Mister Arkadin

HENRI TROYAT, OUBLIÉ DU CINÉMA FRANÇAIS

12 Mars 2008, 12:01pm

Publié par Mister Arkadin

Henri-Troyat-jeune.jpgIl y a un an disparaissait Henri Troyat. Voici une nécrologie rédigée en avril 2007, suivie de deux critiques de cinéma publiés par Henri Troyat en 1946 et 1948.


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Henri Troyat figure-t-il parmi les oubliés de l’histoire du cinéma français ? Nous n’entendons pas par là toutes les personnalités qui ont un jour ou l’autre été en rapport avec le cinéma, même de très loin, parfois même sans s’y intéresser vraiment. Car, à ce compte, vu le degré d’imprégnation du cinéma dans la société française, pratiquement tout le bottin de la vie artistique et intellectuelle du XXème siècle s’y bousculerait. Non, nous l’entendons au sens que Claude Beylie et Philippe d’Hugues ont donné à l’expression d’ « oubliés du cinéma français » dans le livre qu’ils leur ont consacrés en 1999 (Editions du Cerf). Il s’agit de personnalités mineures de l’histoire du cinéma, délaissées par les grandes synthèses historiques, ou de personnalités tellement plus connues pour d’autres aspects de leur œuvre qu’on en oublie la part qu’y prit le cinéma, même si cette dernière ne fut pas négligeable.

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Le cinéma n’ayant été évoqué par quasiment aucune des nombreuses nécrologies consacrées à Henri Troyat, né le 1er novembre 1911 à Moscou et mort le 2 mars dernier à Paris, la cause paraît entendue. Certes, quelques films ont été adaptés de ses romans (The White Mountain, par exemple, en 1955, d’après La Neige en deuil) ; certes, Troyat semble avoir lui-même collaboré, plus ou moins (difficile de statuer sur ce point), à l’écriture des scénarios et dialogues de quelques films (par exemple Le Château de la dernière chance [1946], Le Grand chef [1959], Tendre et violente Elisabeth [d’après son roman, 1960]). Mais, comparé à l’intense activité dont Troyat a fait preuve dans le domaine des Lettres, ce ne sont là que détails d’une carrière que presque rien ne relie donc au cinéma. Pas de quoi s’étonner par conséquent qu’une partie aussi mineure de son œuvre ait été passée sous silence et que même de fins limiers comme Claude Beylie et Philippe d’Hugues ne lui aient pas consacré de chapitre.

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Cependant, dans leur avant-propos, Beylie et Hugues soulignaient que leur choix avait forcément été restreint et que bien des pans de l’histoire du cinéma français pourraient être éclairés par l’évocation d’autres oubliés du cinéma. Ils mentionnaient notamment Jean Benoit-Lévy, cinéaste dont le nom n’est pas inconnu des connaisseurs (1), mais dont les films sont très peu diffusés désormais et les écrits assez rares (Les Grandes missions du cinéma, livre publié à la Libération, vaut pourtant le détour). On retrouve Benoit-Lévy dans le chapitre consacré à Robert Lynen, le jeune acteur du Poil de carotte de Julien Duvivier (1932), dont la carrière fut interrompue par son exécution sous l’Occupation pour faits de Résistance (2). Philippe d’Hugues y rappelait que le dernier long métrage de Jean Benoit-Lévy, Feu de paille, sorti en mai 1940, était adapté de l’un des premiers romans de Henri Troyat, Grandeur nature (Plon, 1936). Or, Robert Brasillach, dans sa chronique littéraire du quotidien L’Action française (12 novembre 1936), avait fait jouer sa mémoire de critique et d’historien du cinéma pour faire le rapprochement entre le thème de Grandeur nature et l’histoire de Robert Lynen. Henri Troyat se serait inspiré du suicide du père de l’acteur, auquel la presse populaire avait donné un assez large écho. « M. Robert Lynen, le père du jeune artiste de cinéma qui joua "Poil de carotte" se tue en se jetant par la fenêtre – c’est la gêne qui le poussa à cet acte de désespoir », titra ainsi Le Petit parisien (27 mai 1935). Parmi les motifs qui furent invoqués pour tenter d’expliquer ce geste, Troyat ne retint pas le désespoir qu’aurait ressenti le père de Robert Lynen de n’avoir pu faire fructifier suffisamment le succès de son fils, dont la carrière connaissait un creux au milieu des années 1930. S’éloignant délibérément de l’histoire de Lynen, auquel il n’est pas fait explicitement référence dans Grandeur nature, Troyat préféra se concentrer sur le dépit que peut connaître un père exerçant une activité artistique (peintre pour Lynen) quand son fils réussit bien mieux que lui, qui plus est dans le même métier (acteur dans le roman). Il décrit le désarroi d’un père dont le prestige est éclipsé aux yeux de sa femme par la gloire naissante de son fils. Délaissé, courant le cachet et les emplois secondaires (dans la figuration et doublage notamment), alors que, parallèlement, son fils devient une vedette, le père en est réduit a accepter une tournée médiocre en province pour échapper tant bien que mal à son sentiment de déclassement. Le film de Benoit-Lévy, passablement oublié malgré une distribution attrayante (Lucien Baroux, Jean Fuller, Orane Demazis, Aimos, Jeanne Fusier-Gir), semble respecter assez fidèlement la trame du livre, à quelques détails près. La détresse du père y est ainsi rendue plus symbolique encore par le fait qu’il finit par entrer à la Comédie-Française « … mais comme souffleur d’une tournée pour y donner à d’autres les répliques de ses rôles favoris » : « Son ressentiment ne cessera qu’avec l’échec de son fils qui aura manqué un film », d’après le critique de La Liberté (2 mai 1940). Ce dernier soulignait aussi que « le public a toujours eu un goût marqué par l’envers du décor. » Or, même si le cinéma est loin d’être absent de la littérature de l’époque, Brasillach s’étonnait que le roman de Troyat fût « la première œuvre de valeur » à se situer presque entièrement dans le monde du cinéma et du théâtre. Pourtant, cet « univers aussi curieux et aussi riche » fascinait déjà depuis longtemps le public, comme en témoignent les nombreux reportages des années vingt et trente sur Hollywood, qui comportent presque tous une description de la foule des postulants au vedettariat, ou à défaut à la figuration, qui se pressaient aux portes des studios. Troyat réussit également à traiter adroitement, en se concentrant sur le personnage de l’acteur raté, proche de « la fin du jour », de la rivalité entre théâtre et cinéma.

