TOPS ET FLOPS DES CHAÎNES TV – OÙ SONT PASSÉS LES FILMS ?
Les films ne constituent pas forcément les plus grands événements d’une année cinématographique. Certes, La Vie des autres, que l’on aurait qualifié autrefois de "phénomène de société" (les mauvaises langues auraient dit : « film pour "Dossiers de l’écran" ») et qui a été cité, dans la liste de leurs films préférés, par tous les collaborateurs du « Libre journal du cinéma » (dont je suis), peut être considéré comme le grand événement de l’année 2007. Mais, parfois, l’"événement" peut être d’un tout autre mode, depuis l’apparition d’un nouveau moyen de diffusion et de financement des films (telle l’émergence de Canal + dans les années 1980) jusqu’au saut technologique que représente le passage au numérique des salles de cinéma, que l’on nous annonce prochain et inéluctable. J’ai moi-même souligné dans un précédent article sur le doublage combien le passage à la version multilingue sur le câble me paraissait une étape importante de l’histoire du cinéma, à tout le moins de la réception des films.
Il est un autre événement du même ordre qui a marqué les esprits en 2007, au point de susciter de vives réactions parmi les "professionnels de la profession" : la décision de TF1 de ne plus passer un film de cinéma en première partie de soirée le dimanche soir, au profit d’une série américaine, autrement plus rentable. À la lecture des meilleurs et des pires audiences des principales chaînes hertziennes en 2007 ("principales" veut hélas dire : « sans qu’Arte soit prise en compte »), dont Le Parisien a donné un récapitulatif le 30 décembre 2007 (p.29 : « Bilan TV de l’année 2007 », on comprend parfaitement la stratégie de la chaîne des "cerveaux disponibles". Paradoxalement, figurent cependant, parmi les dix premiers flops de TF1, six épisodes de la série américaine Heroes, la coupe du monde de rugby ayant permis à la chaîne de se rattraper. En revanche, les séries américaines sont bien au rendez-vous des meilleures audiences de M6 (avec NCIS) et de France 2 (FBI, portés disparus ; Cold Case), une série française (Louis la Brocante) se distinguant sur France 3. Notons également les bides de Bigard sur M6 (si cela pouvait nous débarrasser de lui…) (1), du Téléthon sur France 2 (idem ; « je serais prêt à payer pour qu’il n’y ait pas de Sidathon », avait déclaré Serge Daney…), de Colette, une femme libre et, hélas, du Cyrano de Bergerac de Denis Podalydès.
Note et complément :
-30 septembre 2008 : Le conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) vient de publier une étude sur "la place du cinéma dans les meilleures audiances de de la télévision" qui confirme la désaffection des chaînes pour les films.