Mister Arkadin

Articles avec #economie du cinema

SI C’EST "LE MONDE" QUI L’ÉCRIT…

18 Janvier 2009, 23:36pm

Publié par Mister Arkadin

« 2008 : très bonne année pour le cinéma français », a titré Le Monde en une de son édition du 10 janvier 2008. Ah, bon ? Tant mieux, serait-on tenté d'écrire à notre tour, si le jugement du Monde ne se révélait fondé uniquement sur les chiffres de la fréquentation, et plus particulièrement sur ceux de quelques "locomotives", dont le moins qu'on puisse dire est qu'elles ne font pas tant honneur à notre cinéma (Bienvenue, Astérix aux Jeux olympiques, Disco et Enfin veuve, Mesrine : L'Instinct de mort pouvant à la rigueur faire figure d'exception). Cette accroche de une du Monde en dit finalement plus sur la décrépitude de ce journal (que plus grand monde dit « de référence »), puisqu'il juge de la santé d'un domaine artistique à l'aune de celle d'une industrie culturelle, que sur le déclin du cinéma français (après tout, Les Charlots et Les Gendarmes précédèrent Les Bronzés et les Ch'tis). Au demeurant, les articles qui établissent ce bilan annuel de l'économie du cinéma (en page 22) sont loin d'être inintéressants, « Le Ciné Cité des Halles, baromètre des bons résultats de fréquentation 2008 en salles » étant très instructif sur le complexe phare de la capitale.



« Le Ciné Cité des Halles, baromètre des bons résultats de fréquentation 2008 en salles », par Clarisse Fabre, Le Monde, 10 janvier 2009, p.22 :

Il est 9 heures, l'UGC Ciné Cité des Halles s'éveille. Déjà plus de deux cents personnes attendent devant les grilles fermées, mercredi 7 janvier. Certaines boivent le café qui leur est offert dans des bouteilles Thermos. Enfin, les spectateurs s'engouffrent dans l'une des dix-neuf salles du cinéma situées dans le Forum des Halles, à Paris. Son directeur, Antoine Cabot, est sur le pont : comme chaque mercredi, jour de sortie des nouveaux films, "c'est non-stop jusqu'à 22 h 30".

Ouvert en 1995, l'établissement parisien vient d'enregistrer le record de fréquentation en France "et en Europe", tient à préciser M. Cabot : 3,2 millions d'entrées en 2008. Il bénéficie d'un emplacement on ne peut plus central au coeur de la capitale et du réseau de transports (métro, RER). Sur l'ensemble du pays, il est le seul à programmer des films aussi tôt le matin - quand ailleurs les séances débutent entre 10 heures et 10 h 30. Et, chose rare pour un multiplexe, plus d'un film sur deux à l'affiche est labélisé "art et essai", lesquels réalisent au total plus du tiers des entrées. Ici, aucun film n'engrange plus de 2,5 % des entrées sur l'année. "On a été le seul complexe à n'avoir qu'une copie des Ch'tis", rappelle M. Cabot.

Ce mercredi, il va surveiller heure par heure la fréquentation des sept nouveaux films au programme, parmi lesquels Che - 1re partie : L'Argentin, de Steven Soderbergh, et Un barrage contre le Pacifique, de Rithy Panh. Le directeur du Ciné Cité n'est pas le seul à scruter le box-office. Des distributeurs sont venus sur place pour "prendre la température". L'établissement des Halles est un peu le baromètre de la profession.

Devant la plus grande salle (493 fauteuils), l'équipe de Twilight distribue des affiches des héros du film de Catherine Hardwicke, qui raconte l'histoire d'un gentil vampire et connaît un immense succès aux Etats-Unis. Florent Burgeau, de Rezo Films, s'inquiète, lui, du score de Frozen River, film indépendant américain de Courtney Hunt. "Allez, on va voir les chiffres" : vers 9 h 15, M. Cabot emmène tout le monde à la caisse. Sur l'écran de l'ordinateur, les résultats tombent : Twilight arrive en tête avec 67 entrées, devant Che (59 entrées). Frozen River se place en troisième position (36 entrées). Un bon départ, de l'avis général. Suivent le film de Dany Boon, De l'autre côté du lit (32 entrées), Un barrage contre le Pacifique (21 entrées), Everything Is Fine (7 entrées) et, enfin, Une nuit de chien (6 entrées).

