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LJC DU 14 MARS 2019 : ACTUALITÉ DES FILMS ; MAURICE MARIAUD

14 Mars 2019, 21:38pm

Publié par Mister Arkadin

 

Les invités du "Libre journal du Cinéma" (LJC) du jeudi 14 mars 2019, que j’ai dirigé (émission préenregistrée), étaient Anne Brassié (journaliste et écrivain), pour évoquer l’actualité des films, et Frédéric Monnier (libraire et chercheur en histoire du cinéma), à l’occasion de la sortie de son livre Maurice Mariaud. Itinéraire d’un cinéaste des Buttes-Chaumont au Portugal (1912-1929) (préface de François Albera, Éditions de l’Afrhc) [1].

Parmi les films récents ont été conseillés :

- Le Mystère Harry Pick, de Rémi Besançon ;

- Green Book, de Peter Farrely ;

- La Chute de l’Empire américain, de Denys Arcand.

ainsi que la série Il Miracolo (diffusée début 2019 sur Arte).

Ont été déconseillés les suivants :

- Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu ?, de Philippe Chauveron ;

- La Dernière Folie de Claire Darling, de Julie Bertuccelli.

Les participants se sont abstenus de voir et ont invité leurs auditeurs à faire de même :

- Grâce à Dieu, de François Ozon.

Ont été également évoqués le coffret DVD Gaumont Le Cinéma premier (volume II : « L’école des Buttes Chaumont »), le documentaire Syrie. Du chaos à l’espérance (présenté à la Catho de Lyon le 20 mars 2019) et le dernier livre de Philippe d’Hugues Viva Cinecitta ! (préface de Jean Tulard, Éditions de Fallois).

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Note :

[1] Livre disponible à la bibliothèque de la Cinémathèque française (Paris, Bercy) et à la librairie Monnier (rue de Rome, Paris).

 

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CHRÉTIEN-MÉDIAS

5 Mars 2018, 12:55pm

Publié par Mister Arkadin

Il fut un temps, pas si lointain, où les avis d'un organisme catholique ("Chrétiens-Médias", si mes souvenirs sont bons, et antérieurement l'Office de je-ne-sais-plus-trop-quoi) figuraient à la fin des fiches de Télérama sur les films passant à la TV. 

Aujourd'hui, le même titre (ne parlons pas du même magazine) ne daigne pas donner son avis sur Jésus, l'enquête, sorti mercredi dernier, ni dans les pages du canard, ni dans son supplément "Sortir", ni sur son site Internet.

Au demeurant, guère passionnant, ce film, mais pas pire que la plupart des toiles qui encombrent les écrans, sorte de synthèse entre Zodiac et La Résurrection du Christ (où l'on remarque toutefois la présence en guest, pour une scène, de Faye Dunaway, assez ravagée, et de Robert Forster, assez transparent). Mais là n'est pas la question.

Au demeurant (bis), Télérama ne se distingue pas du reste de nos "grands médias", dont aucun ne semble avoir rendu compte du film, si j'en crois la section "Critiques presse" d'Allociné :

 

En revanche, une mobilisation, d'un petit nombre d'internautes mais très laudateurs, a eu lieu pour que la note attribuée par les "Critiques spectateurs" soit très élevée :

 

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« UN DE CES FILMS QUE PERSONNE NE VOIT AU CINÉMA »

28 Mars 2017, 10:59am

Publié par Mister Arkadin

Et si, somme toute, il y avait plus de cinéma dans Le Bloc (Gallimard, « Série noire »), le roman de Jérôme Leroy dont Lucas Belvaux s’est inspiré pour son film Chez nous :

p.25 : Tu n’auras rien choisi, en fait. As-tu le souvenir d’avoir pris une décision par toi-même ? D’avoir une seule fois vraiment dit oui ou vraiment dit non. D’avoir été autre chose que l’Ulysse de ta propre vie ? Et encore, un Ulysse sans Ithaque, seulement fasciné par les aléas du voyage. Pour un facho, toi qui aurais dû t’identifier au Triomphe de la volonté de Leni Riefenstahl, tu as plutôt l’impression de ressembler au Petit Soldat de Godard. D’ailleurs, le cinéma allemand, nazi ou pas, t’a toujours profondément ennuyé. Tu as toujours préféré la nouvelle vague et la comédie italienne.

