Mister Arkadin

Articles avec #katyn

FINKIELKRAUT, PARTISAN DE "KATYN"

12 Novembre 2009, 23:18pm

Publié par Mister Arkadin

J’ai signalé dernièrement l’avis d’Alain Finkielkraut sur le film de Wajda. Il l’a confirmé samedi 31 octobre 2009 dans son émission « Répliques », sur France Culture, consacrée au « regard de Jan Karsky » :

« […] ce qui m’a blessé, moi, récemment, c’est le non accueil fait, en France, au film de Wajda. Pendant qu’on se pâmait à Cannes devant le n’importe quoi de Tarantino, le film de Wajda végétait dans une toute petite salle, avec des horaires confidentiels. Et, et c’est là que je veux en venir, le film de Wajda, Katyn, est un véritable chef-d’œuvre. Mais ce chef-d’œuvre a été mal accueilli, notamment dans le journal Le Monde, au nom d’une espèce d’hypermnésie de l’Holocauste. Ça, c’est quand même une situation à laquelle il faut réfléchir. Jean-Luc Douin a fait un procès incroyable à Wajda puisqu’il crée, dit-il, une étrange comparaison entre Katyn et le Génocide des Juifs alors qu’il n’y a aucune allusion dans le film sur la Shoah. Et il dit : "On voit même un ours en peluche alors que le petit ours en peluche c’était en quelque sorte le symbole du Génocide. Tout, sans cesse, nous ramène au Génocide, conclut Jean-Luc Douin, sauf que le mot n’est prononcé. Le Juif n’existe pas, la victime de la Seconde Guerre, c’est le Polonais". Donc, il n’est même pas possible de parler du massacre de Katyn sans se référer à la Shoah. Et si un Polonais ne se réfère pas à la Shoah, alors, lorsqu’il parle du massacre de Katyn, c’est forcément qu’il est antisémite. Mais là on a l’impression que nous sommes arrivés dans cette situation où nous ne sommes plus dans ces années où personne ne voulait entendre parler du témoignage de Karsky, mais l’hypermnésie, fantaisiste d’ailleurs et mensongère, du nazisme occulte toutes les autres réalités, l’autre totalitarisme, mais même les autres réalités de la Seconde Guerre mondiale comme si nous nous trouvions dans une situation finalement analogue à celle du procès de Nuremberg. »

Les invités de Finkielkraut ont fait chorus, le romancier Yannick Haenel qualifiant l’article du Monde d’ « odieux » et l'historienne Annette Wieviorka déclarant pour sa part : « Vous avez tout à fait raison. Je ne vois pas pourquoi, chaque fois que l’on parle d’un événement historique, il faudrait y annexer les Juifs. Il y avait dans l’article de Jean-Luc Douin une ignorance abyssale parce que le camp d’Auschwitz a été ouvert pour les Polonais et que, pendant deux années, il a été un camp de concentration pour interner des prisonniers polonais. C’est comme ça. Voilà. »

Alain Finkielkraut a ensuite interrogé Annette Wieviorka sur cette « espèce de judéocentrisme de l’opinion ».

Quoi qu’il en soit, la cabale menée contre Katyn n’empêche pas ce film d’en être à sa trente-deuxième semaine d’exploitation, une salle de Paris (Le Brady L’Albatros) et plusieurs salles en province (Grenoble, Moulins, Périgueux cette semaine) le programmant toujours.

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KATYN : PERSÉVÉRANCE !

18 Octobre 2009, 23:04pm

Publié par Mister Arkadin

Contrairement à ce que j’annonçais en juillet, le Katyn de Wajda n’a pas encore achevé son exploitation dans les salles de France, le Brady, à Paris, le projetant toujours et le Méliès de Pau ayant rejoint dernièrement la soixantaine de salles ayant projeté ce film.

La revue de presse ne s’est guère accrue ces dernières semaines.

Cependant, au détour d’un portrait d’Alain Finkielkraut, à l’occasion de la sortie d’Un cœur intelligent, dans lequel le philosophe et producteur de « Répliques » présente neuf de ses livres préférés, Aude Lancelin reproduit ses propos sur Katyn (Le Nouvel Observateur, 27 août – 2 septembre 2009, p.105) : « Ma sélection me surprend moi-même… Sans doute traduit-elle en effet une vraie inquiétude quant au sort du XXe siècle. Les grandes leçons tombent dans l’oubli. Voyez l’indifférence qui a accompagné la sortie de "Kathyn", ce film extraordinaire, frappé d’inexistence. Sa place était à Cannes, mais on a préféré s’y extasier sur le Tarantino, qui prend une liberté de bande dessinée par rapport à l’Histoire. »

Malgré cette « indifférence », soigneusement orchestrée, environ 25.000 personnes ont d’ores et déjà vu ce film en salles, auxquelles il faudrait ajouter celles qui ont pu le voir lors de son passage sur le bouquet de chaînes numériques de Canal + ou lors des projections spéciales organisées aussi bien à Paris qu’en Province.


Complément (10 octobre 2010) : dans un entretien donné au Figaro Magazine, 2 octobre 2010, p.122), Alain Finkielkraut revient sur la réception en France du film Katyn, mise en parallèle avec celle d'Inglorious Basterds.


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"KATYN", LE RETOUR !

19 Août 2009, 23:03pm

Publié par Mister Arkadin

Je me suis avancé en prétendant que les dernières séances du Katyn de Wajda étaient passées voici deux semaines. Le film repasse actuellement au Brady, à Paris. Avec cependant deux séances seulement. On en reste à une petite soixantaine de salles ayant projeté ce film.

Et, cerise sur le gâteau, le plus fidèle de mes lecteurs m’informe que l’Institut culturel polonais organise le mois prochain un cycle cinématographique « Images de la Pologne dans la Seconde Guerre mondiale », avec douze séances en six soirées du 26 septembre au 29 octobre 2009 à 18h30 et à 20h30 (Musée de l’Armée, Auditorium Austerlitz, entrée libre sur réservation au 01 44 42 38 77). Une soirée d’hommage à Andrzej Wajda aura lieu le samedi 26 septembre, présentée par Alexandra Viatteau, avec Canal. Ils aimaient la vie (1957), à 18h30, et Katyn (2007), à 20h30.

 


Complément : Revue de presse.

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KATYN : LES DERNIERES SÉANCES

1 Août 2009, 23:05pm

Publié par Mister Arkadin

Beware ! Le magnifique Katyn de Wajda ne passe plus que dans une seule salle en France, le Brady, à Paris, avec trois séances seulement. Mardi, 19 heures, sera peut-être la dernière. On en restera donc vraisemblablement à une petite soixantaine de salles ayant projeté ce film.

Pas grand-chose à ajouter à ma revue de presse, sinon la présentation du film par le site d'un cinéma italien qui a le bon goût de signaler un entretien radiophonique avec l'un des spécialistes de l'événement historique concerné, Victor Zaslavsky, mais aussi (et surtout, ne la jouons pas modeste !) de renvoyer à la reproduction d'un reportage sur Katyn sur le présent blog. "Mister Arkadin" voyageant en Italie : « sa renommée dépasse largement les frontières de l'Hexagone » (comme l'écrivit Philippe Rouyer à propos de son boss Michel Ciment dans le dictionnaire du syndicat de la critique) !

Complément (6 août 2009) : "Pas grand-chose à ajouter à ma revue de presse", ai-je écrit. Quoique ; un titre dans le sommaire du numéro d'été de la revue Esprit (n°357, août-septembre 2009) pourrait laisser penser que la revue de Mounier s'intéresse enfin à Katyn : « Quand la Pologne revient d'elle-même sur son passé ». Que nenni, il n'est question dans l'article de Judith Lindenberg (p.266-271) que de trois livres : Juifs et Polonais 1939-2008, La Fin de l'innocence. La Pologne face à son passé juif et L'Ultime combat. Nos années au ghetto de Varsovie. Une façon comme une autre de satisfaire ceux qui dénoncent la trop faible place faite par Wajda à la Shoah dans son film sur le massacre des officiers polonais par la police politique soviétique et de rétablir l'équilibre en établissant que le passé de la Pologne, c'est, sinon exclusivement (quoique...), d'abord cela.

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PERSÉVÉRANCE : KATYN TOUJOURS EN SALLES !

5 Juillet 2009, 09:01am

Publié par Mister Arkadin

Une dizaine de comptes rendus et références ont été récemment ajoutés à ma revue de presse sur le Katyn de Wajda, notamment des réactions à l'article de Jean-Luc Douin paru dans Le Monde. On se reportera en particulier à la revue Commentaire (n°126, été 2009), dans laquelle Serge Lançon écrit : « Le grand film de Wajda sur Katyn a été projeté. Mais les spectateurs devront passer sous les fourches caudines des interprétations malveillantes. Certains continuent de penser qu'il n'y a pas eu de pacte entre Hitler et Staline en 1939, et que les victimes, en Pologne ou dans les payas Baltes, de ce pacte n'ont le droit ni d'être reconnues, ni d'être commémorées, ou pire encore d'être honorées. Des voix ont donc dû se faire entendre au nom de la justice et de la vérité » (« Revue de presse », p.485).

On notera que, malgré la faible distribution du film durant les premières séances d'exploitation et malgré les efforts d'une partie influente de la presse pour minimiser l'importance de ce film ou pour le passer sous silence, il trouve d'une façon ou d'une autre son public puisqu'il est encore projeté dans dix salles cette semaine, dont deux à Paris. Katyn passe donc dans peu de salles, peu de temps dans chacune, mais aura finalement accompli, les villes se relayant les unes les autres, un petit tour de France qui devrait lui permettre d'atteindre un score honorable au box-office.


 

Liste des 78 salles et villes où le film a été distribué lors de ses vingt mois d'exploitation en France (du 1er avril 2009 au 7 décembre 2010)


9 salles à Paris :

L'Entrepôt

Le Brady L'Albatros

Les Cinq Caumartin

Lincoln

Lucernaire

Majestic Bastille

La Pagode

Reflet Médicis

Saint-André-des-Arts


5 salles en banlieue :

Argenteuil

Aubervilliers

Courbevoie

Évry

Versailles


64 en province :

Agen

Aix-en-Provence

Albi

Angers

Angoulême

Annecy

Argentan

Auxerre

Avignon

Belfort

Biarritz

Blois

Bordeaux

Brest

Caen

Cahors

Cannes

Carcassonne

Chartres

Châtellerault

Cherbourg

Clermont-Ferrand

Créteil

Dignes-les-Bains

Dijon

Grenoble

Ivry-sur-Seine

La Roche-sur-Yon

Le Mans

Les Sables

Lille

Limoges

Lyon

Marseille

Metz

Millau

Montpellier

Moulins

Mulhouse

Nancy

Nantes

Nevers

Nice

Nîmes

Niort

Orléans

Pau

Périgueux

Perpignan

Pessac

Rennes

Rouen

Saint-Brieuc

Saint-Etienne

Saint-Martin-d'Hères

Tarbes

Toulon

Toulouse

Tournefeuille

Tours

Thionville

Valence

Villefranche-sur-Saône

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KATYN : RÉCEPTION (NOUVELLE SUITE ET RÉCAPITULATIF)

3 Juin 2009, 14:44pm

Publié par Mister Arkadin

Voici une nouvelle actualisation des papiers du lundi de Pâques et du 28 avril 2009 (l'ensemble ne peut être regroupé dans une seule page, le nombre de caractères par billet étant limité) ; d'autres compléments peuvent être trouvés sur le site officiel du film (section « Presse », où est aussi disponible le dossier de presse).

Notons qu'en neuvième semaine, le film est encore projeté dans une dizaine de salles en France, soit quasiment autant qu'en première.


Comme prévu (1, 2, 3), le Katyn de Wajda n'a pas fait l'objet d'un accueil digne de son importance, principalement en raison de sa faible distribution, seules trois salles parisiennes l'ayant projeté en première semaine (quatre à partir de la deuxième) et aucune à Lyon (une à partir de la deuxième semaine). La réception critique a été un peu plus abondante que je le pensais, même si elle a pris en grande partie la forme que je prévoyais (ignorance pour les uns, Les Cahiers et Libé se surpassant, tiédeur pour les autres, diversion enfin, sous la plume de Jean-Luc Douin notamment, Le Monde ayant cependant largement mis en valeur le film et quelques critiques l'ayant tout de même traité très favorablement).

image_diaporama_portrait.jpg

 

Distribution :

Avant-premières parisiennes : projection organisée à l'initiative de Marc Le Fur à l'Assemblée nationale, en présence de l'Ambassadeur de Pologne et du distributeur du film ; « Un événement et sa résurgence. Katyń - de la réalité au cinéma », table ronde organisé par l'Institut Polonais, en présence d'Andrzej Wajda, à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, le 24 mars 2009 ; à la Cinémathèque française le 23 mars 2009 ; au Champo le 31 mars 2009 (avec un débat organisé par la revue L'Histoire)

Autres débats et séances spéciales : - « Autour du film KATYN en présence de Bordeaux III, d'Alexandra Viatteau, historienne, auteure, et François-Guillaume Lorrain », projection-débat organisé avec le magazine Le Point, 15 novembre 2008, au Festival International du Film de Pessac  ; « Katyn à l’honneur en Vendée »

- Projection le 3 septembre 2009 au Cinéma Jeanne d'Arc (Muzillac, 56)

- Projection, accompagné d'un débat animé par Christian Szafraniak et Alexandra Wiatteau, au Festival du film d'Histoire de Pessac, novembre 2009

 - Rétrospective Andrzej Wajda à la Cinémathèque française, Paris, 21 février 2010

- Rencontre "Ciné Histoire", avec Alfred Grosser (professeur à Sciences-Po) et Jean-Louis Crémieux-Brilhac (historien et témoin), à La Pagade (Paris, 7°), samedi 14 mars 2010

- Projection en présence d'Andrzej Wajda et Krystyna Zachwatowicz le 29 avril 2010 à l'Institut Lumière de Lyon

- Projection lors de la fête des patriotes organisée par "Les Amis de Bruno Gollnisch" le 13 ou 14 novembre 2010 à Villepreux

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Semaine du 1er au 7 avril 2009 : 3 salles à Paris (Les Cinq Caumartin ; Reflet Médicis ; Saint-André-des-Arts) et 11 au total en France (Aix-en-Provence, Brest, Grenoble, Marseille, Nantes, Perpignan, Pessac, Tournefeuille), selon le décompte du quotidien Présent (« Il faut sauver le soldat Wajda », 3 avril 2009, p.3).

Semaine du 8 au 14 avril 2009 : 4 salles à Paris (Les Cinq Caumartin ; Saint-André-des-Arts ; Lincoln ; Majestic Bastille) ; 9 salles en province (Aix-en-Provence, Brest, Grenoble, Lyon, Nantes, Orléans, Perpignan, Pessac, Toulouse)

Semaine du 15 au 21 avril 2009 : 4 salles à Paris (Les Cinq Caumartin ; Saint-André-des-Arts ; Lincoln ; Majestic Bastille) ; 6 salles en province (Brest, Grenoble, Lyon, Nice, Orléans, Tournefeuille)

Semaine du 22 au 28 avril 2009 : 4 salles à Paris (Les Cinq Caumartin ; Saint-André-des-Arts ; Lincoln ; Majestic Bastille) ; 7 salles en province (Brest, Grenoble, Lyon, Metz, Nantes, Nice, Perpignan)

Semaine du 6 au 12 mai 2009 : 1 salle à Paris (Lincoln) ; 9 salles en province (Angers, Avignon, Belfort, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Lyon, Nancy, Nice, Pessac)

Semaine du 13 au 19 mai 2009 : 1 salle à Paris (Lincoln) ; 1 salle en banlieue (Argenteuil) ; 8 salles en province (Angers, Avignon, Bordeaux, Lyon, Nancy, Nice, Pessac, Valence)

Semaine du 20 au 26 mai 2009 : 1 salle à Paris (Lincoln) ; 9 salles en province (Angoulême, Annecy, Lille, Lyon, Montpellier, Nice, Rennes, Thionville, Valence)

Semaine du 27 mai au 2 juin 2009 : 1 salle à Paris (Lincoln) ; 9 salles en province (Angoulême, Carcassonne, La Roche-sur-Yon Les Sables, Lyon, Montpellier, Nice, Rennes, Tarbes, Toulon)

Semaine du 3 au 9 juin 2009 : 1 salle à Paris (Lincoln) ; 9 salles en province (Blois, Brest, Ivry-sur-Seine, Lyon, Millau, Nice, Nîmes, Toulon, Tours)

Semaine du 10 au 16 juin 2009 : 1 salle à Paris (Lincoln) ; 8 salles en province (Agen, Créteil, Courbevoie, La Roche-sur-Yon Les Sables, Limoges, Lyon, Nice, Saint-Brieuc)

Semaine du 17 au 23 juin 2009 : 1 salle à Paris (Lincoln) ; 6 salles en province (Chartres, Châtellerault, Limoges, Lyon, Nice, Saint-Brieuc)

Semaine du 24 au 30 juin 2009 : 1 salle à Paris (Le Lucernaire) ; 8 salles en province (Biarritz, Chartres, Cherbourg, Lyon, Mulhouse, Nice, Rouen, Saint-Etienne)

Semaine du 1er au 7 juillet 2009 : 2 salles à Paris (Le Brady L'Albatros ; Le Lucernaire) ; 8 salles en province (Biarritz, Chartres, Grenoble, Le Mans, Mulhouse, Nice, Saint-Etienne, Saint-Martin-d'Hères)

Semaine du 15 au 21 juillet 2009 : 2 salles à Paris (Le Brady L'Albatros ; Le Lucernaire) ; 2 salles en province (Nice, Saint-Etienne)

Semaine du 22 au 28 juillet 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L'Albatros) ; 2 salles en province (Argentan, Saint-Etienne)

Semaine du 29 juillet au 4 août 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L'Albatros ; 3 séances)

Semaine du 5 au 11 août 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L'Albatros ; 6 séances)

Semaine du 19 au 25 août 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L’Albatros ; 2 séances)

Semaine du 26 août au 1er septembre 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L’Albatros ; 3 séances)

Semaine du 9 au 15 septembre 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L’Albatros ; 3 séances) et 1 salle à Paris (Le Jean Vigo, à Aubervilliers ; 7 séances)

