Mister Arkadin

Articles avec #erotisme et cinema

SCREAM QUEENS

15 Août 2008, 23:26pm

Publié par Mister Arkadin

Je ne suis pas un grand amateur de films de genre, que ce soit le cinéma fantastique, le gore, le porno ou le film de kung fu. J’admire néanmoins beaucoup le travail fourni par quelques bandes de passionnés pour publier de magnifiques publications dans ces domaines. La revue Mad Movies a fêté l’année dernière en beauté son 200ème numéro, avec un dossier spécial « 1996-2006, 100 films, 13 réalisateurs, le bilan d’une décennie », mais surtout en publiant un hors série « Grindhouse. Dans les veines du cinéma d’exploitation », essentiel pour apprécier comme il se doit les films de Gonzalez et Tarantino.

Mad Movies a également publié un somptueux hors série sur « l’âge d’or du cinéma de genre italien », où n’est pas oublié le cinéma érotique, comme n’avaient pas été oubliés les films de "sexploitation" pour le précédent (1).

Cet été, Mad Movies remet le couvert avec « Les Divas de la série B. 100 scream Queens, femmes fatales & Pin-ups ». Je ne devais pas connaître plus d’une dizaine d’icelles, mais cela donne assurément envie de découvrir leurs films. D’abord parce que leurs titres sont en eux-mêmes réjouissants. Mes préférés : Slave Girls from Beyond Infinity, Zombie Strippers, Stripped to Kill, Surf Nazis Must Die, Kidnapped Girls Agency, Samantha nana explosive, Beach Babes from Beyond, Killer Sex Queens from Cyberspace, etc. Ensuite parce que les critères de sélection de ces donzelles sont très séduisants, au moins ceux de la firme d’Andy Sidaris, résumés par son épouse Arlène (p.44), qui les trouvent dans Playboy et Penthouse : « Celles qui ont les meilleures mensurations, les plus gros seins, la taille la plus fine et la peau la plus éclatante. […] Et parmi elles, on sélectionne les plus athlétiques, celles qui arrivent à courir, à se servir d’une arme à feu, à monter à cheval ou à conduire une moto. » Pour ne rien gâter, ces bimbos, comme notre BB nationale, n’ont pas leur langue dans leur poche et ne manquent pas de jugeote. L’actrice d’Emmanuelle 5, Monique Gabrielle, a déclaré par exemple : « Il y a des ados aux Etats-Unis qui connaissent mieux les formes de mon corps que la géographie de leur propre pays. » Cette sentence devrait à mon avis figurer dans tout bon manuel sur la civilisation américaine !

Enfin, ce numéro de Mad Movies permet d’en savoir plus sur ces "vedettes" des films de troisième partie de soirée des chaînes du câble qui sont des actrices auxquelles le cinéma plus "traditionnel" fait régulièrement appel, soit pour doubler une star un peu frileuse, soit pour jouer dans la séquence olé-olé du film, telle Lisa Boyle dans Lost Highway ou Shannon Whirry dans Me, Myself and I.


Note :

(1) Un exemple de film de "sexploitation", avec Pam Grier, l’égérie de Tarantino : http://www.dailymotion.com/video/xq6tq_the-big-bird-cage-trailer

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TERA, NELLY, CLAUDE, ANGEL ET LES AUTRES

