LE COURRIER DE LA CRITIQUE ?
Le gratuit Métro innove aujourd’hui en matière de couverture de l’actualité cinématographique. C’est la première fois, à ma connaissance, qu’un journal publie le lendemain de la sortie d’un film, qui plus est en une, le nombre de spectateurs l’ayant vu à la première séance du mercredi après-midi. Cette dernière est réputée donner de précieuses indications aux "professionnels de la profession" sur la carrière à venir d’un film. Comme, en l’occurrence, la seule chose qui semble importer dans l’appréhension du film en question (qui, soit dit en passant, occupe trois salles de plusieurs multiplexes, quatre à Marne-la-Vallée – là aussi, je crois qu’on innove…) est le chiffre d’entrées qu’il va faire, en France et à l’étranger (voir notre petit papier d’hier), on comprend l’angoisse de ses producteurs à la lecture du chiffre fatidique du mercredi. On comprend moins pourquoi les médias se font leur relais avec une telle servilité et pourquoi ils pensent que cela importe à leurs lecteurs.

La réaction de l’un d’eux à l’entretien de Clovis Cornillac publié la veille par Métro est reproduite en page 17 (« L’avis des metronautes ») : « Pas envie de payer pour sauver le cinéma français ». "Sylvie" refuse à juste titre le chantage exercé mezza voce par les promoteurs d’Astérix, selon lesquels un échec de ce film si coûteux et sur lequel on compte tant pour faire remonter la cote du cinéma français mettrait en danger l’ensemble du secteur, y compris les "petits films" "d’auteur".
Je parierais que les journalistes de Métro ont obtenu la publication de l’avis de "Sylvie", qui rejoint celui de son critique de cinéma (selon lequel deux millions de plus auraient pu être dépensé pour acheter un scénario), par mesure de compensation. Un peu comme le courrier des lecteurs du Figaro a la réputation de servir aux dirigeants du journal à faire passer leurs opinions bien plus réactionnaires que celles de leur rédaction (dont Éric Brunet s’est plaint qu’elle soit bien plus à gauche qu’on ne croit), le courrier des journaux pourrait servir à exprimer les réserves de leurs rédactions sur des films que leurs patrons se croient l’obligation de promouvoir éhontément, en une, plusieurs jours de suite.
Trois innovations d’un coup en matière d’exploitation et de réception cinématographiques : cela valait la peine d’être noté.
Complément (22 février 2008) :