Semaine du 16 au 22 septembre 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L’Albatros ; 4 séances)

Semaine du 23 au 29 septembre 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L’Albatros ; 4 séances

Semaine du 30 septembre au mardi 6 octobre 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L’Albatros ; 4 séances) ; 1 salle en province (Le Katorza, à Nantes ; 1 séance en VF)

Semaine du 7 au 13 octobre 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L’Albatros ; 4 séances) ; 1 salle en province (Le Méliès, à Pau ; 4 séances)

Semaine du 14 au 20 octobre 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L’Albatros ; 2 séances) ; 1 salle en province (Le Méliès, à Pau ; 4 séances)

Semaine du 21 au 27 octobre 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L’Albatros ; 1 séance) ; 1 salle en banlieue (Centre Jacques-Prévert, à Evry ; 1 séance, avec débat) ; 1 salle en province (Albi ; 2 séances)

Semaine du 28 octobre au 3 novembre 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L’Albatros ; 1 séance) ; 1 salle en province (Cahors ; 2 séances)

Semaine du 4 au 10 novembre 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L’Albatros ; 1 séance) ; 1 salle en province (Toulon ; 2 séances)

Semaine du 11 au 17 novembre 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L’Albatros ; 1 séance) ; 3 salles en province (Grenoble, Moulins, Périgueux)

Semaine du 18 au 24 novembre 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L’Albatros ; 3 séances) ; 3 salles en province (Annecy, Dignes-les-Bains, Niort)

Semaine du 25 novembre au 1er décembre 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L’Albatros ; 2 séances)

Semaine du 2 au 9 décembre 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L’Albatros ; 2 séances) ; 1 salle en province (Nevers ; 4 séances)

Semaine du 9 au 15 décembre 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L’Albatros ; 3 séances)

Semaine du 16 au 22 décembre 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L’Albatros ; 1 séance)

Semaine du 23 au 29 décembre 2009 : 1 salle à Paris (Le Brady L'Albatros ; 1 séance)

Semaine du 30 décembre 2009 au 5 janvier 2010 : 1 salle à Paris (Le Brady L'Albatros ; 1 séance)

Semaine du 6 au 12 janvier 2010 : 1 salle à Paris (Le Brady L'Albatros ; 1 séance)

Semaine du 13 au 19 janvier 2010 : 1 salle à Paris (Le Brady L'Albatros ; 1 séance)  ; 1 salle en province (Auxerre ; 4 séances, 1 étant suivie d’un débat, le jeudi soir)

Semaine du 20 au 26 janvier 2010 : 1 salle à Paris (Le Brady L'Albatros ; 1 séance)

Semaine du 27 janvier au 2 février 2010 : 1 salle à Paris (Le Brady L'Albatros ; 1 séance) ; 1 salle en province (Dijon ; 1 séance)

Semaine du 3 au 9 février 2010 : 1 salle à Paris (Le Brady L'Albatros ; 1 séance)

Semaine du 10 au 16 février 2010 : 1 salle à Paris (Le Brady L'Albatros ; 1 séance) ; 1 salle en province (Villefranche-sur-Saône ; 7 séances)

Semaine du 17 au 23 février 2010 : 1 salle à Paris (Le Brady L'Albatros ; 1 séance) ; 1 salle en province (Caen ; 2 séances)

Semaine du 24 février au 2 mars 2010 : 1 salle à Paris (Le Brady L'Albatros ; 1 séance)

Semaine du 2 au 9 mars 2010 : 1 salle à Paris (Le Brady L'Albatros ; 1 séance)

Semaine du 10 au 16 mars 2010 : 2 salles à Paris (Le Brady L'Albatros, 1 séance ; La Pagode, 1 séance)

Semaine du 17 au 23 mars 2010 : 1 salle à Paris (Le Brady L'Albatros, 1 séance)

Semaine du 24 au 30 mars 2010 : 1 salle à Paris (Le Brady L'Albatros, 1 séance)

Semaine du 31 mars au 6 avril 2010 : 1 salle à Paris (Le Brady L'Albatros, 1 séance)

Semaine du 7 au 13 avril 2010 : 1 salle à Paris (Le Brady L'Albatros, 1 séance), 1 en banlieue (Le Roxane à Versailles, 3 séances, dans le cadre d'un "Festival du film polonais), 1 en province (Rennes, séance suivie d'un débat)

Semaine du 21 au 27 avril 2010 : 2  salles à Paris (Le Brady L'Albatros, 1 séance ; Reflets Médicis, 4 séances), 1 en province (Lyon, rétrospective Wajda à l'Institut Lumière)

Semaine du 28 avril au 4 mai 2010 : 2  salles à Paris (Le Brady L'Albatros, 1 séance ; Reflets Médicis, 1 séance), 2 en province (Lyon, rétrospective Wajda à l'Institut Lumière ; Cannes, 1 séance)

Semaine du 5 au 11 mai 2010 : 3  salles à Paris (Le Brady L'Albatros, 1 séance ; Reflets Médicis, 1 séance ; L'Entrepôt, 1 séance), 2 en province (Angers ; Valence)

Semaine du 19 au 25 mai 2010 : 2  salles à Paris (Le Brady L'Albatros, 1 séance ; Reflets Médicis, 1 séance)

Semaine du 2 au 8 juin 2010 : 2  salles à Paris (Le Brady L'Albatros, 1 séance ; L'Entrepôt, 4 séances)

Semaine du 16 au 22 juin 2010 : 1  salle à Paris (L'Entrepôt, 1 séance)

Semaine du 23 au 29 juin 2010 : 1  salle à Paris (L'Entrepôt, 2 séances)

Semaine du 30 juin au 6 juillet 2010 : 1  salle à Paris (L'Entrepôt, 5 séances)

Semaine du 7 au 13 juillet 2010 : 1  salle à Paris (L'Entrepôt, 2 séances)

 

Semaine du 14 au 20 juillet 2010 : 1  salle à Paris (L'Entrepôt, 2 séances)

Semaine du 21 au 27 juillet 2010 : 1  salle à Paris (L'Entrepôt, 1 séance)

Semaine du 28 juillet au 4 août 2010 : 1  salle à Paris (L'Entrepôt, 1 séance)

Semaine du 12 au 18 août 2010 : 2  salles à Paris (L'Entrepôt, 1 séance ; Le Brady L'Albatros, 1 séance)

Semaine du 19 au 25 août 2010 : 2  salles à Paris (L'Entrepôt ; Le Brady L'Albatros)

Semaine du 26 au 31 août 2010 : 2  salles à Paris (L'Entrepôt ; Le Brady L'Albatros)

Semaine du 1er au 7 septembre 2010 : 2  salles à Paris (L'Entrepôt, 2 séances ; Le Brady L'Albatros, 1 séance)

Semaine du 22 au 28 septembre 2010 : 2  salles à Paris (L'Entrepôt, 1 séance ; Le Brady L'Albatros, 2 séances)

Semaine du 29 septembre au 5 octobre 2010 : 2  salles à Paris (L'Entrepôt, 1 séance ; Le Brady L'Albatros, 1 séance)

Semaine du 6 au 12 octobre 2010 : 2  salles à Paris (L'Entrepôt, 1 séance ; Le Brady L'Albatros, 2 séances)

Semaine du 20 au 26 octobre 2010 : 2  salles à Paris (L'Entrepôt, 2 séances ; Le Brady L'Albatros, 2 séances)

Semaine du 27 octobre au 2 novembre 2010 : 2  salles à Paris (L'Entrepôt, 1 séance ; Le Brady L'Albatros, 2 séances)

Semaine du 10 au 16 novembre 2010 : 2  salles à Paris (L'Entrepôt, 1 séance ; Le Brady L'Albatros, 2 séances)

Semaine du 17 au 23 novembre 2010 : 2  salles à Paris (L'Entrepôt, 1 séance ; Le Brady L'Albatros, 2 séances)

Semaine du 24 au 30 novembre 2010 : 1  salle à Paris (Le Brady L'Albatros, 2 séances)

Semaine du 1er au 7 décembre 2010 : 1  salle à Paris (Le Brady L'Albatros, 2 séances)

8 décembre 2010 : film plus programmé dans les salles françaises.

 

 

Émissions de télévision :

France 3, « Ce soir ou jamais » (Frédéric Taddéi), mercredi 25 mars 2009 : « Staline - Poutine : les liaisons dangereuses ? », débat, avec notamment Andrzej Wajda

Histoire, « Le grand débat » (Michel Field et Éric Zemmour), 29 mars 2009, à 22h05 : « Katyn : la vérité sur un massacre », avec Alexandra Viatteau (historienne), Stéphane Courtois (historien) et Jean-Louis Panné (historien)

 

Émissions de radio :

France Inter, « Et pourtant elle tourne » (Bruno Duvic), mercredi 1er avril 2009 : Entretien d'Evan Bettan avec Andrzej Wajda ; « Le Masque et la Plume » (Jérôme Garcin), dimanche 5 avril 2009, avis d'Éric Neuhoff, Pierre Murat, Sophie Avon et Xavier Leherpeur

Radio Courtoisie : Libre journal du cinéma (Philippe d'Hugues, avec Philippe Ariotti, Pascal Manuel Heu, Michel Marmin, Alain Paucard, Anne Brassié et Arnaud Guyot-Jeannin, 19 mars, 16 avril, 14 mai et 11 juin 2009 ) ; Bulletins de réinformation du 2 avril (« Le film Katyn, une vérité qui dérange ? ») et du 15 avril 2009 ; « Livres en poche » (Anne Brassié, avec Alain de Benoist, 16 avril 2009 ; 14 mai 2009) ; « Libre journal de Jacques Trémolet de Villers » (avec Benoît Gousseau, critique littéraire et rédacteur en chef du mensuel Politique Magazine, jeudi 19 mars 2009 - enregistrement) ; « Libre journal de la Réplique » (Bernard Antony, avec Yves Daoudal), mercredi 25 mars 2009 ; Bulletin de réinformation du 2 avril 2009 ; « Libre journal de la Résistance » (Emmanuel Ratier, mercredi 8 avril 2009, de 18h00 à 19h30, « Club de la presse nationaliste », avec Camille-Marie Galic, Caroline Parmentier et Jeanne Smits (journalistes) ; « Libre journal des lycéens » (Romain Lecap, avec Xavier Delaunay et Agathe Menot, samedi 11 avril 2009, de 12h00 à 13h30, « Chronique culturelle ») ; « Libre journal de la Résistance française » (Gérard Marin, mercredi 15 avril 2009 : « Allez voir Katyn, c'est un chef d'œuvre ! », Alain Paucard) ; « Libre journal de la Vieille Europe » (Patrick Péhèle et Lucien Valdès, mardi 25 août 2009, « La cinéma populaire français et européen », avis de Michel Marmin) ; « Libre journal des Lycéens » (Romain Lecap, samedi 10 avril 2010, de 12h00 à 13h30 : « Chronique culturelle » de Jean Lassalle (professeur d’histoire, conférencier), avec Xavier Delaunay, à propos du DVD Katyn) ; « Libre journal d’Henry de Lesquen » (lundi 12 avril 2010, à 19h30, avis d’Henry de Lesquen et de Jeanne Smits) ; « Libre journal de Jacques Trémolet de Villers », jeudi 15 avril 2010, de 19h30 à 21h00, « Les deux drames de Katyn », avec Benoît Gousseau (journaliste, rédacteur en chef de Politique Magazine), notamment à propos du film de Wajda, mais également de quelques films anti-communistes passés sous silence ou mal reçus en France (Vent d’est, Triple agent, Le Neuvième jour) ; « Libre journal de la Réplique » (Bernard Antony, avec Jeanne Smits et Louis Chagnon, mercredi 21 avril 2010) ; « Livre du jour. Les mardis de la mémoire  » (Anne Collin et Dominique Paoli,  avec Alexandra Viatteau, mardi 1er juin 2010)

France Culture, « Du grain à moudre » (Julie Clarini et Brice Couturier), vendredi 10 avril 2009, de 18h15 à 19h15 : « Autour de la sortie du dernier film d'Andrzej Wajda, Katyn [« film d'une amère mélancolie et d'une grande beauté » (Brice Couturier)] », en direct et en public de la Gare Saint Sauveur à Lille, avec Stéphane Courtois (Historien du communisme, directeur de recherche au CNRS), Jean-Yves Potel (Politologue, ancien conseiller culturel à l'ambassade de France à Varsovie) et Christian Szafraniak (Spécialiste du cinéma polonais, correspondant pour la Pologne du FIPA, Président de l'association Jean Mitry) - Enregistrement [lien inactif supprimé]

France Culture, « La Fabrique de l'histoire » (Emmanuel Laurentin ; « Les usages politiques et sociaux du passé », vendredi 1er mai 2009, 09h05 à 10h00 : « Table ronde des historiens », avec Arlette Farge, Pascal Ory, Fabrice d'Almeida et Séverine Liatard, notamment sur Katyn, d'Andrzej Wajda ; « Répliques » (Alain Finkielkraut, 30 mai 2009, émission sur la « Philia », à partir de la quarante-et-unième minute ; 6 février 2010, émission sur la terreur stalinienne, avec Nicolas Werth)

France Culture, « Les retours du dimanche » (Caroline Broué et Hervé Gardette, dimanche 11 avril 2010, de 18h10 à 19h00) : « La bulle sonore : le réalisateur Andrzej Wajda au lendemain de la visite historique de Vladimir Poutine sur les lieux du massacre de Katyn. Un entretien exceptionnel, réalisé le vendredi 9 avril, la veille du crash de l'avion du président polonais et de sa délégation »

« L'insolent » (« Chronique sociale, économique et politique en toute liberté » ; Jean-Gilles Malliarakis), « Lumière 101 » (« Un regard libre sur un monde ouvert »), 8 et 9 avril 2009, 7 avril 2011 : « Katyn un film magnifique de Wajda »   ; « Katyn le poids historique du mensonge et du crime » ; « Clés pour comprendre Katyn »

France Inter, « 2000 ans d'histoire » (Patrice Gélinet), 29 mars 2010, « Katyn », avec Alexandra Viatteau, avec des extraits sonores du film de Wajda

 

Conférence :

Canal Académie (31 mai 2009) : « Katyn : crime de guerre, crime de mémoire, la barbarie en Pologne. Du film de Wajda et de la littérature historique », par Alexandra Viatteau

 

Quotidiens :

20 minutes (1er avril 2009, p.13) : « Le cinéaste polonais revient en signant un drame bouleversant sur un massacre historique et l'absurdité de la guerre » (texte intégral)

Croix (La) (1er avril 2009, p.21) : « Ce film sur Katyn était une nécessité », entretien avec Andrzej Wajda ; « Récit d'un massacre et d'un mensonge d'État », par Laurent Larcher (**)

Direct Matin : rien le mercredi 1er avril 2009 (deux page sur le cinéma et une marée de pub pour Montres contre Aliens)

Échos (Les) (1er avril 2009, p.25 ) : « Le roman national de Wajda », par Emmanuel Hecht ; film également conseillé par Annie Coppermann sur son blog, le 29 avril 2009

El Watan (9 février 2009) : « Katyn ou l'histoire d'un mensonge »

Figaro (Le) (31 janvier 2008 ; texte repris, sous le titre « Ne pas oublier Katyn », dans Commentaire, n°125, printemps 2009, p.201-202) : « Pourquoi Katyn gêne-t-il toujours ? », par Bernard Père

Figaro (Le) (15 février 2008) : « "Katyn, du massacre à l'imposture », par Marie-Noëlle Tranchant ; « Un des plus terrifiants massacres de l'histoire », par Jacques Saint Victor

Figaro (Le) (24 mars 2009) : « Le cœur lourd », par Bertrand de Saint Vincent (chronique « Sur invitation » ; « Avant-première de "Katyn", d'Andrzej Wajda, à la Cinémathèque »)

Figaro (Le) (1er avril 2009, p.28 ; ***) : « Historiquement correct », par V.D. ; « Andrzej Wajda au cœur du massacre de Katyn », entretien ; « Entre requiem et réquisitoire », par Marie-Noëlle Tranchant ; « Tout le symbole du mensonge totalitaire », par Stéphane Courtois

Figaro (Le) (7 avril 2010, p.8) : « 3 questions à… » Andrzej Wajda, à l’occasion de la diffusion du film à la télévision russe et des commémorations du 70e anniversaire de Katyn

Figaro magazine (Le) (27 mars 2009 ; 4 avril 2009) : « Katyn : l'autre devoir de mémoire », par Jean Sévilla ; « Historiquement correct », par Véronika Dorman

France soir (trois pages sur le cinéma le mercredi 1er avril 2009 ; www.francesoir.fr) : néant.

Humanité (L') (1er avril 2009, p.22) : « Tu n'as rien vu à Katyn », par Jean Roy [L'Huma a-t-elle souhaité rendre hommage à "Mister Arkadin" et à mon billet du même titre ?!]

Libération (18 septembre 2007 ; 16 février 2008 ; 20 avril 2009, « Rebonds », p.28) : « La Pologne revit le drame de Katyn », par Maja Zoltowska ; « Andrzej Wajda dans la forêt de Katyn », par Didier Péron et Nathalie Versieux ; « Antisémite, Andrzej Wajda ? », par Jean-Charles Szurek

Libération (1er avril 2009, p.22, colonne « D'autres films ») : « Katyn, d'Andrzej Wajda, est le premier film consacré au massacre des 25 000 soldats et officiers polonais par le futur grand frère soviétique » (texte intégral)

Métrofrance.com (31 mars 2009) : « "Katyn" du Polonais Andrzej Wajda, met en images un massacre longtemps tabou »

Monde (Le) (29-30 mars 2009, p.20) : « Au cinéma avec Stéphane Courtois »

Monde (Le) (1er avril 2009) : « Je voulais évoquer le crime et le mensonge », entretien avec Andrzej Vajda, p.1-19 (débutant en ventre de une) ; « "Katyn" : film poignant et douloureux pour Wajda », par Jean-Luc Douin, p.19.