Osons une hypothèse : Troyat parvint à écrire un roman essentiel sur le cinéma français de l’entre-deux guerres parce que la vie par procuration et la "rivalité mimétique", sujets éminemment cinématographiques, étaient justement deux des thèmes privilégiés de son propre univers. Il les développa dans L’Araigne (Plon, 1938), dans lequel le personnage principal vit à la fois reclus sur lui-même et dans la constante volonté de maîtriser la vie de son entourage, dans une "volonté de puissance" sur les autres qui se retournera contre lui. La lecture du roman qui valut le Goncourt à Troyat confirme que ce dernier ne saurait décidément être réduit à l’auteur de grandes biographies et de romans historiques, genres auxquels il est un peu abusivement identifié. Il fut aussi un bon artisan du roman psychologique, sinon subtil, du moins habile, dans la veine d’un Jean-Paul Sartre. Nous pourrions tout aussi bien écrire : « dans la veine de l’époque », à laquelle appartenait également Jean-Paul Sartre. Ce rapprochement n’est pas fortuit, tant L’Araigne fait penser à La Nausée, presque constamment (Brasillach, déjà, avait comparé les deux auteurs, à l’avantage de Troyat, dans sa chronique de L’Action française du 17 novembre 1938), et particulièrement dans le passage suivant : « Le premier qui l’accoste est le bienvenu. C’est de propos arrêté qu’elle refuse de le voir dans sa laideur et dans son mensonge. Elle veut aimer, vite, n’importe qui, pour n’importe quoi, mais que ce soit de toutes ses forces. Le monde est grotesque, puant, méchant jusqu’à la nausée. N’est-il pas affreux de penser qu’après une longue visite d’un ami, d’une maîtresse, il faut tout de même ouvrir la fenêtre parce que la chambre sent mauvais ? Mais nul ne le remarque et n’en souffre. Il y a chez les hommes, chez les femmes, une immonde complaisance pour ce qu’ils ne peuvent éviter. Les odeurs, les besoins physiques, les maladies, ne tuent pas le sentiment. On ferme les yeux. L’expression est commode. Tout le monde fermait les yeux, autour de lui. Il avait l’impression, parfois, qu’on ne l’avait pas endormi pour subir l’interminable opération de la vie. Une anesthésie soigneuse émoussait les douleurs des autres. Lui seul était éveillé, lucide, les chairs et l’esprit à vif. Le moindre attouchement le faisait hurler. Oui, ce qui lui manquait pour accepter l’existence, c’était ce narcotique précieux dont ses "semblables" étaient saouls comme des brutes. Et ce narcotique était l’amour. L’amour seul pouvait provoquer leur soumission à toutes les hideurs, leur sommeil artificiel au centre du monde. » (L’Araigne, Le Livre de poche, 1967, p.201).

Aux « oubliés du cinéma » qui firent des films, Claude Beylie et Philippe d’Hugues n’adjoignirent pas, dans le livre cité plus haut, les « oubliés du cinéma » qui en parlèrent, bien qu’ils aient consacré de nombreux autres écrits aux critiques de cinéma, notamment ceux que l’histoire officielle de la critique, très parcellaire, a jeté aux oubliettes. Parmi ceux-ci, nous n’aurions pas non plus tiré Henri Troyat de l’oubli si une assez importante collection de La Bataille – Politique et Littéraire ne nous avait pas été donné récemment (3). Nous savions bien qu’une nouvelle génération de critiques avaient émergé dans l’effervescence de la Libération, que de nouveaux venus (Alexandre Astruc, Jean-José Marchand, Edgar Morin, Jean-Charles Tacchella, etc.), qui se firent ensuite un nom dans le cinéma ou dans d’autres domaines, avaient rejoint les critiques rescapés de l’Occupation, les anciens, restés actifs pendant la guerre (Charles Ford, René Jeanne, Nino Frank, Roger Régent) ou non (Georges Charensol et Jean Vidal, par exemple), ainsi que les nouveaux (entre autres François Chalais et France Roche). Nous nous doutions que les nouveaux journaux furent si nombreux que certains recrutèrent forcément des novices en critique de cinéma. Mais nous ignorions que, parmi eux, figurait Henri Troyat. Or, il fut le titulaire de la rubrique cinématographique de La Bataille pendant au moins deux ans, de manière assidue et assez originale. Les articles de Troyat contribuaient à la bonne tenue de « l’hebdomadaire de Paris » gaulliste dirigé par François Quilici, qui compta de très bons collaborateurs aussi bien en littérature (Jacques Perret notamment) que dans les domaines culturels, réguliers (Henri Sauguet pour la musique, Denis Marion puis Thierry Maulnier pour le théâtre, Max Favalleli pour les portraits d’acteurs) ou intermittents (Serge Veber, Françoise Giroud, Hugues Panassié sur le jazz), ainsi que d’excellents dessinateurs (Dubout, surtout, et Bib pour accompagner la rubrique de Troyat) et une courriériste du cœur épatante, dont se furent peut-être les dernières apparitions publiques (« Marguerite Moreno écoute vos confidences », du 2 juin au 7 juillet 1948 ; nécrologie signée Bernard Zimmer le 21 juillet).

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S’il ne fallait retenir qu’une seule qualité du Troyat critique de cinéma, ce serait une subjectivité nettement affirmée, qui donne à sa chronique une allure de journal d’un cinéphile. Plus que les avis d’un expert, Troyat donne des impressions écrites à la première personne du singulier. Il commence très souvent par indiquer qu’elles étaient ses a priori, ce qu’il attendait d’un film après la découverte de son titre et de l’affiche, de la publicité et de la distribution annoncée, du genre du film et de son histoire. Il compare son "horizon d’attente" avec sa perception du film lors de la projection. Très peu souvent satisfait par les films dont il est chargé de rendre compte (4), il les traite fréquemment avec ironie et se permet même parfois de suggérer comment il aurait fallu les traiter ou les réécrire pour les rendre plus attrayants. « Je rêve à un tout autre spectacle, illustrant un thème identique. », écrit-il ainsi le 14 juillet 1948 à propos de Honni soit qui mal y pense. Le romancier pointe ici le bout du nez, et l’on en vient à regretter qu’il ne se soit pas plus souvent mué en scénariste. A peu près dépourvu de l’auteurisme qui sévira ensuite (Troyat parle ainsi, sans mentionner Mankiewicz des « réalisateurs » de Mme Muir !), ses chroniques gardent ainsi un intérêt et une fraîcheur que l’on serait bien en peine de retrouver chez beaucoup d’autres critiques, d’hier comme d’aujourd’hui. Il serait dès lors bienvenu qu’un éditeur audacieux ait l’idée de reprendre une partie de ses critiques en volume afin que Henri Troyat ne soit plus l’un des plus illustres "oubliés du cinéma français".


Notes :

(1) Ne serait-ce que parce que ce patronyme était également porté par son oncle, Edmond, dont Jean-Jacques Meusy a rappelé l’importance (« Qui était Edmond Benoit-Lévy ? », dans Les Vingt premières années du cinéma français, dir. Jean A. Gili / Michel Lagny / Michel Marie / Vincent Pinel, Sorbonne Nouvelle / AFRHC, 1995, p.115-143). Sur Jean Benoit-Lévy lui-même, lire : Vignaux (Valérie), Jean Benoit-Lévy ou le corps comme utopie. Une histoire du cinéma éducateur dans l’entre-deux-guerres en France, Association française de recherche sur l’histoire du cinéma, 2007. Et consulter le site http://www.jeanbenoitlevy.net/

(2) Pour plus de détails, lire l’enquête parue depuis : Charles (François), Vie et mort de Poil de Carotte. Robert Lynen acteur et résistant 1920-1944, Strasbourg, Éditions La Nuée Bleue / DNA, 2002, 222 p.

(3) J’adresse mes plus vifs remerciements au généreux donateur, l’écrivain et journaliste Jean-Paul Angelelli.

(4) Il est à cet égard dommage que Troyat n’ait, à notre connaissance, pas débuté dans la critique avant-guerre, le cinéma des années quarante lui semblant souvent bien plus fondé sur des effets appuyés, bien plus démonstratif que celui des années trente, de même que ses acteurs. Ainsi écrit-il sur Claude Jarman, à propos de Jody et le Faon : « Il joue, il charge, il appuie, il grimace. Et tandis qu’il se dépense et se détruit de la sorte, on songe avec tristesse à l’extraordinaire création de Robert Lynen dans Poil de Carotte » (29 janvier 1949).


Illustration : portrait de Henri Troyat paru dans Gringoire le 29 décembre 1938.


