Mister Arkadin

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CINÉMA ET RADIO : ÉRIC ROHMER

15 Janvier 2010, 02:45am

Publié par Mister Arkadin

Vu l’abondance d’émissions radiophoniques spéciales à l’occasion de la disparition d’Éric Rohmer, plutôt que de les inclure dans mon relevé hebdomadaire « Cinéma et radio », je les inventorierai sur cette page.

D’ores et déjà beaucoup de choses intéressantes. Je suivrai pour ma part tout particulièrement le débat entre historiens du cinéma qu’organise aujourd’hui Emmanuel Laurentin pour « La Fabrique de l'histoire », sur France Culture, à 09h05. Le thème retenu est bien évidemment « Éric Rohmer et l’histoire », sur lequel j’avais moi-même prévu de rédiger voici quelques années un article pour les Études cinématographiques, tout particulièrement à propos de la double réception, idéologique et esthétique, de L’Anglaise et le Duc. J’écouterai tout particulièrement François Amy de la Bretèque, remarquable chercheur de Montpellier, spécialiste de la représentation du Moyen Âge au cinéma et dont je garde un très bon souvenir depuis un colloque à Perpignan en 1998, et Antoine de Baecque, historien de la Révolution français. Grâce à la présence de ce dernier, même en l’absence de Pascal Ory, invité plus régulier de Laurentin, et qui se trouve avoir été mon directeur de maîtrise et de DEA (et préfacier du livre issu de ces travaux), l’un de mes anciens professeurs sera présent au micro de « La Fabrique », puisqu’Antoine de Beacque (que je retrouverai bientôt pour un Dictionnaire de la pensée de cinéma, dont il assure la direction aux PUF) était l’assesseur de Pascal Ory lors de la soutenance de mes deux mémoires universitaires.


http://www.cinemah.com/ipertesti/rohmernobildonnaeduca/poster.jpgFrance Info, 11 janvier 2010 : « Éric Rohmer, le cinéaste de la Nouvelle Vague, est mort », avec notamment des propos de Serge Toubiana (directeur de la Cinémathèque française), Jean-Michel Frodon (critique de cinéma) – tous deux ayant fait partie des successeurs de Rohmer à la tête des Cahiers du cinéma –, Fabrice Lucchini, Arielle Dombasle et Pascal Greggory (acteurs)

France Inter, 11 janvier 2010 : « Le cinéaste Eric Rohmer est mort lundi matin à Paris à l'âge de 89 ans »

« Chronique Cinéma » (Florence Leroy), France Info, mardi 12 janvier 20h00, à 6h27 – Rediffusions à 8h27, 14h25, 16h25 et 20h53 : « Rohmer »

« A la Une de la presse » (« Gros plan quotidien sur la presse française et internationale » ; Jean-Chronique Martin), France Info, mardi 12 janvier 20h00, à 6h19 – Rediffusions à 7h20, 9h17 et 10h12 : « Rohmer "au bout du conte" »

RTL, 12 janvier 2010 : « Décès du cinéaste Eric Rohmer »

Europe 1 : « Rohmer "une certaine idée de la grâce », selon Frédéric Mitterand (Ministre de la Culture)

France Culture : « La mort d'une grande figure du cinéma français » (dossier réalisé par Isabelle Lassalle et Hervé Gardette), avec notamment les réactions de Jean-François Rauger et de Michel Ciment (critiques de cinéma), dans les journaux de 7 et 8 heures, le mardi 12 janvier 2010

« Les Belles captives cinématographiques », France Culture (« Chemins de la création »), mardi 12 janvier 2010 – Rediffusion de l’émission du 2 mai 2009 : « Master Class Éric Rohmer » (enregistré à la Femis le 17 mars 2009)

« Les Matins » (Marc Voinchet), France Culture, mardi 12 janvier 2010 : Hommage à Éric Rohmer, avec notamment la réaction de l’actrice Amanda Langlet (comédienne)

« Culture vive » (Pascal Paradou), RFI, mardi 12 janvier 2010, à 9h10 : Hommage à Éric Rohmer (cinéaste), avec Jean-Michel Frodon (critique de cinéma à "Slate"), auteur de la nécrologie « Éric Rohmer, le goût de la beauté »

http://thumbs.filmstarts.de/wallpaper/AmoursDAstreeEtDeCeladon_shooting_01.jpg

« Esprit critique » (Vincent Josse), France Inter, mardi 12 janvier 2010, de 9h10 à 9h35 : « Hommage à Éric Rohmer, l’un des derniers cinéastes de la nouvelle vague, décédé hier », avec Fabrice Lucchini

