Mister Arkadin

CAMI BIS

30 Décembre 2008, 00:02am

Publié par Mister Arkadin

L'une des faiblesses d'un blog provient de l'empressement que l'on met bien souvent à publier un billet avec plus de précipitation que de science. Elle est compensée par l'avantage que constitue la possibilité d'y revenir dès que l'on en sait un peu plus, le lendemain même quand on a la chance d'avoir quelques correspondants plus savants que soi, comme je le fais aujourd'hui à propos de Cami.

Un ami me signale que John Crombie est non seulement l'auteur de la biographie signalée dans la notice de Wikipédia (Cami : une bibliographie illustrée. Paris : Kickshaws, 2005, 34 p.), à laquelle il n'est d'ailleurs peut-être pas complètement étranger (quelques compléments ici), mais aussi un boulimique activiste caminaresque : édition d'incunables (dans une collection spécialement créée aux éditions Kickshaws), conférences, expositions, etc. Une recherche croisée Cami / Crombie permet en effet de retrouver moult traces de nos deux compères sur le Net, dont : (

- un article dans Le Magazine du bibliophile (n°57, octobre 2006, « Crombie : la folie Cami ») ;

- une édition originale des deux scénarios écrits par Cami pour Chaplin, avec des illustrations de Cami ;

- des festivités camicologiques ;

- un livre signé par deux autres passionnés, Christian Moncelet et Jacques Rouvière, Redécouvrir CAMI, humoriste-"loufock", paru en novembre 2008 aux Editions Marrimpouey ;

- une émission de radio sur France Culture (« Jeux d'archives », 21 octobre 2006).

Un autre ami me signale que Claude Beylie et Philippe d'Hugues ont consacré quelques pages aux rapports entre Cami et le cinéma dans leurs Oubliés du cinéma (Paris, Cerf, 1999). Pas mal de choses à glaner en effet dans ces « camineries » (p.231-235), où je prélève l'illustration de ce billet.

Comme quoi, pas de raison, Mister Tarantino, d'opposer le livre et l'Internet. Ils se complètent et il convient juste de ne pas se limiter à l'un, ou l'autre, la meilleure source d'informations étant parfois la troisième : le bouche-à-oreille.

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CAMI

29 Décembre 2008, 00:05am

Publié par Mister Arkadin

« J'ai fait des recherches, pas sur Internet, hein, Internet ça craint, c'est souvent faux. Il faut regarder DANS LES LIVRES ! Si vous n'allez pas en bibliothèque, vos recherches ne vaudront rien. » Bien que l'on puisse me taxer de « rat de bibliothèque » sans que j'en prenne ombrage, ces sentences livrées par Quentin Tarantino à Bertrand Tavernier (1) me paraissent pour le moins excessives. Sur maints sujets très pointus, il n'a cependant pas tort (quoique sur bien d'autres, l'inverse serait vrai - pas grand-chose en volume, moult renseignements, parfois tout à fait fiables, sur Internet). Ainsi n'ai-je quasiment rien trouvé sur Internet à propos de l'écrivain et humoriste Cami (1884-1958), même si la fiche de Wikipédia est déjà une précieuse "ébauche" (2). La seule illustration que je puis reproduire ci-contre a été mise en ligne par le Conseil général de la Nièvre pour annoncer une exposition organisée au Musée municipal de la Charité-sur-Loire à l'été 2008 pour le cinquantenaire de la mort de Cami (3). Pour faire plus ample connaissance avec ce facétieux personnage, rendez-vous une fois de plus dans Fascination (n°22, 4ème trimestre 1983, « Les classiques du second rayon », p.4-9), pour un portrait signé Georges de Lorzac (i.e. Jean-Pierre Bouyxou) et la reproduction du Singe-ténor ou quadrumane et fatalité, conte en deux actes tirés du recueil Trêve... de plaisanteries. Est bien entendu évoqué son principal titre de gloire en matière cinématographique, à savoir l'affection que Charles Chaplin portait à Cami. Voici à ce propos la couverture du beau numéro de La Baïonnette que ce dernier consacra à Charlot :


(1) Propos recueillis dans Amis américains (Institut Lumière / Actes Sud, 2008) ; extrait reproduit dans Libération, 10 décembre 2008, p.30).

