Comme on pouvait s’y attendre, la presse de la droite nationale fut la plus prompte, et pratiquement la seule, à rendre compte du recueil des écrits de cinéma de Lucien Rebatet auquel j’ai contribué, mis à part l’éditeur Raphaël Sorin, le premier à s’être manifesté, sur un blog hébergé par Libération.
Quelques publications plus universitaires (une en outre spécialisée en cinéma) s'y sont cependant aussi intéressées.
INTERNET :
- Sorin (Raphaël), « Lucien Rebatet, toujours infréquentable ? », "Les divagations de Raphaël Sorin", 18 décembre 2009 ; reproduit sur le site "Ring", où l'article est également commenté lors d'un entretien (le 29 mars 2010) et sur le blog "Images volées des temps enfouis" le 16 juin 2010
- Buster, « T'occupe ! L'oeil de Vinneuil », "Balloonatic", 17 mai 2010
- Dreneau (Thomas), « Lucien Rebatet. Pour le septième art », revue électronique Arès
- Vernet (Guillaume), « Comment rééditer Lucien Rebatet », "Non-Fiction" , 14 juillet 2010 (annoncé en tête de la page d'accueil du site) ; en partie reproduit, sous le titre « Un nazi français réhabilité », sur le blog de Jean Lévy, pour lequel « publier, aujourd'hui, les articles d'un tel individu, qui aurait été fusillé s'il ne s'était pas réfugié chez Franco [sic], à la Libération , démontre la volonté de l'élite européenne [re-sic], qui nous gouverne, de réhabiliter le fascisme en tant que tel au nom de l'anticommunisme »
- Assouline (Pierre), « Rebatet alias Vinneuil : "le cinéma est une arme de guerre" », "La République des livres", 22 juillet 2010
- Alapetite (Bernard), « N'oublions pas Lucien Rebatet », "Images volées des temps enfuis", 24 juillet 2010 ; en réaction au précédent, qui est reproduit
PRESSE [cliquer sur les articles scannés pour les voir en entier] :
- « Rebatet-Vinneuil », Rivarol, n°2925, 30 octobre 2009
- Prieur (Joël), « Quand Lucien Rebatet se faisait des films », Minute, 23 décembre 2009, p.14
- Laudelout (Marc), « Lucien Rebatet, critique cinématographique », Le Bulletin célinien, 29ème année, n°315, janvier 2010, p.14-15
- Faits & Documents, lettre d’informations confidentielles d’Emmanuel Ratier, n°289, 15-31.1.2010, p.10
- Moudenc (P.-L.), « Le cinéma de Lucien Rebatet », Rivarol, n°2937, 29 janvier 2010, p.15
- Eibel (Alfred), « Pertinent : Quatre ans de cinéma (1940-1944) », Valeurs actuelles, 11 février 2010, p.59
- « Note de lecture », Réfléchir & Agir, n°34, hiver 2010, p.54
- Azalbert (Nicolas), « Rebatet sorti des décombres », Cahiers du cinéma, mars 2010, p.50.
- Multeau (Norbert), « Rebatet : un anarcho-fasciste au cinéma », La Nouvelle Revue d’Histoire, n°47, mars-avril 2010, p.24-25.
- Maubreuil (Ludovic), « Rebatet précurseur de la Nouvelle Vague », Éléments, n°135, avril-juin 2010, p.18.
- Bergeron (Francis), « Rebatet et Tulard amoureux du cinéma », Synthèse nationale, n°18, mai-juin 2010, p.93-96
Le hasard des programmations d’éditeurs a fait sortir simultanément deux gros livres sur le cinéma, le Dictionnaire amoureux du cinéma, de Jean Tulard, et Quatre ans de cinéma (1940-1944), de Lucien Rebatet. Ces deux ouvrages sont sur ma table de nuit, et je ne me lasse pas, chaque soir, d’en lire quelques pages.
