996) ; documentaire sur Michelin


Complément : filmographie de l’atermondialisme sur Wikipédia.

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50 ANS DE "JULES ET JIM" ; 80 ANS DE "VOYAGE"

2 Février 2011, 15:25pm

Publié par Mister Arkadin

Jean-Noël Jeanneney, membre du comité établissant la liste des "célébrations nationales", a déclaré que le terme "commémorations" aurait mieux convenu pour que la présence de Céline dans le volume du ministère de la Culture fasse moins scandale et ne provoque pas d'autodafé.

Voyant que des œuvres font aussi l'objet de célébrations, la sortie du film Jules et Jim de François Truffaut, en 1962, faisant par exemple partie d'une liste provisoire pour 2012 (ce qu'on me permettra de trouver discutable, du point de vue cinématographique !) quelqu'un aurait-il eu l'idée de suggérer au ministre de tout simplement proposer, pour 2012, la célébration de l'édition du Voyage au bout de la nuit, en 1932 ?


Complément (3 février 2011) : Libération d'hier a publié une tribune, « La littérature n'est pas une entreprise nationale », où est émise la même idée : « Les choses, sans doute, se présenteraient autrement si, au lieu de célébrer l’homme, on avait pensé à célébrer une œuvre, par exemple Voyage au bout de la nuit (1932). »

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IMAGES, MÉDIAS ET POLITIQUE : "L’ANGLAISE ET LE DUC" DE ROHMER

9 Novembre 2010, 00:45am

Publié par Mister Arkadin

Voici, ci-dessous, le sujet d’une communication que je dois prononcer le jeudi 18 novembre 2010 à l’INA, dans le cadre du colloque « Images, médias et politique », organisé par le CNRS, l’Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 et l’Institut national de l’audiovisuel (INA).

http://somecamerunning.typepad.com/.a/6a00e5523026f588340120a5ba9ce9970c-800wi


L’Anglaise et le duc, la critique et l’histoire, l’esthétique et l’idéologie politique : coïncidence ou corrélation ?

En s’attaquant à l’Histoire dans L’Anglaise et le duc, et plus spécifiquement en « repei[gnant] la Révolution », comme le titrèrent à l’été 2001 les Cahiers du cinéma, Éric Rohmer prit le risque de susciter une sorte de remake en miniature des débats du Bicentenaire, tant 1789, et plus encore 1792, année centrale de son film, demeurent, avec l’Occupation, les événements qui génèrent le plus de passions en France. À cet égard, il n’est que de constater que son film suivant, Triple Agent, situé dans l’entre-deux guerres et que d’aucuns ont pu considérer comme une charge contre le Front Populaire, n’a pas provoqué autant de remous. Il a toutefois donné une nouvelle fois l’occasion à une partie de la critique (par exemple Libération) de réaffirmer le dogme selon lequel les options politiques du cinéaste importent peu pour appréhender une œuvre. Pourtant, l’examen de la réception de L’Anglaise et le duc, aussi bien dans la presse quotidienne que dans les revues cinématographiques ou "intellectuelles", ainsi que dans les autres médias, n’indique-t-il pas que le jugement esthétique porté sur les films est encore bien souvent corrélé au jugement idéologique ? La plupart de ceux qui ont apprécié le discours que tient à leurs yeux Rohmer dans son film n’ont-ils pas salué ses options esthétiques radicales tandis qu’inversement, ceux qui dénoncèrent les idées réactionnaires prêtées au cinéaste ne restèrent-ils pas insensibles à leur mise en scène ? Était-il impossible d’opérer une distinction entre l’esthétique et le politique ?