Deux articles du critique de cinéma Henri Troyat

La Bataille, 10 mars 1948, p.6 : La Dame d’onze heures
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Je m’apprêtais à voir un film policier du modèle courant, avec deux ou trois cadavres, une poursuite en auto, un détective à feutre mou et un assassin nimbé de circonstances atténuantes. Mais l’affiche portait ce sous-titre : « Le record du mystère » et j’eus le tort de ne pas lui prêter une suffisante attention. Elle ne mentait pas, l’affiche. Elle était même au-dessous de la vérité. L’œuvre de M. Jean Devaivre se révéla bourrée de mystère jusqu’à la gueule. Serrés côté à côté, comprimées dans un espace réduit, toutes les sortes d’énigmes se trouvaient représentées dans La Dame d’onze heures. On n’en avait pas oublié une seule. On les avait classées par taille, par espèce, par prix. L’ensemble faisait penser à la mallette d’échantillons d’un placier en sensations fortes.

Dès le début de la projection, pour affirmer le caractère original et terrifiant de son entreprise, M. Devaivre nous présenta pêle-mêle des ampoules aux liquides troubles, des masques grimaçants, des marionnettes balancées au bout de leur fil et la main crochue, osseuse, diabolique du montreur. Cette entrée en matière, dans le plus pur style des épisodiques de 1920, était visiblement destinée à préparer les nerfs du public. Pour ma part, j’eus plutôt envie de rire. Mais je n’étais pas seul dans la salle et me retins.

La suite dépassa tout ce qu’on pouvait craindre. Accablant de sa haine la famille de l’infortuné Pierre Renoir, un correspondant anonyme déversait sur la maison une pluie de lettres menaçantes et sibyllines. Les gens mouraient comme des mouches sans qu’il fût possible de déceler les causes exactes de leur décès. Et Paul Meurisse, détective par amour, arrivait, au prix de mille prouesses, à sauver de cette hécatombe la jeune fille chaste et pure dont il convoitait la main.

Pendant près d’une heure et demie, nous vécûmes ainsi dans un drame constamment renouvelé et rarement vraisemblable. Chaque fois qu’une porte s’ouvrait sur l’écran, je m’attendais à voir paraître dans l’embrasure la silhouette oblique d’un assassin. Lorsqu’un personnage tournait le commutateur en pénétrant dans une chambre, je me disais : « Il y a sûrement un mort ou deux sous le lit. » Il suffisait qu’une fenêtre fût entrebâillée pour que je redoutasse les développements mortels de cette imprévoyance. Si deux amis se serraient la main, je me demandais lequel des deux allait tuer l’autre. Les mots de : « Bonjour, comment allez-vous ? » devenaient une menace à peine déguisée. Et quand quelqu’un s’asseyait sur une chaise, je n’étais pas tranquille pour lui, car les meubles les plus inoffensifs, entre les mains de M. Devaivre, peuvent devenir des engins de destruction.

Je dois dire que les acteurs prenaient très courageusement leur parti de ces inconvénients quotidiens. Je n’ai jamais vu manier le revolver avec plus de désinvolture que par les protagonistes de cette sombre histoire. Le revolver faisait partie de leur toilette, comme la pochette ou le trousseau de clefs. On ne sortait pas sans son revolver : c’était une règle de bienséance en même temps qu’une précaution. A la longue d’ailleurs, les coups de feu ne troublaient plus personne. Ça pétait dans tous les coins. Pour un oui, pour un non, les balles pleuvaient. Et les héros passaient entre les gouttes.

Pour renouveler l’intérêt, M. Devaivre eut recours à d’autres stratagèmes. Nous eûmes la bombe à retardement, enveloppée dans un papier banal ; le poison microbien, dont l’écran nous révéla soudain le grouillement barbu et innombrable ; le médaillon à la pointe vénéneuse qui vous pique la main lorsque vous l’ouvrez et vous transforme instantanément en cadavre ; le petit chat victime de sa curiosité ; le juge d’instruction moustachu et idiot ; l’illusionniste qui lit dans les pensées et fait fleurir des boules entre ses doigts ; la visite au cimetière avec tombes fraîchement creusées et fossoyeur fruste et mélancolique ; la maison de fous avec camisoles de force et ricanements hystériques des pensionnaires ; le suicide en auto… J’en passe et des meilleurs !

A l’heure où j’écris ces lignes, je me demande encore comment M. Devaivre a pu faire tenir tant de « clous dramatiques » dans les limites forcément restreintes de son scénario. Sa virtuosité est comparable à celle des architectes de wagons-lits. Sans perdre un pouce de terrain, ces messieurs savent utiliser un placard pour y disposer deux couchettes, un lavabo, des commutateurs, des cintres. On ne peut faire un geste sans se cogner le coude ou le genou. Mais on a tout sous la main. Dans La Dame d’onze heures, nous avons, indiscutablement, tout sous la main. Cependant, rien n’est utile. Nous ne sommes pas émus un seul instant par ce festival de poisons et de revolvers. Nous suivons d’un œil froid les évolutions de ce ballet de victimes et d’assassins, ponctué de coups de feu, de coups de poing et coups de gueule. M. Devaivre a voulu trop bien faire. Il a passé la mesure. Or un film policier ne touche les spectateurs que pour autant qu’il sonne vrai. Ce n’est pas le nombre de morts qui importe, mais, si j’ose dire, la qualité humaine de leur exécution. Si nous ne croyons pas aux personnages, leur agitation sur l’écran nous laissera insensibles. Un simple fait divers, bien monté, bien photographié, portera mieux sur le public que ce feu d’artifice macabre, combiné selon les plus vieilles recettes du cinéma.

Pour animer ce film, qui se présente comme une récapitulation de tous les poncifs du genre, M. Devaivre a convoqué le ban et l’arrière-ban de tous les acteurs français. Rarement distribution plus éclatante fut mise au service d’une plus pauvre cause. Aux côtés de Paul Meurisse, de Jean Tissier, de Micheline Francey, de Junie Astor et de Pierre Renoir. Debucourt accepte de dire trois mots. Gilbert Gil se contente d’un rôle secondaire. A-t-on besoin d’un concierge d’hôtel ? on fait venir Palau. Pour camper la silhouette d’un jardinier, on dérange Sinoël. Cette grosse dame qui sanglote sur sa péniche sera Mady Berry. Devant cette débauche de comédiens célèbres employés à des tâches infimes, on s’étonne de ne pas voir Pierre Fresnay dans le rôle muet d’un balayeur de rues ou Edwige Feuillère mêlée à la troupe compacte des figurants. Mais peut-être se trouvaient-ils réellement dans le film et ne les ai-je point vus. Il y avait tant de monde sur cette barque en perdition !


La Bataille, 15 janvier 1946, p.5 : « Un film vu par Henri Troyat. Dans "Duel au soleil" c’est le bon goût qui est tué »

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Le vieux sénateur, à l’œil de poule courroucée, au sourcil hirsute, à la moustache tombante, régnait dans son fauteuil de paralytique, sur le plus vaste ranch du Texas. Hommes et bêtes tremblaient devant sa loi. Sa femme se liquéfiait en sa présence. Et, de tous les être vivants, seuls ses deux fils trouvaient grâce devant ses yeux. L’un, Jesse, était un grand garçon, blond et bon, rose et cultivé ; l’autre, Lewt, brun, basané, cynique, cruel, querelleur.