13 Août 2008, 23:36pm

Publié par Mister Arkadin

Collectionnant les dossiers et numéros spéciaux sur le cinéma publiés par les périodiques francophones non spécialisés en cinéma, je suis amené à acquérir toutes sortes de publications que je n’aurais sinon pas l’occasion de consulter. Cet été, j’ai par exemple appris l’existence d’En Alsace (n°49, « Le cinéma en Alsace »), de Chocolate (« International Beauty »), qui publie des entretiens avec Hafsia Herzi, Fatou N’Diaye, Sabrina Ouazani, d’Attitude voile (« Septième art. La voile fait son cinéma »). Karaté Bushido publie pour sa part son énième numéro sur Bruce Lee, pour le 35ème anniversaire de sa disparition, en attendant le 40ème, etc. C’est avec gourmandise que j’ai ouvert le dossier d’un certain Guts sur les actrices X, avec la pulpeuse Melissa Lauren en couverture.  Le « Top 30 », paraît-il. Ne suivant pas de bien près l’évolution du X, j’espérais y découvrir de belles nanas ! Las, elles y sont quasiment toutes siliconées (les exceptions sont signalées, telles les « naturelles » Rita Faltoyano et Angel Dark), sans charme aucun et assez mal photographiées (1). La fameuse Tera Patrick et la grande Kyla Cole tirent tout de même leur épingle du jeu. Le plus intéressant est finalement le quiz qui accompagne l’anatomie de ces dames. Deux questions m’enchantent : « Elle n’a jamais tourné dans un film X : A. Brigitte Lahaie B. Catherine Ringer C. Lolo Ferrari D. Nelly Kaplan » ; « Le premier producteur de films X en France est : A. Claude Soine B. Marc Dorcel C. Rocco Siffredi D. Claude Berri » On ne prête qu’aux riches et le président de la Cinémathèque doit se réjouir qu’on lui attribue un succès de plus. Quant à l’égérie de Gance, elle appréciera sans doute beaucoup ce coup de projecteur supplémentaire pour la promotion de son dernier livre, sorti récemment !


(1) Liste des 30 "Top" : Jenna Jameson, Tawny Roberts, Estelle Desanges, Brigitte Bulgari, Briana Banks, Jesse Jane, Yasmine, Tracy Lords, Sylvia Saint, Rita Faltoyano, Zara Whites, Tera Patrick, Tania Ritz, Sunrise Adams, Anita Blond, Jenna Haze, Laure Sinclair, Stella Delcroix, Angel Dark, Kyla Cole, Katsuni, Sasha Grey, Suzie Carina, Teagan Presley, Lanny Barby, Nina Roberts, Dolly Golden, Melissa Lauren, Janine, Oksana.

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DISTINCTION DU PORNO, "MAUVAIS GENRE" PAR EXCELLENCE

18 Juin 2008, 22:57pm

Publié par Mister Arkadin

Il est bel et bon que "les professionnels de la profession" s’indignent de tout "retour à l’ordre moral" et de toute censure, comme c’est en moment le cas à propos de l’interdiction aux moins de 18 ans du film de Pascal Laugier, Martyrs. Les critiques (par l’intermédiaire du Syndicat de la critique de cinéma) font front avec les cinéastes (la Société des réalisateurs de films) pour réclamer un réexamen par la commission de classification, les jeunes gens de 16 à 18 ans ayant bien aussi droit que les adultes de voir des tombereaux d’hémoglobines et quelques petites tortures bien inoffensives.

A contrario, l’éditorial du rédacteur en chef adjoint du magazine Première (n°347, juillet 2008), « Le mauvais genre censuré », nous rappelle opportunément qu’il est bien un "mauvais genre" qui ne saurait être confondu avec du cinéma. Le gore ayant acquis ses lettres de noble, il ne saurait en effet être « relégué à la case prévue pour les films pornographiques : uniquement sur les chaînes cryptées, entre minuit et 5 heures du matin ». Gérard Delorme s’insurge : « Le CSA, qui pourrait arbitrer, refuse de faire la différence entre un film pornographique et un film de "grande violence" », cette dernière notion lui paraissant de plus bien confuse et imprécise, aucun film ne devant dès lors en faire les frais. D’aucuns auraient pu croire que la différence entre un film où les gens font l’amour et se donnent du plaisir et un film où ils s’entretuent et se font souffrir devrait valoriser le premier plutôt que le second. La manière dont la critique et la profession s’accommodent de la relégation du porno et de sa mise au ban tout autant qu’elles s’indignent de la moindre restriction à la diffusion des films violents montre qu’il n’en est rien. S’il demeure un "mauvais genre", qui devrait lui bénéficier en vertu de la prédilection des esprits éclairés pour les genres peu légitimés, décriés par les bien-pensants et persécutés par les pouvoirs publics, c’est donc bien le porno. Il est loin le temps où Paul Vecchiali était salué comme un prince pour avoir refusé que son Change pas de main ne soit pas ixé, par solidarité pour ses confrères réalisateurs de pornos.