RESTER À L'AFFICHE

Pendant ce temps, dans les bureaux du Ciné Cité, le téléphone sonne. Tout le temps. Distributeurs et producteurs appellent pour connaître "les résultats de la première séance". Marie-France répond à tous, sans exception. "C'est plus humain qu'un répondeur, on garde le contact avec les professionnels", explique l'une des assistantes de M. Cabot entre deux coups de fil. Il n'empêche, ce rituel a quelque chose d'anachronique dans ce temple des cartes illimitées et des bornes automatiques. "Jusqu'à 14 heures, c'est hard core. Après, ça se calme", poursuit-elle.

Vers 15 h 30, en effet, les professionnels reçoivent les résultats centralisés de la société Ciné chiffres, laquelle recueille les données de toutes les salles de Paris intra-muros jusqu'à 14 h 55. Pour doper les résultats de Ciné chiffres, le multiplexe des Halles programme des séances à 14 h 50. Plus le score d'un film est élevé, plus il aura de chances de rester à l'affiche...

Qui choisit de décrocher un film au Ciné Cité ? "Ce n'est pas moi qui décide, mais le directeur de la programmation d'UGC diffusion, indique M. Cabot qui précise, tous les mercredis soir, vers 21 heures, on analyse ensemble les chiffres de la journée."

Les cartes peuvent alors être rebattues et un film qui réalise un score décevant se retrouver, dès le jeudi matin, dans une salle plus petite. Antoine Cabot insiste : "On n'éjecte pas forcément les derniers de la liste. Il y a des films qu'on défend. Par exemple, dit-il, Les Plages d'Agnès, d'Agnès Varda, sont restées trois semaines, alors que, dans une pure logique commerciale, on aurait pu le décrocher avant..."

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EXIT L'EXPRESS

15 Décembre 2008, 12:48pm

Publié par Mister Arkadin

Je regrettais jeudi dernier qu'il ne soit presque plus possible de voir Sur ta joue ennemie dès sa deuxième semaine d'exploitation. Son sort est pourtant plus enviable que celui de Délire Express (Pineapple Express), qui a disparu de l'unique écran qui le projetait (à l'UGC Ciné Cité Les Halles) après une semaine, malgré le succès qu'a obtenu aux USA cette comédie burlesque l'été dernier et malgré les dithyrambes que persistent mystérieusement de susciter les films de la bande à Judd Appatow au sein d'une certaine presse (deux pages dans les Cahiers, une dans les Inrockuptibles) (1). C'était bien la peine que Jean-Marc Lalanne le recommande à la fin de l'émission du "Masque et la Plume" diffusée dimanche, alors que le film n'est plus visible qu'en vf dans une salle de Lille (deux séances au beau milieu de la journée) et en vo dans une salle de Lyon (une séance à 22 heures)... Cela en dit long, soit dit en passant, sur l'influence de la critique parisienne branchée sur la programmation ! (2)

Pendant ce temps, Quantum of Salace, après plusieurs semaines d'exploitation, continue de truster une bonne quinzaine d'écrans en région parisienne, deux cinémas le programmant encore dans deux salles.


(1) Ne comptons pas à ce propos la critique très favorable du plus enviable des critiques, Patrick Laurent, dans Rivarol
(2) Bizarrement, bien que Jacky Goldberg, dans le magazine Trois couleurs, distribué dans les cinémas Mk2, essaie lui aussi de nous faire croire, dans son numéro 66 (novembre 2008), que l'acteur Seth Rogen et le producteur Judd Apatow sont les nouveaux génies d'Hollywood, les salles de Karmitz ne passent pas le film.