p.44 : Tu as peut-être perdu conscience cinq ou six minutes, mais pas davantage, si tu en crois ta montre. Tu es toujours dans la même position, assis sur un canapé club devant le grand écran plat qui a renoncé un instant à diffuser ses images anxiogènes d’émeutes raciales pour les remplacer par des flashs de sport. Et c’est un match qui oppose entre elles des basketteuses sud-coréennes sur lequel tu tombes. Elles ont des moues concentrées dans l’effort et les cheveux graphiques asiatiques, vaguement sado-maso-bondage, que tu as appréciés, sois honnête, à une certaine période de ta vie.

p.47 : Tu tombais de surcroît à une bien mauvaise époque. C’était la mode de Rosemary’s Baby, de L’Exorciste et autres fantaisies cinématographiques satanistes qui remplissaient les salles obscures. Polanski et Friedkin furent sans doute pour beaucoup dans la façon dont votre vieille bonne t’interdisait de toucher aux tiroirs de la cuisine renfermant des couteaux et te préparait elle-même, d’un air craintif, ton goûter quand tu rentrais de l’école, puis du collège.

p.56 : Don’t Play that Song d’Adriano Celentano passait sur le juke-box. Septembre, comme souvent à Rouen, était très chaud. La Roumaine avait mis ses lunettes de soleil. Elles changèrent son visage mobile de musaraigne surdouée en celui d’une créature qui rappelait davantage les femmes fatales des films noirs que tu consommais sans modération à l’Ariel, le cinéma d’art et d’essai de la fac, à Mont-Saint-Aignan.

- Tu veux coucher avec moi ? J’ai une chambre, rue des Minimes. A deux pas.
Tu fus un peu surpris. Un peu mais en même temps tu savais que ce genre de chose allait bien finir par arriver. Tu étais encore puceau à vrai dire. Tu fus tenté d’en rajouter, de faire le malin, l’affranchi, de lui demander si ce n’était pas son côté maso, genre Portier de nuit, qui la rendait si rapide avec toi. Mais la perspective de passer enfin cette étape indispensable avec cette petite brune aux cheveux longs te fit sagement te taire.

p.117 : […] tu veux la voir en contre-plongée, tu veux le mouvement de ses cheveux noirs, chignon noir défait lui rendant un visage encore plus jeune, dans le clair-obscur de la chambre, ses cuisses enserrant ton bassin et se reflétant dans les miroirs de la chambre qui a l’ameublement d’un baisodrome pour call-girl de l’époque pompidolienne, genre Creezy de Félicien Marceau, avec une moquette épaisse, en laine vierge, des poufs orange et ces fauteuils poire où vous aimez baiser parce qu’ils prennent la forme de vos étreintes.

p.128-130 : Tu zappes, machinalement. L’alcool te chauffe les tempes. On passe Masculin-Féminin de Godard sur une chaîne cinéma du câble. Tu vas revoir Catherine-Isabelle Duport. Tu prends cela comme un heureux présage, en cette nuit pleine d’incertitudes.
Tu te souviens d’avoir emmené Stanko voir ce film dans un cinéma de Rennes, pendant que vous étiez à Coëtquidan. Il était autant intimidé par les potes avec lesquels tu allais voir cette rétrospective que par le cinéaste et sa réputation "intello". Stanko ne s’avalait que des blockbusters ou des séries Z gore. D’ailleurs, dans la salle à côté, cette année-là, on devait jouer un Romero, peut-être bien La Nuit des morts-vivants 2 et tu as deviné chez ce gamin, qui avait quelques années et beaucoup de diplômes en moins que vous, qu’il avait comme un regret à rentrer dans la salle obscure sous les regards de Chantal Goya, de Jean-Pierre Léaud et surtout de cette actrice disparue des écrans depuis, Catherine-Isabelle Duport.
Catherine-Isabelle Duport, c’était pour elle que tu avais vu ce film de Godard une bonne demi-douzaine de fois. […]

