WELCOME TO KAHN ?
A défaut d'avoir énormément fait parler de lui à Cannes avec son Adieu au langage, Jean-Luc Godard a une nouvelle fois réussi, dans un entretien donné au Monde (dont des extraits ont opportunément été repris par Le Parisien) (1), à distiller quelques formules bien senties qui lui ont valu de revenir sur le devant de la scène (et la vindicte des médias de la subversion subventionée et officielle). C'est en particulier sa déclaration selon laquelle François Hollande aurait dû nommer Marine Le Pen premier ministre à la suite des Européennes qui a retenu l'attention.
Bizarrement, quelques autres petites provocations disséminées dans le beau court métrage qu'il a envoyé à la direction du Festival de Cannes pour justifier son absence, Letter in motion by Jean-Luc Godard to Gilles Jacob and Thierry Frémaux (visible sur le site officiel du Festival), semblent être passées à peu près inaperçues. La première est pourtant assez "énorme" :
J'extrais quelques autres images de ce film, qu'il faut bien sûr voir "en mouvement", tant leur accompagnement sonore (voix de Jean-Luc Godard, extraits de films, musiques de films - par exemple quelques secondes du Dracula de Francis Ford Coppola sur l'image ci-dessus -, etc.) les met en valeur.
« [...] s'apercevoir qu'il y a apparemment dans l'esprit humain lui-même un élément capable de comprendre autrui, et aussi, d'engendrer du pouvoir.
On appelle habituellement cette faculté la logique.
Et elle intervient chaque fois que nous affirmons qu'un principe ou un énoncé possède en lui même une force probante, c'est-à-dire une qualité qui fait qu'on est véritablement contraint d'y souscrire. »
« je m'en vais au vent mauvais qui me porte de-ci, de-là » :
« Ceci n'est plus un film, bien que ce soit mon meilleur, une simple valse, mon cher Président, avec qui je vous souhaite de trouver en l'écoutant le vrai faux raccord avec votre prochaine destinée. »
« Amicalement à vous,
Jean-Luc Godard. »
Note :
(1) D'aucuns ont considéré que Le Monde minimisait le caractère "explosif" des déclarations de Jean-Luc Godard en notant que le titre ne faisait pas allusion au Front national : « Le cinéma, c'est l'oubli de la réalité ». Toutefois, l'entretien était annoncé en Une de la façon suivante : « Les provocations de Jean-Luc Godard »