Mister Arkadin

DISTINCTION PÉNALE DU PORNO

30 Août 2008, 23:03pm

Publié par Mister Arkadin

Albert Montagne, sur son très précieux "Big Blog", composé de notes de lectures et de notes sur l’ « actualité censoriale » en matière de cinéma, a récemment repris le thème de la distinction, dont j’avais écrit à quel point il me semble pertinent pour traiter du cinéma pornographique (« Distinction du porno »). Albert Montagne prend le contre-pied de mon article pour rappeler qu’à la fin des années 1970, une distinction pénale entre un « bon porno, genre licite » et un « mauvais porno, genre illicite » avait été établie, notamment au moment où L’Essayeuse, film de Serge Korber, fit l’objet des poursuites qui aboutirent à sa destruction. Je ne crois pas que la rigoureuse démonstration d’Albert Montagne invalide mon propre raisonnement, nos deux points de vue ayant des angles d’attaque différents et donc complémentaires (l’analyse juridique dans un cas, l’analyse des phénomènes de réception et de qualification dans l’autre).

Le point qui a le plus attiré mon attention est le caractère « doublement X » d’un film comme Baise-moi, à la fois pornographique et violent. Je ne puis m’empêcher de me demander si sa violence, bien sûr légitime (puisque s’exerçant sur des mâles fautifs, de la part de femmes qui ont été maltraitées), n’était pas absolument nécessaire pour que de nombreuses personnalités du cinéma s’indignent de son classement X. Nul doute que, si le film n’avait été que pornographique, il n’aurait pas suscité autant de soutien, puis un changement dans le système de classification des films (l’interdiction au moins de 18 ans, mais sans "ixage", faisant son apparition). Là encore, le porno "pur" se distingue !


Note : Albert Montagne justifie l’absence d’iconographie dans son article par l’interdiction qui pèserait sur un film X comme L’Essayeuse. Je reproduis pour ma part ci-contre une photo parue dans l’admirable Images interdites d’Yves Frémion et Bernard Joubert (Syros Alternatives, Paris, 1989, p.58).