« Libre journal de Philippe Lejeune » (Maximilien Choussy et Philippe Lejeune), Radio Courtoisie, mardi 12 janvier 2010, à 12h00 : « Hommage à Éric Rohmer », avec Arnaud Guyot-Jeannin (journaliste et écrivain) et Amanda Langlet (comédienne)

http://medias.unifrance.org/medias/170/105/27050/format_affiche/amanda-langlet.jpg

« Tout arrive » (Arnaud Laporte, « Le magazine de l'actualité culturelle »), France Culture, lundi 4 janvier 2010, de 12h00 à 13h30 : « Hommage à Éric Rohmer », avec Jean Douchet (« spécialiste de la Nouvelle vague et compagnon de route d’Eric Rohmer »), Serge Toubiana (Directeur général de la Cinémathèque Française), Carole Desbarats (enseignante, directrice des études de la FEMIS) et Pascal Greggory et Arielle Dombasle (acteurs), plus la rediffusion d’un entretien avec Éric Rohmer de 2007, lors de la sortie des Amours d'Astrée et de Céladon

« Dare-Dare » (« L'actualité culturelle », Martine Béguin et Laurence Froidevaux), RSR, mardi 12 janvier 2010, à 12h03 : « Décès d’Eric Rohmer »

« A première vue » (Pierre Philippe Cadert), RSR, mardi 12 janvier 2010, de 13h00 à 14h00 : « Hommage à Éric Rohmer », par Pierre Philippe Cadert, avec Michel Boujut et Philippa de Roten

« La revue de presque » (Nicolas Canteloup), Europe 1, mercredi 13 janvier 2010 : « Rohmer ethnologue, sociologue et endormologue »

« La Fabrique de l'histoire » (Emmanuel Laurentin ; « Les usages politiques et sociaux du passé »), France Culture, vendredi 15 janvier 2010, de 09h05 à 10h00 : « Éric Rohmer et l’histoire », avec les historiens du cinéma Antoine de Baecque, Natacha Laurent, François Amy de la Bretèque et Priska Morrissey

« Hors-Champs » (Laure Adler), France Culture, vendredi 15 janvier 2010, de 22h10 à 23h00 : « Éric Rohmer et les femmes », avec les comédiennes Françoise Fabian, Rosette, Amanda Langlet, Aurélia Alcaïs, ainsi que Françoise Etchegarray, assistante d'Eric Rohmer

« Les passagers de la nuit » (Thomas Baumgartner), France Culture, vendredi 15 janvier 2010, de 23h00 à 23h50 : « Retour sur Le Celluloïd et le Marbre : les derniers entretiens d'Éric Rohmer », avec une lecture de l’article d’Éric Rohmer par Pascal Greggory et la diffusion de deux premiers volets d’un entretien avec Éric Rohmer (par Noël Herpe et Philippe Fauvel) – l’intégralité des six volets étant diffusés dans cette même émission entre le 15 et le 23 février 2010 (« Le Bandit philosophe » ; « De la métaphore » « Le Siècle des peintres » ; « Architecture d'apocalypse » ; « Beau comme la musique » ; « Vers le cinéma »

« L'horloge de sable » (Claude Ciocca), RSR, samedi 16 janvier 2010, de 13h30 à 15h30 : « Rohmer, Varda, gens d'images » - « Hommage. Bref florilège de témoignages montés à l'annonce de la mort d'Eric Rohmer »
(« 20 heures », France 2, 11 janvier 2010) ; « Perceval », extrait du film et entretien avec Eric Rohmer, Arielle Lombasle et Fabrice Luchini
(Archives INA, 1975) ; « Les Contes », bref extraits montés des films de Rohmer ; « Jeunes cinéastes français actuels », entretien avec Agnès Varda sur ses premiers films par Suzanne Pérusset dans une présentation de Benjamin Romieux (« Cinémagazine », Radio-Lausanne, 13 janvier 1959) ; « 40 ans de cinéma », extrait d’un entretien avec Agnès Varda en marge du Festival de Cannes par Patrick Ferla (« Le petit déjeuner », La Première, 21 mai 1989) ; « Cléo de 5 à 7 », entretien avec Agnès Varda sur son film de fiction par Jean-Jacques Duchâteau (« Cinémagazine », Radio-Lausanne, 17 avril 1962) ; « Le Bonheur », entretien avec Agnès Varda sur son film de fiction par Jean-Jacques Duchâteau (« Cinémagazine », Radio-Lausanne, 12 janvier 1965)

