Mister Arkadin

UN LÉGER DÉTAIL

19 Janvier 2008, 08:49am

Publié par Mister Arkadin

« A un léger détail près, qui intrigue. » C’est ainsi que Gérard Lefort, dans Libération de mercredi (16 janvier 2008, p.29), introduit sa description du contenu de Lust, Caution. Il ne le fait qu’après avoir parlé, pour la dénigrer, de la mise en scène du dernier film d’Ang Lee. Ce "léger détail" est symptomatique d’une des caractéristiques les plus fondamentales de la critique cinématographique française, qui privilégie la forme des films sur leur fond. Du moins fonde-t-elle ses avis sur son appréhension de la mise en scène, en faisant mine de négliger "l’histoire", tout en ne parlant réellement que de cette dernière. Ainsi Lefort consacre-t-il presque deux longs paragraphes entiers à "ce qui se passe" dans Lust, Caution (en gros : du sexe et « le dlust_caution_movie_poster---2.jpgossier mondialement [!?] refoulé [?!] de la collaboration et des collabos ») alors qu’il a expédié le "comment c’est raconté" en quelques mots (« une sorte de "mystères et splendeurs de l’Orient éternel" qui tient plus du travail d’ensemblier pour vitrines de fêtes que de la mise en scène »).

 

Je ne partage pas toutes les positions de Noël Burch et Geneviève Sellier sur l’histoire du cinéma, et en particulier sur la critique française. Mais reconnaissons que nombre de critiques s’efforcent autant que possible de donner raison à leur dénonciation de ses dérives auteuristes et formalistes, qui évacueraient les questions de fond (notamment politiques).

 

 

Informations complémentaires :

 

- Burch (Noël), « Cinéphilie et politique. Notes rageuses », La Pensée, n°300, octobre-décembre 1994, p.33-42 ;

- Burch (Noël), « « Contre l’auteurisme » », Libération, « Un été 98 / Balade cinéphilique », 5 août 1998, p.V.