Cet éditorial de Première illustre en tout cas parfaitement la communication que j’ai prononcée à l’Université Libre de Bruxelles le 19 avril dernier (colloque « Les mises en scène de la sexualité et leur (dis)qualification : obscénité, pornographie et censure », actes à paraître), dont je reproduis ci-dessous la présentation.

 

Liens complémentaires sur Martyrs :

- site officiel ;

- Facebook.


« L’indistinction comme distinction – la qualification comme disqualification : le porno, genre cinématographique par excellence »

Bien que la question de la définition du cinéma pornographique n’ait jamais été complètement résolue, il est peu de genres aussi aisément identifiables, aussi marqués dans leurs caractéristiques. Pourtant, les points de vue portés sur lui se situent en règle générale aux deux extrêmes. Ils soulignent, d’une part, son extrême distinction par rapport au reste de la production (classification, conditions de production et de diffusion, discours spécifiques, etc.), d’autre part l’extrême indistinction au sein même de ce genre particulier (aucune possibilité de variation entre ses différentes productions ne lui étant concédée par le discours critique dominant, alors qu’il est l’un des plus compartimentés qui soit pour ses aficionados).

Cette indistinction critique est, paradoxalement, un élément d’appréciation du genre, et donc de ses productions. La qualification du genre auquel on les assigne (le porno) vaut disqualification (l’analyse des films eux-mêmes étant dès lors jugée superflue, voire inenvisageable). En retour, la disqualification d’une œuvre, d’un phénomène entraîne souvent leur qualification comme pornographique (« c’est du porno ») alors même qu’ils n’ont a priori d’autre rapport avec les productions pornographiques que la réprobation qu’ils suscitent. Cette indistinction critique représente donc un défi pour le discours sur le cinéma, dans la mesure où le porno pourrait être considéré comme le genre cinématographique par excellence : celui dont le simple énoncé suffit à désigner un film en le (dis)qualifiant. Deux sources principales le montrent abondamment en France : la presse des années 1970 (lors de l’apogée du phénomène en salles) et les magazines sur la télévision des années 2000 (présentation des films érotiques et pornographiques dans les grilles de programmes, lorsque leur banalisation relance les polémiques à ce sujet).

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TÉLÉRAMA BON ENFANT

8 Juin 2008, 07:01am

Publié par Mister Arkadin

L’hebdomadaire Télérama s’efforce tant bien que mal de faire oublier son passé de journal distribué dans les paroisses ou à la sortie de la messe – on se demande bien pourquoi, mais il semble que cela sied mieux à son statut actuel de journal des Chrétiens libérés de gauche "tu-sais-c’est-pas-si-facile". Ne figure plus, par exemple, à la fin des fiches de présentation des films, la cote morale de "Chrétiens-médias". Et il y est de bon ton de ne plus y paraître effarouché par les représentations un peu poussées de la sexualité. Ainsi Pierre Murat a-t-il pu faire l’éloge, au "Masque et la Plume" qui faisait le bilan du dernier festival de Cannes, de Serbis, dont des séquences seraient tout bonnement pornographiques, alors même qu’il n’est que de consulter son Guide du cinéma chez soi pour constater que les films de cul ne sauraient être recommandés d’ordinaire. Gageons qu’à sa sortie en salles, de doux euphémismes et périphrases seront employés pour décrire le film. C’est ainsi que fut traité en juillet 2004 Quoi ?, dont j’avais regardé le début malgré la mauvaise réputation de ce film réalisé par Polanski en 1972. La semaine précédente, Télérama avait loué « cette inimitable ambiance d’orgie sexuelle bon enfant si typique de l’époque » (et que les critiques de ladite époque – une Claude-Marie Trémois sans doute – avaient dû trouver extrêmement vulgaire). Dès lors, pourquoi fut-il écrit que les premiers agresseurs de l’héroïne « s’emmêlent, s’entretripotent par erreur et finissent par se taper dessus », alors que la cause de leur discorde est que l’un d’eux, ayant cassé ses lunettes, se trompe de derrière et entreprend de sodomiser l’un de ses comparses ?!