Monde (Le) (15 avril 2009, p.16 ; repris dans Le Débat, n°126, été 2009, p.498-499) : « "Katyn" ou le film du massacre des Polonais par les Soviétiques » (« Nulle ambiguïté chez Wajda : il relate un drame sans lien avec la Shoah »), par Adam Michnik

Monde (Le) (25 avril 2009, p.18) : « Haro sur le critique », par Véronique Maurus ("médiatrice") 

Monde (Le) (13 avril 2010, p.26) : « Les arbres de Katyn », par Franck Nouchi

Nord Éclair (27 mai 2009) : « un règlement de compte sans compromis avec le mensonge qui a forcé la Pologne populaire à oublier ses héros »

Ouest France : « Fort et douloureux »

Parisien (Le) (13 février 2009 ; 31 mars 2009) : « La 59e Berlinale approche de son terme, Wajda de retour en compétition » ; « "Katyn" : édifiant » (**)

Présent : « Katyn », par Jeanne Smits, et « Katyn », par Jacques Trémolet de Villers (n°6820, 11 avril 2009, p.1 et 4 ; accompagné d'un dessin de Chard) ; « Katyn ou l'Histoire hémiplégique », par Danièle Masson, 5 juin 2010, p.I-II

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Tribune (La) (28 mars 2009 ; 1er avril 2009, p.30) : « Il y aura d'autres films sur Katyn », entretien avec Andrzej Wajda ; « "Katyn", crime de guerre et mensonge d'État », par Jean-Christophe Chanut »

Tribune de Genève (La) (30 mars 2008) : « "Katyn" du Polonais Andrzej Wajda, met en images un massacre longtemps tabou »

 

Hebdomadaires :

Canard enchaîné (Le) (1er avril 2009, p.6 - film mis en vedette dans la rubrique « Cinéma ») : « Faucille, marteau, fosse commune », par Jean-Luc Porquet [« c'est grave, sans effets, presque sans affect », « une impeccable leçon d'histoire »]

Elle (28 mars 2009) : Compte rendu de Françoise Delbecq (*** ; « un film personnel et poignant »)

Express (L') (supplément « Style », 2 avril 2009, pages « Tentations Culture ») : rien.

Femme actuelle (25 mars 2009) : « "Katyn" du Polonais Andrzej Wajda, met en images un massacre longtemps tabou »

Figaroscope (1-7 avril 2009, p.19) : critique de Marie Noëlle Tranchant (♥♥♥ ; 1/4 de page sur 2 pour les nouveautés du jour)

Humanité Dimanche (2-8 avril 2009, p.57) : « Du devoir de mémoire au cinéma », par Maud Vergnol

Inrockuptibles (Les) (n°696, 31 mars 2009, p.53) : Jean-Baptiste Morain [« Évocation lourdingue d'un drame national polonais »]

Journal du Dimanche (Le) (29 mars 2009) : « Tragédie polonaise », par D.A. (*)

Madame Figaro (28 mars 2009) : « Histoire d'un drame », par S.G. (** ; « beau film historique et humain sur le mensonge et l'attente, le martyre et l'honneur »)

Marianne (28 mars - 3 avril 2009, p.76) : Danièle Heymann

Minute (n°2405, 15 avril 2009, p.13, « Le Charivari de la semaine », par François Couteil) : « Où "Première" enterre de nouveau les morts de Katyn » et « Où "Le Monde" prive de nounours les enfants polonais »

Monde 2 (Le) (n°253, 20 décembre 2008, p.16) : « Le souffle de l'épopée invisible », par Pierre Assouline

Nouvel Observateur (Le) (26 mars - 1er avril 2009, p.111) : « Révélations sur le massacre de Katyn », par François Forrestier

Nouvel Observateur (Le), supplément « TéléObs » (2 avril 2009, p.62 et 68) : « L'homme de fer » et critique, par François Forrestier

Nouvel Observateur (Le) (n°2382, 1er - 7 juillet, p.7, « L'éditorial de Jean Daniel » ) : « Pour comprendre Katyn », par Jean Daniel

Paris Match (31 mars 2009) : « Salades russes », par Alain Spira

Pariscope (« Cotation des critiques », semaine du 1er au 7 avril 2009) : V.Gaucher/A.Gaillard (Pariscope) * / Françoise Delbecq (Elle) *** / Fabrice Leclerc (Studio - Ciné Live) * / Bruno Cras (Europe 1) *** / Pierre Murat (Télérama) *

Point (Le) (n°1906, 26 mars 2009, p.102) : « Requiem pour Katyn », par François-Guillaume Lorrain

Rivarol (17 mai 2005 ; n°2900, 10 avril 2009, p.10) : « Katyn, « "post mortem" » (reproduit dans le Bulletin des ARB, n°114, hiver 2008 – printemps 2009, p.3) ; « Requiem pour un massacre », par Patrick Laurent

Siné-hebdo (1er avril 2009) : pas d'article, mais une forme d'hommage, certes involontaire, avec le dessin de couverture (reproduit ci-dessous)

sine-hebdo-v-30.jpgTélérama (1er avril 2009, p.50) : Pierre Murat (« pas si mal »)

Télérama (26 mai 2010, p.105, à l'occasion de la diffusion du film sur Orange Cinémax, à partir du 31 mai 2010) : notice par Pierre Murat (T)

Valeurs actuelles (2 janvier 2009, p.63) : « Katyn massacré », par Basile de Koch

Valeurs actuelles (26 mars 2009) : « Katyn ou la tragédie du mensonge », par Éric Branca

Vie (La) (n°3318, 2 avril 2009, p.78) : Frédéric Théobald (*, « La Vie aime un peu »)

VSD (n°1649, 1-7 avril 2009, p.61) : « Vérité sur un massacre », par Patrick Besson

 

Mensuels et bimensuels :

Droite ligne (« Mensuel de la permanence nationale », n°4, mai 2010, p.19) : « DVD : Katyń », par Rodolphe Marteau

Études (n°4104, avril 2009, p.536-537) : « Katyń », par Charlotte Renaud

Histoire (L') (n°340, mars 2009, p.33 ; n°341, avril 2009, p.34-35) : « Wajda et la mémoire polonaise » ; « Wajda, Katyn au cœur », entretien avec Alexandra Viatteau

Politique Magazine (n°72, mars 2009, p.42-43 ; n°73, avril 2009, p.36-38) : « Katyn. L'insoutenable audace de la mémoire », par Benoît Gousseau ; « Un testament polonais », entretien avec Andrzej Wajda

Quinzaine littéraire (n°1010, 1-15 mars 2010, p.27) : « La scène se passe en Pologne, c'est-à-dire nulle part », par Lucien Logette

Reconquête (« Revue du Centre Charlier et de Chrétienté-Solidarité », Paris ; n°258, mai 2009, p.3/21-25) : « Katyn » (« Réflexions sur l'occultation de "Katyn" », éditorial de Bernard Antony ; « Katyn, pierre de touche du mensonge communiste », par Yves Daoudal ; « La lettre ouverte [au journal Le Monde] et occultée d'Élisabeth G. Sledziewski » ; « L'honneur de "Katyn" », par François Charles

Renaissance catholique (n°111, mars-avril 2010, "La Séquence inéma", p.15) : « Katyn », par Nicolas Noël

Spectacle du monde (Le) (n°555, avril 2009, p.68) : « Katyn, une blessure polonaise », par Arnaud Guyot-Jeannin

 

Revues de cinéma :

Cahiers du cinéma (numéros de mars et avril 2009) : néant.

Ciné-Scopie (n°15, septembre 2009, p.62-63) : « Coups de cœur du trimestre », par Gérard-Louis Gautier

Jeune cinéma (n°329/330, printemps 2010, p.30-31) : « Andrzej Wajda, un cinéma sans anesthésie », par Bernard Nave

Positif (n°566, avril 2008, p.66) : Compte rendu du festival de Berlin, par Michel Ciment (« œuvre émouvante » et « importante »)

Positif (n°578, avril 2009, p.42-43 ; n°588, février 2010, p.17-22) : « Le mensonge insupportable », par Hubert Niogret ; « Le meurtre du père, la mort de l'époux », entretien avec Andrzej Wajda

Première (n°386, avril 2009, p.63 ; avec une très belle galerie de photos sur le site du magazine) : Isabelle Danel (**)

Studio - Ciné Live (n°3, avril 2009, p.38) : « Quand le cinéma se conjugue avec le devoir de mémoire »

 

Revues :

Commentaire (n°126, été 2009, p.485 et 499-500) : « Revue de presse », par Serge Lançon ; « Katyn, un "sujet sensible" ou comment plaire aux antisémites en défendant les Juifs », par Leonid Heller

Débat (Le) (n°165, mai-août 2011, p.206-222) : « Wajda et l’école polonaise », par Tadeusz Sobolewski

Nouvelle Revue d'Histoire (n°41, mars-avril 2009, p.8) : « "Katyn" à la trappe », par Norbert Multeau

Tausend Augen (« revue des cultures audiovisuelles » ; n°32, 2009, p.69-76)  : « Massacre dans une forêt de symboles. A propos de Katyn d'Andrzej Wajda », par Boris Faure

Écrire l'histoire, n°9, printemps 2012, dossier « Mensonges » : entretien avec Andrzej Wajda

 

Internet :

AgoraVox : « Katyn, Wajda sur les lieux du crime »

Allociné : revue de presse

Big blog (« Notes cinéphiles et censoriales d'Albert Montagne », 17 avril 2009) : « Katyn, film d'Andrzej Wajda, censuré en France ? »

Blog de Christian Vanneste (député du Nord ; « Le courage du bon sens !) » : « Katyn : le mensonge rouge et noir »

BraveHeart (Olivier Q.)

Causeur (3 janvier 2009) : « Katyn : l'exception française », par Basile de Koch

Cinéfriends : revue des blogs

Critico-Blog

CultureCie : « Wajda s'essouffle »

Culturopoing (13 avril 2009)

Dasola (5 avril 2009)

DVDrama

Fenêtres sur cour (Timothée Gérardin) : « Katyn - du Polak contre la langue de bois »

Filmtrailer : bande-annonce

Hérodote : « Un film qui dérange », par André Larané ; « Katyn, un film qui dérange »

Histoire@Politique (« Revue électronique du Centre d'histoire de Science Po » ; 29 avril 2009) : « Katyn, par Andrezej Wajda. Fallait-il prononcer le mot "juif" dans le dernier film de Wajda ? », par Martine Floch

L'Insolent (Jean-Gilles Malliarakis, 9 avril 2009) : « Katyn un film magnifique de Wajda »

Kinok : Maxime Cazin, à propos du DVD

Lanterna Magica : Benoît Thevenin (***)

Magazine International Polonais (Le) (14 septembre 2007) : « Andrzej Wajda se penche sur le massacre de Katyn »

Nightswimming ("Notes sur quelques films" ; Edishead, ou Edsissi, ou Ed, ou Edouard ; 18 novembre 2008) : Compte rendu du film vu au Vu au 19e Festival International du Film d'Histoire de Pessac

Objectif-cinema : compte rendu à l'occasion de la Berlinade 2008, par Nicolas Villodre

Résilience TV ("Site de l'Observatoire international des libertés" ; 8 avril 2009) : « Négationnisme du journal L'Humanité sur le film "Katyn" », par Iris Canderson 

Pensées d'outre-politique (chafouin ; 22 avril et 14 mai 2009) : « J'aurais aimé aller voir Katyn » ; « Deux petites choses en passant »

Petit journal des Français et francophones à l'étranger (Le) (18 septembre 2007) : « Katyn, le film attendu par la Pologne tout entière »

Pologne Infos (8 avril 2009) : « Le film Katyń et les boulettes de Jean-Luc Douin »

Rob Gordon a toujours raison (6 avril 2009) : 5/10

Sur la route du cinéma (12 mai 2009) : « Katyn de Andrzej Wajda » (***)

Theatrum Bellum (16 septembre 2007) : Maja Zoltowska 

Zéro de conduite (21 septembre 2007 ; 4 avril 2009) : « Katyn d'Andrzej Wajda : le cinéma aide-mémoire » ; « Katyn : requiem pour un massacre », par Francis

Yahoo France : 2/5

Sortie en DVD :

Valeurs actuelles (11 mars 2010, p.60) : « Poignant » (***), par Laurent Dandrieu

L'Homme Nouveau (n°1471, 5 juin 2010, p.3/11) : « La vérité l'emportera toujours sur le mensonge », par Philippe Maxence

 

Ouvrages :

Le Nouveau Guide des films (tome 4, Jean Tulard, Robert Laffont, "Bouquins", mai 2010, p.290) : notice par Alain Paucard (****)


Rappels bibliographiques sur les massacres de Katyn eux-mêmes :

Faverjon (Philippe), « Le charnier de Katyn : controverse autour d'un massacre », Les Mensonges de la seconde guerre mondiale, Perrin, mars 2004, p.149-166.

Holeindre (Roger), Sanders (Alain), Ce qu'on ne vous a jamais dit sur Katyn, Atelier Fol'Fer, 2010.

Lafon (Éric), « Katyn : de la négation à la vérité historique. Y a-t-il une difficulté française à admettre les crimes soviétiques ? », Recherche socialiste, n°46-47, 2009.

Viatteau (Alexandra), « Katyn : la négation d'un massacre », L'Histoire, n°35, juin 1981, p.6-17.

Viatteau (Alexandra), Katyn, l'armée polonaise assassinée, Complexe, 1992.

Viatteau (Alexandra), Katyn, André Versaille éditeur, printemps 2009.

Zaslavsky (Victor), Le Massacre de Katyn, Monaco, Éditions du Rocher, octobre 2003, 168 p.

Autre :

- Dans leur remarquable ouvrage L'Affaire Guy Môquet. Enquête sur une mystification officielle (Larousse, octobre 2009, 160 p.), Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre recommande de lire « la réponse d'Adam Michnik (le Monde du 15 avril 2009) à l'invraisemblable critique du film de Wajda sur Katyn parue dans le Monde du 1er avril 2009 qui constituait une véritable négation du double martyre du peuple polonais » (p.144-145).


Canal Académie (31 mai 2009) : « Katyn : crime de guerre, crime de mémoire, la barbarie en Pologne. Du film de Wajda et de la littérature historique », par Alexandra Viatteau

Membre de l'Académie des Beaux-Arts, le cinéaste et metteur en scène Andrzej Wajda nous livre avec son dernier film Katyn un véritable testament spirituel. Le film raconte l'histoire de l'exécution de plus de 20 000 Polonais, officiers pour la plupart, par ordre de Staline et de Beria ; un acte d'une barbarie inouïe longtemps attribué aux nazis. Crime de guerre mais aussi crime contre la mémoire, l'événement est ici éclairé par Alexandra Viatteau, spécialiste de l'histoire polonaise sous les totalitarismes et auteur d'un livre intitulé Katyn, Crime de guerre contre l'armée polonaise.

Malheureusement peu distribué en France, le film d'Andrzej Wajda retrace la vie des victimes directes et indirectes de la barbarie communiste, à la suite du pacte germano-soviétique de 1939. Prise dans un étau, dépecée entre l'Allemagne et la Russie, la Pologne va être l'objet d'un crime de guerre incarné dans le charnier de Katyn où des milliers de corps furent retrouvés. Chacune des victimes avait été exécutée d'une balle de marque allemande dans la tête...

Longtemps occulté, attribué généralement à la barbarie nazie, cet acte impuni va être finalement avoué et reconnu le 13 avril 1990 par Mikhaïl Gorbatchev qui remit une partie des archives sur la question au général Jaruzelski. Pourtant, l'événement aurait pu faire l'objet d'une réhabilitation historique dès après la guerre. Des intérêts politiques pendant le conflit et à l'occasion du procès de Nuremberg en décidèrent autrement. Par cette injustice, les victimes du régime communiste furent bien tuées une deuxième fois. L'excellent film de Wajda, vu par plus de 3 millions de Polonais, montre cette quête de la vérité au delà des mensonges dans la période de chaos que fut la Deuxième Guerre mondiale. Certes académique, Katyn n'en reste pas moins poignant et constitue à la fois une réflexion sur sur le deuil et la mort, l'absence et la perte des repères, le devoir ou même l'insouciance dans un temps de peur et de mensonge. Surtout, au centre de ce long-métrage bouleversant, cette Pologne catholique, son identité, assassinée par le totalitarisme soviétique pendant et après la guerre.

(Alexandra Viatteau est docteur en Lettres russes et polonaises à l'Université de Paris IV-Sorbonne, diplômée de troisième cycle sur l'URSS et l'Europe orientale à la Fondation Nationale des Sciences Sciences politiques. Elle a enseigné à l'Institut français de Presse (Paris II), à l'Université de Marne-La-Vallée et est aujourd'hui conseiller scientifique du Centre de Géopolitique à Paris. Elle est l'auteur de nombreux ouvrages sur la Pologne : Staline assassine la Pologne 1393-1947(Seuil, 1999) ; L'insurrection de Varsovie, la bataille de l'été 1944 (PUPS, 2003), La société infantile (Hora Decima, 2007). Elle vient de publier chez André Versaille Editeur Katyn, Crime de Guerre contre l'armée polonaise (2009))

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« Lettre ouverte au journal Le Monde », par Élisabeth G. Sledziewski »

Comme beaucoup de Français que consterne le déni de mémoire dont souffrent aujourd'hui, en France tout particulièrement, le martyre et l'héroïque résistance du peuple polonais pendant la Seconde Guerre mondiale, je suis reconnaissante au "Monde" d'avoir offert une belle visibilité au dernier opus d'Andrzej Wajda, "Katyn" (entretien avec le cinéaste en une, critique du film en page 19 de l'édition du 1° avril 2009).

Cette œuvre, enfin distribuée dans notre pays, est ainsi appréciée pour sa valeur non seulement artistique, mais aussi mémorielle. Sa sortie en Pologne en 2007 a en effet été un événement national que nos concitoyens, très désinformés à propos d'un pays jadis si cher à leur cœur, ont peine à mesurer.

Certains aspects du commentaire de Jean-Luc Douin s'inscrivent hélas dans la continuité de cette désinformation. Cela est d'autant plus choquant que l'intention affichée, et probablement sincère, de ce bon spécialiste de Wajda est d'informer le lecteur sur un cinéaste mal connu... et mal aimé du public français contemporain. On est loin, certes, de la critique haineuse de "Pan Tadeusz" parue dans vos colonnes en mars 2000 sous la signature de Jean-Michel Frodon.