Membre de l’Académie des sciences morales et politiques, professeur émérite à la Sorbonne, Jean Tulard, est un auteur passionné, avec des passions incroyablement éclectiques. On connait de lui ses ouvrages, qui font systématiquement référence, sur la bande dessinée, le roman policier, Napoléon, la Révolution et l’Empire, et aussi sur le cinéma, bien entendu. Ses différents dictionnaires du cinéma, son Guide des films en trois volumes, sont des « incontournables ». Il n’est pas étonnant que Jean-Claude Simoen, directeur de collection chez Plon, ait pensé à lui quand il s’est agi d’ajouter un livre sur le cinéma dans sa célébrissime collection des « dictionnaires amoureux ».
Les dictionnaires amoureux, on en a compris à présent la recette : trouver un thème fédérateur, faire écrire une sorte de mini-dictionnaire avec deux ou trois cents entrées, par un auteur (pas forcément un professionnel de l’écriture) ayant des liens très étroits avec le sujet, une forte notoriété et une forte crédibilité, au regard de ce thème. Cela nous donne par exemple (pour citer des auteurs plutôt sympathiques) Jean des Cars parlant des trains, Christian Millau de la gastronomie, Frédéric Vitoux des chats, Paul Lombard de Marseille, Denis Tillinac de la France, Jacques Vergès de la justice ou Dominique Venner de la chasse. Le Dictionnaire amoureux du cinéma est un pavé de plus de 700 pages qui, de A comme Actualités à Z comme Zorro, nous livre toutes les « petites madeleines » de Jean Tulard.
Lucien Rebatet, inutile, sans doute de le présenter aux lecteurs de Synthèse nationale. Mais peut-être ignorent-ils, ces mêmes lecteurs, que, sous le pseudonyme de François Vinneuil, l’auteur des Décombres, des Mémoires d’un fascisteDeux Etendards fut aussi un formidable critique de cinéma. Ses articles dans L’Action française et Je Suis Partout, avant-guerre, dans Dimanche-Matin, L’Auto-Journal et Le Spectacle du monde, après guerre, en font l’un des meilleurs, l’un des plus grands, dans cette spécialité. Les éditions Pardès viennent de publier en un recueil de 400 pages les critiques de la période de l’Occupation. Pourquoi commencer par cette époque ? Philippe d’Hugues, le maître d’œuvre de l’ouvrage (assisté pour l’occasion par Marc Laudelout, Philippe Billé et Pascal Heu), explique dans la préface que les années d’Occupation furent des années d’effervescence, qui ont donné lieu à une « extraordinaire renaissance du cinéma français ».et que sur cette période Rebatet-Vinneuil fit preuve d’un flair fameux : « Il est frappant de voir, cinquante ans après, que ces choix, opérés avec fougue, dans l’emportement d’une période aussi bouleversée, sont confirmés presque textuellement par les meilleurs connaisseurs d’aujourd’hui ». et des
Parce que Tulard est précisément l’un de ces fameux « meilleurs connaisseurs », parce qu’il découvrit le cinéma sous l’Occupation, il est amusant, bien évidemment, de confronter ses jugements du Dictionnaire amoureux avec les critiques de Vinneuil portées à chaud. C’est un exercice qui confirme les géniales intuitions de ce dernier. Par exemple dans le film Les Visiteurs du soir, Vinneuil juge l’acteur Jules Berry « d’un prodigieuse originalité, étincelant, volubile, humoriste (…), l’une des plus étonnantes compositions de sa carrière ». Qu’en dit Tulard, soixante-cinq ans plus tard ? « Il fut d’abord (…) le Diable des Visiteurs du soir, un diable jouant avec le feu, et finalement un bon diable face à des amoureux godiches (…). Elégant, désinvolte, tourbillonnant, il volait la vedette aux jeunes premiers, bien fades (…) ».
Autre exemple : Tulard (dans un article émouvant, comme est émouvant son article sur l’acteur Le Vigan) classe Henri-Georges Clouzot parmi les meilleurs réalisateurs français, et le qualifie même de génie. Dans un article du 8 octobre 1943, Vinneuil écrivait : « Henri-Georges Clouzot est un des huit ou dix jeunes auteurs d’indéniable talent qui se sont révélés depuis l’armistice dans le cinéma français ».