Complément (18 juin 2011) : la volonté de se démarquer du passé chrétien de Télérama est encore plus marquée dans les propos des rédacteurs qui l'ont quitté. Jean-Luc Douin se signale par exemple, dans un compte rendu du Dictionnaire des films français pornographiques et érotiques (Le Monde, 9 juin 2011, p.20), en invitant les lecteurs à se gausser ("se délecter", écrit-il en se voulant ironique) des cotations de la Centrale catholique, celles-là même qui figuraient dans Télérama alors qu'il y collaborait encore. 

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"PORNO AU FÉMININ"

27 Mars 2008, 17:41pm

Publié par Mister Arkadin

 

Cela fait un moment que l'on essaie de nous "vendre", non seulement un cinéma érotique féminin (à la sauce Breillat), mais une pornographie proprement féminine, car réalisée par des femmes, sinon pour des femmes, et donc "différente", parce que dénuée du machisme habituel et dépourvue de la vulgarité caractéristique de la production courante. Je serais tout prêt à y croire très fort, et fort curieux de voir ce que cela donne de si prodigieusement distingué (par rapport au bas porno masculin – ce serait alors peut-être l’occasion de distinguer le porno et la porno, comme disent les Québécois)… mais n'ai encore rien vu de vraiment convaincant, que ce soit les tentatives d’Ovidie (je n’ai toutefois vu que la première) ou des Scandinaves (qui se situent de nouveau à l’avant-garde en matière de sexualité filmée, comme au bon vieux temps du tournant des années 1970).

 

Peut-être serons-nous mieux instruits à ce sujet ce soir grâce au documentaire Le porno au féminin (pendant de "la perfection au masculin" ?), diffusé sur Arte, qui, après avoir célébré le "porno gay", doit avoir bien assuré la promotion de son "porno féminin" pour qu’il ait été conseillé à la fois par 20 minutes et par Métro, ainsi que sur le site de Télérama (mais pas dans la version papier). Espérons des révélations - par exemple dans Female Fantasies, d’une certaine Petra Joy, dont on peut voir la bande-annonce en ligne -, à tout le moins des découvertes, à tous les sens du terme !...

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ÉROTISME AU CINÉMA : LA COLLECTIONNEUSE VS. LADY CHATTERLAY

7 Février 2008, 12:38pm

Publié par Mister Arkadin

Lady-Chatterlay---Jaeckin.jpgCanal + Cinéma passe en ce moment (par Lady_chatterley_-TV----Russel.jpgexemple vendredi soir) Lady Chatterlay. Ce film a enthousiasmé un trop grand nombre de bons esprits pour que je n’aie quelque honte à avouer mon mauvais goût : je ne l’ai pas trouvé bien supérieur à je ne sais plus trop quelle adaptation du roman de Lawrence (pas celle de Kurt Russel, ni celle de Just Jaeckin avec Sylvia Kristel, quoiqu’elles ne soient sans doute pas pire…), qui passait sur M6 il y a une quinzaine d’années. J’avoue également ne pas être pleinement convaincu par tous ces messieurs chics et distingués (style Jérôme Garcin) qui se pâment d’admiration devant l’érotisme raffiné dont ferait preuve telle ou telle dame cinéaste, que je n’arrive pas à préférer à l’érotisme soft et suranné diffusé à gogo par plusieurs chaînes du câble. En quoi les scènes de batifolage sous la pluie, par exemple, y sont-elles moins tarte ? Lady-Chatterlay---Ferran.gifAutant un bon Tinto Brass bien grivois, avec de belles filles bien en formes, bien poilues, bien girondes et dévergondées ! Tinto-Brass---Paprika.gifAutant un bon vieux porno, franc et massif. À défaut d’avoir vu Young Lady Chatterlay, je propose donc, en hommage au cinéma érotique de Madame Ferran, un texte que j’avais rédigé les 28 et 29 octobre 2003, à l’occasion du passage de La Collectionneuse de Fred Coppula (2001) sur la chaîne Frisson.

