SUBORNATION DE LA CRITIQUE
J'avais d'abord intitulé « Subordination de la critique » ce papier, pour faire suite à celui que j'avais consacré aux « critiques auxiliaires du marketing ». Le terme « subornation » m'a paru encore plus approprié pour désigner l'usage que les placards publicitaires font de citations des critiques avant même la sortie des films. J'avais déjà pointé ce phénomène dans « "Envie d'aimer", à l'avance ? ». Je n'oserais certes parler de « corruption » ; je m'étonne cependant que les promoteurs du dernier Danièle Thompson puissent claironner « le coup de cœur de la presse ! » alors que Le code a changé ne sort que mercredi prochain. Passons sur la citation de Studio Cinelive, un mensuel rendant compte des films le mois précédant leur sortie. Par contre, Version femina et Le Point transmettent-ils leurs critiques aux distributeurs avant même qu'elles paraissent dans ces hebdomadaires ? Idem pour Le Figaro, à propos de ce film qui n'a, sauf erreur, pas été montré dans un festival. Ces citations proviennent-elles de reportages sur le tournage du film ? Si c'est le cas, ces reportages comportent donc des jugements de valeur sur un film pas encore achevé. Je me pers en conjectures. Ma seule certitude est que la critique ne me semble pas prête de redorer son blason en acceptant ce genre de pratiques.