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PROJECTIONS PARTICULIERES

18 Janvier 2010, 00:02am

Publié par Mister Arkadin

J’apprends dans le libelle de Véronique Bouzou, que j’ai déjà signalé ici, qu’Être et avoir avait fait l’objet d’une projection privée à Matignon, à laquelle fut convié l’instituteur du film.Etre et avoir

Les projections particulières de films dans les lieux de pouvoir, aux hommes politiques, notamment à l’Assemblée nationale (Welcome, Home, Une vérité qui dérange, Katyn, etc.), au Sénat (le documentaire Décryptage, sur le conflit du Proche-Orient, de Philippe Bensoussan, sur un scénario de Jacques Tarnero (1)), au Président de la République (cf. Indigènes et Jacques Chirac, Home et Nicolas Sarkozy [2]) ou à la Maison Blanche (3),  semblent se multiplier. Mentionnons aussi Le Syndrome du Titanic, projeté, en présence de Nicolas Hulot, à la Cinémathèque de Copenhague, le 16 décembre à 20 heures, deux jours avant la fin de la conférence des Nations Unies sur le climat, des négociateurs ayant été invités à la projection (Le Monde, 27 novembre 2009, p.3).

Des films sont-ils aussi projetés en entreprise ? aux réunions du Medef ? au sein des syndicats ?

Qui organise ce genre de projections ? quels sont les buts poursuivis ? leur(s) influence(s) ? leurs effets (escomptés ? produits ?) ? La réalisation des films eux-mêmes prend-elle en compte ce genre de considérations ? Etc.

Autant de questions que j’aimerais bien voir un jour abordées de façon la plus exhaustive et rigoureuse possible par une étude universitaire d’ensemble. Car c’est uniquement quand me viennent des idées de ce genre que je regrette de ne pas être un professeur de fac pouvant inciter ses étudiants à choisir tel ou tel sujet de recherche !


Notes :

(1) D'après Paul-Éric Blanrue, Sarkozy, Israël et les juifs, Embourg (Belgique), Éditions Oser dire, 2009.

(2) « Lorsqu'on a projeté le film à l'Elysée, en avant-première, j'étais assis à côté de Nicolas Sarkozy, et je vous garantis que, pendant deux heures, il n'a pris ni coup de fil ni texto » (Yann Arthus-Bertrand, L'Express, 25 juin 2009). Dans L'Express du 13 octobre 2010 (p.90-91), Xavier Beauvois a vanté de façon similaire l'attention d'un Président qui a « tout compris à [m]on cinéma » lorsque le film lui a été projeté à l'Elysée « il y a dix jours » (soit bien après la sortie en salles du film). Xavier Beauvois a raconté plus en détails cette épisode dans Les Inrockuptibles (n°786-787, 22 décembre 2010, p.55, entretien intitulé "j'ai jamais fait la pute") :

« Le président a demandé un DVD du film. Il n'en existe pas, donc c'était projo à l'Elysée et dîner. En tant que cinéaste, je doistout voir, tout vivre, même si je ne suis pas d'accord avec les idées de Sarkozy. Un jour, je peux me retrouver à jouer ou mettre en scène un ministre ou un président. Il faut rester curieux, ouvert. En plus, je portais un film où il est question de liberté, d'égalité et de fraternité.

Faut admettre qu'en privé, Sarkozy est très sympa. Il a bien regardé le film, après on en a parlé pendant plus d'une heure, il connaissait bien l'histoire des moines. Je lui ai filé Le Petit Lieutenant en lui disant que c'était un film aimé des flics. Il a apprécié que j'utilise le mot "flic" devant lui. Trois jours plus tard, mon portable sonne, c'était l'Elysée. Petite musique d'attente puis : "Allô, c'est Nicolas, on a vu Le Petit Lieutenant avec Carla." Il a adoré. Ce coup de film m'a plus impressionné que la soirée à l'Elysée. »

(3) Une projection privée d'Avatar a été organisée pour Barack Obama (cf. Première, février 2010, p.32, entretien avec James Cameron). Pour sa part, Nicolas Sarkozy aurait regardé La Rafle un peu avant sa sortie, le 10 mars 2010, grâce à un DVD transmis par Jean Reno (d'après L'Express, 18 mars 2010, p.26). Quant au Ministre de l'Éducation, Luc Chatel, qui préconise la mise à disposition du film sur un plate-forme numérique à destination des écoliers (cf. entretien sur RTL le 17 février 2010), il s'était déplacé à l'avant-première organisée le 14 février 2010 au Gaumont Marignan, ainsi que Jacques Chirac, Jean-Paul Huchon et Éric Besson.