Clara Morgane a toujours déclaré n’avoir eu de relations sexuelles qu’avec un seul homme, son propre Jules (Greg Centauro), dYoung-Lady-Chatterlay.jpgans les films X auxquels ils participaient donc systématiquement de concert (ce que je n’ai pas pris la peine de vérifier), et que c’était une condition sine qua non de sa participation à ce genre de production. En revanche, elle ne s’est jamais interdit de tourner une scène de lesbianisme (ce que j’ai pu vérifier), sans que son copain y voie d’inconvénients. Il faut dire qu’en l’occurrence, La Collectionneuse aurait plutôt dû s’intituler « Le Collectionneur », si le titre n’avait été pris pour un film de William Wyler et s’il n’était plus porteur auprès du public d’insister sur les performances de l’actrice. Car la première scène de celle-ci n’intervient qu’au bout d’une demi-heure, alors que son partenaire, qui joue un représentant en aspirateur (le porte-à-porte favorisant les rencontres, schéma classique), s’est déjà tapé deux autres actrices (dont l’une, Melinda Gal, a des faux airs de Nicole Kidman). Il arrive même que Clara se masturbe en regardant son pote se faire sucer par une autre qu’elle ! La réciprocité entre eux n’est donc pas respectée, sauf à l’entendre d’une façon bien particulière. Alors qu’elle ne baise qu’un seul homme, lui, et d’autres femmes, lui la baise, mais aussi plein d’autres femmes. De même, dans les scènes à trois, soit deux femmes s’occupent de lui, soit lui-même ne s’occupe que de la femme et délaisse l’autre homme, l’homosexualité masculine demeurant taboue. Autrement dit : ils baisent l’un avec l’autre, ainsi qu’avec d’autres femmes, seul(e) ou à deux. Il faut toutefois reconnaître que les scènes de sexe entre le couple légitime (à la ville du moins, puisque, dans le film, le copain de Clara Morgane est marié à une autre) sont bien plus convaincantes que les autres. Les entorses au principe énoncé par l’actrice proviennent donc sans doute des exigences des producteurs, persuadés qu’un film où l’on ne verrait que les deux mêmes partenaires tout du long serait lassant. Ce n’est pas sûr après tout. Son Greg étant tout désigné, à quand un Clara Loft ?
Après cette saine dénonciation de l’absence d’égalité entres hommes et femmes dans le porno, venons-en à Fred Coppula, réalisateur de X se caractérisant par son plaisir de la narration et par un humour point trop ridicule, au contraire de la plupart des autres réalisateurs du même genre. Il est assez remarquable que la recherche d’humour ne provienne pas chez lui du recours plus ou moins foireux à la parodie de films classiques ou de situations historiques, mais qu’elle procède directement de tentatives pour renouveler la narration en matière de cinéma pornographique.
Passons rapidement sur le principal procédé employé, qui se révèle assez rapidement improductif. Il consiste à opérer de fréquents arrêts sur image pendant lesquels le spectateur peut entendre en voix off les pensées des personnages. Ils interviennent parfois en plein milieu de scènes de cul, ce qui est à la fois amusant et assez intéressant, puisque cela permet de relier avec l’intrigue ces scènes, qui, d’ordinaire, peuvent se regarder indépendamment du reste et indépendamment les unes des autres. Mais, dans les autres cas, majoritaires, cette façon d’expliciter les opinions et intentions des protagonistes souligne surtout l’incapacité des acteurs à le faire eux-mêmes par leur jeu dans les scènes de comédie (sont appelées « scènes de comédie » dans le cinéma X les scènes où les personnages n’ont pas de relations sexuelles, ou pas encore), ainsi que la volonté du scénariste de retenir l’attention du spectateundefinedur par une petite originalité de forme, plutôt que par l’originalité de son histoire. Ce procédé fait donc plutôt office de béquille pour le réalisateur que de véritable trouvaille.