(2) À voir aussi quelques pages sur les pastiches de Dumas perpétrées par Cami : ici.

(3) A propos de cette commémoration, qui ne figurerait pas à l'inventaire du Haut Comité des Célébrations Nationales, Le Magazine du bibliophile (n°75, juillet-août 2008, p.32) reproduit une photo de Cami avec Charles Chaplin (datant sans doute de 1921). 

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CRITIQUE ET OPINION

28 Décembre 2008, 00:02am

Publié par Mister Arkadin

Lu, dans le supplément « spécial numéro 20 000 » du Parisien (24 décembre 2008, p.XX), les propos suivants : « J'apprécie la plupart des rubriques. En revanche, je ne lis jamais les critiques de cinéma, quel que soit le journal ou le magazine. Pour juger de la qualité d'un film, je veux me faire ma propre opinion » (Tomer Sisley, acteur). Est-il impossible de se faire sa "propre" opinion en connaissant celle d'autrui (j'imagine que Tomer Sisley demande aussi à se proches de ne jamais lui conseiller aucun film, afin de conserver sa liberté de juger) ? Une opinion doit-elle s'abstenir d'être confrontée à une autre pour demeurer indépendante ? Le critique est-il seulement un prescripteur, un juge de la qualité d'un film ? N'a-t-il aucune fonction d'analyse (quitte à le lire après avoir vu un film) ? Et si Tomer Sisley ne lit rien sur les films dans les journaux et magazines, lit-il des études plus approfondies en revue (ou livre) ? Bizarre en tout cas, quoique assez répandue, cette défiance vis-à-vis de la critique, et plus particulièrement de la critique de cinéma.

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LE "FAUX GRAND ART" DE CARCO

26 Décembre 2008, 00:02am

Publié par Mister Arkadin

Marc Laudelout, dans son indispensable Bulletin célinien (n°303, décembre 2008, p.21), nous rappelle que le poète et romancier François Carcopino, dit Carco, est mort à Paris il y a cinquante ans, en profitant de cet anniversaire pour faire le point sur ses rapports avec Céline. Laudelout juge l'homme Carco peu sympathique, notamment parce qu'il rejoignit le camp des Intransigeants à la Libération, sans un mot de soutien pour les relations vichyssoises qui auraient facilité son exil et celui de son épouse juive en Suisse fin 1942, ni pour Brasillach (dont il refusa de signer la pétition de grâce).

Ce ne sont pas ses propos peu amènes pour le cinéma qui nous le rendront plus sympathiques. À la fin des années 1930, notamment dans le texte que je reproduis ci-dessous (1) (2), Carco fit mine de s'y être intéressé (« nous avons cru jadis en lui »), après s'en être fait le détracteur une dizaine d'années auparavant. Charles Chaplin fut l'une de ses cibles privilégiées, comme je l'ai rappelé dans mon livre sur les premières batailles critiques que connut le cinéma durant les années 1910-1920 (chapitre « La querelle de 1927 », p.176). Il avait par exemple déclaré à Cinémagazine (26 février 1926, n°9, p.421-422) qu'il n'aimait guère Charlot, puis confié à Frédéric Lefèvre, lors d'un entretien qui fut publié par Les Nouvelles Littéraires le 14 août 1926 (p.1-2), qu'il approuvait tout à fait l'attaque d'André Suarès (3) contre Chaplin et qu'il considérait lui-même que « Charlot, [c'était] l'effet, la grimace, le clin d'œil de complicité avec le public ou le metteur en scène, la roublardise, la fausse pitié, le faux grand art ».

Carco mérite sans conteste de figurer dans l'anthologie de textes cinéphobes de langue française que je prépare (sous le titre Contre le cinéma... tout contre, en hommage à qui vous savez).