Compléments :

(3 octobre 2010) Ce "lobbying cinéphilique" ne date pas d'hier, comme en témoigne, par exemple, cet extrait d'un article paru dans Le Cri du peuple du 30 mai 1922 (p.3, « Le cinéma ») : « Le cinéma vient même de faire son entrée au Sénat. Non pas qu'on veuille émotionner les sénateurs avec des aventures scherlockholmesiennes, ou les divertir avec les clowneries et les facéties de Charlot, mais leur présenter des films éclairant leur religion sur des sujets dont ils ne peuvent se rendre compte de visu. Il s'agira d'abord de faire défiler sur la toile les merveilles et les richesses de nos colonies, ce qu'on peut tirer de ces dernières, les trésors qu'elles renferment et, surtout, le moyen d'extraire et de travailler ces trésors. »

(17 juillet 2012) La revue Sofilm consacre une chronique à ces lieux et publics atypiques de films choisis, à l’Elysée dans son numéro 1 (juin 2012) et au Vatican dans son numéro 2 (juillet-août 2012).


Autres "projections particulières" :

- Aghet, documentaire d'Éric Friedler sur le Génocide arménien, « a été projeté aux députés du congrès à Washington en juillet 2010 » (Nouvelles d'Arménie Magazine n°173, avril 2011, p.60) ; 

http://24.media.tumblr.com/tumblr_m9xybvykRP1qa6obyo1_1280.jpg

- Lincoln, film de Steven Spielberg, a été projeté à la Maison Blanche, sous Barack Obama, comme l'avait été Naissance d'une nation, sous Woodrow Wilson (Le Monde, 9 février 2013, p.8) ; le film a aussi été projeté au Congrès (cf. Le Monde, 26 janvier 2013, p.7) ;

- parmi la « série de mesures plus ou moins symboliques spécifiques en direction des immigrés à une ou deux générations (l'électorat musulman a voté à 92 % pour la gauche aux élections de 2012) » : « célébration en grande pompe en novembre des trente ans de "la marche des beurs" (le 20 octobre, François Hollande s'est fait projeter en avant-première le film éponyme de Nabil Ben Yadir, La Marche, qui sortira le 27 novembre en salles) » (Faits & Documents, n°365, 1-15 novembre 2013, p.7).

- 24 Jours, film sur l’affaire du « gang des barbares » et d’Ilan Halimi projeté à l’Elysée : « une manière, pour le président de la République, de donner une caution morale à ce film », selon son réalisateur Alexandre Arcady (Corse-Matin, cité par Libération, 30 avril 2014, p.IV).

- d'après Faits & Documents, n°432, 1-15 avril 2017, p.3

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UN "BON" CINÉMA COMPLICE D’UNE « POLITIQUE RACISTE ET FASCISTE » ?

2 Novembre 2009, 00:05am

Publié par Mister Arkadin

Dans le bref éloge de Valse avec Bachir que j’ai rédigé l’année dernière (« Valse avec l’avocat de la terreur »), je me suis démarqué des critiques dont a fait l’objet ce film, les qualifiant de « mauvais procès ». J’aurais dû concéder, de façon bien plus explicite, que je n’y étais cependant pas insensible, notamment en renvoyant aux deux attaques très virulentes que Michel Collon a reproduites sur son site : « Valse avec Bachir: la compassion pour les bourreaux, l'oubli pour les victimes », par Naira Antoun, et « "Valse avec Bachir", médaille du déshonneur », par Gideon Lévy. C’est une lettre adressée par le cinéaste Eyal Sivan aux organisateurs d’un festival du film israélien au Forum des Images, également reproduite par Michel Collon (« Pourquoi je ne participerai pas
au festival de films israëliens »
), qui m’amène à le faire aujourd’hui. Eyal Sivan y expose avec clarté et fermeté son opposition à la fois à « la politique raciste et fasciste du gouvernement israélien » et à l’ « l’opportunisme », voire au « cynisme », dont feraient preuve ses « collègues » israéliens en utilisant « le conflit et l’occupation comme décor de leurs travaux cinématographiques, et comme représentation néo-exotique de notre pays – pratiques qui peuvent expliquer leur succès en Occident, et particulièrement en France » (4).