« Libre journal du cinéma » (Philippe d’Hugues, avec Philippe Ariotti et Pascal Manuel Heu) : Hommage à Éric Rohmer, avec Béatrice Romand (sous réserve) et Vincent Gauthier (acteurs)

« Libre journal de Jacques Trémolet de Villers », Radio Courtoisie, jeudi 21 janvier 2010, de 18h00 à 19h30 : « Hommage à Éric Rohmer », avec Benoît Gousseau (rédacteur en chef de Politique Magazine, critique littéraire et cinématographique)

« Les passagers de la nuit » (Thomas Baumgartner), France Culture, lundi 15 au vendredi 19 février 2010, de 23h00 à 23h50 : « Le celluloïd et le marbre : Musée imaginaire d’Éric Rohmer » (1 à 5/20), par Noël Herpe et Philippe Faurest – « Le bandit philosophe », « De la métaphore », « Le siècle des peintres », « Architecture d’apocalypse » et « Beau comme la musique »

http://calindex.eu/COUVERTURES/CIN/CIN302.JPG

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LA MARQUE WOODY ALLEN (SUITE)

2 Décembre 2009, 16:13pm

Publié par Mister Arkadin

J’ai évoqué le 1er juillet dernier la façon dont Woody Allen était d’une certaine façon devenu une marque. Le cinéaste ayant confié avoir l’intention de donner un rôle à Carla Bruni-Sarkozy, le site « Culture pub » a récemment proposé un petit florilège de publicités dans lesquelles a joué l’acteur :

- « Où dîner après un Woody Allen ? », clin d’œil à Annie Hall ;

- « Psychanalyse téléphonique » ;

- « I Love aussi la France » ;

- « La magie de New York ».

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LE TOUR DE GODARD

10 Novembre 2009, 16:08pm

Publié par Mister Arkadin

Une pleine page sur Jean-Luc Godard aujourd’hui dans Le Monde !

Jean-Luc Douin a-t-il vu en avant-première son dernier film, Socialisme ? Nous entretient-il d’une traduction du monumental bouquin signé par l’Américain Richard Brody ou du prochain Baecque, que l’on nous annonce être également une biographie du maître suisse ?

A-t-il résolu le mystère de l’exposition du Centre Pompidou ?

Évoque-t-il une transcription de la conversation de janvier 2005 entre Elias Sambar et Jean-Luc Godard, qui devait, si mes souvenirs sont bons, paraître dans La Revue d’études palestiniennes, hélas défunte ?

Nous n’y sommes pas encore, mais nous brûlons, puisqu’il est question, dans les deux articles de Jean-Luc Douin qui composent la page 3 du Monde, de l’antisémitisme qui pourrait être prêté à Jean-Luc Godard, à partir d’une phrase consignée dans un livre d’Alain Fleischer, qui fait elle-même suite au film de ce dernier, Morceaux de conversation avec Jean-Luc Godard.

Pierre Assouline avait déjà attiré notre attention en juin dernier sur la question, après avoir examiné le rapport trouble de Jean-Luc Godard aux écrivains de la Collaboration, et notamment à Robert Brasillach (que questionne un blogueur us), dans "Mr Godard va à Hollywood". Il renvoyait à la section « La question juive » d’un gros dossier « Pour Jean-Luc Godard » établi par Maurice Darmon sur son site, "Ralentir travaux" (5).

La documentation s’accumule donc, mais les déclarations de Godard, à ce sujet comme sur bien d’autres, restent suffisamment ambiguës pour que le dossier ne soit pas près d’être refermé.