Arrêtons-nous là. Le lecteur pourra se livrer lui-même à ce petit jeu, sous réserve de se procurer ces deux ouvrages (cinq kilos de lecture environ !).
Notons d’ailleurs que, page 213 de son Dictionnaire amoureux, Tulard, évoquant « les trois cent douze critiques de cinéma ayant compté », cite lui-même Rebatet-Vinneuil (ainsi que Brasillach).
Si je devais conseiller un troisième livre, à lire actuellement sur le cinéma, je suggérerais celui de Dominique Borde, Roman du cinéma français (1960-1970), qui vient de paraitre aux Edition du Rocher. Dominique Borde, qui fut très longtemps critique de cinéma au Figaro, et qui a bon esprit, nous raconte ce second âge d’or du cinéma français.
Fermez les yeux, et alignez sur le papier tous les noms de films, d’acteurs, de réalisateurs français, qui vous viennent instantanément à l’esprit, concernant les années 60. Pour moi, cela donne par exemple Le Trou, Le Feu follet, La Ligne de démarcation, Paris brûle-t-il ?, Les Demoiselles de Rochefort, Les Tontons flingueurs, Un Singe en hiver, L’Homme de Rio, Le 317e Section, Week-end à Zuydcoote, Le Caporal épinglé, Le Cave de rebiffe, La Cité de l’indicible peur, La Grande Vadrouille, Les Aventuriers, L’Armée des ombres, Le deuxième souffle, Le Cercle rouge, Le Franciscain de Bourges, La Horse, Ma Nuit chez Maud et aussi Belmondo, Lautner, Audiard, Delon, Verneuil, Enrico, Melville, Dufilho, Ventura, Rohmer etc. Une avalanche de chefs d’œuvres et d’acteurs et réalisateurs de premier plan.
Quel rapport, allez-vous me demander, entre le cinéma de 1940 à 1944, celui des années 1960, et le thème général de ce numéro de Synthèse nationale consacré à la résistance au mondialisme ? Aucun, sans doute.
Notons toutefois que les deux âges d’or du cinéma français ont correspondu à deux époques où les circonstances de l’histoire de notre pays ont conduit cette industrie à chercher dans ses propres ressources – et pas ou peu ailleurs – les talents, et les fondements de son inspiration. Une petite leçon à méditer, en passant.
- Beaupte (Gilles de), « Histoire cinématographique », Le Choc du mois, n°37, mai 2010, p.66.
- Bourget (Jean-Loup), « Rebatet dans la Pléiade ? » (rubrique « Chantier de réflexion »), Positif, n°591, mai 2010, p.59-61 (annoncé en une).
- Y.A. (Yves Avril), compte rendu, Bulletin des lettres (Lyon), n°692, juin-juillet 2010, p.51
- Références de l'ouvrage données dans la section « Livres choisis », Commentaire, n°130, été 2010, p.569 : « L. Rebatet. - Quatre ans de cinéma (1940-1944). (Textes réunis, présentés et annotés par Ph. d'Hugues, Pardès, 2010, 409 p.) »
- Astruc (Alexandre), « Rebatet ou La nostalgie n'est plus ce qu'elle était », Commentaire, n°13, hiver 2010-2011, p.1131-1132
- Un compte rendu était envisagé dans la revue Transfuge, mais ne paraîtra finalement pas.
- Albera (François), 1895 (revue de l'Association française de recherche en histoire du cinéma), n°62, décembre 2010, p.181-184 ; du même, « Édition critique, critique de l'édition », ibidem, p.177-179.
