DÉFENSE DE LA LANGUE FRANÇAISE ET DE LA VO
S'il est un prix parfaitement justifié et, en général, attribué de façon très pertinente, c'est bien la « carpette anglaise », que l'association Défense de la Langue Française (DLF) « décerne annuellement à un membre des élites françaises qui s'est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l'anglo-américain en France et dans les institutions européennes au détriment de la langue française ». J'apprends, ici, que le choix de DLF a une fois de plus été judicieux cette année, Mme Pécresse ne l'ayant pas volé, c'est le moins qu'on puisse dire ! Elle rejoint un palmarès de hauts dignitaires qui, en d'autre temps, auraient été promptement condamnés pour « intelligence avec l'ennemi ».
Une seule anomalie à mon avis : le prix décerné en 2004 à « Claude Thélot, président de la Commission du débat national sur l'avenir de l'école, pour avoir considéré "l'anglais de communication internationale" comme un enseignement fondamental, à l'égal de la langue française, et avoir préconisé son apprentissage par la diffusion de feuilletons américains en VO sur les chaînes de la télévision française ». Si la première des préconisations de son rapport Pour la réussite de tous les élèves (édité à la Documentation française) méritait effectivement d'être distinguée, la seconde ne me paraît non seulement pas scandaleuse, mais même de salubrité publique. Certes, pas pour les raisons invoquées pour le rapport, qui lie les deux (1), ce qui a provoqué l'ire de la DLF, mais pour les raisons que j'ai exposées dans « Questions au doublage ».
Cela montre à la fois que l'on peut, parfois, avoir raison pour de mauvaises raisons (le rapport Thélot) et, d'autres fois, avoir tort pour de bonnes raisons (plutôt que de s'insurger contre la VO, la DLF devrait demander sa généralisation, pour l'anglais mais aussi pour les autres langues, que l'on devrait entendre plus souvent, et même pour la possibilité de disposer de sous-titres dans la même langue originale, ce que la VM permet) (2).