Les deux frères ne s’aimaient pas, mais auraient continué à vivre pacifiquement, côte à côte, si une jeune orpheline, recueillie par leur mère, n’était venue s’installer au ranch. Elle s’appelait Pearl et avait du sang indien dans les veines. Belle, souple, le cheveu noir, le sein agressif, la croupe éloquente, la lèvre comestible, ses moindres gestes semblaient commandés par l’amour. Son œil s’allongeait, glissait, faisait roue libre. Son visage, mystérieusement traité par le technicolor, était, selon les jours et les sentiments, tantôt orange vif, tantôt jaune citron, tantôt roux limace et tantôt pain d’épice. Il émanait de toute sa peau une radiation aphrodisiaque qui provoquait des ravages dans les cerveaux masculins. L’honnête Jesse et le crapuleux Lewt éprouvèrent, chacun pour son compte, les effets de cet enchantement. Mais Jesse prodigua à la métisse des paroles tendres et dignes qui firent monter les larmes à ses paupières, et Lewt, plus pratique, déchira sa bouche d’un baiser volumineux et goulu.

Cependant, des événements d’une extrême importance se déroulaient aux frontières du ranch. Le gouvernement des États-Unis avait résolu de pousser une ligne de chemin de fer à travers les territoires du sénateur. Le sénateur voulut s’y opposer par la force. Alors, Jesse, qui était pour le progrès, se rangea aux côtés des troupes gouvernementales. A la vue de la bannière étoilée, le père versa une larme et renonça pathétiquement à défendre l’inviolabilité de son sol. Mais, pour punir son fils de lui avoir tenu tête, il le traita de renégat et le chassa.

Jesse parti, Pearl sombra dans la luxure et le désespoir. Elle regrettait Jesse. Mais elle ne pouvait se passer de Lewt. Vêtue de robes toujours plus légères, plus collantes, plus transparentes, elle s’adonnait à « l’amour-vache » avec toute l’ardeur de son sang. Ce n’étaient que baisers aspirants, morsures délicieuses, coups d’ongles parallèles, gifles étourdissantes, extases humides, baignades impudiques et cris rauques au soleil couchant. Lorsqu’elle apprit que Jesse avait obtenu une situation considérable dans les chemins de fer et songeait à se marier, elle voulut se marier à son tour. Lewt, ensorcelé par ses manières de goule, lui promit, en effet, de l’épouser. Mais, le soir même, devant le mécontentement de son père, il révisa son jugement et rompit ses fiançailles. Folle de rage, Pearl se lance à la tête du premier venu : le régisseur du ranch lui proposa d’être sa femme. Elle accepta, bien que l’homme lui fût indifférent de la tête aux pieds. Et Lewt, hors de lui, tua le prétendant. Après quoi, il se présenta, de nuit, chez l’infortunée jeune femme. Pearl, la bave aux lèvres et le croupion palpitant, sortit un pistolet automatique et le braqua, tout net, sur l’assassin. Négligeant cette menace, Lewt s’avançait pas à pas vers la métisse. En fin de compte, cédant à l’incendie qui lui dévorait les entrailles, elle lâcha son arme, fit un hurlement de chienne et croula d’une seule masse dans les bras de son fol amant. « Je te déteste, je te hais. Tu mérites la mort », criait-elle. Et, entre deux injures, elle lui avalait la moitié du visage dans un baiser vorace. Mais la police recherchait le misérable. Après avoir goûté aux caresses démoniaques de la jeune femme, il s’enfuit en lui promettant de la revoir bientôt.

Sur ces entrefaites, la mère mourut et le bon fils proposa à Pearl de venir habiter chez sa fiancée. Mal lui en prit, car Lewt, averti de cette circonstance et n’écoutant que la voix de la jalousie, quitta sa retraite, se rendit en ville et déchargea un pistolet contre la poitrine de son frère. Heureusement, Jesse, qui avait une santé robuste, guérit de ses blessures. Quant à Pearl, outrée par les procédés de son amant, elle sella un cheval et partit à sa recherche, avec l’intention de le massacrer. Elle chevaucha longtemps dans la clarté d’un soleil couchant rouge cerise. Enfin, elle atteignit le repaire rocailleux où se cachait Lewt. Dès qu’elle le vit, très loin encore, elle épaula son fusil et tira. Il s’écroula en jurant : « Garce, je suis touché. » Puis, ramassant ses dernières forces, il brandit un revolver et le déchargea, à trois cents pas. « Tu m’as tuée, monstre », glapit la jeune femme, le ventre troué. Elle fit feu encore cependant, et il lui répondit, du tac au tac. Bientôt il furent percés tous deux comme des écumoires. Inondés de sueur et de coulis de tomates, ils se tortillaient à une grande distance l’un de l’autre, sur la pierraille. Sûrs de mourir chacun de son côté, ils ne songeaient plus qu’à se rejoindre, car ils ne s’étaient jamais tant désirés.

La légende raconte qu’une fleur mystérieuse poussa à l’endroit même où furent retrouver leurs corps : une fleur pâle, aux pétales tourmentés, que les indigènes n’avaient encore jamais vue. Pour moi, j’ai tout de suite reconnu en elle la fleur blanchâtre du navet.

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« Comme une parodie »

Ce film tragique, bruyant, coloré, violent, est incontestablement l’un des plus drôles qu’il m’ait été donné de voir sur les écrans parisiens. On dirait une parodie magistrale des grandes productions américaines, une apothéose sensationnelle du mauvais goût hollywoodien. Le sujet, les acteurs, les couleurs, évidemment choisis pour nous émouvoir, concourent, en fait, à nous égayer. Les sanglots hystériques de Jennifer Jones (ex-Bernadette Soubirous) et son travail du buste et de l’arrière-train méritent, à eux seuls, le dérangement. Les sottises du texte, les effets comiques du doublage sont un régal pour les amateurs. Quant aux nuances de la pellicule, elles dépassent en fausseté et en prétention tout ce qui a été tenté jusqu’à ce jour. L’horizon est continuellement rouge vif ou jaune citrouille et les visages sont souvent bleus. Je recommande particulièrement le passage où le vieux sénateur, qui baigne tout entier dans la clarté sang de bœuf du soleil, déclare d’un petit air méfiant : « Il y a d’étranges lueurs dans le ciel. » Et les débauches de peinture vermillon sur les habits et sur les mains des deux amants qui s’entretuent ! Si seulement ce Duel au soleil avait pu être un duel à l’ombre ! Mais King Vidor ne nous aura rien épargné. Ajoutons, pour être juste, que les chevaux et les vaches du film jouent leur partie avec une louable conviction.

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PAS DE MEILLEUR RÉACTIONNAIRE QU’UN VIEUX GAUCHISTE

10 Mars 2008, 15:01pm

Publié par Mister Arkadin

« Loin de la vision conservatrice que cette fidélité pourrait suggérer, Assayas, comme Walter Benjamin, pense sans doute que quelque chose du passé doit rencontrer notre présent pour que l’humanité garde une chance d’inventer son avenir. » Ouf ! Que de contorsions et de balancements ne faut-il pas à Jean-Luc Douin, dans Le Monde du 5 mars 2008 (p.24), pour laver Olivier Assayas du soupçon de conservatisme, autant dire d’infamie. Or, après bien d’autres (notre prédilection va pour un autre grand cinéphile, Dominique Noguez, l’auteur de La Colonisation douce — Feu la langue française ? et de l’hilarant Comment rater complètement sa vie en onze leçons), Assayas démontre dans son dernier et admirable film, L’Heure d’été, que les vieux gauchistes, pour autant que leur culture ne se limite pas à Guy Debord et à Alain Badiou, font les meilleurs réactionnaires. Et comme les cinéastes réactionnaires font souvent les plus beaux films, Assayas talonne désormais Rohmer parmi les derniers bons cinéastes français en activité.undefined

 

C’est un peu court et péremptoire comme critique ? Certes, mais précipitez-vous donc voir L’Heure d’été, cela vous lavera les yeux et les oreilles !