PS (17 décembre 2008) : Je me rends compte que, dans Les Inrockuptibles, le critique ayant chanté les louanges de Délire Express est le même Jacky Goldberg, qui officie donc à la fois dans un hebdomadaire se prétendant indépendant et dans un mensuel corporatif.
PS 2 (26 décembre 2008) : Le film d'animation Igor n'est passé en vo que dans une seule salle parisienne, en soirée, pendant une semaine seulement.

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Y A-T-IL ENCORE DU CINÉMA DANS LA SALLE ?

8 Novembre 2008, 00:02am

Publié par Mister Arkadin

« Le monde de l'opéra s'interroge sur la diffusion de l'art lyrique au cinéma », titrait mercredi Le Monde à propos de la projection dans une trentaine de salles de Paris et de Province d'opéras du Met (Metropolitan Opera de New York). L'initiative de CielEcran ne pourrait-elle pas susciter une autre interrogation : « le monde du cinéma ne devrait-il pas s'interroger sur la diffusion au cinéma... du cinéma ?! »

Divers phénomènes de transfert, pas entièrement nouveaux, prennent en effet des proportions inédites. D'un côté les cinéastes se déplacent sur scène (des exemples ici), sont exposés ou sont requis pour la cérémonie des Jeux Olympiques (Zhang Yimou à Pékin cette année), d'un autre des opéras sont projetés sur les écrans de cinéma et les films eux-mêmes sont phagocytés par les personnages habituellement principalement connus par la presse ou la télévision (Piaf, Sagan, Mesrine, Coluche, en attendant Coco Chanel, Romy Schneider, etc.), quand ce ne sont pas les personnages de bandes dessinées, et par les starlettes du petit écran (j'ai déjà évoqué le cas d'une Miss Météo, suivie bientôt par une Miss Potiche de M6, Virgnie Efira). Je ne saurais dire si les spectacles gagnent à passer de la scène à l'écran et les cinéastes du film à la scène. Nul doute en revanche que le cinéma ne sorte perdant de ce prolongement de la peopolisation de l'espace public français par d'autres moyens.


PS : Un lecteur me signale que, durant l'Euro de football, les matchs de l'équipe de France pouvaient être vus au Gaumont Parnasse sur écran géant. Rappelons aussi qu'un film entier a été consacré au seul Zidane, filmé tout du long d'un match par une myriade de caméras.



« Le monde de l'opéra s'interroge sur la diffusion de l'art lyrique au cinéma », Le Monde daté du 6 novembre 2008 :

Alors que le Metropolitan Opera de New York (Met) lance sa deuxième saison de diffusions en direct d'opéras par satellite et en haute définition dans des salles de cinéma françaises (et dans le monde entier, dont les Etats-Unis, avec trois cents écrans), la question de la diffusion au plus grand nombre des spectacles lyriques est au coeur du débat, d'autant qu'à ce jour aucune maison d'opéra française ne s'est jointe à cette initiative.

Après avoir programmé, en ballon d'essai et avec grand succès, La Fille du régiment, de Donizetti, avec Natalie Dessay, le 6 avril (Le Monde du 5 avril), et Salomé, de Richard Strauss, le 11 octobre, la société privée CielEcran transmettra les neuf autres spectacles proposés par le Met dans trente salles de cinéma équipées d'écrans numériques à Paris et en région, chaque mois jusqu'au 9 mai 2009. Ainsi, le 8 novembre, à 19 heures, sera projeté Doctor Atomic, de John Adams (salles et tarifs consultables sur www.cielecran.com).

L'initiative de Peter Gelb, le directeur du Met, a suscité des réactions diverses de la part de directeurs d'institutions lyriques et musicales en Europe, qui les ont confiées au Monde. Tous s'accordent pour dire que l'opéra coûte cher et ne concerne, en dépit d'une politique tarifaire particulièrement étudiée, qu'une petite partie de la population.