Cependant, si une association des amis ou lecteurs de Carco se constituait, elle pourrait aussi s'intéresser à ses rapports au cinéma tels qu'ils ont été suivis par les hebdomadaires des années trente, dont Pour vous, l'index Calenge donnant à ce sujet les références suivantes :

- Pour Vous, n°151, 8 octobre 1931, p.11 : article de Jean Lasserre ;

- n°379, 20 février 1936, page 8 : « Ceux du milieu » (entretien avec Francis Carco) ;

- n°478, 12 janvier 1938, p.11 : « Francis Carco nous parle de "Rue sans issue" dont il a rédigé les sous-titres » (propos recueillis par Jean Vidal)

- n°495, 11 mai 1938, p.11 : « Où Francis Carco interprète le rôle de Francis Carco » (dans Prisons de femmes, de Roger Richebé), entretien.


(1) Ce texte de la brochure Mieux Vivre (n°2, février 1938), que sa conservation à la bibliothèque de l'IDHEC permit d'être connu des historiens du cinéma, ainsi que sa reproduction dans Les Cahiers de la cinémathèque (n°5, p.2-3), a déjà été repris dans Positif (n°480, février 2001, p.44-45).

(2) Ainsi que dans une série d'articles parus en 1937 dans Le Figaro.

(3) Suarès parlait pour sa part du « cœur ignoble de Charlot ».

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CINÉMA ET RADIO : SEMAINE DU 27 DÉCEMBRE 2008

25 Décembre 2008, 00:03am

Publié par Mister Arkadin

Rappels et rattrapages :

« Captives de l'ENSAD », France Culture (« Les Sentiers de la création »), mardi 23 décembre 2008 : « Rodolphe Burger, orchestrer l'inconnu » (rencontre du 17 avril 2008), à propos de sa musique originale pour sampler et guitare accompagnant L'Inconnu de Tod Browning (1924), en 2001, à l'invitation du Musée d'Orsay

« Esprit critique » (Vincent Josse), France Inter, mardi 23 et mercredi 24 décembre 2008, de 9h10 à 9h35 : « Le film Louise-Michel de Gustave Kervern et Benoît Delépine » ; « Musique de film avec LE spécialiste », Stéphane Lerouge (concepteur de la collection discographique Écoutez le cinéma ! chez Universal Jazz, programmateur musical du Festival Musique et Cinéma d'Auxerre, ancien chargé de cours à l'Université de Paris I (1992-2005), consultant musical pour le Festival de Cannes)

« Là-bas, si j'y suis » (Daniel Mermet), France Inter, mardi 23 décembre 2008, de 15h00 à 16h00 : « Louise Michel », avec Benoît Delépine et Gustave Kervern


Émissions radiophoniques sur le cinéma de la semaine à venir :

« 42ème rue » (Laurent Valière), France Musique, dimanche 28 décembre 2008, de 12h00 à 13h00 : « SOS Tex Avery & Compagnie »

« Équinoxe » (Caroline Bourgine), France Culture, dimanche 28 décembre 2008, de 16h30 à 17h30 : « Composer le monde », création d'Ernst Reijseger, Mola Sylla et le chœur polyphonique sarde, Cuncordu e Tenore de Orose, sur les images des films de Werner Herzog The White Diamond et The Wild Blue Younder au Festival des 38ème Rugissants de Grenoble

« Á portée de mots » (François Castang), France Musique, mardi 30 décembre 2008, de 12h00 à 13h00 : Léa Drucker (comédienne) - À noter, le 31 décembre 2008, Renaud Camus (le meilleur écrivain français contemporain, peu porté sur le cinéma)

« Du jour au lendemain » (Alain Veinstein), France Culture, mardi 30 décembre 2008, de 23h30 à 00h00 : Sylviane Agacinski, auteur du livre Le Drame des sexes, Ibsen, Strinberg, Bergman (Éditions du Seuil)

« Tout arrive » (Arnaud Laporte, « Le magazine de l'actualité culturelle »), France Culture, jeudi 1er janvier 2009, de 12h53 à 13h30 : Laurent Véray (historien du cinéma), président de l'Association française de recherche sur l'histoire du cinéma (éditrice de 1895)

« Médiagora » (Claude Carrez), RCF, vendredi 12 décembre 2008, de 21h00 à 21h55 - Rediffusion le dimanche à 3h00 : « Retour sur deux films : La Vie moderne, de Raymond Depardon, et Entre les murs, de Laurent Cantet », avec Jean-Jacques Queyranne (président du Conseil régional Rhône-Alpes)

