Mister Arkadin

CHEVEUX PAS MOUILLÉS

20 Mai 2012, 23:02pm

Publié par Mister Arkadin

De nombreux sites s'adonnent au repérage des bévues cinématographiques, la perche qui pendouille en haut de l'écran, la culotte "petit bateau" sous la robe d'une aristocrate du Grand Siècle, l'acteur qui n'est pas habillé pareil d'un plan à l'autre d'une même séquence ou le technicien qui se balade en arrière-plan de tel ou tel passage d'un blockbuster. Les deux articles suivants, entre autres, décrivent habillement le phénomène : "Y'a une perche dans le plan !" et "Les empêcheurs de visionner en rond". Cette marotte cinéphile ne date évidemment pas d'Internet et nul doute que la presse cinématographique l'avait déjà cultivée.

De quand date-t-elle ? De la même façon qu'un linguiste, Jean Giraud, avait tenté de repérer, pour une thèse soutenue durant les années 1950, la première occurrence des termes propres au cinéma, il faudrait essayer de repérer l'apparition de telles pratiques cinéphiliques.

Je livre aujourd'hui une petite pièce au dossier. Elle provient d'un numéro du Nouveau Mercure ("politique et littéraire"), où Odette Pannetier tint la "Chronique cinématographique". Voici ce qu'elle y notait le 1er octobre 1921 à propos du film La Fille de la mer, dans lequel est montré le naufrage du bateau "Le Caraïbe", « fort bien exécuté » - mais :  « Un détail amusant : lorsque les acteurs reparaissent hors de l'eau, leurs cheveux ne sont pas mouillés. Serait-ce là également un procédé des frères Williamson ? En ce cas, ils serient bien aimables de le faire connaître aux fervents de la natation. »

http://www.dumaspere.com/images/galeries/cinema/diaberger_meung.jpgTant que j'y suis, trois autres notations en passant : 

- Les Trois mousquetaires, sans doute « charmants » quand ils sont « vus en douze fois », mais « leur charme s'atténue de beaucoup lorsqu'on assiste à leurs aventures pendant cinq heures sans interruption » ; 

- un film, Dans les ténèbres, dont on devine la fin dès son milieu ;

- un film, Le Ménétrier de la Prairie, dont l' « incohérence bien américaine dépasse les bornes de l'imagination la plus cinégraphique » : « Peut-être le scénariste veut-il organiser un concours avec de superbes récompenses pour les spectateurs qui auront compris son film du commencement à la fin ? »