SS CONTAMINÉ PAR LB
Vu Piégée, la dernière production Besson, plutôt en recul par rapport à Colombiana, qui appliquait une partie des mêmes recettes, la principale étant de placer une fille sexy et aux tenues moulantes au centre d'un imbroglio d'opérations barbouzardes et de courses poursuites, à cheval sur plusieurs continents (ce qui favorise les vues aussi touristiques que cinématographiques) et avec moult coups de feux et de poings (le choix d'une héroïne à la jolie plastique faisant encore mieux ressortir l'égale fonction narrative des scènes de bagarre dans ce genre de films que des scènes de cul dans les films coquins).
Piégée, par rapport à Columbiana, gagne en roublardise ce qu'il perd en punch et cherche à faire passer toutes sortes de situations et d'actes débiles grâce à la coolitude de la musique d'ambiance et la décontraction du filmage. Les publicitaires ont trouvé astucieux d'insister sur le choix d'une pulpeuse championne de sport de combat, Gina Carano, pour donner la réplique à une pléiade de vedettes masculines (Banderas, Channing, Douglas, Fassbender, Mc Gregor). La prestation de la donzelle est loin d'être déshonnorante. Petit problème tout de même, auquel on reste ébahi qu'on n'ait apparemment pas réfléchi : son habilité dans les scènes physiques contraste avec la raideur des pauvres Fassbender et Mc Gregor dans ce genre d'excercices, au point qu'on se demande pourquoi il a été pris la peine de prolonger les combats pour donner l'impression qu'ils pourraient être équilibrés, tandis que, face à l'aisance dans les scènes de comédie d'un Fassbender, Carano ne pouvait que paraître empruntée.
Le type même de fausse bonne idée de casting, par conséquent.
Ah tiens, mais voici qu'en allant regarder le générique du film, je me rends compte qu'il ne s'agit pas d'une production du "bourrin" Besson, ni d'une réalisation d'un obscur tâcheron à son service, mais de l'œuvre d'un "auteur", Steven Soderbergh. Quoiqu'après l'innommable Contagion, SS aurait pu se vendre à plus offrant encore et rejoindre l'écurie Besson. Peut-être aurait-il été dans ce cas contraint à plus de sobriété et de sincérité dans le traitement de son sujet. Au lieu de quoi, sa façon de s'aventurer sur des terres qui ne sont pas les siennes rend par comparaison presque sympathique le côté premier degré des productions Besson (un peu comme le dernier Marchal, soit dit en passant).