p.161-162 : […] n’importe quel Chinois de Belleville, qu’on avait connu rasant les murs et baissant les yeux pendant des années, maintenant, il se promenait en prenant des poses à la Chow Yun-fat dans les John Woo de la bonne période, la première.
Le nombre de fois, avec Antoine, qu’on a pu se faire des après-midis, chez lui rue La Boétie ou chez moi rue Brézin, portables fermés, à se regarder à la chaîne des VSH pourries de The Killer, d’Une balle dans la tête ou du Syndicat du crime I et II. Dans les rares bons moments de ma vie, dans ce top ten des meilleurs passages de notre vie sur terre que Dieu, s’il existe, doit te laisser te repasser en boucle pour l’éternité, et c’est ce qu’à mon avis on appelle le Paradis, il y a aura ces grandes heures de glande avec Antoine, ces moments volés, à vider des bières et à regarder Tequila sortir un bébé d’un hôpital investi par la maffia en tenant le chiard d’une main et le flingue de l’autre.
- Cette violence-là, elle est tellement stylisée, elle est tellement chorégraphique, disait Antoine, on n’arrive pas à y croire.
Je lui aurais bien dit que c’était quand même de la violence, que nous-mêmes nous étions des hommes violents et que cela ne changeait rien à l’affaire que le spectateur y croie ou pas. Mais je n’étais pas certain d’avoir raison ou même de pouvoir lui expliquer clairement ce que j’aurais voulu dire alors je préférais gardes mes réflexions pour moi.

p.170-174 : Masculin-Féminin défile devant tes yeux. Au moins tu n’as plus le compteur de morts sur l’écran. (…)

P.188-189 : Charles Versini te serra la main. Il était chaleureux et respirait une certaine bonne santé, ce qui n’était pas fréquent chez les fachos. Cette soirée te le prouvait encore. Beaucoup des invités avaient un défaut physique ou un handicap. La gueule brûlée de Brou, mais aussi tel type qui louchait, tel autre qui boitait, un autre encore avec une main atrophiée. Ce n’était pas Freaks mais la proportion était tout de même plus élevée dans une soirée normale.

p.202-204 : Ils n’ont pas fait de difficulté, après que j’ai fait basculer un stadier par-dessus une rambarde, pour m’emmener dans leurs bagnoles pourries, direction un squat de Liévin.
- Tu seras bien avec nous, ont-ils dit pendant le retour alors que la bière coulait à flots. Tu vas défendre la race blanche et tu vas même faire du cinéma !
Sur le coup je n’ai pas compris. Jusqu’à ce que je rencontre le Docteur.
J’ai raconté le Docteur à Antoine. Les snuff au bord de la Lys ou dans des villas vides du Touquet, l’hiver. On ne tuait pas, sauf la fois où Paslovski a pété les plombs. […]

p.218-219 : Brou t’accueillait. Étranger Brou, te disais-tu. Tu te souvenais de son appartement au petit matin et tu avais vaguement pensé, surtout avec l’affiche de recrutement pour la LVF qui participait de l’atmosphère, à cette scène des Damnés de Visconti quand les SA, après une nuit d’orgie, vont se faire massacrer par les SS au petit matin.