Nicolas Joël, directeur de l'Opéra de Paris à partir de la saison 2009-2010, reconnaît : "Tout le monde paie des impôts pour cette grande maison d'opéra. Il serait donc normal de pouvoir diffuser les productions de l'Opéra de Paris de manière qu'un maximum de personnes puisse les voir. C'est un aspect des choses auquel je vais m'atteler très sérieusement."

Gérard Mortier, qui signe cette saison sa dernière programmation à l'Opéra de Paris avant de prendre la direction du New York City Opera, la maison directement concurrente mais moins dotée et moins réputée que le Met, a réagi vivement à cette opération. "Peter Gelb a certes réussi un coup de publicité extraordinaire. J'y crois, dès lors que cela touche des villes où il n'y a pas de maison d'opéra. Mais le plus important, selon moi, c'est le travail en amont, l'éducation des jeunes, tel celui que je fais à l'Opéra de Paris. Mais c'est moins visible, moins démagogique..."

Le directeur de la Scala de Milan, Stéphane Lissner, accueille certes avec bienveillance ce nouveau moyen de diffusion : "Si cela permet de découvrir l'opéra en payant moins cher et de bénéficier de spectacles impossibles à voir pour des raisons géographiques, alors l'opéra au cinéma, pourquoi pas ?" Mais il prévient : "Le danger est que ces spectacles soient formatés non plus pour la scène mais pour l'écran, ce qui serait une grave erreur."

Il n'en demeure pas moins que, pour Nicolas Joël, "aucune transmission, si sophistiquée soit-elle techniquement, n'est capable de restituer l'émotion du spectacle vivant. Mais je ne crois pas que cela soit démagogique." Des réticences auxquelles s'ajoutent celles de Gérard Mortier concernant les conditions de filmage, selon lui peu satisfaisantes. "Mais le plus grave pour moi est l'aspect sociologique : les gens vont déjà dans les salles de cinéma et ce n'est pas cela qui les fera venir dans les opéras. On éloigne encore plus ceux qui pensent que l'opéra, c'est pour les autres, que c'est trop cher..."

Selon les premières estimations, il semblerait que beaucoup de ceux qui fréquentent ces séances lyriques au cinéma soient des lyricomanes. Serge Dorny, le directeur de l'Opéra de Lyon, a pu constater que "la grande majorité des personnes qui vont voir de l'opéra dans les salles lyonnaises sont des habitués, voire des abonnés de l'Opéra de Lyon, dont la moyenne d'âge est supérieure à celle qui fréquente mon établissement."

L'une des raisons de la prudence des institutions françaises face à ce nouveau moyen de diffusion s'explique par son coût : chaque soirée du Met coûte 1 million de dollars (783 000 euros), financée par des donations privées. Un investissement trop important pour les maisons d'opéra européennes.

"MARKETING"

Selon Stéphane Lissner, "le modèle de financement privé du Met par des sponsors, ses visées artistiques moins conservatrices que par le passé et le fait de vouloir casser une image trop élitiste, tout cela a obligé son directeur, Peter Gelb, à raisonner en termes de marketing, ce qui n'est pas notre cas en Europe. On n'a pas besoin de faire du copié-collé."

Gérard Mortier enfonce le clou, arguant du fait que Peter Gelb aurait, de surcroît, exigé de CielEcran une exclusivité pour le Met, "tandis que France Musique, qui assure la technique du son, utilise de l'argent public français au profit du Met, donc au détriment de l'Opéra de Paris". En fait, rectifie Marc Welinski, directeur de CielEcran, "le son, comme l'image, est diffusé par satellite, et non relayé par France Musique. Notre partenariat n'est que promotionnel. Par ailleurs, cette exclusivité demandée par Peter Gelb au début de l'opération n'est plus d'actualité".

