Une dame interroge un monsieur, son voisin dans une longue file d'attente devant un cinéma, dans lequel ils sont encore loin d'être entrés :
« A vous aussi on va a dit que c'était bien ?
- Ah non, moi quand je vois une queue, c'est plus fort que moi, il faut que je m'y mette ! »
C'est ainsi que Martin Veyron moque le public dans un dessin servant d'illustration à un article de L'Express sur le succès actuel des films français (« Films conducteurs », par Christophe Carrière, n°3152, 30 novembre 2011, p.136).
Lors de sa première semaine d'exploitation, le film Intouchables, avec le Tintin de Spielberg, a totalisé deux tiers des entrées en salles. Il est probable qu'à lui seul, depuis sa sortie, il "truste" au moins 40 % des entrées en salles. Carrière exceptionnelle, sans doute, phénomène de concentration dû en partie au panurgisme ambiant, assurément, rendu encore plus flagrant par l'offre pléthorique de films distribués à Paris (jusqu'à 19 voici quelques semaines !), dont on en vient à se demander à quoi elle rime par conséquent.
A qui s'adresse par exemple la sortie le 30 novembre du film d'horreur espagnol Kidnappés, précédé d'une bonne réputation (1), dans une seule salle parisienne (le Publicis), uniquement à 22h30 la première semaine, uniquement à 15h30 le jeudi au cours de la seconde ?
Le principe bazinien ("Tous les films naissent libres et égaux") ne relèvent-ils pas, dans ces conditions, de la foutaise ?
Lire aussi sur le même thème : "Exit Express".
Compléments :
(1) 8 décembre 2011 : vérification faite, il aurait été dans l'intérêt des quelques spectateurs parisiens qui se sont déplacés au Publicis qu'on les prive de toute sortie en salles de ce film immonde et qu'il sorte directement en DVD, pour les aficionados du genre de Brazil ou de Mad Movies (2). On lira pour un avis contraire ce qu'il inspire au Monde.
(2) Cette lègère taquinerie a fait sortir de ses gonds un fan de Mad Movies, qui m'adresse une lettre d'insultes et de menaces. L'emploi d'un pseudonyme (Kenji Kawai, bon choix, vu les initiales, pour quelqu'un en pleine régression anale) ne me permet pas d'offrir à ce courageux corbeau son quart d'heure de célébrité. Sa prose de haute tenue mérite cependant de passer à la postérité : « hey sous merde mal baisée : les lecteurs de Mad Movies t'emmerdent. Et ils se feront un plaisir de t'accueillir avec la farine et les oeufs si tu oses te pointer au Champo ! »
(3) (14 décembre 2011) En troisième semaine, Kidnappés ne passe plus que dans une seule salle (Le Mercury), à Nice, quatre fois, dont une seule en VO.