À ce propos, tout ma reconnaissance à la personne qui pourrait me retrouver les propos sur Philippe Henriot publiés par JLG dans La Gazette du cinéma au début des années 1950…

 


Compléments (20 décembre 2009 pour les deux premiers, 27 décembre 2009 pour le troisième, 17 novembre 2010 pour le quatrième) :

(1) Un lecteur me fait remarquer que "Pour un cinéma politique", article paru dans le n°2 de La Gazette du cinéma (juin 1950), a été reproduit dans Jean-Luc Godard par Jean-Luc Godard (tome 1, 1950-1984, Éditions Cahiers du cinéma, 1998, p.72-74). Godard y écrit en conclusion : « Cinéastes français qui manquez de scénarios, malheureux, comment n'avez-vous pas encore filmé la répartition des impôts, la mort de Philippe Henriot, la vie merveilleuse de Danielle Casanova ? » (4) Dans le même volume est reproduit un entretien donné à L'Autre journal (n°2, janvier 1985) dans lequel Godard déclarait : « Dans ma famille, ils ne nous ont rien appris mais ils étaient très tolérants. C'était une famille de collaborateurs ; la première que j'ai été au cinéma, c'était à Vichy, j'avais dix ans. Je me souviens que pendant la guerre on écoutait les éditoriaux de Philippe Henriot. Je lisais les romans de Paul Chak que j'aimais beaucoup. Il y en a certains que j'aimerais bien filmer : Trafalgar, Des Dardanelles aux Côtes-du-Nord. Le jour où Brasillach a été fusillé, ça a été un deuil dans la famille. »

(2) La médiatrice du Monde, Véronique Maurus, consacre sa chronique du 5 décembre 2009 (p.22) à "la question Godard", de nombreux lecteurs ayant trouvé disproportionnée la place accordée par leur journal à cette tempête dans un verre d'eau. Elle y reproduit la réponse de Jean-Luc Douin, le fameux journaliste qui s'était déjà illustré à l'encontre de Wajda et qui se défend en assurant n'avoir "rien inventé" : « La phrase monstrueuse n'est pas dans le film, Fleischer n'a pas de témoin et les proches sont gênés, mais il n'est pas invraisemblable que Godard l'ait dite, ne serait-ce que par provocation. » Il se confirme donc que Le Monde a choisi de consacrer sa page 3 à une phrase dont il n'a pas pu prouver qu'elle avait été prononcée, car rien ne prouve pas qu'elle n'a pu l'être.

(3) Mettre en cause Jean-Luc Godard, non pour ses films mais pour ce qu'il aurait pu dire ou ne pas dire, semble à la mode en ce moment, Bernard-Henri Lévy s'y livrant, à propos de l'insuffisance du nombre de voix se faisant entendre contre la Suisse, sans que l'on soit sûr de bien comprendre pourquoi il s'en prend spécifiquement à JLG : « Où sont passés les collègues cinéastes de Polanski ? Pourquoi ce silence assourdissant de quelqu'un comme Jean-Luc Godard ? »

(4) Dans la fiche de présentation de La Gazette du cinéma proposée par le site de la Bibliothèque du Film (Cinémathèque française, Paris), cette phrase de Godard est citée avec une coupure après « répartition des impôts ».

http://www.cultura.com/ressources/products/1/2/10/2/6/2/1127273.jpg(5) Ce travail n'est plus accessible intégralement en ligne depuis qu'il a fait l'objet d'une publication en volume, sous le titre La Question juive de Jean-Luc Godard (Éditions Le Temps qu'il fait, 2011).

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ROHMER NOUS JOUA-T-IL UN TOUR ? OU DU SAX ?

13 Septembre 2009, 23:05pm

Publié par Mister Arkadin

Dans mon relevé des émissions sur le cinéma à la radio du 29 août dernier, j’ai annoncé la rediffusion suivante : « Le cinéma des cinéastes » (Claude-Jean Philippe), « Nuits » de France Culture, nuit du vendredi 4 au samedi 5 septembre 2009, de 0h30 à 2h21 : « Le Masque d’or, Sax Rohmer » (16 mai 1976). Il s’agissait d’une erreur (corrigée depuis), l’émission diffusée concernant bien un Rohmer, mais Éric, et non Le Masque d’or, mais La Marquise d’O. L’homonymie pourrait expliquer cette confusion, surtout si elle était de mon fait. Cette confusion provenant directement des informations données par la chaîne, notamment sur son site Internet, relayée par Télérama, elle demeure assez mystérieuse. Que s’est-il donc passé au sein de la chaîne ou pendant la consultation des archives de l’INA pour qu’Éric soit confondu avec Sax ?