- Forestier (François), « Les infâmes critiques cinéma de l'infâme Rebatet », L'Obs, 30 juillet 2021
RADIO :
- « Libre journal des historiens » (Bernard Lugan), Radio Courtoisie, jeudi 10 décembre 2009, de 19h30 à 21h00 : Philippe d’Hugues (critique et historien du cinéma), pour ses deux derniers livres, Agenda du cinéma français 2010 (Éditions NRH) et Quatre ans de cinéma (1940-1944), recueil des écrits sur le cinéma de François Vinneuil (Éditions Pardès) - Enregistrement
- « Libre journal du cinéma » (Philippe d’Hugues), Radio Courtoisie, 24 décembre 2009 : Actualité des publications, par Philippe d’Hugues - Enregistrement
- « Libre journal de la Résistance » (Emmanuel Ratier), Radio Courtoisie, mercredi 13 janvier 2010, de 19h30 à 21h00 : Philippe d’Hugues et Pascal Manuel Heu (historiens et critiques de cinéma), pour le livre Quatre ans de cinéma 1940-1944 (Éditions Pardès), recueil d’écrits sur le cinéma de Lucien Rebatet, préfacé par le premier, postfacé par le second - Enregistrement
- Libre journal du cinéma (Philippe d’Hugues), Radio Courtoisie, 21 janvier 2010 : Actualité des publications, par Philippe d’Hugues et Pascal Manuel Heu - Enregistrement
- « Libre journal de Claude Giraud » (Christian Brosio), Radio Courtoisie, jeudi 28 janvier 2010, de 19h30 à 21h00 : « Lucien Rebatet : "Quatre ans de cinéma (1940-1944)" », avec Philippe d'Hugues (critique et historien du cinéma ; auteur de la préface du recueil des écrits de Lucien Rebatet sur le cinéma), Gilles de Beaupte (professeur de philosophie ; président des Études rebatiennes) et Arnaud Guyot-Jeannin (journaliste) - Enregistrement
- « Libre journal de la nuit » (Paul-Marie Coûteaux), Radio Courtoisie, mercredi 3 février 2010, de 21h30 à 23h00 : « Actualité cinématographique », avec Benoît Gousseau, (rédacteur en chef de Politique Magazine, critique littéraire)
- « Livre du jour : Trésors en poche » (Anne Brassié), Radio Courtoisie, jeudi 4 février 2010, de 10h45 à 11h30 : Philippe d’Hugues (critique et historien du cinéma), principalement à propos de l’ouvrage Histoire des lettres en France : le pré-Moyen Age & Deux poètes oubliés : Saint Avit et Fortunat de Robert Brasillach publié aux Editions de La Reconquête, mais aussi des ouvrages de Lucien Rebatet, Quatre ans de cinéma (1940-1944), chez Pardès, Les tribus du cinéma et du théâtre, également publié aux Editions de La Reconquête
- « Libre journal de l’Identité » (Pierre-Alexandre Bouclay), Radio Courtoisie, vendredi 12 mars 2010, de 12h00 à 13h30 (de la quarantième à la quarante-cinquième minutes) : « Baguenaudage dans la littérature identitaire », notamment avec Arnaud Guyot-Jeannin, qui recommande Quatre ans de cinéma - Enregistrement
- « Libre journal des Lycéens » (Xavier Delaunay), Radio Courtoisie, samedi 13 mars 2010, de 12h00 à 13h30 : « Que voir au cinéma ? », avec Arnaud Guyot-Jeannin (journaliste), Pascal Manuel Heu (chercheur en histoire du cinéma et critique) et Pascal Lassalle (historien) - Enregistrement
En bonus, quelques anciennes émissions sur Lucien Rebatet :
- Radio Courtoisie, « Libre journal de Patrick Peillon », 9 juin 1994, avec Philippe d’Hugues et Jean-Paul Angelleli : face A ; face B
- Radio Courtoisie, « Libre journal des Lycéens », 27 février 1993, avec Rémi Perrin : face A ; face B
Attention : les débuts de chaque enregistrement sont très mauvais ; la suite un peu meilleure.
- Cassette Raimu : face A ; face B ; extrait Rebatet (« Raimu l’irremplaçable »)
Complément : enregistrement d'une émission sur Lucien Rebatet, principalement le romancier, avec les deux responsables des "études rebatiennes", Gilles de Beaupte et Nicolas Degroote, "Libre journal des Belles Lettres", animé par Alain Lanavère, Radio Courtoisie, 23 septembre 2011.