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LAETITIA MASSON S.D.F. DU CINÉMA

9 Mars 2008, 20:27pm

Publié par Mister Arkadin

De forts vilains esprits ont suggéré aux vedettes du cinéma qui clament périodiquement devant toutes les caméras leur amour des S.D.F. et s’indignent à tous les micros du scandale que représente la condition des vagabonds dans les rues de Paris (1), de donner l’exemple en en accueillant dans leurs humbles demeures, sans doute assez vastes pour en abriter quelques-uns sans trop avoir à se serrer. C’est médire, assurément. Ainsi Laetitia Masson ne le pourrait-elle pas, puisque elle-même aurait déclaré à Pascal Mérigeau, qui dresse le portrait d’ « une cinéaste qui n’en fait qu’à sa tête » (« L’obstinée », Le Nouvel observateur, 21 février 2008, p.126) : « Nous sommes les SDF du cinéma. » Que le lecteur se rassure ; je pense pouvoir lui certifier que les échecs de ses derniers films n’ont pas obligé la réalisatrice à se transformer en maçon pour se construire un abri sous un pont. Il s’agit d’une analogie, Laetitia Masson attendant que l’avance sur recettes l’aide à financer son prochain film, à l’heure où son dernier, Coupable, sort en salle. undefinedQue le lecteur ne s’offusque pas de cette comparaison en réclamant les coordonnées (du domicile et des comptes en banque) de Masson ! Car, si elle peut paraître quelque peu indécente, elle a au moins l’avantage de dévoiler explicitement le rapport qu’un certain nombre de cinéastes français entretiennent avec l’État : un rapport de mendicité, tant il est devenu indispensable pour eux que l’État se porte à leur secours, les citoyens ne mettant que peu la main à la poche, du moins pour aller voir leurs films, puisqu’ils la mettent tout de même un peu quand ils vont en voir d’autres – par le biais des taxes sur les billets (quelle que soit la nationalité du film).
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C’est flagrant dans le cas de Masson, dont j’avais apprécié en 1996 En avoir ou pas, le type de film dont on dit qu’il est prometteur (en plus d’avoir été plutôt un succès public - 213 506 entrées dans l’Europe des 25, d’après la base Lumière). En l’occurrence, c’est peu dire, à mon avis, que les promesses n’ont pas été tenues, puisque j’ai commencé à décrocher dès le film suivant, À vendre, son plus gros succès à ce jour (parions qu’il le demeurera, tant elle semble depuis vivre sur cet acquis ; 468 522 entrées). Laetitia Masson, qui avait beaucoup contribué à la carrière de Sandrine Kiberlain, s’est ensuite trouvée une prédilection pour les acteurs vieillissants (Adjani, Johnny), pour les écrivains qui n’ont jamais été jeunes (Angot, Daenincx) et dont le point commun est de se prendre très au sérieux, et pour les intrigues alambiquées. Cela a donné Love Me (sorti en 2000 ; 59 020 entrées, dont 53 377 entrées en France et 5 653 dans cinq autres pays), puis La Repentie (2002, 124 985 entrées) et Pourquoi le Brésil ? (2004, 11 657 entrées), qui (faut-il s’en étonner ?) n’ont plus été distribués qu’en France. undefinedLa présence d’une star ne prémunit pas Masson contre la défaveur publique, La Repentie et Love Me étant de loin les plus gros bides depuis des années d’Adjani (même Adolphe a fait presque deux fois plus d’entrées…) et de Johnny (tous ses films ayant fait au moins six fois plus d’entrées depuis 1996, sauf Quartier V.I.P., qui dépasse tout juste Love Me). Il lui faut dès lors avoir recours à la faveur publique, comme ce fut le cas pour Pourquoi le Brésil ? (cf. le site du CNC) dont on se permettra de douter que les recettes aient permis de rembourser l’avance que la réalisatrice espère aujourd’hui pour son prochain film.

 
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Loin de moi l'idée de dénigrer le système français de financement, qui permet par exemple à un Manuel Poirier de tracer son chemin, parfois pour le meilleur (Les Femmes ou les enfants d’abord, 2002 ; 407 537 entrées, dont près de 100.000 à l’étranger), malgré l’échec de Te Quiero (33 810 entrées en 2000), après le triomphe de son pire film en 1998 (Western ; 1.292.842 entrées). De même pour un Eric Barbier, qui a pu relancer, avec un Serpent (2006) d’honnête facture, une carrière qui aurait pu être sabordée par une grosse, puis une plus petite production (Le Brasier, passé le mardi 4 sur France 3 à 23h15 ; Toreros, 4 303 entrées en 2000) qui furent des échecs publics (aussi bien que critiques, si mes souvenirs sont bons). Bref, il est réjouissant que la capacité des réalisateurs français à persévérer et à trouver des financements ne dépende pas uniquement du box-office.

 

Toutefois, quand les échecs (à mon avis aussi bien du point de vue artistique que financier) se suivent de façon aussi constante que dans le cas de Laetitia Masson depuis quelques années, ne reste en effet qu’à faire la manche. Par générosité, et aussi parce que je n’adore rien moins que me déprendre d’un préjugé défavorable envers un cinéaste, je suis passé à la caisse d’un cinéma du Quartier latin et suis entré dans la salle pour voir Coupable. Ma B.A. accomplie, j’ai patiemment attendu que l’ennui me submerge et n’ai pas poussé le zèle jusqu’à rester jusqu’au bout, sans pour autant me sentir autrement coupable. Car, une fois n'est pas coutume, je me range à l'avis de Vincent Ostria (L'Humanité, 27 février 2008, p.22) : « On reste abasourdi devant autant de pose et aussi peu de substance. »

 

 

Notes, liens, informations et commentaires complémentaires :

 

(1) Si possible la semaine précédant la sortie de leur dernier film – telle Josiane Balasko, récemment, juste avant d’être reçue dans toutes les émissions de divertissement pour faire la réclame de L’Auberge rouge.

 

- Les chiffres que nous donnons sont tirés de la base Lumière, recueil des « données disponibles sur les entrées réalisées par les films distribués en salles en Europe depuis 1996 ».

 

- J’imagine qu’il doit exister des études sur l’avance sur recettes. Mais, mises à part celles du Centre National de la Cinématographie (C.N.C.), dont elle dépend, et peut-être quelques études universitaires peu distribuées, il serait instructif qu’une étude d’envergure soit un jour publiée sur cette institution clé de la vie cinéphilique française. Serait particulièrement bienvenu un chapitre sur l’influence que ses compositions et positions, ainsi que celles d'autres institutions de financement du cinéma français (émanant principalement des chaînes de télévision) ont pu avoir sur le parcours de certaines personnalités françaises, par le bénéfice que ces dernières ont pu en tirer (Bernard-Henri Lévy par exemple) ou par le ressentiment qu’elles ont engendré chez d’autres (Dieudonné, par exemple, suite au refus de financement de son scénario sur le Code noir).