Compléments :

(1) Le communiqué de l'Union Juive Française pour la Paix (UJFP) en soutien aux cinéastes refusant de présenter leurs films à ce festival ;

(2) A lire aussi sur la question du boycott du cinéma israélien : « Ken Loach vs le cinéma israélien », par Ariel Schweitzer, dans les Cahiers du cinéma (novembre 2009, p.63). Rappelons que Loach a également suscité la controverse dernièrement pour ses propos sur l'antisémitisme. 

(3) (7 avril 2010) A lire sur le sujet, dans le numéro 620 de L'Arche (janvier 2010, p.86-89), « Le rôle controversé des films de guerre dans le nouveau cinéma israélien », ensemble d'entretiens très documentés et argumentés avec Ariel Schweitzer et Yvonne Kozlovsky-Golan et Dover Kosashvili.

(4) (19 août 2010) Points de vue de Simone Bitton et d'Eyal Sivan à propos de la "Polémique autour des cinémas Utopia"

(4) Une vive critique de l'initiative d'Eyal Sivan a paru dans L'Arche (« Le double langage d'un cinéaste », n°625, juin 2010, p.48-51).

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LES BOTTES DE BRASILLACH ET LES GROS SABOTS DE MOIX

15 Octobre 2009, 14:27pm

Publié par Mister Arkadin

Je me souviens que l’un des premiers films dont j’ai dit du bien, au micro du "Libre journal du cinéma", fut Podium (1). C’est pourquoi je lis depuis les chroniques littéraires que Yann Moix publie dans Le Figaro. Lire est un bien grand mot. Je ne fais plus que les parcourir et finirai par les ignorer un de ces jours tant elles ne me semblent guère inspirées. J’ai lu cependant avec plus d’attention une tribune qu’il a donnée à la page « Opinions » du Figaro, le 18 août 2009 (p.19, « Une "utopie" pourrie »), car il y est question du remarquable réseau de salles Utopia. Yann Moix dénonce (le mot n’est pas trop fort) la présentation que la plaquette de programmes du cinéma Utopia d’Avignon fait du splendide Temps qu’il reste. C’est un admirable festival d’amalgame, de manichéisme, de police de la pensée que Yann Moix a produit là ! « Police juive de la pensée », avait écrit Annie Kriegel dans les mêmes colonnes (Le Figaro, 3 avril 1990), à propos de la loi Gayssot, si mes souvenirs sont bons. À coup sûr, Yann Moix la clouerait au pilori, puisqu’il n’accepte pas que l’on puisse parler de « milices juives », y compris à propos de celles qui s’occupèrent de l’expulsion de Palestiniens de leur terre en 1948, que montre Elia Suleiman dans son dernier film. Il s’agit à ses yeux d’un oxymore honteux, nécessitant comme il se doit l’emploi d’une jolie reductio ad hitlerum. Des juifs ayant été des victimes, ils ne pourraient y avoir de bourreaux juifs ? Mais a-t-on seulement le droit d’accoler les deux termes ? La suite, qui s’efforce d’assimiler l’antisionisme à de l’antisémitisme, selon une stratégie éculée mais de plus en plus utilisée et que d’aucuns essaient d’imposer par la loi, montre que Yann Moix veille pour que tout terme péjoratif à ses yeux ne puisse plus être accolé au mot juif.