Cependant, malgré la sympathie manifestée pour la "détermination de Wajda à dénoncer la falsification de l'histoire par les communistes", malgré l'hommage à la "belle vigueur créatrice" du vieux maître, Jean-Luc Douin se sent obligé (par quel conformisme polonophobe ?) de consacrer la seconde moitié de son article aux objections de fond qu'encourt la lecture wajdienne du massacre de Katyn. Et d'enfiler des considérations aux accents bien déplaisants.

Est tout d'abord critiqué "le renvoi dos à dos des nazis et des Soviétiques comme prédateurs du territoire national": et alors ?

Que s'est-il donc passé d'autre lors de cet apocalyptique automne 39 où, à deux semaines d'intervalle et sans déclaration de guerre préalable, l'Ouest de la Pologne a été envahi par les armées du Reich, puis l'Est par l'Armée rouge ?

N'y a-t-il pas eu des troupes allemandes et russes paradant à Brest-Litovsk, des généraux hitlériens et staliniens se congratulant à Lublin, un Etat polonais rayé de la carte et son territoire intégralement partagé, le 28 septembre 39, par les deux ogres, dans la continuité du pacte Ribbentrop-Molotov ?

Quant aux dizaines de milliers de civils et de soldats massacrés, au million et demi de Polonais déportés en URSS, soit vers le Goulag, soit vers les confins désolés du Grand Nord russe, dont un tiers pour n'en jamais revenir, est-ce poser une "bombe antisoviétique", comme dit bizarrement Jean-Luc Douin, que de rappeler que leur calvaire présenta de fait quelques similitudes avec celui simultanément infligé aux populations du Generalgouvernement et des provinces occidentales annexées au Reich ?

La critique, enfin, est-elle de mise devant "le renvoi dos à dos" d'"exécutions de masse [...] conçues comme un nettoyage de classe", comme il le dit si bien, et d'autres menées au nom de la race des seigneurs ?

Ce qui nous amène à la seconde critique avancée par votre auteur : "l'étrange confusion entre Katyn et le génocide des juifs". Quelle confusion, sinon celle que lui-même superpose indûment au film ? Aucune traque, aucune rafle, aucune persécution ne saurait donc dorénavant être représentée au cinéma sans qu'il faille y voir d'abord la Shoah ? N'est-il pas permis de prendre les exactions du NKVD et des soudards de Staline pour ce qu'elles ont été, des vengeances contre la République polonaise indépendante qui avait osé battre l'Armée rouge en 1920 ?

Jean-Luc Douin dénonce comme quasiment négationniste une scène où une épouse d'officier polonais, non juive, est menacée par un Allemand d'être déportée à Auschwitz : cela, selon lui, ne pouvait arriver qu'à un juif, et parler d'Auschwitz, c'est nécessairement et exclusivement parler des juifs, sinon cela sent la négation...

Sait-il que c'est exactement le contraire ? Que sous la terreur nazie en Pologne, une telle menace n'avait de sens qu'adressée, justement, à quelqu'un qui n'était pas juif ? Que le camp d'Auschwitz (camp nazi sis sur le territoire du Reich, et non "camp polonais", comme on l'entend régulièrement à la télévision), fut dès son ouverture en juin 40 la destination d'abord mystérieuse, puis redoutée des civils arrêtés, ou simplement raflés, parfois par groupes de plusieurs centaines, dans les villes du Generalgouvernement (les rues de Varsovie sont jalonnées de stèles indiquant ces arrestations de masse, suivies d'exécutions sur place et de transferts vers Auschwitz) ?

Aux juifs de Pologne ou d'ailleurs, parqués dans les ghettos à partir du printemps 40 et promis deux ans plus tard à l'extermination, les nazis se gardaient bien de parler d'une telle destination (qui fut plutôt le camp voisin de Birkenau ou celui de Treblinka), laissant ouvert jusqu'à la porte des wagons l'improbable horizon d'une "transplantation vers l'Est".

"Pourquoi ce non-dit, cette confusion ?", interroge Jean-Luc Douin. On aimerait lui dire, à lui et à tant d'autres : pourquoi chez vous cette confusion, pourquoi ce sur-dit qui ne peut, ne veut plus parler que de la Shoah à la place de tout le reste, en y ramenant tout, même les crimes de Staline, de peur que l'évocation de son obsession anti-polonaise ne rappelle l'existence d'une histoire de la Pologne qui ne passerait pas par la case Shoah ?

Pourquoi le martyre du peuple juif, dont a été si bien montrée la spécificité, est-il devenu un cache obturant et interdisant tout discours sur un autre martyre, d'une nature et d'une logique historiques différentes, celui du peuple polonais non juif ?

Comment l'écrasement de Varsovie sous les bombes en septembre 39, l'invasion soviétique, Katyn, l'oeuvre immense de la résistance polonaise, l'insurrection de la capitale en août - septembre 44 ont-ils pu devenir des objets interdits, des non-objets, dont il n'est permis de faire m

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KATYN : RÉCEPTION (SUITE ET RÉCAPITULATIF)

27 Avril 2009, 23:05pm

Publié par Mister Arkadin

Comme prévu (1, 2, 3), le Katyn de Wajda n'a pas fait l'objet d'un accueil digne de son importance, principalement en raison de sa faible distribution, seules trois salles parisiennes l'ayant projeté en première semaine (quatre à partir de la deuxième) et aucune à Lyon (une à partir de la deuxième semaine). La réception critique a été un peu plus abondante que je le pensais, même si elle a pris en grande partie la forme que je prévoyais (ignorance pour les uns, Les Cahiers et Libé se surpassant, tiédeur pour les autres, diversion enfin, sous la plume de Jean-Luc Douin notamment, Le Monde ayant cependant largement mis en valeur le film et quelques critiques l'ayant tout de même traité très favorablement).

Ci-dessous : actualisation du papier du lundi de Pâques ; d'autres compléments peuvent être trouvés sur le site officiel du film (section « Presse », où est aussi disponible le dossier de presse).

KATYN-2007_diaporama_portrait.jpg


Distribution  :

Avant-premières parisiennes : projection organisée à l'initiative de Marc Le Fur à l'Assemblée nationale, en présence de l'Ambassadeur de Pologne et du distributeur du film ; « Un événement et sa résurgence. Katyń - de la réalité au cinéma », table ronde organisé par l'Institut Polonais, en présence d'Andrzej Wajda, à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, le 24 mars 2009 ; à la Cinémathèque française le 23 mars 2009 ; au Champo le 31 mars 2009 (avec un débat organisé par la revue L'Histoire)

Semaine du 1er au 7 avril 2009 : 3 salles à Paris (Les Cinq Caumartin ; Reflet Médicis ; Saint-André-des-Arts) et 11 au total en France (Aix-en-Provence, Brest, Grenoble, Marseille, Nantes, Perpignan, Pessac, Tournefeuille), selon le décompte du quotidien Présent (« Il faut sauver le soldat Wajda », 3 avril 2009, p.3).

Semaine du 8 au 14 avril 2009 : 4 salles à Paris (Les Cinq Caumartin ; Saint-André-des-Arts ; Lincoln ; Majestic Bastille) ; 9 salles en province (Aix-en-Provence, Brest, Grenoble, Lyon, Nantes, Orléans, Perpignan, Pessac, Toulouse)

Semaine du 15 au 21 avril 2009 : 4 salles à Paris (Les Cinq Caumartin ; Saint-André-des-Arts ; Lincoln ; Majestic Bastille) ; 6 salles en province (Brest, Grenoble, Lyon, Nice, Orléans, Tournefeuille)

Semaine du 22 au 28 avril 2009 : 4 salles à Paris (Les Cinq Caumartin ; Saint-André-des-Arts ; Lincoln ; Majestic Bastille) ; 7 salles en province (Brest, Grenoble, Lyon, Metz, Nantes, Nice, Perpignan)

Semaine du 6 au 12 mai 2009 : 1 salle à Paris (Lincoln) ; 9 salles en province (Angers, Avignon, Belfort, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Lyon, Nancy, Nice, Pessac)

Semaine du 13 au 19 mai 2009 : 1 salle à Paris (Lincoln) ; 1 salle en banlieue (Argenteuil) ; 8 salles en province (Angers, Avignon, Bordeaux, Lyon, Nancy, Nice, Pessac, Valence)
Semaine du 20 au 26 mai 2009 : 1 salle à Paris (Lincoln) ; 9 salles en province (Angoulême, Annecy, Lille, Lyon, Montpellier, Nice, Rennes, Thionville, Valence)
Semaine du 27 mai au 2 juin 2009 : 1 salle à Paris (Lincoln) ; 9 salles en province (Angoulême, Carcassonne, La Roche-sur-Yon Les Sables, Lyon, Montpellier, Nice, Rennes, Tarbes, Toulon)


Émissions de télévision :


France 3, « Ce soir ou jamais » (Frédéric Taddéi), mercredi 25 mars 2009 : « Staline - Poutine : les liaisons dangereuses ? », débat, avec notamment Andrzej Wajda

Histoire, « Le grand débat » (Michel Field et Éric Zemmour), 29 mars 2009, à 22h05 : « Katyn : la vérité sur un massacre », avec Alexandra Viatteau (historienne), Stéphane Courtois (historien) et Jean-Louis Panné (historien)


Émissions de radio :

France Inter, « Et pourtant elle tourne » (Bruno Duvic), mercredi 1er avril 2009 : Entretien d'Evan Bettan avec Andrzej Wajda ; « Le Masque et la Plume » (Jérôme Garcin), dimanche 5 avril 2009, avis d'Éric Neuhoff, Pierre Murat, Sophie Avon et Xavier Leherpeur

Radio Courtoisie : Libre journal du cinéma (Philippe d'Hugues, avec Philippe Ariotti, Pascal Manuel Heu, Michel Marmin, Alain Paucard et Anne Brassié, 19 mars, 16 avril et 14 mai 2009 ) ; Bulletins de réinformation du 2 avril (« Le film Katyn, une vérité qui dérange ? ») et du 15 avril 2009 ; « Livres en poche » (Anne Brassié, avec Alain de Benoist, 16 avril 2009 ; 14 mai 2009) ; « Libre journal de Jacques Trémolet de Villers » (avec Benoît Gousseau, critique littéraire et rédacteur en chef du mensuel Politique Magazine, jeudi 19 mars 2009 - enregistrement) ; « Libre journal de la Réplique » (Bernard Antony, avec Yves Daoudal), mercredi 25 mars 2009 ; Bulletin de réinformation du 2 avril 2009 ; « Libre journal de la Résistance »« Club de la presse nationaliste », avec Camille-Marie Galic, Caroline Parmentier et Jeanne Smits (journalistes) ; « Libre journal des lycéens » (Romain Lecap, avec Xavier Delaunay et Agathe Menot, samedi 11 avril 2009, de 12h00 à 13h30, « Chronique culturelle ») (Emmanuel Ratier, mercredi 8 avril 2009, de 18h00 à 19h30,

Radio Courtoisie : « Libre journal de la Résistance française » (Gérard Marin, mercredi 15 avril 2009) : « Allez voir Katyn, c'est un chef d'œuvre ! » (Alain Paucard)

France Culture, « Du grain à moudre » (Julie Clarini et Brice Couturier), vendredi 10 avril 2009, de 18h15 à 19h15 : « Autour de la sortie du dernier film d'Andrzej Wajda, Katyn [« film d'une amère mélancolie et d'une grande beauté » (Brice Couturier)] », en direct et en public de la Gare Saint Sauveur à Lille, avec Stéphane Courtois (Historien du communisme, directeur de recherche au CNRS), Jean-Yves Potel (Politologue, ancien conseiller culturel à l'ambassade de France à Varsovie) et Christian Szafraniak (Spécialiste du cinéma polonais, correspondant pour la Pologne du FIPA, Président de l'association Jean Mitry) - Enregistrement

France Culture, « La Fabrique de l'histoire » (Emmanuel Laurentin ; « Les usages politiques et sociaux du passé »), France Culture, vendredi 1er mai 2009, 09h05 à 10h00 : « Table ronde des historiens », avec Arlette Farge, Pascal Ory, Fabrice d'Almeida et Séverine Liatard, notamment sur Katyn, d'Andrzej Wajda


Quotidiens :

 

20 minutes (1er avril 2009, p.13) : « Le cinéaste polonais revient en signant un drame bouleversant sur un massacre historique et l'absurdité de la guerre » (texte intégral)

Canard enchaîné (Le) (1er avril 2009, p.6 - film mis en vedette dans la rubrique « Cinéma ») : « Faucille, marteau, fosse commune », par Jean-Luc Porquet [« c'est grave, sans effets, presque sans affect », « une impeccable leçon d'histoire »]

Croix (La) (1er avril 2009, p.21) : « Ce film sur Katyn était une nécessité », entretien avec Andrzej Wajda ; « Récit d'un massacre et d'un mensonge d'État », par Laurent Larcher (**)

Direct Matin : rien le mercredi 1er avril 2009 (deux page sur le cinéma et une marée de pub pour Montres contre Aliens)

El Watan (9 février 2009) : « Katyn ou l'histoire d'un mensonge »

Figaro (Le) (15 février 2008) : « "Katyn, du massacre à l'imposture », par Marie-Noëlle Tranchant ; « Un des plus terrifiants massacres de l'histoire », par Jacques Saint Victor

Figaro (Le) (24 mars 2009) : « Le cœur lourd », par Bertrand de Saint Vincent (chronique « Sur invitation » ; « Avant-première de "Katyn", d'Andrzej Wajda, à la Cinémathèque »)

Figaro (Le) (1er avril 2009, p.28 ; ***) : « Historiquement correct », par V.D. ; « Andrzej Wajda au cœur du massacre de Katyn », entretien ; « Entre requiem et réquisitoire », par Marie-Noëlle Tranchant ; « Tout le symbole du mensonge totalitaire », par Stéphane Courtois

Figaro magazine (Le) (27 mars 2009 ; 4 avril 2009 ) : « Katyn : l'autre devoir de mémoire », par Jean Sévilla ; « Historiquement correct », par Véronika Dorman

France soir (trois pages sur le cinéma le mercredi 1er avril 2009 ; www.francesoir.fr) : néant.

Humanité (L') (1er avril 2009, p.22) : « Tu n'as rien vu à Katyn », par Jean Roy [L'Huma a-t-elle souhaité rendre hommage à "Mister Arkadin" et à mon billet du même titre ?!]

Libération (18 septembre 2007 ; 16 février 2008 ; 20 avril 2009, « Rebonds », p.28) : « La Pologne revit le drame de Katyn », par Maja Zoltowska ; « Andrzej Wajda dans la forêt de Katyn », par Didier Péron et Nathalie Versieux ; « Antisémite, Andrzej Wajda ? », par Jean-Charles Szurek

Libération (1er avril 2009, p.22, colonne « D'autres films ») : « Katyn, d'Andrzej Wajda, est le premier film consacré au massacre des 25 000 soldats et officiers polonais par le futur grand frère soviétique » (texte intégral)

Métrofrance.com (31 mars 2009) : « "Katyn" du Polonais Andrzej Wajda, met en images un massacre longtemps tabou »

Monde (Le) (29-30 mars 2009, p.20) : « Au cinéma avec Stéphane Courtois »

Monde (Le) (1er avril 2009) : « Je voulais évoquer le crime et le mensonge », entretien avec Andrzej Vajda, p.1-19 (débutant en ventre de une) ; « "Katyn" : film poignant et douloureux pour Wajda », par Jean-Luc Douin, p.19.

Monde (Le) : « "Katyn" ou le film du massacre des Polonais par les Soviétiques » (« Nulle ambiguïté chez Wajda : il relate un drame sans lien avec la Shoah »), par Adam Michnik, 15 avril 2009, p.16.

Monde (Le) (25 avril 2009, p.18) : « Haro sur le critique », par Véronique Maurus ("médiatrice")

Ouest France : « Fort et douloureux »

Parisien (Le) (13 février 2009 ; 31 mars 2009) : « La 59e Berlinale approche de son terme, Wajda de retour en compétition » ; « "Katyn" : édifiant » (**)

Présent : « Katyn », par Jeanne Smits, et « Katyn », par Jacques Trémolet de Villers (n°6820, 11 avril 2009, p.1 et 4 ; accompagné d'un dessin de Chard)

Tribune (La) (28 mars 2009 ; 1er avril 2009, p.30) : « Il y aura d'autres films sur Katyn », entretien avec Andrzej Wajda ; « "Katyn", crime de guerre et mensonge d'État », par Jean-Christophe Chanut »

Tribune de Genève (La) (30 mars 2008) : « "Katyn" du Polonais Andrzej Wajda, met en images un massacre longtemps tabou »

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---

Hebdomadaires :

Elle (28 mars 2009) : Compte rendu de Françoise Delbecq (*** ; « un film personnel et poignant »)

Express (L') (supplément « Style », 2 avril 2009, pages « Tentations Culture ») : rien.