 

- Dans « French Kiss-Off. How protectionism has hurt French films », point de vue anglo-saxon sur le système de préservation du cinéma français, intéressant, quoiqu’un peu systématique, Tyler Cowen fait une proposition judicieuse pour voir si les films français qu’il exècre serait capable de survivre s’ils n’étaient protégés comme une espèce précieuse et en voie de disparition que l'Unesco devrait classer au Patrimoine de l'humanité. Puisque le système d’aide serait destiné à aider des films "difficiles" ou "d’auteur" qui ne pourraient trouver leur public à cause du matraquage publicitaire qui ne bénéficierait qu’aux mastodontes américains (et français d’ailleurs), pourquoi l’aide accordé par l’Etat ne porterait pas sur la publicité (ou pourquoi ne restreindrait-on pas la publicité des films américains ?) ? Ainsi le public serait-il aussi informé de la sortie de Coupable que de John Rambo, ses deux films partant sur un pied d’égalité et connaissant dès lors sans doute la même fortune…
Alain Soral remarque perfidement que les cinéastes français, de Desplechin à Tavernier, sont à la fois les plus chauds partisans de l'ouverture des frontières, de l'accueil de tous les damnés de la terre, du laissez-passer le plus total en matière d'immigration, et les plus ardents défenseurs du protectionnisme en ce qui concerne leur corporation (
"Cinéma. L'immoralité de l'exception culturelle", Jusqu'où va-t-on descendre ? (Abécédaire de la bêtise ambiante), Paris, Éditions Blanche, 2002, p.69-70).

 

Je laisse la parole à Tyler Cowen : « Advocates of cultural protectionism often portray consumer sovereignty as a myth. According to this view, oligopolistic American distributors create demand for their movies through advertising. The sheepish public, in turn, responds passively to whatever is offered.

 

 » If this view were correct, supporting European cinema would be easy. The government need not subsidize filmmaking, or even place limits on American film imports. All the government need do is subsidize advertising for native films, or perhaps restrict advertising for American movies. But such policies obviously would not work. It is the European movies that fail to draw customers, not the European advertising campaigns.

 

 » When European audiences do not like the content of American products, they have proven remarkably resistant to them, no matter how heavy the marketing. Few American exports to Europe have been supported by as much hype and advance publicity as EuroDisney. One fearful critic called the park "a terrifying step towards world homogenization." Yet when EuroDisney opened, the French didn't like it. French culture has so far survived. »


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QUE RESTERA-T-IL BIENTÔT DE TEX AVERY ?

7 Mars 2008, 10:58am

Publié par Mister Arkadin

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Je ne saurais me dire un intellectuel, puisque j’hésite toujours longuement avant de signer une pétition, ce que je ne finis par faire que rarement. Toutefois, l’annonce de la célébration du centenaire de Tex Avery me rappelle que j’avais signé la pétition « Tex Avery en intégralité », en janvier 2004, pour protester contre la publication d’une édition soi disant complète des Tex Avery de la MGM, amputée de deux films, Half-Pint Pigmy et Uncle Tom's Cabana, pour cause d’anti-racisme. Je m’étais également abstenu d’acheter ce coffret, malgré l’envie de revoir les films restant à volonté et dans de bonnes conditions.

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Patrick Brion nous apprend, dans un entretien donné au Figaro du 28 février (p.28) et sur son blog du « Cinéma de minuit », que deux autres films ne peuvent plus être diffusés, The Isle of Pingo Pongo et Johnny Smith and Poker Huntas. Heureusement que nous restent nos vieilles vhs ! Cela nous évitera de faire la fortune de petits malins qui exploitent le filon en éditant des DVD pirates de "Banned Cartoons" (auxquels je m’empresse cependant d’emprunter moi aussi des photos de films interdits) (1).Banned-Cartoons.jpg

Seule consolation : cela risque de faire plus parler de Tex Avery, ce dont on ne saurait se plaindre !

Complément :
(1) Il était à prévoir que les deux dessins animés censurés referaient surface en ligne, par exemple ici.

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LES HISTORIENS EXPERTS DU CINÉMA

6 Mars 2008, 17:57pm

Publié par Mister Arkadin

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« Depuis sa sortie, Histoires à ne pas dire suscite la polémique. Ce film concentre les critiques d’historiens de la guerre d’Algérie. » Ainsi commence l’article sur le film de Jean-Pierre Lledo, en page 12 du numéro de Télérama paru hier. De fait, l’article est au deux tiers constitué par quatre longues citations, Thierry Leclère ne faisant qu’en reprendre, dans le reste de l’article, les arguments et termes (comme le titre de l’article, « La guerre des mémoires », repris de la dernière citation), de sorte qu’il aurait tout aussi bien pu publier son papier sous forme d’un entretien avec les historiens rencontrés. Les historiens ? Ceux qui auraient donc concentré leurs critiques sur Histoires à ne pas dire. À y regarder de plus près, on se rend vite compte que, si concentration il y a, c'est parce que les historiens en question se réduisent au seul Benjamin Stora, Monsieur-Guerre-d’Algérie en France, presque systématiquement interrogé sur la question. De là à ce qu’il devienne les « historiens », il y avait un pas que les médias dominants n’avaient pas tout à fait encore franchi. Je ne nie pas que Benjamin Stora puisse être un universitaire ayant un avis digne d’intérêt, mais qu’il ait fini par être érigé en arbitre suprême, en autorité officielle chargée de dire la vérité historique m’inquiète quelque peu, d’autant qu’il ne manque pas d’historiens pour avoir des avis différents des siens, contrairement à ce que l’on semble chercher à nous faire accroire.

 

Il faudrait étudier un jour plus en détails la façon dont les historiens sont convoqués par les médias pour commenter les films, comment, la plupart du temps, ils sont choisis en fonction de l’avis préalable que le journal se fait du film en question, sur des critères au moins autant idéologiques que scientifiques. Ce fut particulièrement flagrant lors de la sortie du film de Tavernier Laissez-passer. Mais l’intervention des historiens (et plus largement des "savants", universitaires ou "experts") dans la réception critique des films mériterait d’être analysée en ce qui concerne bien d’autres, d’Amen à La Passion du Christ, de L’Anglaise et le duc à La Chute. Ce sera l’objet d’un prochain ouvrage, comme aurait dit Jean-Paul.

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Complément (15 juillet 2015) : Extrait du bulletin de ré-information de Radio Courtoisie du 23 avril 2015 (« Le bobard historique du jour ») :

« Le 17 avril dernier sur Europe 1, dans un débat sur les massacres d’Algériens à Sétif, le 8 mai 1945, le journaliste Serge July a évoqué la responsabilité « des fascistes et de Vichy », oubliant que le régime de Vichy n’existait plus depuis 9 mois et que le chef du gouvernement était alors le général de Gaulle.

Persistant dans son ignorance, Serge July parle de « dizaines de milliers de morts » alors que la plupart des estimations ne dépassent pas plusieurs milliers. 