Quoi qu’il en soit, cet incident aura attiré l’attention sur le pseudonyme que s’était choisi le cinéaste, les sources ne manquant pas qui rappellent qu’il s’appelle Maurice Shérer. Plus rares sont les explications des raisons du choix d’un pseudo, et de celui-ci. Rohmer s’en est lui-même expliqué dans un entretien donné aux Inrockuptibles du 5 juin 1996 (sans satisfaire totalement notre curiosité, avouons-le, ce qui incite à penser qu’elle est sans doute un peu déplacée…) : « C'est une anagramme. Je voulais depuis longtemps prendre un pseudonyme pour des tas de raisons. J'étais à ce moment-là professeur, je ne voulais pas créer de confusion. J'ai fini par préférer mon pseudonyme. Mes camarades qui avaient pris un pseudonyme, comme Godard [alias Hans Lucas], ne l'ont pas gardé par la suite. »

Ainsi donc n’aurait-il nullement pensé au romancier britannique Sax Rohmer (dont quatre adaptations filmées étaient sorties en France avant guerre), contrairement à ce qu’indiquent certaines sources, notamment l’Imdb, pour lequel le choix de ce pseudonyme serait un double hommage à Stroheim (Éric) et à Sax (Rohmer). Stroheim, ce ne serait pas une surprise, Éric Rohmer ayant maintes fois déclaré sa passion pour le cinéma muet (ne serait-ce que dans l’entretien cité plus haut). Sax Rohmer, en revanche, cela surprend quelque peu, un Chabrol, par exemple, ayant beaucoup plus parlé de sa prédilection pour le polar que son acolyte des années cinquante.

Vu la discrétion de ce dernier, il sera sans doute difficile d’en savoir plus. Finissons-en donc (provisoirement ?) en indiquant que, quand la signature de Rohmer est apparu au début des années cinquante (à quelle date exactement, je ne sais plus), les cinéphiles ne le connaissant pas personnellement ont mis du temps à faire le rapprochement avec Maurice Shérer, dont les écrits avaient déjà été remarqués. Et combien d’entre eux avaient-ils fait le rapprochement avec Gilbert Cordier ? Encore moins sans doute !

Cela fait des mois, et même des années, que je dois pour ma part écrire deux grands papiers sur Rohmer. Cet incident m’aura au moins fourni la matière de ce petit billet…

 


Merci à Laurent, Liliom, Pluch et quelques autres pour m’avoir aidé dans mes tentatives d’élucidation, à la fois de l’erreur commise par France Culture et du pseudonyme d’Éric Rohmer.

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OUBLIER WOODY ?

30 Juin 2009, 23:03pm

Publié par Mister Arkadin

La campagne promotionnelle pour le dernier Woody Allen nous invite à nous remémorer ses précédents films, déclarés « inoubliables ! » dans le placard publicitaire ci-joint, publié par exemple pleine page (21) dans Direct Matin le 29 juin 2009. Ce n'est que deux pages plus loin qu'un autre placard attire notre attention sur celui qui sort ce mercredi, Whatever Works (il n'est pas jusqu'au titre choisi, dont l'allitération renvoie à Woody, qui ne joue sur la marque que ce dernier est désormais devenu). Le procédé est habile, puisqu'il joue sur le rituel annuel du cinéphile parisien qui se rend fidèlement en salles pour voir le dernier Woody Allen, quel que soit le nombre de ses déconvenues passées. Procédé à double tranchant toutefois, car, à force, l'on finira pas se demander s'il ne faudrait pas revenir aux anciens titres, s'en tenir exclusivement à eux et ne pas risquer de parasiter leur souvenir par la vision des nouveaux, qui n'en sont que très rarement dignes !

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CARNÉ ET LES ARCHIVES DU CINÉMA FRANÇAIS

25 Juin 2009, 23:02pm

Publié par Mister Arkadin

J'ai appris le mois dernier, par l'article de Marie-Noëlle Tranchant reproduit ci-dessous que le fonds Marcel Carné, conservé à Boston, va être rapatrié à Paris, grâce à la Cinémathèque française. Vu mon intérêt pour les archives du cinéma et vu l'importance de ce cinéaste (auquel un passionné consacre un excellent site, sur lequel on trouvera des renseignements complémentaires), cette nouvelle ne peut que me réjouir.