p.219 : « Toi qui aimes tant les bistrots, cette espèce en voie de disparition, aujourd’hui remplacée par des bars à thèmes pour bobos et par des brasseries franchisées pour cadres moyens, tu sais que même ceux qui survivent n’ont plus les mêmes bruits ni les mêmes odeurs. On n’entend plus les flippers, on ne sent plus la cigarette, il n’y a plus d’œufs durs sur le comptoir. Tu trouves même, parfois, que les voix, toutes les voix, n’ont plus la même tonalité, le même grain, et tu te demandes si tu ne vas pas te mettre un film de Sautet sur le lecteur de DVD pour vérifier cette impression. Les meilleures scènes de bistrot du cinéma français…

p.220 : Masculin-Féminin, se termine, Jean-Pierre Léaud est mort stupidement, les filles vont continuer à vivre et la chaîne câblée annonce qu’elle va passer une comédie pour trentenaires, jouée par des trentenaires pour des trentenaires, se passant exclusivement entre deux appartements de trentenaires dans un arrondissement de trentenaires. Un de ces films comme on en ait cinquante ou soixante par an, un de ces films que personne ne voit au cinéma. Tu te dis : comme de toute façon le monde de la culture hurlera à la mort quand vous entrerez au gouvernement, autant vous faire plaisir, épurer la commission d’avance sur recettes et en finir avec des merdes.

p.230 : Peu à peu, sous l’égide de Versini, tu te retrouvas à donner des conférences pour les membres du Bloc-Jeunesse, qui parfois étaient plus vieux que toi, sur des sujets aussi divers que l’autorité, les racines grecques de l’Occident, la pensée de la Tradition chez René Guénon, la lutte des classes chez Marx, mais aussi des choses plus amusantes : les romanciers hussards, Nimier, Laurent, Déon, Blondin, et la droite littéraire en général. Mieux encore, tu te livrais à des lectures politiques des films de Michel Audiard que tu visionnais grâce à ces engins, énormes et fascinants, qui venaient d’arriver sur le marché, les magnétoscopes.

p.234 : Maitron fut surpris : il regardait un porno sur un de ces fameux magnétoscopes. On aurait dit que la machine occupait la moitié du studio qui sentait une odeur sui generis plus abjecte que ce tu pourrais sentir plus tard à l’armée.
Maitron se branlait, le pantalon au bas des jambes. Elles étaient belles, les forces nouvelles !
Maitron se leva et évidemment tomba.
On ne frappe pas un homme à terre sauf quand il s’appelle Maitron.

 

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"WHICH (BASTILLE) DAY ?"

19 Juillet 2016, 23:31pm

Publié par Mister Arkadin

Comme annoncé par plusieurs journaux, notamment Le Figaro et Le Parisien, Bastille Day, contrairement à Moi, Olga, a été retiré de l'affiche, « à la demande du distributeur », ainsi qu'on peut le constater en ce mercredi 20 juillet au matin :

 

Cependant, si la décision aurait été prise dès la fin de la semaine dernière, ce film sur une attaque terroriste visant Paris était bel et bien encore visible le mardi 19 juin dans quelques-unes des 237 salles qui l'avaient intialement programmé :

Ce sera donc l'occasion de revenir sur la manière dont les États-Unis, et leurs affidés frenchis, entendent modeler les représentations en la matière.

 

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YVAN VOIT DOUBLE

5 Juin 2016, 00:04am

Publié par Mister Arkadin

Yvan Attal a réalisé Ils sont partout pour tourner en dérision les clichés sur les Juifs. La principale sinon l'unique réussite du film est l'intelligence avec laquelle il l'a judicieusement rendu d'une embarrassante bêtise (1), visant ainsi à contredire l'intelligence supposée des Juifs.
Quant à son personnage allant chez un psy pour se soigner de son obsession des Antisémites, comment ne pas y voir un hommage à son confrère Dieudonné et à son personnage de L'Antisémite, le "double inversé" (2) d'Yvan, puisqu'il allait chez un psy pour se soigner de son obsession pour les Juifs ?
Attal essaie aussi d'imiter l'humour juif de Dieudonné en se moquant de lui-même, mais y parvient beaucoup moins.
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Notes :
(1) on se demande dès le premier sketch si les scénaristes ont réfléchi une seule seconde en écrivant cette histoire d'une simili Marine Le Pen qui découvre un jour horrifiée que son mari est juif et pour laquelle c'est une épreuve de l'annoncer à son père, alors même que le mari de Marine Le Pen est précisément sépharade et que cela n'a jamais posé de problème au père Le Pen (qui en fit son directeur de cabinet). « Un Moati n'y aurait pas retrouvé ses Le Pen », remarque Causeur.
On appelle ça "se tirer une balle dans le pied" ; un peu comme ce pauvre Cantona, qui prétend que c'est par complaisance pour le racisme qui monte toujours en France (il n'a pas atteint le plafond, à force ?) que Deschamps, si suspect car au nom trop français, a écarté Benzema de la sélection nationale de balle au pied. Cantona est en effet le parfait contre-exemple de ce qu'il affirme, puisqu'il avait lui-même été écarté en son temps car sa personnalité risquait de déstabiliser l'équipe.
(2) pour reprendre une notion si prisée par les critiques des années 1970, notamment par Noël Simsolo dans La Revue du cinéma / Image et son.
 