« Surpris par la nuit » (Alain Veinstein), France Culture, vendredi 2 janvier 2009, de 22h15 à 23h30 : « Medhi Charef, cinéaste de la frontière » (Pascal Tessaud) - Rediffusion du 16 novembre 2007


Rediffusion :

« Mardis du cinéma » (C.Hamsy, 1990), France Culture (« Nuits »), nuit du samedi 27 au dimanche 28 décembre 2008, de 1h00 à 2h25 : Martin Scorsese


Compléments et rappels :

- Grille des émissions de radio spécifiquement consacrées au cinéma (la grille de la saison 2008-2009 est en cours de préparation)

- Liste des émissions récentes de France Info sur le cinéma

- Liste des invités des émissions de radio d'information sur le site "Zapping du paf"


Avec la collaboration régulière de l'indispensable Desata, auquel je renouvelle tous mes chaleureux remerciements.



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LJC DU 25 NOVEMBRE 2008 : SUR UN ART IGNORÉ

24 Décembre 2008, 00:01am

Publié par Mister Arkadin

L'invité du prochain « Libre journal du Cinéma » dirigé par Philippe d'Hugues, sur Radio Courtoisie, auquel je participe en compagnie de Philippe Ariotti le jeudi 25 décembre 2008, est Michel Mourlet, critique cinématographique et directeur des éditions France Univers, pour la réédition, aux éditions Ramsay, de son livre Sur un art ignoré : La mise en scène comme langage. Cette première partie est notamment consacrée au mac-mahonisme (mouvement cinéphilique né au tournant des années 1960). 

Le programme est complété par un jeu radiophonique de Philippe Ariotti (relatif à une actrice d'Otto Preminger, l'un des cinéastes du "carré d'as" des mac-mahoniens) et par l'actualité, des films sortis en salle (L'Emmerdeur, Secret défense, Largo Winch, Le Chant des mariées, Luther, Les Plages d'Agnès, Mascarades, Agathe Cléry, Serbis), des reprises (Lola Montes restauré ; avec lecture d'une lettre de remerciement de Max Ophuls à un critique de l'époque, Lucien Rebatet), des disparitions (Vittorio Martinelli, Marc Raynal, Gerard Damiano, Guy Peeleart, Nina Foch, Gérard Lauzier, Bettie Page, Van Johnson, Alain Renoir, Horst Tappert, Robert Mulligan), et des publications (DVD "Cinéma cinémas" ; ouvrages de Marie-Claude Monchaux).

 

Suite à un référendum récent, Philippe d'Hugues propose aux auditeurs et amis du "Libre journal du cinéma" de donner leur liste des meilleurs films de l'histoire du cinéma (une douzaine), en plus des traditionnelles listes des meilleurs films de l'année.


Informations complémentaires :

Horaires de diffusion du LJC : de 12 heures à 13 heures 30 - Rediffusions de 16 heures à 17 heures 30 et la nuit suivante, de 0 heure à 1 heure 30.

Des messages peuvent être adressés à la station en cours d'émission (courtoisie@radiocourtoisie.net ; 01.46.51.00.85).

Fréquences FM de Radio Courtoisie en Mhz : Paris et Ile-de-France, 95,6 ; Caen, 100,6 ; Chartres, 104,5 ; Cherbourg, 87,8 ; Le Havre 101,1 ; Le Mans, 98,8.

Radio Courtoisie par satellite : Sur les bouquets satellites TPS et CanalSat, si vous êtes abonné à l'un de ces bouquets, pressez le bouton radio de votre télécommande et choisissez "Radio Courtoisie" dans la liste de radios proposées.