Les moyens alloués aux chercheurs par les facultés françaises étant bien moindres que ceux dont disposent les Anglo-saxons, presque aucun historien du cinéma français ne peut consulter les archives de grands cinéastes dispersées outre-mer, à moins de travailler spécifiquement sur eux. Aussi ne pouvons-nous que rêver, sans trop d'illusion, que les archives de Jean Renoir, conservées à UCLA, suivent le même chemin du retour. Je n'en dirai pas autant des archives de Claude Autant-Lara, vu leur moindre éloignement et le délicieux accueil qui est fait aux chercheurs par la Cinémathèque de Lausanne. Quant au critique Émile Vuillermoz, une grande partie de sa correspondance, où plusieurs personnalités du cinéma figurent, est conservée dans les prestigieuses et pléthoriques collections du Harry Ransom Center d'Austin. Bien que croulant sous la documentation sur Vuillermoz, j'en reste inconsolable ! 


La collection Marcel Carné vogue vers Paris », par Marie-Noëlle Tranchant, Le Figaro, 11 mai 2009

La Cinémathèque française vient d'acquérir le fonds d'archives du réalisateur des « Enfants du paradis », détenu par la French Library de Boston.

C'est un événement pour le patrimoine cinématographique : les archives de Marcel Carné, jusqu'ici détenues par la French Library de Boston, reviennent en France. La Cinémathèque française vient de faire l'acquisition de ce fonds particulièrement riche pour la période 1930-1970. Il comporte de nombreux originaux, scénarios, synopsis, affiches, photographies, matériel publicitaire, maquettes, dessins, correspondances. Parmi les pièces les plus remarquables, le manuscrit des Enfants du paradis et le découpage d'Hôtel du Nord.

Rapatrier cet ensemble de documents du plus haut intérêt sur l'œuvre du grand cinéaste était le premier objectif du Cercle de la Cinémathèque française, créé en octobre 2008 et coprésidé par Fanny Ardant et Costa-Gavras. « C'est une structure informelle que nous avons mise en place dans le but de trouver des mécénats pour enrichir nos collections et financer des restaurations de films », explique Serge Toubiana, directeur de la Cinémathèque française. Elle s'est révélée très efficace pour cette première opération d'envergure.

De véritables trésors

« C'est le producteur Antoine de Clermont-Tonnerre (devenu depuis président d'Unifrance, NDLR) qui nous a alertés, raconte Serge Toubiana. Lui-même avait appris l'existence de ce dépôt par Arnaud de Vitry, qui avait aidé Carné, et qui compte parmi nos mécènes. Carné avait donné, ou peut-être vendu car il était pauvre, ses archives et celles de Roland Lesaffre à la French Library de Boston. Mais ce fonds n'était pas consultable. Il dormait dans un coin et les Américains n'y attachaient pas grande importance. »

Dépêché à Boston pour aller l'explorer, Laurent Mannoni, historien du cinéma, y a trouvé des trésors qui complètent les archives déjà considérables de la Cinémathèque française sur le trio Carné, Prévert, Trauner.

« La French Library en demandait une somme élevée : 400 000 dollars, dit Serge Toubiana. Grâce à la mobilisation des pouvoirs publics et de mécènes privés, l'affaire a pu se conclure en quelques mois. Le ministère de la Culture a débloqué 100 000 €, apportés par la Direction des musées. La Ville de Paris a également contribué au financement, ainsi que la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, et des personnalités comme Jean-Pierre Jeunet, Jérôme et Nicolas Seydoux. »

Pour l'heure, les précieuses pièces de la collection Marcel Carné voguent sur l'Atlantique. Elles seront accueillies en juin à la Cinémathèque, après une traversée d'un mois et demi.

Là, elles deviendront accessibles aux étudiants et aux chercheurs, et au grand public à travers des expositions et des publications. L'acquisition de la collection Marcel Carné de Boston permet de « constituer un panorama quasi complet sur la carrière de ce cinéaste populaire et internationalement reconnu ». On sait que Les Enfants du paradis figure régulièrement en bonne place sur la liste des chefs-d'œuvre mondiaux du cinéma.