Présent à cette émission, Benjamin Stora, historien pourtant spécialiste de cette période, n’a pas relevé la libre multiplication par dix du nombre de répressions françaises. Tout comme on parle de 6 000 morts, en 1946, à Haiphong alors qu’il y en a eu 600.historiens »

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CINÉMA ET RADIO : SEMAINE DU 8 MARS 2008

6 Mars 2008, 17:21pm

Publié par Mister Arkadin

Voici la liste des émissions radiophoniques sur le cinéma de la semaine à venir :

 

Dimanche 9 mars, à 22h30, France Culture : « ACR » (« Atelier de création radiophonique »), avec « Marcher à côté de ses lacets dans un frigidaire vide » (11’ min.), bande-son de l’installation de Chantal Akerman en 2004 à New-York

 

Dimanche 9 mars, à 12h05, Vivre FM (« radio associative destinée aux personnes handicapées et à tous ceux concernés par le handicap et l’exclusion ») : « Le 6e sens » (Mathieu Simonet), avec Claire Vassé, pour son livre Le Figurant (Editions Panama)

 

Lundi 10 mars, à 21h04, France Inter : « Sur la route » (L.Lavige), sur le film Je t’aime, moi non plus de Serge Gainsbourg

 
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Mardi 11 mars, de 19h15 à 20h00, Radio Classique : « Hees bien raisonnable » (Jean-Luc Hees), avec le cinéaste Olivier Marchal et l’actrice Catherine Marchal pour le film MR 73

 
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Mardi 11 mars, de 15h00 à 16h00, Europe 1 : « Regarde les hommes changer » (Frédéric Taddéï), avec l’acteur François Berléand

 

Mercredi 12 mars, à 17h10, RFI : « Culture vive », avec Éric Zonca pour son film Julia

 
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Jeudi 13 mars, de 11h00 à 12h00, France Culture : « La Société des Nations » (Madeleine Mukamabano), en direct de la Maison des Arts du Grütli à Genève, pour le Festival international du film et forum sur les Droits humains

 

Jeudi 13 mars, de 16h00 à 17h00, France Culture : « Sur les docks, l’heure du documentaire » (Pierre Chevalier), dans le cadre de la série « Israël : Nouvelles vagues » (Joseph Confavreux), quatrième volet sur « Le printemps du cinéma israélien », avec Tawfik Abu Wael, Shira Geffen et Etgar Keret, Raphaël Nadjari, Mushon Salmona, David Volach, réalisateurs, Ronit Elkabbetz, actrice et réalisatrice, Ariel Schweitzer, professeur de cinéma

 

Jeudi 13 mars, de 19h15 à 20h00, Radio Classique : « Hees bien raisonnable » (Jean-Luc Hees), avec l’actrice et réalisatrice Maria de Medeiros
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Liens et informations complémentaires :

 

Rappel : Grille des émissions de radio spécifiquement consacrées au cinéma

 

- Du 21 janvier au 13 avril 2008, Radio Classique présente « Les Élections de la musique de film », 60 musiques candidates étant classées par thématique (romance, road-movie, western...) et diffusées à l'antenne deux par deux, en confrontation

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CINÉMA ET ANIMATION

3 Mars 2008, 17:31pm

Publié par Mister Arkadin

Suite à la nécrologie sur Pierre Courtet-Cohl, voici quelques références de magazines et revues qui ont publié des dossiers ou numéros sur le cinéma d’animation et les dessins animés :

Astrapi : dossier sur le tournage d'un dessin animé à propos de "la Prophétie des grenouilles".

BT (Ed. P.E.M.F. (Presse Edition Mouvement Freinet), Mouans Sartoux (Alpes-Maritimes)) : « Le cinéma d’animation » (textes de Jean-Marc Constantino, Jean-Pierre Jaubert et Michel Barré), n°1066, 1er mars 1995, 48 p.

Capital (mensuelle, Paris, Prisma Presse, éd. Jean-Joël Gurviez, réd.chef François Genthial) : « Le dessin animé, nouveau filon d’Hollywood » (textes de Cédric Pietralunga, Jean Botella, Caroline Michel, Nathalie Villard, Éric Wattez), n°165, juin 2005, p.66-86.

Chronic’art (« Magazine culturel connecté », Paris) : « Japanimation : au-delà de Miyazaki », n°18, février-mars 2005.

Clés de l’actualité (Les) (hebdomadaire, « L’actualité pour comprendre / comprendre l’actualité », « L’hebdo des collèges et des lycées », Milan Presse, Toulouse, dir. pub. Patrice Amen, dir. gén. réd. Alain Oriol, dir. réd. Richard Clavaud, réd. chef Christophe Vadot), « Animation. Entrez dans la magie » (éditorial de Christopher Vadot ; textes de Carine Cepi, Jean-Luc Ferré, O.P., Laurent Djian, Pascal Alquier ; entretiens avec Krystof Serrand, Geneviève Djénati, avec deux étudiants), n°spécial, n°466, 20 décembre 2001 – 2 janvier 2002, p.1-11.

Clés de l’actualité (Les)(hebdomadaire, « L’actualité pour comprendre / comprendre l’actualité », « L’hebdo des collèges et des lycées », Milan Presse, Toulouse, dir. pub. Patrice Amen, dir. gén. réd. Alain Oriol, réd. chef Chantal Cabé) : « Le cinéma d’animation » (dossier écrit par Pascal Alquier ; entretien avec Serge Blomberg), n°598, 2-8 décembre 2004, p.7-8 (I-IV).

Diagrammes du monde (mensuelle, dir. J. Plumenail / Albert Ducrocq, Éditions du CAP Palais de la Scala, Monte-Carlo) : « Le dessin animé » (par Marie-Thérèse Poncet), n°138, août 1968, p.1-80.

Dossiers de l’audiovisuel (bimestrielle, INA, Paris, réd. chef Michel Anthonioz, coord. Pierre Carette) : « Le dessin animé » (dossier réalisé par Henri False, André Martin, Sophie Brunet, France de Nicolay, Marthe Laurent-Clotilde, Georges Meyer), n°10, novembre-décembre 1986, p.13-54.

Figaro Magazine (Le) (hebdomadaire ; supplément au quotidien Le Figaro) : « Il était une fois Walt Disney » (textes de Jean-Christophe Buisson et Valérie Lejeune, Claria Géliot, Laurence Haloche, Anne de Guigne), Le Figaro n°17784, cahier 3, 13 octobre 2001, p.60-66.

Journal de Mickey (Le) (hebdomadaire, Disney Hachette Presse, Levallois-Perret, dir. pub. Pierre Sissmann, dir. réd. Viviane Mahler, réd. chef Marion Desjardins) : « Tout ce que les chevaux peuvent faire au cinéma ! » (en couverture : « Les chevaux au cinéma, des acteurs incroyables » ; propos de et entretien avec Mario Luraschi), n°2201, 24 août 1994, p.26-29.

Journal de Mickey (Le) (hebdomadaire, Disney Hachette Presse, Levallois-Perret, dir. pub. Pierre Sissmann, dir. réd. Gilles Heylen, réd. chef Lisette Morival) : « Spécial cinéma. Ton grand jeu de l’oie + les gags fous fous du Festival de Cannes » (jeux de Emeric Carré ; illustrations de Gic ; bande-dessinée de Manu Herbreteau et Péhel), n°2343, 14 mai 1997, p.55-60 (+Donald en couverture).

Journal de Mickey (Le) (hebdomadaire, Disney Hachette Presse, Levallois-Perret, dir. pub. Philippe Laco, dir. réd. Gilles Heylen, réd. chef Jacques Lelièvre) : « Découvre la magie du cinéma » (dossier réalisé par Angélique Attal, Gabriel Joseph-Dezaize, Jérôme Verroust ; illustrations de Jilème), n°2520, 4 octobre 2000, p.35-43 (+couverture).

Journal de Mickey (Le) (hebdomadaire) : « Les duos de choc du cinéma : spécial police », n°2655, 7 mai 2003.

Nouvel Observateur (Le) : « Le roi Disney » (enquête de François Forestier et Christopher Jones ; texte de Marie-France Rémond ; entretien avec Roy Disney Jr), n°1932, 15-21 novembre 2001, p.10-22.

Petit Journal des grandes expositions (Le) (Paris, Réunion des musées nationaux, dir.pub. Thomas Grenon) : « Il était une fois Walt Disney. Aux sources de l'art des studios Disney », n°396, 16 septembre 2006 – 15 janvier 2007, 16 p.