Cela m’a rappelé que, parallèlement, la pensée correcte exige aussi qu’aucun terme jugé valorisant ne puisse jamais plus être utilisé à propos des "salauds", comme Yann Moix désigne les réprouvés de l’histoire. Quel terme plus valorisant que "victime" de nos jours ? Et quel "salaud" plus emblématique que Robert Brasillach ? Aussi, voici quelques années, un érudit du Sud-Ouest ayant osé écrire, dans une encyclopédie régionale, que Robert Brasillach, suite à ses errements idéologiques, fut l’une des « victimes » de l’Épuration avait-il provoqué une indignation quasi nationale… Au demeurant, Yann Moix choisit comme repoussoir Robert Brasillach – voyez comme le Monsieur est original. Le personnage est suffisamment honni pour qu’il ne soit pas nécessaire d’éprouver le moindre scrupule à écrire n’importe quoi à son sujet. Rapportant des propos d’Utopia scandaleux à ses yeux, Yann Moix écrit : « Ce n’est pas Robert Brasillach [qui a écrit cela], ou plutôt si : ce sont les Brasillach d’aujourd’hui. Ils ne se déguisent plus en officiers allemands, avec des bottes et des insignes ; ils portent des sandalettes et se parfument au patchouli, aiment la poterie et les bougies bio. » Habile moyen, sous couvert de métaphore, de reconduire la légende d’un Brasillach ayant revêtu l’uniforme allemand. Yann Moix aurait souhaité confirmer l’adage selon lequel « les clichés ont la vie dure » qu’il ne pourrait s’y prendre mieux !

 


Note :

(1) Film que je m’abstiens de revoir depuis de peur de comprendre l’étonnement que mes propos provoquèrent chez mes amis cinéphiles !

 


Compléments : (1) (22 janvier 2010) :

Le différend entre Moix et Utopia se réglera, comme il se doit, par juges interposés, ainsi que le réseau l'expose sur son site.

http://www.cinemas-utopia.org/U-blog/avignon/public/Moix-Figaro-2009.jpg

(2) (31 octobre 2010) : « L'écrivain Yann Moix condamné pour avoir injurier les cinémas Utopia » (AFP, 26 octobre 2010). Pour une présentation de l'affaire entièrement favorable audit écrivain, voir le site de la revue La Règle du jeu, à laquelle collabore Yann Moix.

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DE LA BURQA AU CINÉMA

30 Août 2009, 23:05pm

Publié par Mister Arkadin

La burqa faisant polémique le printemps dernier, le législateur s’en est emparé à la demande expresse de l’exécutif, sans que puisse être clairement déterminé si la polémique a engendré la préoccupation du pouvoir ou si c’est cette dernière qui avait engendré la polémique. En tout état de cause, sur ce sujet comme sur bien d’autres touchant la société française, le cinéma a accompagné, sinon précédé le mouvement. Car, parmi les arguments expliquant la méfiance qu’inspire ce vêtement figure, de manière plus ou moins explicite et plus ou moins fantasmagorique, le paravent qu’il pourrait fournir à des terroristes ou à des trafiquants pour camoufler des explosifs ou des stupéfiants. Or, dans le film d’Éric Rochant, L’École pour tous, sorti le 18 octobre 2006 et désormais disponible en DVD, Arié Elmaleh interprète Jahwad, un grand dadais de banlieue magouilleur qui dérobe une burqa pour se camoufler et échapper à la police. Le film se voulant humoristique (« une comédie d’imposture », selon Rochant), nous sommes priés de ne voir là qu’une plaisanterie et non une forme de stigmatisation de la population musulmane. Ne voyons aucune malice à ce qu’un acteur juif interprète ce petit loubard maghrébin, pas plus qu’il ne faut trouver étrange qu’un autre interprète juif, l’Israélien Tomer Sisley (devenu depuis célèbre pour son premier rôle dans Largo Winch, un "blockbuster" à la française célébrant le cosmopolitisme), ait été choisi par Frédéric Schoendoerffer pour interpréter, dans Truands, Larbi, un malfrat musulman sans loi mais avec foi qui déclare avec un sourire : « l’Islam n’est pas incompatible avec les affaires… » (je cite de mémoire). Après tout, selon le vœu formulé par Djamel Debbouze dans un entretien publié par Studio en septembre 2008, il faudrait davantage de juifs à l’écran (ainsi que plus de "rebeus", "renois" et "chinois"). Y compris pour jouer des rôles de musulmans malhonnêtes, donc, sans qu’il faille penser que cela puisse contribuer à jeter de l’huile sur le feu. Son pote Tomer Sisley, dont Debbouze encouragea la carrière dans le stand-up, n’était-il pas tout désigné pour ce rôle, lui qui signa un sketch dans lequel son personnage se déclarait « mi-juif, mi-arabe » (1), ce qui lui valait d’être écartelé entre les parties arabe et juive de sa famille ? Voici l’une des blagues que cette situation engendrait : « Je suis juif et arabe ; je ne sais pas si vous imaginez le nombre d’ennemis que je peux avoir sur terre. 50 % arabe, pour un Juif, c’est de toute façon déjà trop. Et 1 % juif, pour un Arabe, c’est juste impensable ! » Il n’est pas expliqué pourquoi est subrepticement rompue la symétrie du sketch, qui se présente comme antiraciste. Gageons que Steven Spielberg, s’il devait réaliser un film sur les aventures de son ancien ami Bernard Madoff, ne manquerait pas de choisir Saïd Taghmaoui pour l’interpréter. Quelqu’un y trouverait-il à redire s’il lui faisait en outre déclarer que « le judaïsme n’est pas incompatible avec l’escroquerie » ?