Il arrive à Fred Coppula d’intégrer à son récit des éléments de réflexibilité et de jeu avec le genre pornographique plus novateurs, tant sur la forme que sur le fond. C’est par exemple le cas d’une scène où un personnage n’arrive pas à bander, au grand dépit de sa partenaire. Sachant que l’impossibilité pour un hardeur de bander est sa hantise, au point qu’il « s’échauffe » avant une scène, ainsi que celle de toute la production (tout retard étant dramatique vu les conditions de tournage d’un X), on mesure l’étonnement, et donc le plaisir du spectateur à voir une verge toute ramollie malgré les caresses d’une femme. Pas d’inquiétude cependant, la situation se redresse dès que Clara décide de lui prêter main forte. J’écris Clara, non parce que je confondrais l’actrice avec le personnage qu’elle interprète, mais parce que Fred Coppula a donné aux personnages du film le prénom des acteurs. Ainsi, Clara Morgane et Greg Centauro, en couple dans la vie de tous les jours, jouent-ils Clara, une croqueuse de mari (la « collectionneuse » du titre), et Greg, l’époux qui se laisse séduire. Ce qui décide définitivement celui-ci à rompre avec l’institution du mariage est la découverte de la sexualité de son épouse, qui a déjà été révélée au spectateur au cours d’une scène en montage alterné. Pour ceux qui n’auraient pas vu le film et qui voudraient profiter de la saveur de sa scène la plus réussie, ce texte s’arrête ici. Pour les autres, qu’ils n’aient pas l’intention ou pas l’occasion de voir le film, ou qu’ils veillent avoir une idée plus précise de l’usage que Fred Coppula fait du montage, suit la description de cette scène.
Ce pauvre bougre de Greg explique à Clara que son épouse Melinda est un modèle de vertu, au point que « l’adultère, elle ne sait même pas que ça existe ». Insertion de quelques images de sa femme en train de batifoler avec deux autres hommes. Retour à Greg : « Le sexe, ça lui passe au-dessus de la tête. » Dans l’instant même qui suit, on voit littéralement une queue se balader au-dessus de la tête de Melinda. Greg : « J’ai mis six mois avant de la dépuceler ». Retour à la scène de sexe : pénétration. « Elle est super coincée, elle est pleine de tabous. » Sodomie. Mine satisfaite de Greg : « Et de toute façon, elle n’a connu qu’un seul homme dans sa vie, et cet homme, c’est moi ». Double pénétration. « Et puis, elle est innocente, elle n’a jamais été souillée. » Torrents de sperme coulant en parallèle sur sa femme, dans le vagin, l’anus et sur les fesses. 

Notes, liens et informations complémentaires :La-Collectionneuse.jpg

- Une critique du DVD de La Collectionneuse

- Dans le n°563 de Positif (janvier 2006, p.57-61), a paru une bonne analyse d’ « une certaine tendance de l’adaptation » en France, Lady Chatterlay participant de ce que Pascal Binétruy appelle « la chute de la maison histoire », c’est-à-dire la relégation de celle-ci « comme simple toile de fond pour l’intrigue », les enjeux historiques et idéologiques du roman de Lawrence ayant été ripolinés – ce qui peut sembler paradoxal, mais pas si surprenant somme toute (voire logique, diront les mauvaises langues), tant Pascal Ferran se veut en pointe de la "Résistance" politique et artistique.undefined

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