En attendant, M. Mortier a confirmé au Monde que l'Opéra de Paris venait de conclure un partenariat de diffusion d'archives avec l'Institut national de l'audiovisuel (INA). Il s'est aussi associé aux sites Internet www.medici.tv et france2.fr pour l'opération de diffusion en direct et en accès gratuit, le 4 novembre, de La Petite Renarde rusée, de Janacek. Enfin, annonce M. Mortier, "une transmission sur écran géant sera assurée en plein air pour le vingtième anniversaire de l'ouverture de l'Opéra-Bastille. Cela coûte cher mais j'y crois."

Renaud Machart et Marie-Aude Roux


La Scala de Milan à l'Auditorium du Louvre

La fameuse soirée d'ouverture du 7 décembre à la Scala de Milan - un Don Carlo de Verdi dirigé par Daniel Barenboïm et mis en scène par Stéphane Braunschweig -, en direct et en haute définition, c'est ce que nous propose l'Auditorium du Louvre, à Paris, pour inaugurer sa nouvelle série de musique filmée consacrée aux grandes maisons d'opéra (www.louvre.fr). Du 7 décembre 2008 au 28 juin 2009, l'institution milanaise sera à l'honneur avec 12 projections choisies parmi les productions des trente dernières années captées par la RAI. Pour l'ère Lissner, la sulfureuse Traviata de Liliana Cavani, le Tristan de Barenboïm-Chéreau. Quant aux mythiques archives, elles alterneront les fameuses mises en scène de Giorgio Strehler (Don Giovanni, Falstaff et Macbeth) avec les versions historicistes de Franco Zeffirelli - La Bohème et Otello sous la géniale direction de Carlos Kleiber. Les voix sont naturellement à l'avenant : Caballé, Freni, Domingo, Pavarotti, Alagna, Ghiaurov...

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LOLO EN COUVERTURE

19 Octobre 2008, 09:51am

Publié par Mister Arkadin

De même qu’une femme dénudée sert fréquemment d’argument de vente pour des automobiles, le cinéma est jugé suffisamment "vendeur" par les publicitaires pour être mis en avant à propos de tout et n’importe quoi. Combien de numéros arborant un « spécial cinéma » en couverture alors que le contenu des magazines n’a souvent que peu à voir avec le septième art ?

Voici que les éditions Autrement, autrement sérieuses d’ordinaire, s’y mettent. Pour illustrer un volume sur la guerre d’Algérie, La France en guerre 1954-1962, « résultat d’une recherche qui a été menée pendant quatre ans à l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP / CNRS) et au Centre d’histoire sociale du XXe siècle (UMR 8058) » (si ce n’est pas sérieux, ça !), elles exhibent la Brigida en couverture. J’ai fini par découvrir le titre sur la gauche évoquant le sujet traité par l’ouvrage. Ce n’est assurément pas ce qui saute immédiatement aux yeux !

A mon tour, je saisis ce prétexte pour publier une galerie de photos en rapport avec ce livre résultat d’une recherche du CNRS et de l’UMR 8058.



 

 

 

 

 

 

   

 

 

 