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ART-EN-CIEL DISNEY : DIVERSION OU PERVERSION ?

22 Juin 2015, 01:34am

Publié par Mister Arkadin

Les thèses "complotistes" sur l’usage satanique que telle ou telle société secrète ferait des médias de masse, et en particulier du cinéma, m’ont toujours laissé quelque peu dubitatif, sinon pour le moins amusé. Aussi les messages subliminaux dont maints dessins animés, clips et chansons de variété anglo-saxonne regorgeraient ne m’ont-ils guère convaincu que leurs dénonciateurs avaient raison d’y voir plus que des blagues de potaches. J’ai souvenir que Tim Burton raconte s’être défoulé en réalisant son court métrage Vincent, d’après Edgar Allan Po, exaspéré qu’il était d’avoir à dessiner toute la journée durant des petits oiseaux et de doux lapins quand il travaillait pour les ateliers Disney. Des réalisateurs ne peuvent-ils avoir glissé quelques dessins horrifiques, coquins, voire pornographes dans les films de cette firme pour se divertir un peu, plus que par volonté de pervertir la jeunesse ? Faut-il voir dans le phénomène plus qu’un exutoire ? De même dans les messages, pour le coup pas du tout subliminaux, des groupes de hard rock que j’écoutais dans ma jeunesse (Hell ain’t a Bad Place to Be, d’AC/DC étant l’exemple cardinal, où il n’était point besoin d’aller chercher un sous texte ou de passer la bande à l’envers pour y découvrir le sens caché) et qu’il m’arrive encore d’écouter avec plaisir (tiens, pourquoi ne pas s’écouter un petit Whole Lotta Rosie de derrière les fagots ?).

Ceci explique qu’aujourd’hui que j’en aurais besoin, je n’arrive pas à remettre la main sur le livre Illuminati. De l’industrie du Rock à Walt Disney : les arcanes du satanisme (Éditions du Salat, 2012), que son auteur, Laurent Glauzy, croisé au sortir d’un studio de radio, m’avait très aimablement envoyé, bien que je lui eusse dit que le sujet, pour passionnant qu’il était probablement, n’était pas au centre de mes préoccupations présentement. Oserais-je écrire que j’eus l’impression d’être confronté à un aussi gentil que fantaisiste hurluberlu, ce que les titres de ses autres ouvrages paraissaient amplement confirmer (1) – à moins qu’il ne faille faire la part dans cette réaction de la prévention, du refus d’être dupe de théories fumeuses que se doit de manifester tout "esprit fort". Car si, par courtoisie, je m’étais tout de même promis de lire le livre reçu (108 pages, me renseigne Internet, ce n’était pas la mer à boire), force est de constater qu’il a rejoint l’une des nombreuses piles d’ouvrages mis de côté qui jonchent mon appartement, rangés, plutôt moins que plus, parmi les "à consulter plus ou moins prochainement", où le "moins" l’emporte à nouveau de beaucoup sur le "plus".