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REQUÊTE – CAL

3 Mai 2009, 23:01pm

Publié par Mister Arkadin

À l'occasion des multiples manœuvres vertueusement antifascistes que des parlementaires européens mettent en œuvre pour éviter que Jean-Marie Le Pen ne soit amené, privilège de l'âge aidant, à présider la première session du prochain Parlement, le 14 juillet qui plus est, la presse a rappelé le précédent Autant-Lara de juillet 1989. Si je ne me trompe, CAL en avait de plus profité pour prononcer un discours, évidemment scandaleux à la tribune d'une instance démocratique européenne, puisqu'il avait pris la défense des cultures européennes (l'"exception culturelle" avant l'heure ?). Or, je n'arrive pas à trouver le texte de ce discours sur Internet et ignore s'il a été édité, ce qui m'ennuie beaucoup, d'abord parce que j'aurais bien aimé le lire, mais aussi parce que j'envisage la rédaction d'un livre sur Autant-Lara. Aussi, si quelqu'un trouve ce texte, merci bien de me le signaler, cela m'éviterait d'aller jusqu'à Lausanne pour le consulter dans les archives de CAL ! 


Compléments : 
- 5 mai 2009 : deux amis m'ont très aimablement et justement fait remarquer que le discours d'ouverture de Claude Autant-Lara au Parlement européen, le 24 juillet 1989 à Strasbourg, avait été édité par les éditions du Flambeau en 1992, avec d'autres textes et discours de CAL, sous le titre Europaramount. J'aurais effectivement dû vérifier, d'autant que je possède ce volume dans ma bibliothèque, qu'il me faudra un jour inventorier vu que je finis par ne plus me souvenir de tous les trésors qu'elle recèle... Mieux encore, l'un de ces amis m'avait offert un coffret de deux cassettes audio de « L'Encyclopédie sonore du XXème siècle » (Éditions du Forum) intitulé « Claude Autant-Lara : sa vie, son œuvre », qui contient le discours du Parlement !
 

Reste que ma requête demeure, en ce qui concerne le réseau Internet, où je n'ai pour l'instant pas trouvé le texte de CAL.

- 6 mai 2009 : c'est fait, l'hydre fascisto-nazi recule et la démocratie avance, le règlement du Parlement venant d'être opportunément modifié.

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RIEFENSTAHL ET HITLER

14 Avril 2009, 22:59pm

Publié par Mister Arkadin

Dans une note et un complément au billet « De l'horrible danger des lectures... cinématographiques », a été évoqué le cas de Mein Kampf. Un livre d'Antoine Vitkine récemment paru, Mein Kampf, l'histoire d'un livre (Flammarion, mars 2009), tombe à pic pour en savoir plus sur la diffusion actuelle de la Bible du national-socialisme. Quant à Dans la bibliothèque privée de Hitler (Le Cherche Midi, mars 2009), plusieurs comptes rendus ont mentionné les dédicaces mises à jour par Timothy Ryback. Et, comme de bien entendu, un sort tout particulier a été fait aux dédicaces de Leni Riefenstahl, afin de souligner la vive sympathie de cette dernière pour Hitler. Je reproduis à mon tour l'une d'elle, après Le Nouvel Observateur (26 février - 4 mars 2009, p.78), ayant l'intention de revenir un jour sur le sujet.

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37 MINUTES

2 Avril 2009, 10:35am

Publié par Mister Arkadin

Claude Lanzmann a du temps à perdre. Pour répondre à Shlomo Sand (1), qui lui reproche dans Le XXe siècle à l'écran (2) de tirer un peu la couverture à lui dans  Shoah (3), cet « authentique chef d'œuvre », comme le proclama sa maîtresse Simone de Beauvoir en une du Monde en avril 1985, il a compté son temps de présence à l'écran : seulement « trente-sept minutes exactement sur neuf heures trente de films » (4). Il nous donne cette leçon d'humilité à l'occasion d'un des trente-sept entretiens, au bas mot, qu'il a obtenus  (C2) de la presse pour la sortie de son autobiographie (5).  Dans plusieurs journaux (tel L'Express du 26 mars 2009, n°3012, p.106-107), la photo illustrant la double ou triple page de dithyrambes le montre devant un pan de sa bibliothèque. N'allez pas dire que l'on n'y voit que lui. Je n'ai pas fait le décompte ; à vue de nez, il n'y a que trente-sept photos de Lanzmann affichées, parfois en compagnie, parfois faisant du parachute ou du vélo, souvent seul, en gros plan ou en majesté. Lanzmann se mire également avec délectation en photo page 144 du numéro de Télérama cité plus haut, sur une nouvelle photo de Lanzmann, qu'il pourrait afficher sur une des étagères de sa bibliothèque s'il reste un peu de place...