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UNE LIMITE DE L'ILLIMITÉ

14 Septembre 2008, 23:10pm

Publié par Mister Arkadin

Mercredi 3 septembre, 14h15, je me pointe à la caisse d’un cinéma pour voir un film commençant 20 minutes après le début de la séance de 14h. « Vot' carte elle passe pas », me dit la caissière. Bon, ce n’est pas étonnant, vu que je l’ai utilisée, à 12h55, pour aller voir un autre film. Je ne comprends pas trop pourquoi je n’aurais pas le droit, si un film me déplaît et que j’ai envie de quitter la salle, d’aller voir un autre film même si le premier n’est pas encore fini. Il paraît que cette limite à l’ « illimitée » a été instaurée pour éviter une sorte de "zapping" cinéphile qui verrait des spectateurs naviguer de salle en salle pour voir une suite de bouts de films, car ces allées et venues risqueraient de gêner les autres spectateurs. Coup de chance, le premier film que je suis allé voir ce jour là étant très court, il finissait à 14h15, la séance suivante ayant lieu à 14h25. J’ai donc pris mon mal en patience, attendu 14h25 et redemandé une place pour Troupe d’élite, commencé depuis 5 minutes. « Ça passe toujours pas. » Quand je rétorque à la caissière que ce n’est pas normal, vu que la séance pour laquelle j’ai précédemment utilisé ma carte est terminée, elle me répond : « Pt’êt ben, mais vous avez dû utiliser c'te carte ya moins de deux heures. On peut pas utiliser une carte si on l'a déjà utilisée moins de deux heures avant. » La situation me paraît absurde. Je propose toutefois à la caissière de lui laisser ma carte pour qu’elle me laisse aller voir Troupe d’élite et qu’elle enregistre mon entrée à la séance suivante, au moment où je reviendrai la chercher. Pas moyen de l’amadouer : « non, j’pas le droit, la direction veut pas. » Et voilà comment l’excès de zèle dans la lutte contre la fraude et le détournement des possibilités offertes par les cartes illimitées, qui s’apparente en l’occurrence à du refus de vente, risque au contraire d’encourager des pratiques illicites. Non de fracasser le crâne de la caissière bornée pour qu’elle me laisse aller voir ce putain de film, non d’aller kalachnikover toute la direction, tout de même pas, je suis civilisé, mais tout simplement de ne pas repasser par la caisse quand on veut aller voir un second film si un premier nous a déçu et qu’on l’a quitté en cours de route, ou quand on veut voir un autre film après un premier durant moins de deux heures. En attendant, je vais me contenter d'un courrier au service Clients d'UGC, auquel il ne sera sans doute pas répondu, sinon peut-être une réponse convenue et n'engageant pratiquement à rien.


PS (26 décembre 2008) : Une réponse datée du 5 décembre 2008 m'est parvenue, accompagnée par un beau livre "en raison du retard", qui me confirme qu'"aucune retrait de billet n'est possible avec [ma] carte UGC ILLIMITE dans un délai de 1h30 [et non 2h, comme le prétendait la caissière dans mon cas] suivant une première utilisation". La raison : "tout billet émis fait l'objet d'une déclaration au Centre National de la Cinématographie (CNC), organisme de contrôle assurant la rétribution des ayant- droits [sic] auprès desquels chaque cinéma est pénalement responsable." Soit. Ceci dit, dans le cas que je décrivais ci-dessous, de 12h55 à 14h25, 1h30 s'était bien écoulée.

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"ARTILLERIE LOURDE"

6 Septembre 2008, 23:01pm

Publié par Mister Arkadin

J'ai exprimé ici les réserves que m'avait inspirées le placard publicitaire que le mini multiplexe de Montreuil a fait paraître dans la presse pour sensibiliser l'opinion au sujet des attaques qu'il subit de la part d'UGC et de MK2. Je l'avais trouvé d'assez mauvais goût (quoique dénué de l'antisémitisme que Marin Karmitz se fit un devoir d'y voir). En la matière, MK2 n'est pas en reste, vu le placard qu'il a fait paraître le week-end dernier en dernière page du supplément "TV & Radio" du Monde. Le lundi suivant, une "artillerie lourde" similaire était employée dans Direct soir pour promouvoir des DVD. Pourtant, autant le premier placard ne m'a guère plu, autant le deuxième m'a curieusement séduit, malgré son agressive laideur. Le goût peut donc ne pas dépendre des couleurs (du rouge et du noir en l'occurrence). 

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DU RECORD DES CH’TIS ET DE LA CHRONOLOGIE DES MÉDIAS

16 Juillet 2008, 00:49am

Publié par Mister Arkadin

« Les Ch’tis ne devraient pas battre "Titanic" », a titré Le Monde dans son édition du 4 juillet 2008, suite au score décevant du film de Dany Boon lors de la "fête du cinéma", fin juin. Le record de Titanic devrait tenir, puisqu’il compte encore 500 000 spectateurs de plus. Avance en apparence très confortable, et qui devrait le rester, le film de Dany Boon ne réalisant plus que 15 000 entrées environ lors d’une semaine normale.

