Mister Arkadin

LE SECRET DES POIGNARDS VOLANTS

4 Janvier 2008, 13:38pm

Publié par Mister Arkadin

Le-Secret-des-poignards-volants-copie-1.jpgLe Secret des poignards volants a été diffusé fin 2007 sur la chaîne du câble TF6. L’occasion de revenir sur ce film, sorti dans les salles françaises le 17 novembre 2004 et disponible depuis en DVD.

 

Contrairement aux deux grands succès précédents du genre – le film de sabre chinois (ou film d’action en costumes situé à l’époque médiévale, un peu l’équivalent asiatique de notre film de cape et d’épée) –, le film de Zhang Zimou peut paraître un pur film d’action, au scénario minimaliste (c’est du moins ce qui lui a été reproché). Il ne s’embarrasse en effet d’aucun discours explicitement philosophico-oriental (particulièrement tarte dans le cas du film d’Ang Lee, Tigre et dragon ; que cette philosophie soit authentique ou non, elle plombait rapidement le film) ou implicitement politique (la réflexion sur le devenir de la Chine, qui serait le sous bassement du précédent film de Zhang Yimou, Hero).

 

Pour autant, l’histoire est moins simpliste qu’il n’y paraît, puisqu’elle mêle deux thèmes très familiers des cinéphiles. Inutile de préciser la référence fameuse du premier d’entre eux : deux personnages appartement à des clans opposés peuvent-ils s’aimer ? Quant au second, c’est tout simplement celui des Enchaînés d’Alfred Hitchcock : un personnage peut-il, par devoir, par fidélité à son clan, pousser la personne qu’il aime à séduire une tierce personne ? Peut-il prendre le risque de perdre la personne qu’il aime en suivant les ordres qu’il a reçus ?

 

L’enjeu n’est donc pas si mince : le conflit entre devoir et sentiments. Que privilégier ? Que faire face à ce dilemme qui fait que, quel que soit notre choix, on ressort vaincu ?

 

Quant à la forme, elle est étourdissante. Zhang Yimou ne s’embarrassant pas de "message", il se concentre sur quelques personnages et les combats, tous plus spectaculaires les uns que les autres.

 

Il est même assez émouvant que Zimou ait pris le risque de saboter son film par un pur délire visuel dans la scène finale. Ce cinéaste que l’on dit calculateur, soucieux de plaire au vaste public international, perd toute sagesse, « se lâche », comme disent les adolescents, et nous offre une scène finale où l’invraisemblance fait fi de toute logique, où un combat dure sur plusieurs saisons (passage d’un plan à un autre du printemps à l’hiver et la neige), où les morts reprennent vie le temps de quelques escarmouches de plus.

 
Les détracteurs du film ne manquent dès lors pas de le trouver très artificiel ; à quoi l’on peut répondre ce que Luc Moullet, pour une fois très intelligent, rétorquait aux détracteurs d’Alfred Hitchcock : « Où va-t-on si l’on interdit l’artifice en art ? »