 

Or, je n’ai pu m’empêcher d’y repenser en voyant le dernier Pixar, dont l’absorption par Disney ne fait désormais plus aucun doute. La mièvrerie du film, ses couleurs aussi laides que criardes, sa saveur de bonbon acidulé mal dosé, le faible marquage sexuel du personnage principal (2), son sentimentalisme dégoulinant, le primat de l’émotionnel comme moteur quasi exclusif des actions humaines renvoient-t-ils uniquement à l’univers Disney ou n’est-il pas d’imprégnation franchement LGBT ? N’avons-nous pas affaire à un film de propagande propre à combler d’aise un Frédéric Martel [1] ?

Si le film vous enchose aussi profondément que moi, prenez votre mal en patience en jouant à un petit jeu : comptez le nombre d’apparition du drapeau arc-en-ciel qu’affectionne tant le mouvement LGBT et que l’on retrouve sur la couverture d'un livre du susdit, Global Gay. Comment la Révolution gay change le monde (3). Les cinq plus évidents : les couleurs des cinq personnages représentant les émotions qui régissent le comportement de Riley ; le polo de la fille à son arrivée à San Francisco (4) ; l’insigne qu’arbore son protecteur imaginaire (Bing Bong) ; la trainée derrière le véhicule de ce dernier ; la licorne Arc-en-ciel.

On l’aura compris au nom de ce dernier personnage, la propagande n’est pour le moins guère subliminale dans ce Vice Versa : l’esthétique et la thématique gays n’y sont pas abordés en douce, mais frontalement. De tout le film suinte cette atmosphère. Aussi ne soyez pas surpris par cette traduction bizarre du titre original, Inside / Out. L’un et l’autre renvoie au même univers.

Les distributeurs français ont choisi une expression chérie par "la communauté" (5) : remember le bar lillois dont les médias ont si abondamment et opportunément relayé l’attaque qu’il subit durant les débats sur le mariage gay.

Quant au titre amerloque, la référence est encore plus explicite. Il n’est que de lire la description qu’Amazon donne du livre Inside / Out. Lesbians Theories, Gay Theories (edited by Diana Fuss, Routledge, Chapman and Hall, Inc., 1991) : « Lesbians and gays have gone from "coming out," to "acting up," to "outing," meanwhile radically redefining society's views on sexuality and gender. The essays in Inside/Out employ a variety of approaches (psychoanalysis, deconstruction, semiotics, and discourse theory) to investigate representations of sex and sexual difference in literature, film, video, music, and photography. Engaging the figures of divas, dykes, vampires and queens, the contributors address issues such as AIDS, pornography, pedagogy, authorship, and activism. Inside/Out shifts the focus from sex to sexual orientation, provoking a reconsideration of the concepts of the sexual and the political. » [2]

"a reconsideration" : comme ces choses-là sont bien dites. Et comme elles sont bien faites par l’oncle Sam dans sa production à destination des chères têtes blondes ! « La technique invasive d'une imagerie façonnant l'esprit d'un vaste public au point de décider de représenter cet esprit lui-même, c'est ici le dernier tour de force et l'ultime tyrannie de l'entreprise Pixar dans sa douce expansion colonisatrice », comme le dit Didier Péron dans son papier de Libération (17 juin 2015, p.27), de façon aussi pertinente qu'imprécise (puisque ladite imagerie n'est décrite que de manière superficielle). [3]

Quoi qu’il en soit, après l’aussi éprouvant À la poursuite de demain (6), cela fait deux de chute, parmi mes cinéastes d’animation préférés, Brad Bird, le réalisateur des excellents Les Indestructibles et Ratatouille, s’étant essayé en vain au film avec acteur réel et Pete Doctor, responsable des formidables Wall-E et Là-haut (7), ayant fini par se laisser engluer dans la gangue disneyenne.

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Notes :

(1) Extraterrestres, les messagers du New Age ou Du mystère : ça vous a-t-y pas des airs de douce dinguerie ?