Jamais je n’avais eu une aussi claire conscience des bouleversements de la fréquentation des films en salles et de la fameuse "chronologie des médias" qu’à la lecture de cette information. Que nous dit-elle en effet ? Qu’un film sorti le 27 février 2008, qui faisait plus d’un million d’entrées par semaine à ses débuts, n’en attire plus que quelques milliers moins de six mois plus tard, alors même que l’on parle encore énormément de lui (encore la bouille de Dany Boon en une de Paris Match récemment). 500 000 spectateurs, par rapport à 20 000 000, cela représente 2,5 %. Autrement dit, il est d’ores et déjà acquis pour tout le monde (i.e. exploitants, distributeurs, journalistes, etc.) que le film aura fait plus de 97 % de ses entrées en cinq mois, que, non seulement il sortira de l’affiche prochainement (contrairement à Emmanuelle, par exemple, qui était encore projeté dans une salle parisienne au début des années 1980, des années après sa sortie), mais qu’une reprise dans quelques années ne permettrait pas de combler ce si faible retard sur Titanic, reprise plutôt improbable d’ailleurs, vu la carrière que Bienvenue chez les Ch’tis devrait faire en DVD, puis à la télévision, où l’on peut parier qu’il sera presque aussi souvent diffusé que La Grande vadrouille. Bref, tous ceux qui voulaient voir le film en salles l’ont vu, le bouche à oreille ne fonctionne que quelques semaines durant, les autres l’ayant vu dans une version piratée ou attendant qu’il soit disponible légalement sur les petits écrans.

Le constat n’est pas tout à fait nouveau, mais, à l’heure où un groupe de cinéastes considère que « la mise à disposition des films [en DVD, VOD ou à la TV] plus tôt après leur sortie en salles » serait l’une des seules mesures susceptibles de compenser les restrictions induites par la lutte contre les téléchargements sauvages sur Internet, qu’il appelle de ses vœux en prenant la défense du projet de loi « création et Internet » (« Culture ne rime pas avec gratuité », Le Monde, 9 juillet 2008), il laisse tout de même songeur.

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LE POUVOIR AUX ACTEURS ET RÉALISATEURS

19 Mai 2008, 15:18pm

Publié par Mister Arkadin

D'emblée, je dois avouer ne pas avoir vérifié la composition des jurys des précédentes éditions du festival de Cannes. Toutefois, le fait marquant du jury de cette année me semble être la présence exclusive d'acteurs et de réalisateurs, voire d'acteur-réalisateur, à l'image de son président. Tout autre profession du cinéma a été exclue, alors qu'un jury équilibré devrait être également composé de techniciens du cinéma (monteurs, cascadeurs, étalonneurs, etc.), de financiers (producteurs, exploitants, etc.), de médiateurs (agents, critiques, etc.), etc.
La prééminence absolue accordée au réalisateur dans le système français et celle de l'acteur dans le système américain se renforcent l'une l'autre pour prendre acte de la relégation de tous les autres "acteurs" du monde cinématographique au rang de figurants, et même de spectateurs dont l'avis n'a pas droit de cité. On ne saurait mieux affirmer que réalisateurs et acteurs ont désormais tout pouvoir (artistique, financier et symbolique), les seconds ne pouvant d'ailleurs la plupart du temps pas s'empêcher de s'improviser réalisateurs pour rafler doublement la mise.
Quoi d'étonnant à ce qu'un festival de plus en plus raccoleur accompagne le mouvement. Après tout, pour faire parler du jury, de jolies actrices, des réalisateurs à l'ego boursouflé, une touche (et même deux) d'étrangers-venus-enrichir-la-France ne sont-ils pas les vecteurs idéaux d'un "plan média" ? La composition d'un gouvernement répondant aujourd'hui aux imparatifs de la "peopolisation" de la politique, pourquoi la composition d'un jury échapperait-elle à la "peopolisation" du cinéma ? Messieurs Frémaux et Jacob s'en font donc les complices, aussi suiveurs qu'ils l'ont été pour leur sélection (cf. mon article
"Jeunes et vieux habitués").