URL directe d'écoute en ligne de Radio Courtoisie pour les lecteurs type Windows Media : http://www.tv-radio.com/cgi-bin/tagger.pl?tag=site&metafile=courtoisie/courtoisie-20k.asx


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LE CINÉMA À L’ACADÉMIE ET SIMONE VEIL

23 Décembre 2008, 09:22am

Publié par Mister Arkadin

Malgré la tenue de ce blog, il m'arrive encore de publier des articles papier, quand j'estime que leur contenu est plus substantiel que les billets que je publie ici ou se prête mieux à une publication en revue. Le prochain va paraître dans Histoires Littéraires, que me fit connaître voici quelques années Jean-Paul Morel, l'excellent éditeur des écrits cinématographiques de Claude Aveline, Ricciotto Canudo et, prochainement, si mes renseignements sont bons, Elie Faure (dans une version préparée de longue date, bien plus complète que les recueils déjà parus et promettant de ce fait beaucoup). J'apprends, au détour d'un des portraits de son directeur Jean-Jacques Lefrère (éminent biographe de Lautréamont et de Rimbaud, bientôt de Céline) publiés ces jours-ci dans la presse, qu'il s'agit d' « une revue de qualité mêlant analyses pointues et chroniques impertinentes » (L'Express, 18 décembre 2008). Je m'en étais rendu compte à sa lecture, mais ignorait que sa grande réputation (parfaitement méritée au demeurant) excédait le petit milieu des études littéraires. Heureusement ma foi, car, sinon, il est probable qu'intimidé, je n'aurais pas osé lui proposer un fort modeste papier intitulé « L'"Entrée des artistes" : Jean-Loup Dabadie et le cinéma à l'Académie ». Je m'efforce d'y montrer que le raccourci journalistique, repris dans quasiment tous les articles annonçant l'élection de Dabadie et présentant celle-ci comme l'introduction des arts mineurs, en particulier le cinéma, dans le sein des seins de la vie intellectuelle était abusif (1).

Le goût du paradoxe pourrait m'inciter à écrire qu'avec l'élection de Simone Veil, l'Académie continue de s'intéresser aux personnalités ayant un rapport étroit avec le cinéma. Dans le cas de la Conscience et de la Sagesse de la France, le rapport est mince (2). Il me semble cependant mériter d'être signalé. Dans le dernier chapitre d'Une vie (Stock, novembre 2007), « La lumière des justes », Simone Veil revient en effet longuement (p.325-329) sur son opposition, alors qu'elle siégeait au conseil d'administration de l'ORTF, au début des années 1970, à l'achat du Chagrin et la pitié. Persévérante, comme aurait dit Daney, elle juge toujours ce documentaire « injuste et partisan », n'épargnant au spectateur « aucun raccourci mensonger », surfant sur la pensée dominante d'alors (qui demeure plus que jamais en vigueur), « tout aussi simplificatrice » que la précédente, notamment en ne rendant pas justice aux Français qui ont permis que la France soit « de loin le pays où le pourcentage de Juifs déportés s'était révélé le plus faible ». Vu l'idolâtrie dont jouit désormais Marcel Ophuls et les révérences que suscite quasi unanimement son film (remember Annie Hall !), vu l'inquisition qu'a fréquemment dû subir à ce sujet Simone Veil (par exemple dans une émission d' "Arrêt sur images" où Daniel Schneidermann, d'ordinaire mieux inspiré, s'acharna à essayer d'obtenir l'aveu d'une erreur, sinon d'une faute), la fidélité à ses convictions mérite un coup de chapeau (3).


(1) Il n'a en revanche guère été noté que, d'une certaine façon, le Nobel de littérature avait lui aussi célébré un cinéphile, l'avant-dernier livre de Jean-Marie Gustave Le Clézio s'intitulant Ballaciner, ouvrage qui présente l'avantage d'être aussi vite lu qu'oublié.

(2) Il sera un peu plus étroit le jour, prochain n'en doutons pas, où sera adaptée à l'écran sa biographie, qui est loin d'être aussi indigente littérairement que de mauvais esprits l'ont sous-entendu en s'offusquant qu'un "non-écrivain" soit reçu à l'Académie française. 

(3) Par ailleurs, Simone Veil reproduit dans son livre le discours qu'elle prononça le 26 novembre 1974 à l'Assemblée nationale pour appuyer la dépénalisation de l'avortement. La meilleure manière de rappeler qu'elle n'est pas responsable des dérives qu'a connues la loi qui porte son nom, comme le démontre Thierry Bouclier dans La République amnésique (Éditions Rémi Perrin, septembre 2008).

