Mister Arkadin

« ENVIE D'AIMER », À L'AVANCE ?

9 Septembre 2008, 20:59pm

Publié par Mister Arkadin

J’ai dit, dans « Les critiques auxiliaires du marketing », combien certaines pratiques me paraissaient susceptibles de déconsidérer la corporation des critiques de cinéma. L’une d’elles est l’utilisation, dans les placards publicitaires annonçant la sortie d’un film, d’extraits de critiques n’ayant pas encore paru. Il semble presque parfois que les distributeurs arrivent à se procurer les textes avant même qu’ils ne soient écrits !

Que Version femina soit convoqué dans le Journal du dimanche (7 septembre 2008, p.29), pour faire la réclame d’un film sortant le 17 septembre prochain, pourquoi pas, à la limite, puisqu’il s’agit de son supplément. Que les promoteurs de Parlez-moi de la pluie sachent déjà qu’il s’agirait du « coup de cœur de la rentrée » du Figaro, why not, ce quotidien ayant publié une page sur les films à venir. Le Nouvel Observateur a-t-il fait de même, pour que la pub lui fasse dire que serait « un film qui donne envie d’aimer » (les notes d’intention de Bacri/Jaoui et leur bande annonce donnent surtout envie de fuir !) ?

Si mes souvenirs sont bons, durant sa polémique contre la critique des années 1999-2000, Patrice Leconte (1) exprima le souhait qu’aucune critique négative ne paraisse avant la semaine suivant la sortie du film. Préalablement à la question de savoir si cette demande pourrait être recevable, il faudrait qu’aucune phrase de critique ne soit utilisée par la réclame avant même la sortie des films.


(1) J’aime bien Patrice Leconte, mais aller raconter, comme il le fait dans Le Parisien d’aujourd’hui, qu’il voyait les gens se tordre de rire dès qu’il pénétrait dans les salles projetant Les Bronzés 3, dont il assure la promotion pour son passage à la télévision, est un peu fort de café. Il avait au contraire été démontré qu’un film pouvait faire énormément d’entrées malgré un très mauvais bouche-à-oreille (ou alors, on pourrait parler d’un bon bouche-à-oreille y compris quand les gens en ont dit du mal, pour autant qu’ils soient nombreux à l’avoir fait, les publicitaires sachant bien qu’il importe par dessus tout que l’on parle le plus possible de leur produit, que ce soit en bien ou en mal).