Notes :

(1) Auteur (controversé !) de Comment le peuple juif fut inventé (Paris, Fayard, 2008 ; un avant-goût ici).

(2) Paris, Éditions du Seuil, 2004, p.331-333.

(3) On comprend que Claude Lanzmann souhaite régler ses comptes avec Shlomo Sand, tant ce dernier ne le ménage pas :

- « Shoah représente une sorte de triomphe du souvenir personnel aux dépens de l'histoire officielle » ; « le souvenir personnel, s'il se substitue à l'histoire critique, est porteur d'une manipulation politique qui ouvre la voie, consciemment ou non, à un genre nouveau de présentation mythologique du passé » ;

- « film quelque peu mégalomaniaque » ;

- « le réalisateur a moins tenté d'élargir la compréhension du passé qu'il n'a cherché à le réinventer et à s'en constituer un monopole » ; etc.

Plus ennuyeux encore pour Cloclo, l'insistance de Sand sur le financement de Shoah par le ministère des Affaires étrangères israéliens à partir de 1974, ce qui en fait incontestablement un film de propagande (qu'on la trouve légitime ou non ne change rien au caractère fondé de ce qualificatif).

(4) « Les tourbillons d'une vie », Télérama, n°3089, 25 mars 2009, p.43.

(5) Serge Kaganski remporte haut la main le concours de lèche grâce à son portrait « La mémoire Lanzmann », paru dans le numéro 696 des Inrockuptibles (31 mars - 6 avril 2009, p.92) : « ampleur », « dimension », « richesse incroyable », etc., tout est matière à compliment, même ce qui pourrait apparaître comme un soupçon de réserve ou de contradiction :

- « militant anticolonialiste qui défend Israël, Juif résistant qui aime Berlin, ce sont des fidélités qui ont chez lui leur logique et défient le prêt-à-penser » (l'hallucinant numéro de soutien inconditionnel et exalté à Israël que L'Arche vient de consacrer aux massacres de Gaza ne ferait-il pas plutôt douter du caractère minoritaire de la position de Lanzmann parmi les intellectuels français d'origines juives vis-à-vis de l'État juif ?) ;

- « Si Claude Lanzmann est souvent incompris aujourd'hui, c'est aussi, outre son caractère bien trempé, parce qu'il "passe mal" à la télévision (c'est un compliment), parce que ce marathonien du verbe et de la pensée a besoin de temps et d'espace pour se déployer. »

On se demande seulement pourquoi une statue de Lanzmann n'a pas encore été érigée dans une cour de la Bibliothèque nationale de France, où il rejoindrait son Sartre vénéré, ou pourquoi son nom n'a pas encore été donné de son vivant à une promotion de l'E.N.A., comme c'est le cas pour Mendès France, Veil et Badinter.

Compléments  :
(C1) (27 avril 2009)
Lanzmann interrogé sur sa mégalomanie.
(C2) (28 février 2010) : quoi que ce soit peut-il être refusé au Commandeur Lanzmann de la part des médias ? Un article paru dans  le supplément "Télévision" du Monde de la semaine dernière en fait douter. On y lit, à propos du "documentaire exceptionnel" de Lanzmann qu'Arte programme le 17 mars prochain (
« On l'attendait », commence la journaliste...) : « Claude Lanzmann a décidé de cette diffusion après avoir lu le roman de Yannick Haenel Jan Karski [...] ». C'est moi qui surligne ce qui, preuve de ma candeur persistante, m'a semblé étrange. La programmation de la chaîne n'est-elle pas décidée par ses dirigeants ? Que des films lui soient proposés par des réalisateurs, quoi de plus normal. J'avoue naïvement être un peu surpris d'apprendre que certains peuvent les imposer à l'antenne. Vu la teneur des verbes employés dans cet article quand il est question des humeurs de sa majesté Lanzmann, (s'indigner, ne pas supporter, tempêter, et donc décider), il ferait bon s'opposer à ses diktats !...

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