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PAYSAGE FRANÇAIS

22 Décembre 2008, 00:22am

Publié par Mister Arkadin

Bien qu'ayant essayé de recenser de façon relativement complète les blogs français de cinéma (ici et ), je ne les fréquente que très irrégulièrement, par manque de temps plus que par manque d'intérêt, un désolant paradoxe me poussant à ne pas aller trop souvent visiter ceux que j'apprécie le plus, de peur d'être aspiré par la spirale infernale d'Internet, qui nous fait naviguer d'article en article, de lien en lien et d'heure en heure, sinon perdue, du moins évaporée ! Ainsi n'ai-je découvert que très récemment le billet Paysage(s), dans lequel Ludovic Maubreuil a lancé fin septembre un référendum sur le cinéma français de ces vingt dernières années : « Qu'y a t'il à sauver de ces vingt dernières années ? » Maubreuil y écrit très aimablement attendre ma réponse, que je n'ai par conséquent pu lui envoyer avant la publication des résultats.

Je la donne donc aujourd'hui, en trichant un peu. Ne pouvant me limiter à dix films, je donne d'abord les dix films qui me sont venus à l'esprit les dix premières minutes :

Van Gogh (Pialat)

Mon père ce héros (Lauzier)

Conte d'été (Rohmer)

Pour rire ! (Belvaux)

Smoking / No Smoking (Resnais)

Série de films produits par Chevallier sur Arte (en particulier Les Roseaux sauvages et L'Eau froide)

Laissez-passer (Tavernier)

Travaux. On sait quand ça commence... (Rouan)

Parfait amour ! (Breillat)

La Vie de Marianne (Jacquot ; film passé sur Arte, qui devait sortir en salles, ce qui ne fut jamais fait...)

Puis les dix films auxquels j'ai pensé à la lecture des listes des autres blogueurs ayant participé à ce sondage :

Germaine et Benjamin (Doillon ; version longue de Du fond du cœur passée en feuilleton sur Arte)

Un cœur en hiver (Sautet)

OSS 117 (Hazanavicius) et Un gars, une fille (Dujardin/Lamy/Camus/Jacques)

La Vie des morts et La Sentinelle (Desplechin)

De bruit et de fureur (Brisseau)

Un baiser s'il vous plaît (Mouret)

Le Parfum d'Yvonne (Leconte)

Marion (Poirier)

Veillées d'armes (Ophuls)

Level Five (Marker)

Un regret : plusieurs auteurs mentionnés ci-dessus pourraient figurer dans une liste des pires films pour certains de leurs films suivants (Breillat, Brisseau, Desplechin, Doillon, Leconte, Poirier, Resnais).

Un hommage : à Gérard Lauzier, pas seulement parce qu'il est récemment décédé, mais parce qu'il a réalisé un film que je tiens pour un miracle de finesse, anomalie dans sa filmographie, pour laquelle j'ai un faible inexplicable.

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"VIVE LUI !"

21 Décembre 2008, 05:01am

Publié par Mister Arkadin

Je me doutais que le feuilleton Stallone n'était pas près de se tarir ; c'est même ce que j'essaie de montrer dans cette série ! Je n'allais pas jusqu'à penser le reprendre à propos des listes des meilleurs films de l'année. Technikart de janvier 2008 (p.106), paru début décembre (à quand la liste de l'année à venir paraissant en janvier ?), célèbre John Rambo par le commentaire suivant : « Virtuose, limpide et surexcitant. Vive lui ! » Le magazine manque toutefois d'audace, le film de Stallone n'apparaissant qu'en neuvième position.


Les épisodes précédents sur ce blog :

Les défis de sylvester stallone

Stallone sur les traces d'eastwood

Stallone, la critique et le "cinéma des années reagan/bush"

Stallone et john rambo

« Le boxeur de cinéma, c'est Rocky »


Complément : Jean-François Rauger, dans Le Monde du 24 décembre 2008 (p.22) inclut lui aussi John Rambo dans la liste de ses films préférés de 2008, avec le commentaire suivant : "Sylvester Stallone, avec John Rambo, revient à un personnage qui a fait sa gloire. La sincérité candide du projet produit une fiction guerrière ultraviolente, affirmation naïve et nihiliste d'une permanence du mal." En cinquième position seulement, toutefois. Encore un effort, Jef, pour être tout à fait "moderne" !

 

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