Pilote (hebdomadaire) : « Tout sur le cinéma » (histoire du cinéma à l'occasion de ses 70 ans, en douze époques (les frères Lumière, Charlie Chaplin, le dessin animé, le cinémascope, etc.), le style cinématographique en BD (le film muet, le western, le film d'espionnage, le film de guerre, le dessin animé, la superproduction), le bruitage ; « Pilotarama : un plateau de cinéma » ; « Comment se fait un film », reportage), n°290, 13 mai 1965, 12 p.

S.B.T. (« supplément à la Bibliothèque du Travail », Coopérative de l’Enseignement Laïc (C.E.L.)) : « Réalise un dessin animé », n°283, mai 1970.

S.B.T. (« supplément à la Bibliothèque du Travail », Coopérative de l’Enseignement Laïc (C.E.L.)) : « Le Cinéma d’animation », n°387, octobre 1975.

Textes et documents (Service d’information du Ministère des Affaires étrangères et du Commerce extérieur, Belgique) : « Le film d’animation en Belgique » (par Raoul Maelstaf), n°261/262, juillet-août 1970, 104 p. ; réédition, n°307, 1976, 198 p.

Tdc (« Textes et documents pour la classe », Centre national de documentation pédagogique (Paris), dir. Pub. Pierre Trincal, réd. Chef Evelyne Lattanzio, Montrouge (Hauts-de-Seine)) : « Le dessin animé » (dossier réalisé par Gérard Lenne, avec la collaboration de Christiane Yamada-Pédersen (rédaction), Pierre Philippon (iconographie), Elisabeth Prigent (maquette) ; entretien avec Philippe Grimond), n°604, 8 janvier 1992, p.3-28 (+ couverture + p.28-29).

Tdc (« Textes et documents pour la classe », publication du Centre national de documentation pédagogique, Paris, dir. Gilbert Léoutre, réd. Frédéric Bounoure) : « Un dessin animé : Le Roi et l’Oiseau », n°243, 16-1 mai 1980, p.1-8, 25-32.

Tdc---834---15-avril-2002---le-cin-ma-d-animation.jpgTdc (« Textes et documents pour la classe », Centre national de documentation pédagogique (C.N.D.P.), Montrouge, dir.pub. Claude Mollard, réd.chef Lydia Bretos) : « Le cinéma d’animation » (dossier réalisé par Michel Roudevitch, Hoël Caouissin, Jean-Pierre Lemouland, Christiane Pédersen, Christiane Rebattet et Pierre Philippon ; « Supplément d'âme », éditorial de Lydia Bretos ; « Un art polymorphe », par Michel Roudevith ; « Recréer la vie » et « L'art du pixel », par Hoël Caouissin ; « Planter le décor », « Donner vie aux marionnettes », « Le storyboard », textes non signés ; « Jeux magiques », « Eurêka ! » et « Entre art et marketting », reprise de textes sur l'animation ; bibliographie), n°834, 15-30 avril 2002, 40 p. (poster Le Cyclope de la mer, analyse et mode de fabrication d'un film d'animation).

Télérama(hebdomadaire, Paris, dir.pub. Bruno Patino ; dir.H.S. Bernard Mérigaud, dri.artistique Elhadi Yazi) : « Disney au Grand Palais. Les influences européennes » (n° conçu par Bernard Génin, à l'occasion d'une exposition du Grand Palais ; éditorial de Bernard Génin ; « Walt Disney », « Quand Dalί rencontre Disney », « Les treize longs métrages d'animation », par Bernard Génin ; entretiens avec Bruno Girveau et Dominique Païni, commissaire général de l'exposition, Bruno Gaumétou, des anciens studios Disney de Montreuil, Edwige Antier, pédiatre ; « Paysages et architecte », par Bruno Girveau ; « Disney vu par ses proches collaborateurs » et « Tyrus Wong, l'auteur des décors de "Bambi" », par Charles Solomon ; « Les "Nine Old Men" » et « Mickey, l'immortalité d'un mythe », par Michel Roudevitch ; « John Lasseter, Steven Spielberg et Joe Dante, héritiers de Disney », par Cécile Mury et Guillemette Olivier-Odicino ; « Huit cinéastes d'animation contemporains », « Un hommage au maître en huit dessins », par Sylvain Chomet, Michael Dudok de Wit, Jacques-Rémy Girerd, Jean-François Laguionie, Phil Mulloy, Michel Ocelot, Bill Plympton et Christian Volckman ; bibliographie), H.S. 138, septembre 2006, 100 p.

Textes et documents pour la classe (publication du Centre national de documentation pédagogique, Paris), « Pour comprendre le cinéma d’animation. Un film image par image », n°83, 22 novembre 1971, p.15-22.

Textes et documents pour la classe (publication du Centre national de documentation pédagogique, Paris, dir. Gilbert Léoutre, réd. Frédéric Bounoure), « Un dessin animé : Le Roi et l’Oiseau », n°243, 16-1 mai 1980, p.1-8, 25-32.

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DISPARITION DE PIERRE COURTET-COHL

2 Mars 2008, 23:45pm

Publié par Mister Arkadin

Pierre Courtet-Cohl est mort le 24 février 2008. J’avais eu l’occasion de rencontrer le petit-fils du pionnier français de l’animation Émile Cohl (1857-1938) et de correspondre avec lui, notamment à propos d’un prix Émile-Cohl dont s’occupa le critique Émile Vuillermoz pendant l’Occupation. Même sans le connaître très bien, j’avais pu apprécier son amabilité et son attachement à la mémoire de son illustre, mais somme toute trop peu connu grand-père.

Quel crève-cœur que Pierre Courtet-Cohl ne puisse assister à l’aboutissement de ses efforts pour que le centenaire de Fantasmagorie (1908), considéré comme le premier court métrage d’animation du cinéma français, soit dignement célébré.fantasmagorie.jpg Emile-Cohl.jpgAu moins aura-t-il pu voir annoncer des hommages à Émile Cohl en avril 2008, à Paris, à la Cinémathèque française par le Forum des images, en collaboration avec Gaumont Pathé Archives et les Archives françaises du film du CNC, puis en juin par le Festival et le Musée-Château d’Annecy (informations données d’après l’afca). Au moins aura-t-il pu tenir en main le volumineux et superbe numéro sur Émile Cohl de 1895, revue de l’association française de recherche sur l’histoire du cinéma, dans lequel il a publié un article sur sa famille.

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Pierre Courtet-Cohl avait également consacré à son grand-père le beau site Internet qu’Émile Cohl méritait (http://www.emilecohl.com/accueil.htm) et qui continuera, nous l’espérons, à se développer.

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Liens, notes et informations complémentaires :

- Pierre Courtet-Cohl était le trésorier des "Indépendants du premier siècle" (Lips), association doublement endeuillée puisqu’elle a aussi perdu dernièrement André Rossel-Kirschen, parent de Bernard Natan et biographe du si controversé producteur, calomnié d’après ses travaux (Pathé-Natan, la véritable histoire, Périgueux, Pilote 24 Edition, 2004).

- Le site de l’association française du cinéma d’animation (afca) : http://www.afca.asso.fr/

- Le site de Sébastien Roffat sur l’histoire du cinéma d’animation : http://www.cellulo.net

- « Bulles de rêves », une émission de Radio Libertaire sur l’animation : http://www.zewebanim.com/bullesdereve.htm

- Un travail universitaire dans lequel il est question d’Émile Cohl, par Isabelle Marinone (« Émile Cohl l’Incohérent, père du dessin animé »).

- Une autre manifestation autour de l’animation où sera célébré Émile Cohl.

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