DÉVERGONDAGE DE "JEUNE CINÉMA" ?
Quand Lucien Logette, rédacteur en chef de la plus vaillante que jamais revue Jeune cinéma, à laquelle j’ai l’honneur de collaborer de temps en temps, diffusa un index de JC, je lui fis remarquer qu’en quelques trois cents numéros, on comptait les articles ayant trait à l’érotisme ou à la pornographie sur les doigts d’une main (et encore, peut-être celle d’un personnage des 39 marches, magnifique Hitchcock anglais qui ressort en ce moment à Paris). Aussi m’empressai-je de lui proposer « Max Pécas metteur en scène, un auteur méconnu », article publié dans JC au printemps 2007 (n°308/309, p.48-51). Le dernier JC (n°329-320, printemps 2009) semble répondre d’une autre façon à ma remarque. L’érotisme habituel, discret et distingué, y est bien sûr présent, grâce à une typologie des « jeunes filles d’Éric Rohmer » et avec une splendide et rare photo de Krystyna Stypułkowska en une, des photos plus connues de Louise Brooks et Gene Tierney pages 138 et 140, le « plaisir des amateurs » étant complété en quatrième de couverture, quoique la photo choisie, au demeurant fort belle, soit l’une des plus chastes que l’on pouvait trouver de Jennifer Jones.
Quelle n’a pas été notre surprise de découvrir, pages 78-79, des donzelles carrément nues, sous l’objectif d’Harold Lloyd qui plus est ! Oh, ce n’est pas encore du franc racolage, la route est longue, mais "Jeune cinéma" deviendrait-elle presque aussi libidineuse que le présent site ? Pas de quoi fouetter un chat en chaleur, certes, mais, hasard ou coïncidence, il se trouve que, parallèlement, l’excellent Philippe Roger rend compte d’un film intitulé Polissons et galipettes (deconstructed) dans ses indispensables « glanures » et que Lucien Logette note qu’une récente Encyclopédie des longs métrages de fiction recense « tous les films produits en France durant les cinquante premières années du parlant, y compris films pornographiques ». Même l’ô combien sérieux professeur émérite Alain Virmaux signale l’existence de photos de nu dont il fait mine de ne pas regretter la reproduction dans un ouvrage sur Pauline Carton. Malgré sa rigueur toujours exemplaire, Virmaux oublie de mentionner que deux desdites photos peuvent être zyeutées dans cette mine de documents et d’informations en la matière que fut la merveilleuse revue Fascination (n°23, 1er trimestre 1984, p.32-35).
Quelques progrès à faire dans ce registre donc, pour JC. Pour le reste, ce numéro frôle la perfection, à tel point que je renonce devant l’ampleur de la tâche à en signaler toutes les richesses. J’imagine que les lecteurs alléchés pourront en avoir une idée sur le site Internet de JC dont l’ouverture est annoncée pour bientôt.
Complément (18 juin 2010) : Voici le site de JC ouvert, pas encore très fourni, mais espérons que cela vienne ! Cela me permet au moins d'ajouter ci-dessous la couverture du dernier numéro.