Femme actuelle (25 mars 2009) : « "Katyn" du Polonais Andrzej Wajda, met en images un massacre longtemps tabou »

Figaroscope (1-7 avril 2009, p.19) : critique de Marie Noëlle Tranchant (♥♥♥ ; 1/4 de page sur 2 pour les nouveautés du jour)

Humanité Dimanche (2-8 avril 2009, p.57) : « Du devoir de mémoire au cinéma », par Maud Vergnol

Inrockuptibles (Les) (n°696, 31 mars 2009, p.53) : Jean-Baptiste Morain [« Évocation lourdingue d'un drame national polonais »]

Journal du Dimanche (Le) (29 mars 2009) : « Tragédie polonaise », par D.A. (*)

Madame Figaro (28 mars 2009) : « Histoire d'un drame », par S.G. (** ; « beau film historique et humain sur le mensonge et l'attente, le martyre et l'honneur »)

Marianne (28 mars - 3 avril 2009, p.76) : Danièle Heymann

Minute (n°2405, 15 avril 2009, p.13, « Le Charivari de la semaine », par François Couteil) : « Où "Première" enterre de nouveau les morts de Katyn » et « Où "Le Monde" prive de nounours les enfants polonais »

Monde 2 (Le) (n°253, 20 décembre 2008, p.16) : « Le souffle de l'épopée invisible », par Pierre Assouline

Nouvel Observateur (Le) (26 mars - 1er avril 2009, p.111) : « Révélations sur le massacre de Katyn », par François Forrestier

Nouvel Observateur (Le), supplément « TéléObs » (2 avril 2009, p.62 et 68) : « L'homme de fer » et critique, par François Forrestier

Paris Match (31 mars 2009) : « Salades russes », par Alain Spira

Pariscope (« Cotation des critiques », semaine du 1er au 7 avril 2009) : V.Gaucher/A.Gaillard (Pariscope) * / Françoise Delbecq (Elle) *** / Fabrice Leclerc (Studio - Ciné Live) * / Bruno Cras (Europe 1) *** / Pierre Murat (Télérama) *

Point (Le) (n°1906, 26 mars 2009, p.102) : « Requiem pour Katyn », par François-Guillaume Lorrain

Rivarol (n°2900, 10 avril 2009, p.10) : « Requiem pour un massacre », par Patrick Laurent

Siné-hebdo : pas d'article, mais une forme d'hommage, certes involontaire, avec le dessin de couverture (reproduit ci-dessous)

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Télérama (1er avril 2009, p.50) : Pierre Murat (« pas si mal »)

Valeurs actuelles (2 janvier 2009, p.63) : « Katyn massacré », par Basile de Koch

Valeurs actuelles (26 mars 2009) : « Katyn ou la tragédie du mensonge », par Éric Branca

Vie (La) (n°3318, 2 avril 2009, p.78) : Frédéric Théobald (*, « La Vie aime un peu »)

VSD (n°1649, 1-7 avril 2009, p.61) : « Vérité sur un massacre », par Patrick Besson


Mensuels :


Histoire (L') (n°340, mars 2009, p.33 ; n°341, avril 2009, p.34-35) : « Wajda et la mémoire polonaise » ; « Wajda, Katyn au cœur », entretien avec Alexandra Viatteau

Politique Magazine (n°72, mars 2009, p.42-43 ; n°73, avril 2009, p.36-38) : « Katyn. L'insoutenable audace de la mémoire », par Benoît Gousseau ; « Un testament polonais », entretien avec Andrzej Wajda

Spectacle du monde (Le) (n°555, avril 2009) : « Katyn, une blessure polonaise », par Arnaud Guyot-Jeannin


Mensuels de cinéma :

 

Cahiers du cinéma (numéros de mars et avril 2009) : néant.

Positif (n°566, avril 2008, p.66) : Compte rendu du festival de Berlin, par Michel Ciment (« œuvre émouvante » et « importante »)

Positif (n°578, avril 2009, p.42-43) : « Le mensonge insupportable », par Hubert Niogret

Première (n°386, avril 2009, p.63 ; avec une très belle galerie de photos sur le site du magazine) : Isabelle Danel (**)

Studio - Ciné Live (n°3, avril 2009, p.38) : « Quand le cinéma se conjugue avec le devoir de mémoire »


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Revues :

Nouvelle Revue d'Histoire (n°41, mars-avril 2009, p.8) : « "Katyn" à la trappe », par Norbert Multeau

Renaissance Catholique (n°111, mars-avril 2010) : « "Katyn" », par Nicolas Noël

Tausend Augen (« revue des cultures audiovisuelles » ; n°32) : « Massacre dans une forêt de symboles. A propos de Katyn d'Anrzej Wajda », par Boris Faure


Internet :

AgoraVox : « Katyn, Wajda sur les lieux du crime »

Allociné : revue de presse

Big blog (« Notes cinéphiles et censoriales d'Albert Montagne », 17 avril 2009) : « Katyn, film d'Andrzej Wajda, censuré en France ? »

Blog de Christian Vanneste (député du Nord ; « Le courage du bon sens !) : « Katyn : le mensonge rouge et noir »

BraveHeart (Olivier Q.)

Cinéfriends : revue des blogs

Critico-Blog

CultureCie : « Wajda s'essouffle »

Culturopoing (13 avril 2009)

Dasola (5 avril 2009)

DVDrama

Fenêtres sur cour (Timothée Gérardin) : « Katyn - du Polak contre la langue de bois »

Filmtrailer : bande-annonce

Hérodote : « Un film qui dérange », par André Larané

Lanterna Magica : Benoît Thevenin (***)

Magazine International Polonais (Le) (14 septembre 2007) : « Andrzej Wajda se penche sur le massacre de Katyn »

Objectif-cinema : compte rendu à l'occasion de la Berlinade 2008, par Nicolas Villodre

Petit journal des Français et francophones à l'étranger (Le) (18 septembre 2007) : « Katyn, le film attendu par la Pologne tout entière »

Rob Gordon a toujours raison (6 avril 2009) : 5/10

Zéro de conduite (4 avril 2009) : « Katyn : requiem pour un massacre », par Francis

Yahoo France : 2/5


Rappels bibliographiques sur les massacres de Katyn eux-mêmes :

Faverjon (Philippe), « Le charnier de Katyn : controverse autour d'un massacre », Les Mensonges de la seconde guerre mondiale, Perrin, mars 2004, p.149-166.

Viatteau (Alexandra), « Katyn : la négation d'un massacre », L'Histoire, n°35, juin 1981, p.6-17.

Viatteau (Alexandra), Katyn, l'armée polonaise assassinée, Complexe, 1992.

Viatteau (Alexandra), Katyn, André Versaille éditeur, printemps 2009.

Zaslavsky (Victor), Le Massacre de Katyn, Monaco, Éditions du Rocher, octobre 2003, 168 p.


Big blog (« Notes cinéphiles et censoriales d'Albert Montagne ») : « Katyn, film d'Andrzej Wajda, censuré en France ? »

En 1959, le jeune Andrzej Wajda dénonçait dans Lotna (ou La dernière charge ou L'ailée) le massacre en 1939 de la cavalerie polonaise par les Allemands. La chair broyée par l'acier des chars et les cris humains étouffés par les rugissements des machines et des canons exorcisaient l'extermination de la noblesse polonaise qui préférait l'honneur suicidaire de la Mort au combat plutôt que la honte de la reddition. 50 ans, plus tard, le cinéaste reprend derechef son vieux cheval de bataille et dénonce avec Katyn un nouveau massacre, celui en 1940 de plus de 4.000 officiers polonais par les Soviétiques. Longtemps attribuée aux Nazis - notamment par Moscou, avec le silence de l'État polonais communiste et, donc, avec sa complicité - cette extermination est désormais attribuée aux Russes : en 1990, Mikhaïl Gorbatchev, numéro 1 du régime, reconnaît la responsabilité du NKVD. Le sujet est toujours dérangeant et, dans un billet intitulé Katyn : le mensonge rouge et noir, le député (UMP du Nord) Christian Vanneste trouve "particulièrement inquiétant et même honteux, que le Centre National de la Cinématographie (CNC) n'ait pas cru devoir subventionner, comme il le fait d'habitude, ce film polonais réalisé par l'un des plus grands cinéastes vivants". Il dénonce aussi la censure d'une non-distribution. En effet, la première du film se tint à Varsovie le 17 septembre 2007, date symbolique coïncidant avec le jour où, en 1939, l'Armée rouge pénétra à l'Est en Pologne, envahie à l'Ouest par la Wehrmacht le 1er septembre. Le film n'est sorti en France que le 1er avril 2009, soit 2 ans plus tard ! Et seulement dans une douzaine de salles ! Comment expliquer cette censure "distributive" ? Plusieurs hypothèses se présentent. Pour simplifier, on n'hésite pas à dénoncer les horreurs du nazisme et du totalitarisme en général mais on bute sur celles du communisme (rouge). On n'hésite pas à dénoncer l'extermination des Juifs et des génocides en général mais on bute sur celle des Catholiques (polonais) ! Pascal Manuel Heu, apparemment fou de ce film, lui consacre de nombreux et exhaustifs articles sur son site que j'incite fortement à lire : Tu n'as rien vu à Katyn du 11 janvier 2009, Vive Wajda du 24 janvier 2009, Katyn, voici déjà venir les contre-feux du 25 mars 2009, Katyn du 15 avril 2009...


Radio Courtoisie, « Bulletin de réinformation » du 2 avril 2009 » : « Le film Katyn, une vérité qui dérange ? »

Il faut croire, puisque seul un petit nombre de salles de cinéma françaises ont programmé le dernier film du réalisateur polonais Andrzej Wajda. Le film Katyn évoque le massacre de milliers d'officiers polonais par l'armée rouge en 1940. Un film bouleversant pour la mémoire nationale polonaise (un grand succès dans ce pays), mais aussi un film très peu politiquement correct : raison de plus pour aller le voir avant sa censure définitive !


Le Monde : « "Katyn" ou le film du massacre des Polonais par les Soviéttiques » (« Nulle ambiguïté chez Wajda : il relate un drame sans lien avec la Shoah »), par Adam Michnik, 15 avril 2009, p.16

Le Monde fait partie des plus sérieux quotidiens internationaux. Aussi ai-je été fortement surpris de lire la critique qu'il a faite de Katyn, le dernier film d'Andrzej Wajda (Le Monde du 1er avril).

Son auteur y formule deux remarques, dont la première "concerne le renvoi dos à dos des nazis et des Soviétiques comme prédateurs du territoire national". Aux yeux du critique français, c'est une aberration, une contre-vérité. Cependant, dans la période entre septembre 1939 et juin 1940, tels furent les faits historiques. Quelle troublante ignorance !

A l'époque, la Pologne fut morcelée par deux puissances totalitaires liées par le pacte germano-soviétique. La terreur dans les deux parties occupées du pays fut comparable ; la brutalité et la cruauté avec lesquelles les deux occupants emprisonnaient et assassinaient les Polonais était la même.

Lorsque, en avril 1943, les Allemands découvrirent, dans la forêt de Katyn, les cadavres d'officiers polonais, le plus important bulletin de la Résistance polonaise (Bulletin d'informations) publia le commentaire suivant : "Nous sommes conscients de la barbarie de l'occupation soviétique en territoire oriental de la Pologne. (...) En même temps, nous sommes stupéfaits par l'insolence des Allemands qui font semblant d'oublier leurs effroyables crimes commis à Auschwitz, Majdanek, Palmir, Wawer et n'hésitent pas à rechercher des criminels du côté de Smolensk." (...)

"Aujourd'hui, alors qu'éclate toute la vérité sur cet événement tragique, nous disons avec force : nous n'oublierons jamais le crime soviétique perpétré près de Smolensk - comme nous n'oublierons jamais non plus les crimes allemands de Palmir, de Wawer, des camps de concentrations, et ceux de la partie occidentale de la Pologne." Voici comment la Résistance polonaise réagit au massacre de Katyn, qui fut un couronnement du pacte Ribbentrop-Molotov.

Après la guerre, la vérité sur ce massacre était tue, voire falsifiée. Le silence mensonger entourait le drame ; Staline et sa propagande remportaient la victoire. En Europe centrale et orientale, ce silence fut imposé par la terreur. En Europe occidentale, en revanche, le dogme idéologique interdisait de mettre côte à côte les crimes d'Hitler et ceux de Staline. La critique du Monde est donc prisonnière de ce dogme, alors que Wajda le défie. Le metteur en scène polonais brise le mur du silence.

Katyn est le premier film qui porte sur le massacre et l'agression soviétique contre la Pologne, commise en accord avec Hitler. Ce fut un sujet tabou pour la gauche française. Pendant de longues années, elle garda le silence autour de l'invasion de la Pologne par l'Armée rouge, des crimes des Soviétiques, de même que sur Katyn. Jusqu'à aujourd'hui, ce tragique événement historique est un cadavre dans le placard de la gauche française, si longtemps indulgente à l'égard du "Grand Linguiste" (Staline).

Ce ne fut pas le seul dogme de la gauche française. Un autre fut la conviction que, depuis toujours, les Polonais tétèrent l'antisémitisme avec le lait de leurs mères, et que les juifs furent les seules victimes de l'occupation allemande. Je lis dans Le Monde que le film de Wajda crée "une étrange confusion entre Katyn et le génocide des juifs", ainsi qu'il n'y a "rien, aucune allusion, dans le film, sur la Shoah". Il y a en revanche "une description des rafles, de la traque des familles des officiers polonais, comme s'il s'agissait de la déportation des juifs en camps".

Pire : "Ces proies d'un massacre programmé sont attachées à leur ours en peluche. Or, le Musée Yad Vashem de Jérusalem a fait de l'ours un symbole de l'extermination des enfants juifs, du martyre d'un peuple". Et de conclure : "Tout, sans cesse, nous ramène aux juifs, sauf que le mot n'est jamais prononcé. Le juif n'existe pas. La victime de la seconde guerre, c'est le Polonais."

Faut-il rappeler que le thème central du film de Wajda n'est pas l'Holocauste mais le massacre de Katyn ? Si, dans ce film, on ne voit pas de juifs dans les rues de Cracovie occupée par les Allemands, c'est parce qu'en 1943, ils étaient entassés dans des ghettos et déportés dans des camps de la mort.

Aucune confusion n'est faite dans ce film entre Katyn et Treblinka. Ce furent deux crimes différents ; le film n'aborde que l'un des deux. Le reproche sur le manque de référence à l'Holocauste est donc absurde. Pourrait-on formuler la même critique à l'adresse de Steven Spielberg ou de Roman Polanski qui, dans leurs films (La liste de Schindler et Le Pianiste), ne mentionnent pas non plus le massacre de Katyn, des goulags de la Kolyma, ou de Karaganda ? Jusqu'alors peu de films ont été réalisés autour des crimes soviétiques, même si ces derniers furent aussi barbares et massifs que ceux perpétrés par Hitler - et je le déplore. Pendant des décennies, ils furent entourés d'un mur de silence.

Par ailleurs, je tiens à souligner qu'Andrzej Wajda n'est pas et n'a jamais été un négationniste déguisé de l'Holocauste. Il a réalisé trois films consacrés à cette problématique : Samson, Korczak, et La Semaine sainte. Lui faire ce reproche me paraît tout à fait infondé. Katyn décrit avec réalisme les rafles et les persécutions subies par les Polonais, "coincés" entre deux Molochs totalitaires. Tel fut le sort réservé à ce peuple et c'est pour cette raison que les Polonais ont fait partie des principales victimes de la seconde guerre mondiale. Il est grand temps de prendre note de ces vérités banales.

En conclusion, la critique du Monde constate "l'ambiguïté de la représentation des juifs dans le cinéma polonais". Or le cinéma polonais n'est pas un monolithe, il est représenté par une multitude de personnalités, de perspectives, de styles. C'est pourquoi il est insensé de généraliser cette question, comme il est insensé de reprocher à Wajda d'avoir polonisé le symbole du martyre du peuple juif - l'ours en peluche.

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Adam Michnik est ancien cofondateur de Solidarnosc, rédacteur en chef du quotidien Gazeta Wyborcza.


Christian Vanneste :

En présence de l'ambassadeur de Pologne et du distributeur du film en France, j'ai pu assister à la projection du film d'Andrej Wajda, Katyn, à l'Assemblée nationale. Cette séance était à l'initiative de mon ami Marc Le Fur. C'est un film sobre, austère, doté d'une puissante retenue devant une tragédie qui est davantage perçue à travers les souffrances et les deuils personnels, les drames familiaux que sur un plan politique. Sans doute, est-ce là la force du message : les systèmes totalitaires ont, au nom d'idéaux apparemment opposés, écrasé les personnes. Hannah Arendt ne s'est pas trompée. Il y a un totalitarisme aux multiples visages : l'officier allemand qui envoie les universitaires polonais dans des camps de concentration a pour reflet l'officier soviétique qui assiste à l'arrivée des officiers polonais dans une gare et qui vont être conduits dans la forêt de Katyn pour y être exécutés. Les deux visages respirent la même suffisance et la même stupidité satisfaite.

Toutefois, il n'est que trop évident, qu'à de malheureuses exceptions près, tout le monde aujourd'hui connait et condamne les crimes des nazis alors que durant de longues années on a nié ceux du communisme, couverts par un cynisme diabolique de la part de leurs auteurs, et la complicité de tous ceux qui, bénéficiant de la liberté d'expression dans les démocraties, ont été les thuriféraires d'une idéologie et d'un système politique totalement inhumains.

Les soviétiques ont volontairement voulu éliminé l'élite polonaise pour mieux dominer leur voisin catholique de l'ouest. Ce crime s'en prenait à une classe, comme les nazis s'en prenaient à une race. Staline, après l'Holodomor, le meurtre par la faim de millions de paysans propriétaires ukrainiens, n'en était pas à son premier génocide, ni à son dernier : comment tant "d'intellectuels" français ont-ils pu cautionner un régime qui au lieu de combattre des idées détruisait des êtres humains ? Leur responsabilité est immense. Il ne faut pas oublier que Pol Pot est passé par la France, et que le Monde s'est félicité de la liesse lors de la prise de Phnom Pen par les communistes... C'est pourquoi, il est particulièrement inquiétant et même honteux, que le Centre National de la Cinématographie (CNC) n'ait pas cru devoir subventionner, comme il le fait d'habitude, ce film polonais réalisé par l'un des plus grands cinéastes vivants. C'est pourquoi il est tout aussi préoccupant de savoir que cette œuvre a connu des difficultés pour être distribuée en France. Elle ne l'est pas sur certains réseaux de salles particulièrement importants, notamment celui qui s'était déjà refusé à la distribution de la Passion du Christ... Qui prétendra que la censure n'existe pas dans notre pays, et que celui-ci est une parfaite démocratie ?

Allez tous voir ce film et n'hésitez pas à me donner votre avis sur lui !


Femme actuelle (25 mars 2009) : « "Katyn" du Polonais Andrzej Wajda, met en images un massacre longtemps tabou »

 


AFP, 27 Mars 2009 - Avec "Katyn" [...]

[...]

(Dépêche supprimé à la demande de l'AFP, juin 2010).


Histoire (L') (n°340, mars 2009, p.33) : « Wajda et la mémoire polonaise »

« Enfin ! Katyn, le film d'Andrezj Wajda, a trouvé un distributeur en France, plus d'un an et demi après sa sortie en Pologne. Une œuvre forte pour le cinéaste polonais puisque son père faisait partie des milliers d'officiers exécutés par les Soviétiques au printemps 1940 près de Smolensk. Un crime longtemps attribué aux nazis. »image_diaporama_portrait.jpg


Libération (16 février 2008) : « Andrzej Wajda dans la forêt de Katyn », par Didier Péron et Nathalie Versieux

Le palmarès de la Berlinale va être donné ce samedi par le président du jury Costa-Gavras. Après dix jours de projection, on peut d'ores et déjà dire que Berlin peine à trouver un vrai souffle face à Venise dont le blason a été redoré par Marco Müller, et Cannes qui demeure le champion de l'alliance entre culture cinéphile, glamour et business. Les films étaient globalement trop inégaux pour laisser un sentiment positif. Selon toute évidence, There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson et Happy-Go-Lucky de Mike Leigh ne devraient pas repartir bredouilles, idem pour le In Love We Trust du Chinois Xiaoshuai ou The Song Of Sparrow de l'Iranien Majid Majidi. Présenté hors compétition, Katyn d'Andrzej Wajda était particulièrement attendu.

