Mister Arkadin

VUILLERMOZ - COMPTE RENDU DE "BREF"

14 Juillet 2008, 05:13am

Publié par Mister Arkadin

J.K. [Jacques Kermabon], « De quelques méconnus », Bref, n°……., printemps 2004, p.76.


Dimitri Kirsanoff (les cinéphiles le connaissent pour Ménilmontant, 1926 et Rapt, 1934) a la particularité de s’être épanoui surtout dans le court métrage. Hormis Rapt, il n’a jamais pu développer son univers dans les longs métrages que le destin a mis devant son chemin. Sa carrière s’est achevée en 1956 avec des comédies plus lourdes que légères interprétées par Sophie Desmarais. Le lien est difficile à faire avec les gracieuses "cinéphonies" produites au début des années trente sous la houlette d’Émile Vuillermoz, des clips avant la lettre sur des musiques de Gabriel Fauré (Les berceaux, d’après un poème de Sully Prud’homme), Federico Mompou (Jeune fille au jardin), Carol Szymanowski (La fontaine d’Aréthuse, prise de vue : Boris Kaufmann). Fort d’un dépouillement minutieux de la presse et d’un visionnement de tous les films qui subsistent, Christophe Trebuil retrace, par le menu, l’itinéraire de David Kaplan (son vrai nom), né à Riga en 1899. il donne ainsi envie d’en savoir plus sur Deux amis (22 mn, 1954), pour Jacques Demeure "le chef-d’œuvre de Kirsanoff" ou les films réalisés pour le ministère de l’Agriculture.

On retrouve Émile Vuillermoz sous la plume de Pascal Manuel Heu. Le critique musical, l’auteur d’une histoire de la musique, d’une biographie de Debussy, fut aussi le premier critique cinéma à tenir une rubrique régulière dans un quotidien, en l’occurrence Le Temps,  à partir du 23 novembre 1916. Heu ferraille avec les historiens qui n’on eu que Louis Delluc à la bouche et remet, avec force arguments, Vuillermoz à la place qui lui semble due. L’ensemble, excellemment documenté, est agréable à lire. Un ensemble de textes de Vuillermoz en annexe permettent à chacun de se faire une idée de leur intérêt et de leur actualité. Heu a été frappé de découvrir à quel point ces écrits mettent en place des "topoi récurrents de la critique de cinéma" (Pascal Ory, son préfacier) et des problématiques dont on débat encore aujourd’hui.

La place nous manque pour dire tout le bien qu’il faudrait de la somme consacrée par ses plus ardents défenseurs à Ladislas Strarevitch. Léona Béatrice, petite fille du maître de l’animation, passe en effet une bonne partie de son temps à restaurer et faire mieux connaître les chefs-d’œuvre de ce pionnier, aux côtés de François Martin, dont les compétences scientifiques (il est agrégé d’histoire) confèrent, s’il en était besoin, une garantie de sérieux à cette monographie désormais incontournable.