(2) Défini comme une fille ("She", ai-je entendu, si mes souvenirs sont bons), il porte cela va de soi un prénom aussi bien féminin que masculin, Riley, qui est celui d’un personnage masculin de la série tv Buffy contre les vampires, interprété par Marc Blucas. Il était aussi celui de B.B. King.

En revanche, sa pratique du hockey sur glace, sport assez viril, que j’ai cru identifier comme un indice flagrant de la volonté de masculiniser cette Riley, n’est point probante. Il semble en effet en vogue chez les femmes depuis assez longtemps en Amérique du Nord.

(3) Ce livre a été suivi d’un documentaire au sous-titre plus gnan-gnan, opérant de la sorte un renversement du point de vu présenté, d’offensif à défensif : Global Gay : pour qu’aimer ne soit plus un crime.

(4) Paradoxe d’une production Disney, ménageant la chèvre et le chou (pour tromper son monde ?) : cette ville, parfois considérée comme « la patrie des homos », y est présentée comme d’une infinie tristesse pour l’héroïne, qui souhaite retourner dans le Minnesota de son enfance heureuse, quitte à fuguer, avant de se raviser pour trouver du réconfort dans les bras de papa-maman.

(5) « Vice Versa (1947–1948), subtitled "America's Gayest Magazine", is the earliest known U.S. periodical published especially for lesbians, as well as the earliest extant example of the lesbian and gay press in that country », nous apprend Wikipedia.

(6) L'objet de ce film est encore plus flagrant que celui de Vice Versa : préparer les esprits à la cohabitation robots / humains (thème à la mode - cf. Ex Machina), en rendant plausible une relation sentimentale entre les deux.

(7) Les dix premières minutes de ce film sont les plus belles qui m’aient été données de voir à l’écran sur la vie d’un couple.

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Compléments :

(30 juin 2015)

[1] Suite à la décision de la Cour Suprême d'imposer le mariage gay dans tous les états des USA, celui-ci a diffusé un message "Gay Marriage Victory in the US" pour promouvoir trois articles publiés sur le sujet :

- "A la veille de la Gay Pride, un "Stonewall juridique" ce vendredi 26 juin : la victoire du mariage gay"
- "La victoire gay de Barack Obama"

- "Tour du monde de la question gay en 22 pays friendly et 80 pays homophobes"

[2] Arte a diffusé le samedi 27 juin 2015, à 22h20, le premier volet du documentaire Tellements ! Homosexualité et pop culture. Son titre : "Inside". Le titre du second, qui passera le samedi suivant : "Out".

[3] Jo Biden aurait remercié Hollywood, et en particulier ses dirigeants juifs, pour son action en faveur du marriage gay : news anglo-saxonne ; traduction française.

(14 juillet 2015)

[4] Qui apporte son soutien le plus enthousiasme à la propagande LGBT ?

(14 septembre 2016)

On ne pourra pas dire que l'industrie du spectacle n'a pas un beau projet pour nos chères petites têtes blondes : 

(3 décembre 2016)

Ce projet rejoint celui du cosmopolitisme prôné d'un peu partout, auquel Guy Sorman a donné l'orientation arc-en-ciel à la mode : « L'immigration légale ou non se poursuivra, le métissage intérieur continuera et la nouvelle race américaine, arc-en-ciel, se substituera nécessairement à la résistance des mâles blancs » (Le Monde, 11 novembre 2016 ; cité par Faits & Documents, n°424, 15-30 novembre 2016, p.4).

 

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POUR QUE LA SORTIE DE "SEA FOG" NE RESTE PAS CLANDESTINE

6 Avril 2015, 15:47pm

Publié par Mister Arkadin

En début d'année, je m'étais promis de publier un billet sur tout film que j'aurais vu en salle, même de quelques lignes, voire quelques mots seulement. J'ai beau me réciter tel un mantra une maxime de Michel Leiris citée récemment par Bruno de Cessole (« Il ne faut pas attendre d'être inspiré pour écrire, mais écrire pour être inspiré »), cette bonne résolution est bien entendu restée lettre morte (1).