Carnage. Ce film n'est pour le moment sorti qu'en Pologne avec un certain retentissement, et il est sélectionné pour l'oscar du film étranger. Wajda, 81 ans, revient avec ce film historique sur l'épisode du meurtre de 22 000 officiers polonais par la police secrète soviétique au printemps 1940 sur ordre de Staline. A l'époque, la Pologne est envahie à la fois par le Reich et l'Armée rouge, en plein pacte d'acier. La population assiste, impuissante, au dépeçage du pays entre les deux puissances, les cadres de l'armée réduits à déposer les armes.

Le père de Wajda, Jakub, a été tué dans la forêt de Katyn avec des milliers d'autres officiers, la plupart réservistes, qui occupaient dans le civil des postes d'avocats, de médecins, d'ingénieurs. Mais les communistes ont toujours nié ce carnage découvert par l'armée allemande en 1943. L'URSS accuse alors les nazis d'être les coupables de ces atrocités. Cette version va prédominer à la fin de la guerre quand la Pologne intègre le bloc de l'Est. Katyn, symbole de la sauvagerie de l'occupation nazie, permet aux Soviétiques d'apparaître comme les libérateurs de la nation. Cette falsification durera jusqu'en 1989. Un an plus tard, l'URSS reconnaît officiellement le crime de Katyn. Le film relate les faits à partir de lettres et journaux de victimes, restitués à leurs familles.

Mensonge. La mise en scène de Wajda n'évite pas le mélodrame, et la caméra se jette un peu trop volontiers sur les mourants. Les massacres des juifs de Pologne constituent un hors-champ problématique, exception faite d'une mention d'Auschwitz par une jeune fille au crâne tondu. Du moins Katyn met-il l'accent sur ce moment incroyable, la jonction des deux totalitarismes majeurs du XXe siècle et leur passion commune pour le mensonge et la mort.

Le mensonge de Katyn a pendant des années porté ombrage aux relations germano-polonaises. Raison pour laquelle la critique allemande s'attache, aujourd'hui, plus à la dimension historique du film de Wajda qu'à sa valeur artistique. «Nous voulons essayer de passer ensemble par-dessus les tombes de l'Europe. Cela n'est possible que si l'on parvient à rétablir les vérités historiques»,ont rappelé hier les ministres de la Culture allemand et polonais, avant d'assister à Berlin à une projection du film de Wajda en compagnie d'Angela Merkel, qui a grandi en ex-RDA. «Personne n'avait jusqu'à présent tenté de briser le tabou de la mémoire plombée de la Pologne. Wajda y parvient», s'enthousiasme l'hebdomadaireDer Spiegel.Av ant de reprendre les propos de l'historien polonais Adam Krzeminski, pour qui «Katyn comble un vide béant» dans la mémoire collective polonaise.

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Libération (18 septembre 2007) : « La Pologne revit le drame de Katyn », par Maja Zoltowska

Un film d'Andrzej Wajda ranime le souvenir du massacre d'officiers par les Soviétiques en 1940.

Varsovie de notre correspondante

Le cinéaste polonais Andrzej Wajda a présenté hier soir son dernier film Katyn, un hommage aux 22 500 officiers polonais - dont faisait partie son père - massacrés par la police secrète soviétique sur ordre de Staline en 1940. Il s'agit d'un des films les plus ­attendus par la Pologne où le mot «Katyn» fut ­banni par la propagande communiste pendant plus d'un demi-siècle. Présenté en grande pompe à l'Opéra de Varsovie, le film, qui sera dans les salles polonaises vendredi, constitue en soi un événement national . Andrzej Wajda et le ministère de la Culture ont choisi un jour symbolique pour sa présentation : le 17 septembre 1939, ­date où l'Armée rouge pénétrait dans l'est de la Pologne, déjà envahie à l'ouest le 1er  septembre par l'Allemagne. Une fois de plus, les deux grands voisins se partageaient le pays.

«Mensonge». Hier matin, le président polonais Lech Kaczynski s'est rendu en Russie pour se recueillir sur les tombes des officiers dans la forêt de Katyn, un petit village près de Smolensk où, en avril 1940, les officiers polonais furent exécutés, un par un, d'une balle dans la nuque par la NKVD. Pour cette première visite en Russie, il ne fera pas le déplacement jusqu'à Moscou et ne participera à aucune rencontre officielle. Ce séjour éclair, non dénué de considérations électoralistes, ne devrait pas améliorer les relations entre Varsovie et Moscou, tendues depuis l'arrivée au pouvoir, en 2005, du président conservateur qui ne cache pas sa méfiance envers la Russie.

Le même soir, aux côtés des proches de victimes, le président polonais a pu imaginer les scènes de leur mort. «Cela a vraiment dû se passer ainsi. J'ai cru ­assister à l'exécution de mon ­père», a reconnu la gorge serrée Krystyna Brydowska, fille de Feliks Miszczak, tué à 44 ans à Miednoïé, un autre lieu de massacre des officiers polonais.

Dix-huit ans se sont écoulés depuis la chute du communisme et aucun cinéaste n'avait encore osé adapter à l'écran cette tragédie nationale. «Ce film n'aurait pas pu voir le jour avant, ni dans la Pologne communiste ni en dehors de la Pologne, où il n'y avait pas d'intérêt pour le sujet», a déclaré le cinéaste lors d'une présentation à la presse. Wajda a, malgré la censure, mis en scène de nombreux épisodes de l'histoire de la Pologne du XXe siècle. Dans Kanal , il exaltait le drame de l'Insurrection de Varsovie, dans Cendre et Diamant , la résistance à l'instauration du communisme, dans l'Homme de marbre , les années staliniennes et dans l'Homme de fer la naissance de Solidarité, qui lui aura valu la Palme d'or à Cannes en 1981. Mais faire un film sur Katyn aurait été impossible à l'époque communiste où les Soviétiques étaient présentés uniquement comme des libérateurs : «Sur ce mensonge reposait toute la ­soumission de la Pologne à Moscou» , a déclaré le ­cinéaste.

Wajda, qui s'était promis de le réaliser depuis des années, considère ce film comme un devoir national et un devoir envers sa famille : «J'ai compris que je ne pouvais plus attendre, Katyn est sans doute un de mes derniers films sinon le dernier», a déclaré le cinéaste bientôt âgé de 82 ans.

Attente. Sur un scenario écrit d'après le roman Post mortem d'Andrzej Mularczyk,Katyn est dédicacé à ses parents car ce film est aussi l'histoire de sa famille. Son père, Jakub, capitaine au 72e régiment d'infanterie, fut parmi les officiers tués par les Soviétiques dans la forêt de Miednoïé, autre lieu de massacre, dont Katyn est devenu le nom symbolique. Les emprunts à l'histoire familiale sont nombreux. «Ma mère s'est bercée d'illusions jusqu'à sa mort, car le nom de mon père figurait avec un autre prénom sur la liste des officiers massacrés», raconte Wajda. Sa mère, Aniela, porte dans son film le nom d'Anna et Anna aussi espère et une erreur dans le prénom prolonge cet espoir. C'est justement à travers les femmes - les épouses des officiers, leurs mères, soeurs ou filles - et leur attente désespérée que Wajda raconte ­l'histoire de Katyn.

Les charniers ont été découverts par les troupes allemandes lors de leur avancée en territoire russe après la rupture du pacte germano-soviétique en 1941. Révélé par les nazis en 1943, le massacre de Katyn a ­toutefois été imputé par la ­propagande communiste aux troupes allemandes pendant plus de quarante ans .

Le film débute par une scène sur un pont. Deux vagues de civils se croisent : l'une vers l'est fuit la Wermacht, l'autre vers l'ouest l'Armée rouge. Nul ne sait lequel des deux agresseurs sera le moins cruel. Le film se termine par le massacre raconté dans les moindres détails sur un mode documentaire.

On devine le jeune Wajda dans le personnage d'un jeune résistant qui, à la fin de la guerre, vient à Cracovie pour étudier aux Beaux-Arts. Comme le père de Wajda, celui du jeune résistant est mort à Katyn mais il refuse, lui, de le renier dans son curriculum vitae comme beaucoup d'autres l'ont fait pour éviter les ennuis sous l'occupation soviétique. Le jeune homme meurt. «Un remords de conscience?», s'est interrogé un spectateur lors d'une avant-première : «Avec Katyn, vous laissez entendre que si vous n'aviez pas menti sur la mort de votre père, vous n'auriez pas pu étudier aux Beaux-Arts, à l'école de cinéma et que l'école polonaise du film n'aurait jamais vu le jour ?» Le cinéaste n'a eu d'autre réponse : «Je confesserai mes propres péchés devant un autre auditoire et ce sera certainement dans peu de temps.» Et de conclure : «Chacun militait à sa manière contre ce régime.»

Enquête. Car le film parle aussi du mensonge qui a entouré Katyn et des diverses attitudes face à ce massacre. En Pologne, pratiquement jusqu'à la chute du communisme au début des années 90, il était interdit de parler de cet événement. La ­censure rayait ce nom de tous les livres. Etre parent d'une victime de Katyn pouvait entraîner une ­interdiction d'étudier, et briser une carrière professionnelle.

Il faudra attendre avril 1990 pour que le dernier président soviétique Mikhaïl Gorbatchev reconnaisse la responsabilité de l'URSS en transmettant au président polonais d'alors, le général Jaruzelski, des copies des listes des victimes, promettant une enquête. Durant la Guerre froide, l'Occident s'est tu pour ne pas envenimer ses relations avec l'URSS. Le crime est resté impuni.

En 2004, après quatorze années d'enquête, le parquet militaire russe a classé le dossier de Katyn, refusant de qualifier ces exécutions de crime de guerre ou de crime contre l'Humanité. Selon le parquet, il s'agissait d'un crime de droit commun, donc déjà prescrit. La justice russe a aussi refusé de transmettre les documents en sa possession à la Pologne qui, de son côté, poursuit toujours sa propre enquête. Varsovie recherche encore les tombes et les listes des disparus. Des traces mènent à Bykovnia, près de Kiev. Les restes d'un officier polonais viennent d'y être identifiés. En attendant, les proches des victimes attendent que la Cour des droits de l'homme à Strasbourg se penche sur leur plainte déposée contre la Russie.

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Libération (20 avril 2009, « Rebonds », p.28) : « Antisémite, Andrzej Wajda ? », par Jean-Charles Szurek (directeur de recherches au CNRS ; auteur, avec Annette Wieviorka, de Juifs et Polonais (1939-2008), Albin Michel, 2009)

Une fois de plus, l'accusation d'antisémitisme affleure ici ou là à l'adresse d'Andrzej Wajda qui, dans son dernier film, Katyn, consacré au meurtre des officiers polonais au printemps 1940 dans une forêt de Biélorussie, n'aurait pas évoqué la mort des Juifs ou l'aurait, au contraire, trop évoquée par des procédés subreptices (rafles d'opposants au régime communiste semblables à celles des Juifs, évocation du camp d'Auschwitz pour les Polonais, correspondance entre crime de race et crime de classe, etc.). En un mot, il aurait, comme l'a toujours fait l'historiographie polonaise, mis en avant le martyre polonais au détriment du martyre juif.

Cette accusation est absurde à plusieurs titres.

Katyn symbolise plusieurs événements marquants qui ne sont pas liés à la Shoah. L'assassinat méthodique de milliers d'officiers polonais, de réserve pour la plupart, constitue un crime de guerre - sans que la guerre fût déclarée entre l'URSS et la Pologne - aux aspects rares. Les Soviétiques le dissimulèrent initialement puis, quand les Allemands le découvrirent et en firent une grande publicité, ils organisèrent une contre-expertise qui accusait les troupes allemandes. Avisés, les Alliés, au tribunal de Nuremberg, refusèrent de faire endosser ce crime aux nazis alors que telle était la demande soviétique. Durant la période communiste, Moscou n'admit jamais ce meurtre qui devint la principale page blanche de l'historiographie polonaise. Régulièrement, les dirigeants soviétiques demandaient aux dirigeants polonais, avec un cynisme inouï, pourquoi le crime de Katyn ne figurait pas dans les manuels scolaires. Si l'on admet avec le philosophe Leszek Kolakowski que le communisme forma le mensonge incarné - car il réalisa l'inverse de ce qu'il annonçait, ce qui n'est pas le cas du nazisme -, le crime de Katyn constitue un mensonge dans le mensonge d'autant plus odieux que, jusqu'à aujourd'hui, les autorités russes refusent d'ouvrir une part importante de leurs archives sur cette question, accréditant l'idée qu'il y a encore quelque chose à cacher. Boris Eltsine, peu de temps après l'écroulement de l'URSS, avait déclaré aux Polonais : «Pardonnez-nous si vous le pouvez»... On n'en est plus du tout là aujourd'hui.

Katyn, le film, et Katyn l'événement relèvent donc de la phase la plus criminelle du régime communiste et les relations entre Juifs et Polonais n'en constituent vraiment pas l'objet, même s'il y a eu des Juifs, citoyens polonais, parmi les suppliciés de Katyn.

Autre reproche adressé au film, celui de renvoyer dos à dos nazis et Soviétiques, insinuant qu'il introduirait une équivalence entre crime de classe et crime de race, pour reprendre les termes des polémiques qui avaient entouré le Livre noir du communisme. Andrzej Wajda indiqua d'ailleurs que ce qui avait étonné le plus les spectateurs russes, incrédules, après deux projections de Katyn à Moscou, c'est la coopération entre officiers allemands et soviétiques. En réalité, le film ne fait que relater les faits sans s'adresser, implicitement ou explicitement, à la question de la comparaison. Au demeurant, autant la comparaison de certains crimes peut être légitime (c'est bien au début de la guerre que les élites polonaises - médecins, avocats, universitaires - furent éradiquées par les deux occupants), autant la comparaison des régimes connaît plus de limites que de vertus heuristiques.

Le film évoquerait aussi les traques des familles d'officiers polonais par les communistes comme les Allemands le faisaient des Juifs. Là aussi, la comparaison est imaginaire : rien dans Katyn n'autorise une telle interprétation. Par contre, n'est pas du tout imaginaire la guerre acharnée que livra le pouvoir communiste à la résistance anticommuniste, issue souvent de l'armée de l'intérieur (AK). Que des éléments importants de cette résistance se soient livrés, notamment, à de nombreux crimes antisémites entre 1944 et 1947 ne change rien à l'affaire. Cette période ne peut faire l'objet d'un regard sommaire.

Enfin, le camp d'Auschwitz serait mentionné comme si les Polonais n'y avaient pas été, eux aussi, déportés, constituant le deuxième groupe des victimes.

En fait, si Wajda est accusé «d'ambiguïté» à l'égard des Juifs, c'est en raison des polémiques qui ont entouré certains de ses films tels Korczak ou la Terre de la grande promesse. Il n'y a guère de sens à isoler ces œuvres d'autres qui portent également sur des personnages juifs. Dans des films tels Samson, Génération, Noces , la Semaine sainte, le thème juif est présent. Présent, parce que le réalisateur l'a voulu, présent parce qu'il s'appuie sur des œuvres majeures de la littérature polonaise qui posent la question de la place des Juifs dans la société polonaise. Ce thème, comme les autres, s'inscrit à chaque fois non seulement dans le langage de son époque mais aussi de son contexte politique, notamment des humeurs de la censure. Par exemple, dans Génération (1955), son premier film, ce sont des Polonais communistes qui sauvent les Juifs du ghetto de Varsovie. Dans Korczak (1990), autre époque, Wajda narre l'histoire implacable de ce fameux médecin, directeur d'un orphelinat juif, qui accompagne les enfants à la mort vers Treblinka : montrer l'aide des Polonais communistes

n'est plus nécessaire.

Ces films ne traduisent guère les préoccupations d'un antisémite. D'où viennent dès lors ces interrogations, voire parfois ce malaise, source de polémiques si âpres ?

Disons qu'appréhender le fait juif en Pologne n'est pas d'emblée familier à Wajda. Héritier des consciences nationales qui jalonnent l'Europe centrale, Wajda est l'un des rares créateurs à avoir posé, et su imposer au pouvoir communiste, les grands problèmes de la Pologne au XXe siècle : le drame de l'insurrection de Varsovie en 1944 avec Ils aimaient la vie, les dilemmes de la guerre civile avec Cendres et Diamant, la condition ouvrière sous le stalinisme avec l'Homme de marbre puis l'engagement ouvrier avec Solidarnosc (l'Homme de fer), Katyn(Samson, Korczak, Génération). On lui reprocha les enfants blonds dans Korczak, des personnages de Juifs caricaturaux dans la Terre de la grande promesse. Son approche d'une question hypersensible peut être discutée. Non son engagement, précoce, dans la compréhension de cette question et son empathie évidente. maintenant. Il tenta également d'approcher la situation des Juifs, le plus souvent à travers le drame du ghetto de Varsovie.


Monde (Le) (25 avril 2009, p.18) : « Haro sur le critique », par Véronique Maurus ("médiatrice")

Longtemps, les critiques de cinéma n'ont guère fait de vagues. De-ci de-là tombaient une remarque de détail, une divergence de vue, voire une querelle de chapelles ; sans suite. C'est de moins en moins vrai. Le 1er avril, il a suffi d'un paragraphe évoquant imprudemment les « sujets sensibles » traités (ou plutôt non traités) dans le film d'Andrzej Wajda, Katyn, pour déclencher un flot de courriers furieux et une vraie polémique historique. Cette polémique a été, heureusement, close par la publication, le 15 avril, d'une réponse circonstanciée d'Adam Michnik, ancien cofondateur de Solidarnosc. Nous n'y reviendrons donc pas. « J'ai écrit un livre sur Wajda, précise simplement Jean-Luc Douin, auteur de la critique. Je n'ai jamais accordé de crédit aux accusations d'antisémitisme qui le visaient. »

Parisien (Le) (31 mars 2009) : « "Katyn" : édifiant » (**)

L'histoire. Septembre 1939, dans la Pologne sous occupation soviétique, 23000 militaires polonais sont faits prisonniers. En 1940, Staline ordonne leur assassinat. L'armée allemande découvre les charniers en 1943, mais le régime soviétique nie la responsabilité des crimes et la met sur le compte des nazis. Il faudra attendre Gorbatchev, en 1990, pour que le pouvoir de Moscou reconnaisse la responsabilité des Soviétiques dans ce massacre.