Compléments :
(6 novembre 2011) Les acteurs et réalisateurs sont aussi surreprésentés parmi les jurés du festival de Venise. Ils trustent cependant un peu moins toutes les places. Ainsi cette année avaient-ils laissé un peu de place à l'artiste Eija-Liisa Ahtila et au musicien David Byrne.
(21 novembre 2011) Un lecteur érudit me signale que David Byrne a réalisé deux films, une fiction (True Strories, 1986) et un documentaire (Between the Teeth, 1994). Dont acte. C'est cependant loin d'être son activité artistique principale et elle commence à dater.
(5 juin 2012) « Festival de Cannes : des écrivains partout sauf au jury » (Pierre Assouline, Le Monde, "Le Monde des livres", 18 mai 2012, p.6).
(25 avril 2013) Il semble désormais institutionnalisé que seuls les acteurs et réalisateurs méritent de faire partie du jury. De quoi donner un argument de plus à ceux qui pensent que la "diversité" sexuelle (ou parité : 4 femmes + 4 hommes + 1 Président) est promue pour faire diversion, la diversité des métiers du cinéma passant à la trappe (ainsi que l'Afrique et l'Amérique latine).
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L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUÉ - III

10 Février 2008, 22:41pm

Publié par Mister Arkadin

La page d'auto-promotion de Montreuil, dont nous avons rendu compte ici, a suscité l'ire de Marin Karmitz, qui a porté plainte (lire "SOS Requins", par Didier Péron, Libération, 6 février 2008, p.29 ; texte reproduit ci-dessous). Toute cette affaire prend un tour de plus en plus désagréable. Aussi arrêterons-nous notre feuilleton à III, à moins qu'un  rebondissement significatif survienne, en matière de comptes rendus dans la presse (car les lecteurs l'auront peut-être compris, c'est bien la façon dont on "rend compte" du cinéma - films et ensemble des phénomènes les concernant - qui nous intéresse au premier chef).

Toujours sur la brèche, Marin Karmitz a déposé plainte contre 20 Minutes, l’Humanité et Télérama, qui ont eu la mauvaise idée de relayer une campagne de publicité initiée par la ville de Montreuil qui représentait les groupes MK2 et UGC sous la forme d’un requin s’apprêtant à dévorer un petit poisson rouge, symbolisant le cinéma municipal le Méliès, attaqué par le duopole pour «abus de position dominante». La direction de Télérama a finalement échappé aux poursuites après avoir téléphoné à Karmitz pour présenter de plates excuses. Par ailleurs, une plainte a été déposée par l’assistant de direction du cinéma MK2 Bibliothèque que le maire de Montreuil, le communiste Jean-Pierre Brard, aurait mordu (!!!) au cours d’une manifestation devant la salle le samedi 26 janvier. La ville s’est fendue d’un communiqué où elle minore le carnage («un petit bleu»). Sophie Dacbert, directrice de la rédaction du magazine le Film français, vole au secours des faibles et des opprimés en protestant contre toute cette «violence» dans son édito du 1er février et parle d’une campagne de «dénigrement systématique» anti-UGC-MK2. Protégeons-les !

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L'EMPIRE CONTRE-ATTAQUÉ - ÉPISODE II

28 Janvier 2008, 10:36am

Publié par Mister Arkadin

MK2---Montreuil.jpgLe député-maire Jean-Pierre Brard fait  l'objet de plusieurs articles dans les gratuits ce matin, après le JDD d'hier et Le Monde, pour s'être lancé à l'assaut du MK2 bibliothèque de façon un peu particulière (ce qu'il dément, cela va de soi). Voilà relancée sa campagne pour les Municipales, que dis-je ? pour la sauvegarde de la diversité cinématographique. L'occasion pour nous de rappeler que nous avons consacré un papier à ce problème délicat.

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