http://www.pathefilms.ch/libraries.files/Truands01.jpg

(1) Ce sketch, qui peut être vu sur Dailymotion, a suscité l’article « Tomer Sisley's tour de force » dans le journal israélien Haaretz (25 mars 2004).


Liens complémentaires :

- Tomer Sisley sur son sketch ;

- Article et dossier sur le site d’"Arrêt sur images" ;

- Point de vue d’Elisabeth Lévy sur "Causeur" ;

- Entretien avec Agnès De Féo sur "Cinématique" ;

- Entretien avec l'actrice Sophie Guillemin sur sa décision de porter le voile, sur France Info ;

- braquage en burqua.

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PRIS AU PIEGE

12 Août 2009, 23:05pm

Publié par Mister Arkadin

Il a été reproché à l'avocat général ayant requis contre le meurtrier d'Ilan Halimi et contre ses complices d'avoir sous-estimé leur antisémitisme. Un blog de cinéma n'est pas le lieu pour se prononcer sur la question, pour commenter les implications de cette affaire, les conséquences de ses suites ou pour l'interpréter dans toutes ses dimensions. On peut néanmoins regretter que la focalisation sur l'antisémitisme ait occulté ce qui fait pourtant souvent débat dans les faits divers violents, essentiellement quand sont impliqués de jeunes gens, à savoir l'influence que pourrait avoir eue tel ou tel film sur eux. Ainsi la presse n'a-t-elle que peu fait de rapprochement entre la façon d'opérer de Fofana et le roman de Morgan Sportès porté à l'écran par Bertrand Tavernier, L'Appât - nul doute, de plus, que ceux qui l'ont fait, en particulier Éric Delcroix dans Rivarol (n°2915, 24 juillet 2009, p.2, "Justice tribale"), ne soient suspectés de visées maléfiques. Or, Bertrand Tavernier avait introduit dans son film des séquences télévisées, incluant des images de Bernard Tapie, de jeux où l'on gagne de l'argent à foison et du film de De Palma Scarface, afin de dénoncer leur influence délétère sur les esprits faibles. Fofana aurait-il fait jouer L'arroseur arrosé à ce bon Lyonnais de Tavernier ?

Complément (20 août 2009) : En accompagnement d'une page sur Valérie Subra, "l'appât mortel", dans le cadre d'une série sur "les femmes criminelles", Le Parisien d'aujourd'hui publie un papier intitulé « Le "gang des barbares" utilisait aussi des rabatteuses ».

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