Notre avis. Malgré son style académique et son côté Dossiers de l'écran un peu trop didactique, Andrej Wajda a réussi avec «Katyn», nommé à l'Oscar du meilleur film étranger en 2008, une grande fresque guerrière et humaine sur l'un des épisodes les plus tabous du vingtième siècle. Une histoire qui a touché le réalisateur dans sa chair : Son père, Jakub Wajda, avait été tué lors de ces événements, alors que lui n'avait que 14 ans. Et jusqu'à sa mort en 1950, sa mère n'a jamais voulu croire à la disparition de son époux. Le récit des faits reconstitué par Wajda met la fiction au service de la vérité.


Paris Match (31 mars 2009) : « Salades russes », par Alain Spira

Andrzej Wajda revient sur la tragédie de Katyn et l'assassinat en masse par les Soviétiques de 25 000 officiers appartenant à l'élite intellectuelle polonaise. Histoire d'autant plus poignante que le père du réalisateur fut au nombre des victimes.

Les morts ne versent pas de larmes, écrivait Joseph Weinberg. Mais ils ont toute l'éternité pour réclamer justice. Ceux qui, par milliers, furent ensevelis dans des fosses communes découvertes par les Allemands en 1943, dans une forêt russe, auront attendu un demi-siècle pour que la vérité soit enfin dévoilée. Plus de 25 000 Polonais appartenant à l'élite intellectuelle - des officiers, des ingénieurs, des étudiants, des médecins... - furent exécutés, au printemps 1940, d'une balle dans la nuque, à Katyn, Kharkov et Tver. Les Soviétiques n'eurent aucune difficulté à mettre cette horreur sur le compte des Allemands. Une goutte d'os dans la mer de sang nazie. En 1990, Mikhaïl Gorbatchev reconnaîtra officiellement que l'ordre de cette exécution de masse émanait de Staline en personne. Tels des asticots, les mensonges d'Etat empêchent les plaies de l'Histoire de se refermer. Aujourd'hui encore, la blessure continue de démanger les Polonais, la Russie n'ayant toujours pas accepté que le massacre de Katyn soit qualifié de crime contre l'humanité...

Un académisme qui nuit à l'émotion

En adaptant « Katyn », le roman d'Andrzej Mularczyk, le cinéaste Andrzej Wajda, dont le père figure parmi les suppliciés de Katyn, se sert du cinéma comme d'un fixateur afin que cette tragédie ne s'efface pas de la mémoire collective comme ces vieilles photos délavées ornant des tombes oubliées. Le film débute par cette image forte d'une population paniquée, fuyant d'un côté les Russes et d'un autre les Allemands, à la suite de la rupture du pacte germano-soviétique par Staline. L'Armée rouge fait immédiatement prisonniers les militaires polonais. Alors que les simples soldats sont rapidement libérés, les officiers, eux, sont internés dans des camps. A travers les destinées tragiques de trois officiers - un général (Jan Englert), un capitaine (Artur Zmijewski) et un pilote (Andrzej Chyra) - et de leurs proches, Wajda décrit, jusqu'à l'insoutenable, l'inexorable fonctionnement de la machine à tuer stalinienne. Si le propos est inattaquable et l'interprétation sans faille, l'écriture est, malheureusement, amidonnée par un académisme qui nuit à l'émotion. Ecrasé par sa responsabilité vis-à-vis de l'Histoire, le réalisateur semble avoir annihilé sa créativité. Reste un devoir de mémoire très appliqué, mais qui ne mérite pas plus que la moyenne.


Point (Le) (n°1906, 26 mars 2009, p.102) : « Requiem pour Katyn », par François-Guillaume Lorrain

Andrzej Wajda avait 14 ans en 1940, quand son père, officier de l'armée polonaise, fut éliminé par le NKVD soviétique près de la forêt de Katyn. L'histoire a retenu ce lieu comme un des sommets de l'ignominie stalinienne, qui régla son compte à 25 000 officiers et résistants polonais avant de mettre cette tuerie sur le dos des nazis, avec la complicité tacite des Occidentaux.

Toute sa vie, Wajda a pensé à Katyn. Mais, jusqu'en 1989, impossible, en Pologne, d'évoquer publiquement ce sujet. Katyn, on en parlait en catimini, dans les familles concernées, comme celle de Wajda, dont la mère, jusqu'à sa mort, a attendu avec espoir le retour de son mari. « La première chose exigée par Solidarnosc en 1980, c'est la vérité sur Katyn », explique l'historienne Alexandra Viatteau. En 1990, Gorbatchev admet enfin la responsabilité soviétique et présente ses excuses au peuple polonais. En 1992, Eltsine reconnaît que les ordres ont été signés par Staline et le politburo. Mais la Russie garde encore des documents datant de 1939 qui établissent une collaboration entre les nazis et les Soviétiques en vue du nettoyage ethnique de la Pologne. Aujourd'hui encore, on ouvre des charniers près de Smolensk et une plainte a été déposée par la Pologne auprès de la Cour européenne des droits de l'homme pour requalifier le crime de guerre de Katyn en crime contre l'humanité.

Le sujet est donc très sensible pour la Russie de Poutine, et Wajda aura dû attendre 2008 et le triomphe en Pologne de son précédent opus, « Pan Tadeusz », pour avoir les moyens, à 80 ans passés, de faire le film-testament qu'il souhaitait. Il a eu l'intelligence d'aborder le sujet par les femmes. Des soeurs, des veuves, des mères qui virent partir, mais jamais revenir, tous ces officiers. Ce prisme de l'émotion lui permet d'échapper à un cinéma qui a souvent eu les pieds de plomb. Porté par la bouleversante musique de son ami le grand Krzysztof Penderecki-le compositeur de « Shining », apprenant que c'était pour Katyn, l'a autorisé à puiser dans son oeuvre-, ce requiem polonais s'achemine vers sa coda tragique : les exécutions. Fallait-il montrer ? Wajda a choisi de les filmer en silence : « J'ai eu l'idée en voyant "Vol 93", sur les avions détournés le 11 septembre 2001. A la fin, il ne reste plus que le silence. Cela marque les mémoires. » En effet : ce dernier quart d'heure est un moment stupéfiant. En Pologne, où le film a été vu par 3 millions de personnes, aucun débat n'a été possible : les gens sortaient en pleurant, dans un silence de mort

A lire : « Katyn », d'Alexandra Viatteau (André Versailles).
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KATYN : RÉCEPTION

13 Avril 2009, 02:49am

Publié par Mister Arkadin

Comme prévu (1, 2, 3), le Katyn de Wajda n'a pas fait l'objet d'un accueil digne de son importance, principalement en raison de sa faible distribution, seules trois salles parisiennes l'ayant projeté en première semaine (quatre en deuxième) et aucune à Lyon (une en deuxième semaine). La réception critique a été un peu plus abondante que je le pensais, même si elle a pris en grande partie la forme que je prévoyais (ignorance pour les uns, Les Cahiers et Libé se surpassant, tiédeur pour les autres, diversion enfin, sous la plume de Jean-Luc Douin notamment, Le Monde ayant cependant largement mis en valeur le film et quelques critiques l'ayant tout de même traité très favorablement).


Distribution :

Avant-premières parisiennes : à la Cinémathèque française le 30 mars 2009 ; au Champo le 31 mars 2009 (avec un débat organisé par la revue L'Histoire)

Semaine du 1er au 7 avril 2009 : 3 salles à Paris (Les Cinq Caumartin ; Reflet Médicis ; Saint-André-des-Arts)

Semaine du 8 au 14 avril 2009 : 4 salles à Paris (Les Cinq Caumartin ; Saint-André-des-Arts ; Lincoln ; Majestic Bastille) ; 9 salles en Province (Aix-en-Province, Brest, Grenoble, Lyon, Nantes, Orléans, Perpignan, Pessac, Toulouse)


Émission de télévision :

France 3, « Ce soir ou jamais » (Frédéric Taddéi), mercredi 25 mars 2009 : « Staline - Poutine : les liaisons dangereuses ? », débat, avec notamment Andrzej Wajda


Émissions de radio :

France Inter, « Et pourtant elle tourne » (Bruno Duvic), mercredi 1er avril 2009 : Entretien d'Evan Bettan avec Andrzej Wajda ; « Le Masque et la Plume » (Jérôme Garcin), dimanche 5 avril 2009, avis d'Éric Neuhoff, Pierre Murat, Sophie Avon et Xavier Leherpeur

Radio Courtoisie : Libre journal du cinéma (Philippe d'Hugues, avec Philippe Ariotti et Pascal Manuel Heu, 19 mars et 16 avril 2009) ; « Libre journal de Jacques Trémolet de Villers » (avec Benoît Gousseau, critique littéraire et crédacteur en chef du mensuel Politique Magazine, jeudi 19 mars 2009 - enregistrement) ; « Libre journal de la Réplique » (Bernard Antony, avec Yves Daoudal), mercredi 25 mars 2009 ; Bulletin de réinformation du 2 avril 2009 ; « Libre journal de la Résistance » (Emmanuel Ratier, mercredi 8 avril 2009, de 18h00 à 19h30, « Club de la presse nationaliste », avec Camille-Marie Galic, Caroline Parmentier et Jeanne Smits (journalistes) ; « Libre journal des lycéens » (Romain Lecap, avec Xavier Delaunay et Agathe Menot, samedi 11 avril 2009, de 12h00 à 13h30, « Chronique culturelle »)

France Culture, « Du grain à moudre » (Julie Clarini et Brice Couturier), vendredi 10 avril 2009, de 18h15 à 19h15 : « Autour de la sortie du dernier film d'Andrzej Wajda, Katyn [« film d'une amère mélancolie et d'une grande beauté » (Brice Couturier)] », en direct et en public de la Gare Saint Sauveur à Lille, avec Stéphane Courtois (Historien du communisme, directeur de recherche au CNRS), Jean-Yves Potel (Politologue, ancien conseiller culturel à l'ambassade de France à Varsovie) et Christian Szafraniak (Spécialiste du cinéma polonais, correspondant pour la Pologne du FIPA, Président de l'association Jean Mitry) - Enregistrement


Quotidiens :

20 minutes (1er avril 2009, p.13) : « Le cinéaste polonais revient en signant un drame bouleversant sur un massacre historique et l'absurdité de la guerre » (texte intégral)

Canard enchaîné (Le) (1er avril 2009, p.6 - film mis en vedette dans la rubrique « Cinéma ») : « Faucille, marteau, fosse commune », par Jean-Luc Porquet [« c'est grave, sans effets, presque sans affect », « une impeccable leçon d'histoire »]

Croix (La) (1er avril 2009, p.21) : « Ce film sur Katyn était une nécessité », entretien avec Andrzej Wajda ; « Récit d'un massacre et d'un mensonge d'État », par Laurent Larcher (**)

Direct Matin : rien le mercredi 1er avril 2009 (deux page sur le cinéma et une marée de pub pour Montres contre Aliens)

Figaro (Le) (15 février 2008) : « "Katyn, du massacre à l'imposture », par Marie-Noëlle Tranchant ; « Un des plus terrifiants massacres de l'histoire », par Jacques Saint Victor

Figaro magazine (Le) (27 mars 2009) : « Katyn : l'autre devoir de mémoire », par Jean Sévilla

Figaro (Le) (1er avril 2009, p.28 ; ***) : « Historiquement correct », par V.D. ; « Andrzej Wajda au cœur du massacre de Katyn », entretien ; « Entre requiem et réquisitoire », par Marie-Noëlle Tranchant ; « Tout le symbole du mensonge totalitaire », par Stéphane Courtois

France soir (trois pages sur le cinéma le mercredi 1er avril 2009 ; www.francesoir.fr) : néant.

Humanité (L') (1er avril 2009, p.22) : « Tu n'as rien vu à Katyn », par Jean Roy [L'Huma a-t-elle souhaité rendre hommage à "Mister Arkadin" et à mon billet du même titre ?!]

Libération (1er avril 2009, p.22, colonne « D'autres films ») : « Katyn, d'Andrzej Wajda, est le premier film consacré au massacre des 25 000 soldats et officiers polonais par le futur grand frère soviétique » (texte intégral)

Métrofrance.com (31 mars 2009) : « "Katyn" du Polonais Andrzej Wajda, met en images un massacre longtemps tabou »

Monde (Le) (29-30 mars 2009, p.20) : « Au cinéma avec Stéphane Courtois »

Monde (Le)(1er avril 2009) : « Je voulais évoquer le crime et le mensonge », entretien avec Andrzej Vajda, p.1-19 (débutant en ventre de une) ; « "Katyn" : film poignant et douloureux pour Wajda », par Jean-Luc Douin, p.19.

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Parisien (Le) : rien dans le journal - Internet ?

Tribune (La) (1er avril 2009, p.30) : « "Katyn", crime de guerre et mensonge d'État », par Jean-Christophe Chanut »


Hebdomadaires :

 

Express (L') (supplément « Style », 2 avril 2009, pages « Tentations Culture ») : rien.

Figaroscope (1-7 avril 2009, p.19) : critique de Marie Noëlle Tranchant (♥♥♥ ; 1/4 de page sur 2 pour les nouveautés du jour)

Humanité Dimanche (2-8 avril 2009, p.57) : « Du devoir de mémoire au cinéma », par Maud Vergnol

Inrockuptibles (Les) (n°696, 31 mars 2009, p.53) : Jean-Baptiste Morain [« Évocation lourdingue d'un drame national polonais »]

Journal du Dimanche (Le) (29 mars 2009) : « Tragédie polonaise », par D.A. (*)

Marianne (28 mars - 3 avril 2009, p.76) : Danièle Heymann

Monde 2 (Le) (n°253, 20 décembre 2008, p.16) : « Le souffle de l'épopée invisible », par Pierre Assouline

Nouvel Observateur (Le) (26 mars - 1er avril 2009, p.111) : « Révélations sur le massacre de Katyn », par François Forrestier

Nouvel Observateur (Le), supplément « TéléObs » (2 avril 2009, p.62 et 68) : « L'homme de fer » et critique, par François Forrestier

Pariscope (« Cotation des critiques », semaine du 1er au 7 avril 2009) : V.Gaucher/A.Gaillard (Pariscope) * / Françoise Delbecq (Elle) *** / Fabrice Leclerc (Studio - Ciné Live) * / Bruno Cras (Europe 1) *** / Pierre Murat (Télérama) *

Siné-hebdo : pas d'article, mais une forme d'hommage, certes involontaire, avec le dessin de couverture (reproduit ci-dessous)

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Télérama (1er avril 2009, p.50) : Pierre Murat (« pas si mal »)

Valeurs actuelles (2 janvier 2009, p.63) : « Katyn massacré », par Basile de Koch

Valeurs actuelles (26 mars 2009) : « Katyn ou la tragédie du mensonge », par Éric Branca

Vie (La) (n°3318, 2 avril 2009, p.78) : Frédéric Théobald (*, « La Vie aime un peu »)

Mensuels :

Histoire (L') (n°341, avril 2009, p.34-35) : « Wajda, Katyn au cœur », entretien avec Alexandra Viatteau

Historia : ............

Politique Magazine (n°73, avril 2009, p.36-38) : « Un testament polonais », entretien avec Andrzej Wajda


Mensuels de cinéma :

 

Cahiers du cinéma (numéros de mars et avril 2009) : néant.

Positif (n°578, avril 2009, p.42-43) : « Le mensonge insupportable », par Hubert Niogret

Première

Studio - Ciné Live

Internet :

Allociné : revue de presse

DVDrama

Filmtrailer : bande-annonce

Objectif-cinema : compte rendu à l'occasion de la Berlinade 2008, par Nicolas Villodre

Zéro de conduite (4 avril 2009) : « Katyn : requiem pour un massacre », par Francis

Revues :

Nouvelle Revue d'Histoire (n°41, mars-avril 2009, p.8) : « "Katyn" à la trappe », par Norbert Multeau


Rappels bibliographiques sur les massacres de Katyn eux-mêmes :

Faverjon (Philippe), « Le charnier de Katyn : controverse autour d'un massacre », Les Mensonges de la seconde guerre mondiale, Perrin, mars 2004, p.149-166.

Viatteau (Alexandra), « Katyn : la négation d'un massacre », L'Histoire, n°35, juin 1981, p.6-17.

Viatteau (Alexandra), Katyn, l'armée polonaise assassinée, Complexe, 1992.

Viatteau (Alexandra), Katyn, André Versaille éditeur, printemps 2009.

Zaslavsky (Victor), Le Massacre de Katyn, Monaco, Éditions du Rocher, octobre 2003, 168 p.


Le Figaro :

« "Katyn, du massacre à l'imposture » :

Avec son nouveau film, «Katyn», présenté à la Berlinale en présence de la chancelière Angela Merkel, Andrzej Wajda signe une œuvre magistrale sur une page terrible de l'histoire polonaise.

Avec ce film présenté hors compétition, la Berlinale a retrouvé l'esprit de confrontation historique et politique qui était sa marque avant la chute du Mur. Il revenait au maître du cinéma polonais de signer le premier film sur le massacre de vingt-deux mille Polonais dont plus de 4 000 officiers dans la forêt de Katyn, perpétré par l'Armée rouge, sur l'ordre de Staline, au début de la Seconde Guerre mondiale. Wajda, qui s'est montré dans toute son œuvre un grand historiographe de son pays, avait, en outre, une raison toute personnelle de vouloir traiter cette tragédie longtemps occultée : son père compte parmi les officiers victimes du crime soviétique.