Et même quand quelques idées me viennent, je n'ai pas forcément le temps, la volonté, la discipline, etc., pour les coucher sur le clavier. Ainsi en est-il pour Sea Fog (Les Clandestins), vu en avant-première au très chouette club de l'Étoile quelques jours avant sa sortie le 1er avril.

Le film mérite largement d'être signalé à l'attention des cinéphiles, mais ce qui me décide à le faire est le constat d'une sortie en catimini, dans quatre salles seulement (uniquement à Paris, qui plus est), parmi dix-sept autres films (2), quatre d'entre eux trustant les écrans (le pétaradant et pas désagréable Fast & Furious 7, l'ultra-médiatisé Journal d'une femme de chambre, actrice absolument pas favorisée par le nom qu'elle porte oblige, Suite française, le WWII-movie de la semaine, et Shaun le mouton, qui ne passe lui aussi, en ce qui concerne la région parisienne, qu'à Paris - en vo s'entend) [1].

Dès lors, n'attendez pas trop pour y aller, car, à moins que les chiffres des premiers jours aient été exceptionnellement bons (ce dont on peut douter, vu le faible nombre d'articles consacrés au film, et leur taille réduite) (3), voici encore un film qui n'aura fait qu'un petit tour, et puis s'en va.

Ma réception de ce film fera l'objet d'un deuxième billet, comme disait Jean-Paulo.

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Notes :

(1) Si le temps me le permet cet été, je reviendrai à ce moment-là sur chacun des films vus.

(2) Loin de moi l'idée de déplorer cette profusion, vu qu'elle ne nous provient pas que d'outre-atlantique, loin de là.

(3) C'est le Canard enchaîné qui l'a distingué le plus nettement, le plaçant en tête de sa rubrique Cinéma - mais celle-ci ne comporte que des textes brefs, ce n'est donc pas cela qui doit avoir beaucoup capter l'attention, dans un journal qui n'est guère lu pour cette rubrique. Autres journaux ayant favorablement accueilli le film : Le Figaro, Le JDD, 20 Minutes, et quelques autres. Rien en revanche dans L'Humanité et Le Parisien.

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Rectification :

[1] Encore ne s'agirait-il là que d'une astuce pour attirer quelques snobs dans mon genre, réfractaire à la vf, en les appâtant avec l'annonce d'une vo qui ne peut guère se distinguer de la vf vu que les personnages du film sont muets (y a-t-il seulement eu deux versions du film diffusées en salles) ?

 

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UNE NUIT ENTOURÉE DE DEUX JOURS

21 Juin 2014, 12:17pm

Publié par Mister Arkadin

http://www.payot-rivages.net/couvertures/bassedef/9782228911177.jpg

Dans son dernier livre, La Véritable Histoire des plus beaux aphorismes, l'excellent Dominique Noguez (1) attribue à Francis Picabia la sentence suivante : « L'optimiste pense qu'une nuit est entourée de deux jours, le pessimiste qu'un jour est entourée de deux nuits. »

Ne s'applique-t-elle pas parfaitement au dernier Dardenne (2), Deux jours et une nuit, un bon crû, puisque je lui accorderai volontiers, quoique peut-être un peu généreusement, un 5/10 ?

http://fr.web.img1.acsta.net/pictures/14/04/25/14/55/490001.jpg 

 


Notes :

(1) Dans son abondante production, mon préféré est l'hilarant Comment rater complètement sa vie en onze leçons, qui comprend un chapitre sur le cinéma, où, pour résumer, il est conseillé, pour réussir à coup sûr, de suivre en tous points l'exemple de Bernard Lévy.

(2) On lira avec profit l'entretien qu'ils ont donné à Positif (n°639, mai 2014, p.11-15), qui est un modèle d'exposé des problèmes de réalisation et de mise en scène auxquels se trouvent confrontés des cinéastes.

http://www.payot-rivages.net/couvertures/bassedef/9782743611583.jpg

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