À 82 ans, il évoque enfin un sujet absolument tabou au temps du communisme, au point que le seul fait d'être apparenté à une victime de Katyn pouvait entraîner l'interdiction de faire des études. «Sur le mensonge de Katyn reposait toute la soumission de la Pologne à Moscou», a dit le cinéaste, qui ne s'exempte pas de ce mensonge imposé, lors de la première de son film à Varsovie, le 17 septembre dernier.

Refusé à l'université

Une date symbolique : c'est le 17 septembre 1939 que l'Armée rouge pénètre en Pologne, quinze jours après que les troupes allemandes sont entrées, à l'ouest, déclenchant la guerre. Le début du film montre ces deux vagues d'invasion militaire qui vont à la rencontre l'une de l'autre pour dévaster la Pologne. Le pacte germano-soviétique est alors en vigueur. Après sa rupture, en 1941, les Allemands, avançant vers l'est, découvriront les charniers de la forêt de Katyn, et révéleront le crime soviétique, que la toute-puissante URSS, désormais dans le camp des alliés, saura étouffer. Tel est le contexte historique d'un film qui cherche avant tout à retracer des aventures humaines individuelles, un peu à la manière de Vie et Destin, de Vassili Grossman. «Les faits sont connus et indéniables, dit Andrzej Wajda. Ils appartiennent à l'Histoire. En 1989, Gorbatchev a apporté des documents aussi irréfutables que l'ordre de Staline à Beria d'assassiner les officiers capturés. Et des historiens sérieux avaient déjà établi la culpabilité soviétique. Mon propos n'était donc pas d'établir les faits, mais de leur donner chair et vie, de montrer la dimension humaine des événements, la souffrance de ceux qui les ont traversés.»

À partir de lettres et de journaux intimes authentiques, Wajda a créé divers personnages fictifs d'officiers, leurs femmes qui les attendent, sans nouvelles, leurs enfants qui auront en héritage le silence et le mensonge. Le film, magnifiquement mis en scène et interprété, est puissamment articulé autour de trois dates qui jalonnent clairement cet itinéraire du massacre au mensonge : 1939-1940, avec la double occupation et la capture des officiers par les Soviétiques. 1943, où des haut-parleurs et des journaux diffusent les noms des tués : c'est ainsi que les Polonais apprennent le massacre de Katyn, découvert et dénoncé par les Allemands, et aussitôt retourné par les Soviétiques en «crime nazi». 1945, quand l'imposture atteint la nouvelle génération : on voit un jeune homme refusé à l'université parce qu'il est fils d'un officier disparu à Katyn, et tué peu après. Katyn s'achève en revenant à sa terrible origine : le massacre lui-même, sans merci.

«Je me suis demandé s'il fallait ou non montrer ces images, dit Andrzej Wajda. Et cela m'a paru nécessaire, dans le premier film sur ce sujet. Il ne suffit pas de savoir que cela a eu lieu. Il faut voir, sentir et comprendre comment la tragédie s'est déroulée. Parce que cela a été interdit pendant des années, et qu'on a besoin de la vérité.»

À la table de la conférence de presse, les acteurs, tous remarquables, pour qui la guerre est un passé lointain, et même le communisme, appuient le cinéaste avec ensemble : «Nous sommes ces enfants à qui on a menti, et qui étaient incapables de comprendre notre histoire, la destruction des élites, la tragédie vécue par nos aînés. Wajda nous a ouvert le cœur et la conscience. »

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« Un des plus terrifiants massacres de l'histoire » :

Les exécutions de plusieurs dizaines de milliers d'officiers polonais, connues sous le nom de massacre de Katyn, constituent une manipulation lourde de sens.

Longtemps attribuée à l'Allemagne nazie, cette tragédie a été en réalité commise par les forces soviétiques en 1940. En septembre 1939, la Pologne est non seulement envahie par l'armée allemande, mais, quelques jours plus tard, l'Armée rouge profite de la situation pour pénétrer à son tour dans le pays. Près de 10 000 officiers polonais sont emprisonnés par les Soviétiques et, en mars 1940, le Politburo décide d'exécuter, en leur sein, les «nationalistes et contre-révolutionnaires». Plus de 4 000 sont exécutés dans la forêt de Katyn (ce qui donnera son nom au massacre). D'autres sont assassinés dans les locaux du NKVD à Kharkov, d'autres à Kalinine, d'autres, enfin, en Ukraine ou en Biélorussie. Au procès de Nuremberg, en 1945, les Soviétiques affirmèrent, contre toute vraisemblance, que les massacres de Katyn avaient été l'œuvre des troupes nazies. Et ils firent pression pour que ce mensonge soit avalisé par l'acte d'accusation.

Lamentable péripétie

De toute évidence, les dirigeants soviétiques tenaient beaucoup à masquer leur forfait. De multiples voix s'élevèrent dès cette époque (et même dès 1941, lorsque les Allemands découvrirent les charniers en envahissant la partie polonaise occupée par l'URSS) contre ce faux historique. À commencer par des enquêteurs anglais et américains. Mais on refusa de publier leurs rapports. Une chape de plomb pesait sur le secret de Katyn. Le président Roosevelt ne souhaitait pas ouvrir les hostilités avec ses alliés russes, notamment sur un point où les responsables du Kremlin semblaient particulièrement chatouilleux.

C'est ainsi qu'on sacrifia allègrement la vérité historique. Pourtant, embarrassé par de nombreuses voix contraires, le verdict final de Nuremberg s'abstint d'évoquer les faits. Et c'est ainsi que le doute demeura longtemps sur la paternité du massacre. Durant la guerre froide, les Soviétiques réussirent à entretenir longtemps le mythe d'un massacre perpétré par les forces de l'Axe. Il fallut attendre la chute du Mur et la Glasnost pour que les langues se délient. Après Gorbatchev, Boris Eltsine remet au gouvernement polonais des documents prouvant que l'ordre sanguinaire a été donné par les dirigeants du Kremlin. Mais la reconnaissance officielle du massacre de Katyn tarde à s'imposer. Cette lamentable péripétie prouve, s'il en était besoin, le danger de figer l'histoire comme une vérité officielle. Fallait-il ne pas enquêter sur Katyn ? C'est tout le problème posé par les lois mémorielles. Le vrai travail de l'esprit, celui de l'historien mais aussi celui du philosophe, de l'écrivain, est de procéder à une perpétuelle remise en cause des vérités officielles.

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« Katyn : l'autre devoir de mémoire » :

Le 1er avril sort en France le dernier film d'Andrzej Wajda : « Katyn ». Le réalisateur y raconte l'assassinat par les Soviétiques, en 1940, de 20 000 officiers polonais prisonniers.

Le film commence comme ça : sur un pont, une troupe de civils en fuite croise une autre foule, elle aussi jetée sur les routes par la défaite. Les premiers fuient les Allemands, les seconds, les Russes. Quel bourreau choisir, quand son pays est attaqué des deux côtés ? Avec Katyn, soixante-dix ans après, Andrzej Wajda porte à l'écran la tragédie polonaise de 1939.

Le film, sorti en 2007 en Pologne, y a réalisé 3 millions d'entrées. En Allemagne, il a été projeté en ouverture du festival de Berlin, en 2008, en présence d'Angela Merkel. En France, l'attente a été longue pour que Katyn - furtivement diffusé sur Canal +, au moment des fêtes - trouve un distributeur. Pourquoi cette timidité ? Wajda jette une lumière crue sur un pan occulté de l'histoire contemporaine : la collaboration entre le communisme et le nazisme. Est-ce cela qui gêne ?

Le 23 août 1939, le pacte germano-soviétique, signé par Ribbentrop et Molotov, prévoit le futur partage de la Pologne. Le 1er septembre, la Wehrmacht envahit le pays - agression qui contraint l'Angleterre et la France à déclarer la guerre à l'Allemagne. Le 17 septembre, cependant, l'Armée rouge envahit la Pologne orientale. Les troupes polonaises, prises en tenailles, sont laminées. Le 27 septembre, le gouvernement et le haut commandement polonais se réfugient en Roumanie, d'où ils gagneront la France, puis l'Angleterre. Dès le 28 septembre, un « traité d'amitié » entre le IIIe Reich et l'URSS raye la Pologne de la carte, et procède à la délimitation des frontières. Dans la partie russe, la nationalité soviétique est automatiquement attribuée aux résidents des territoires incorporés, désormais soumis à la loi soviétique.

240 000 Polonais ont été faits prisonniers par les Russes, dont 22 000 officiers. Quel avenir pour ces derniers ? Sur proposition de Beria (le chef du NKVD, la police politique soviétique), le bureau politique retient la solution la plus radicale : leur élimination physique. L'ordre, daté du 5 mars 1940, porte les signatures de Staline et de Molotov. Il ne s'agit donc pas d'une bavure du NKVD, mais bel et bien d'un acte d'Etat voulu et pensé : liquider l'élite d'un pays occupé pour mieux le dominer. Selon Victor Zaslavsky, «la politique soviétique dans les territoires polonais annexés, et l'affaire de Katyn en particulier, représentent un cas emblématique de la politique de génocide de classe»(1).

D'avril à mai 1940, un peu plus de 4 000 officiers sont abattus à Smolensk, ville alors située en Biélorussie. Leurs dépouilles sont ensevelies dans la forêt de Katyn, où d'autres prisonniers sont exécutés directement. Katyn, ce nom s'imposera pour désigner un crime collectif qui, au même moment, est perpétré ailleurs, et selon le même mode opératoire : une balle dans la nuque. Au total, 22 500 tués, sur cinq sites. A Mednoïe, en Russie, est ainsi exécuté le capitaine Jakub Wajda, du 72e régiment d'infanterie, dont le fils, Andrzej, deviendra une gloire du cinéma mondial...

Mais Katyn, ce n'est qu'une partie du malheur polonais. D'après Alexandra Viatteau, les Soviétiques déportent, au cours des deux années suivantes, au moins 1,6 million de personnes, qui mourront au goulag (2). En 1941, le Reich attaque l'URSS, et la totalité de l'ancien territoire polonais passe sous contrôle allemand. S'installe un régime de terreur qui vise d'abord les Juifs, mais qui n'épargne pas les autres Polonais, le film de Wajda le montre aussi.

Le 12 avril 1943, les Allemands annoncent la découverte, à Katyn, d'un charnier contenant plus de 4 000 cadavres d'officiers polonais, et affirment qu'ils ont été tués par les Soviétiques. De la part des nazis, dont les mains sont couvertes de sang, c'est un coup de propagande. L'URSS rejette aussitôt la responsabilité sur le Reich, et maintiendra cette version des faits pendant un demi-siècle. En 1946, les Soviétiques osent même inscrire Katyn dans l'acte d'accusation du procès de Nuremberg. Anglais et Américains savent la vérité, mais ne peuvent la proclamer sans dénoncer l'allié avec lequel ils viennent de vaincre.

Dans la Pologne communiste règne le mensonge ou le silence sur Katyn : être fils d'officier assassiné rend suspect. En URSS, il faudra attendre Mikhaïl Gorbatchev et la perestroïka pour que Moscou avoue sa responsabilité. En 1992, alors que le régime soviétique s'est effondré, Boris Eltsine remet au président polonais, Lech Walesa, les preuves de la préméditation du massacre : l'ordre du 5 mars 1940.

Sur le plan judiciaire, l'affaire n'est cependant pas close. Outre que les corps de 7 000 soldats et officiers polonais n'ont jamais été retrouvés, des descendants de victimes veulent obtenir leur réhabilitation. Le 29 janvier 2009, la Cour suprême de Russie a définitivement refusé la réouverture d'une enquête, mais les plaignants se sont tournés vers la Cour européenne des droits de l'homme. A suivre...

Le film de Wajda est un chef-d'œuvre de piété filiale : pour son père, pour sa patrie. Dans une des premières scènes, on voit un christ étendu à terre, abrité par la cape d'un officier polonais. On ne sait si ce sont les soldats de Hitler ou ceux de Staline qui l'ont fait tomber.

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« Historiquement correct » :

Mi-septembre 1939, l'armée soviétique envahit la Pologne. Au printemps 1940, sur l'ordre de Staline, plus de 20 000 officiers et résistants civils - le fleuron militaire et intellectuel du pays - sont sommairement exécutés dans les forêts de Katyn, Tver et Kharkov. Les Allemands, qui succèdent aux Russes, découvrent les charniers de Katyn en 1943. Dès la défaite d'Hitler et jusqu'en 1989, la vérité sur ces massacres est consciencieusement falsifiée par l'Union soviétique et la République populaire de Pologne, qui feront officiellement porter la responsabilité de ce crime de guerre aux nazis. A travers quelques destins particuliers, c'est le sort de tous ces officiers et de leurs familles, de leurs femmes qui leur sont restées fidèles, et de leurs enfants qui ont grandi dans le mensonge, que raconte Andrzej Wajda. Adapté du roman Postmortem (Andrzej Mularczyk), Katyn est plus qu'une œuvre cinématographique : une leçon d'histoire, un monument à ceux «auxquels la vie à manqué pour raconter ces choses», un acte de mémoire. Requiescant in pace.

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Fils de l'un des 12 000 officiers polonais assassinés, et cinéaste inspiré par l'histoire de son pays, il est le premier à aborder ce sujet tragique, longtemps tabou.

LE FIGARO. - Quand avez-vous su exactement ce qui s'était passé à Katyn ?

Andrzej WAJDA.- Je l'ai appris comme tout le monde, au printemps 1943, quand les Allemands ont publié des listes d'officiers massacrés. Le nom de Wajda y figurait, mais le prénom n'était pas celui de mon père, qu'on a retrouvé beaucoup plus tardivement. À aucun moment je ne me suis dit : mon père est mort. Il n'y a pas eu de choc, mais une longue période où l'espoir alternait avec la disparition de l'espoir.

Sur quelles bases avez-vous écrit le scénario ?

Si le film avait été consacré à ce qui s'est passé dans la forêt de Katyn, on n'y aurait vu que des hommes. Et leur histoire aurait eu un sens si ces hommes avaient eu à faire des choix, s'il avait été question de patriotisme, de trahison, de responsabilité. Mais il n'y a rien eu de tel : on ne leur a donné aucun choix, et ils n'imaginaient pas ce qui les attendait. L'un des personnages, Andrzej, qui tient son journal jusqu'à la fin, écrit : « On nous emmène dans une forêt... »

Katyn reste-t-il un enjeu de mémoire nationale ?

Katyn a représenté une perte très lourde pour un pays déjà dépourvu d'élite. Beaucoup d'officiers n'étaient pas militaires de carrière, ils se trouvaient mobilisés à cause de la guerre. Cette histoire s'est maintenue et renforcée dans la mémoire polonaise d'autant plus que c'était des familles qui écrivaient et qui ont laissé des traces, lettres, carnets...

Le film montre que ce crime s'est répercuté sur plusieurs générations.

Ce qui s'est perpétué, c'est le mensonge d'attribuer le massacre aux Allemands. J'ai connu des gens qui disaient à voix haute que c'était un crime soviétique. Une de mes condisciples à l'école de cinéma de Lodz a été emprisonnée, et n'a jamais réintégré l'école. Il fallait vraiment faire des choix. Pour moi, je savais qu'on ne vivait pas dans un pays libre, et j'ai toujours considéré qu'il fallait partir de cette réalité si on voulait la changer. Il fallait profiter des possibilités du moment (après Staline, il y a eu un certain dégel) pour raconter quelque chose de vrai. Le scénario de L'Homme de marbre a attendu douze ans avant que je puisse le réaliser. Jusqu'en 1989, faire un film sur Katyn était hors de toute possibilité. À la fin, le mensonge s'était transformé en silence complet sur le sujet.

Aujourd'hui, faut-il considérer que le dossier Katyn est clos ?

Les Russes essaient à présent d'accréditer la thèse que ce ne fut pas un crime de masse signé par Staline, mais le résultat d'une quantité d'incidents fragmentaires. Les Polonais qui viennent demander des renseignements sur leurs vingt-deux mille compatriotes massacrés ne sont guère compris d'un pays où les victimes se comptent par millions, et qui ne réclame pas. Mais il y a des exceptions. Lorsque Katyn a été montré à Moscou, lors de la discussion qui a suivi, une femme a fait passer un bout de papier jusqu'à la scène : elle demandait d'honorer les officiers polonais par une minute de silence. Pour cette minute de silence, il valait la peine de faire le film.

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« Entre requiem et réquisitoire », par M.N.T. :

Comment raconter à l'écran ce qui fut un massacre d'une barbarie absolue suivi d'une longue imposture étouffante ? Andrzej Wajda a pris le parti le plus juste et le plus profond : plutôt que d'aborder de front l'inhumanité stalinienne de Katyn, il filme son contrechamp, l'humanité des victimes.

Le scénario, largement puisé dans des témoignages vécus, entrelace les histoires individuelles de plusieurs officiers polonais et de leurs familles, séparés sans savoir ce que le destin leur réserve. Avec Anna, on espère le retour d'Andrzej, son mari, capitaine. Avec Roza, on apprend la mort de son mari, général, quand les Allemands publient des listes d'officiers assassinés, en 1943, après leur découverte des charniers de Katyn. Avec Agnieszka, on découvre ce qu'il en coûte de vouloir offrir une tombe à son frère, dans la Pologne de 1945 devenue communiste.

Le temps secret de la chronique intime fait une doublure émouvante au temps historique, dont Wajda trace les lignes brutales avec un sens du raccourci puissamment expressif : la Pologne doublement envahie, les déportations par les nazis, le crime soviétique publié par les Allemands, la dictature du mensonge et du silence instaurée par le communisme vainqueur. Le cinéaste a gardé pour la fin les images du massacre, comme un terrible mémorial.

Entre requiem et réquisitoire, Katyn est animé d'un grand souffle d'indignation et de piété.

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« Tout le symbole du mensonge totalitaire », par Stéphane Courtois* :

Longtemps nié par les autorités soviétiques, le massacre de dizaines de milliers de Polonais dont 12 000 officiers, n'a été avoué qu'en 1990 par Gorbatchev.

Le 23 août 1939, à la stupeur du monde entier, les régimes nazi et soviétique, qui semblaient les pires ennemis, signèrent un pacte nommé par antiphrase « de non-agression » puisque ses clauses secrètes décidaient du partage des sphères d'influence. La partie orientale de la Pologne était promise à Staline, ainsi que les États baltes et les provinces roumaines de Bessarabie et de Bukovine.

Fort de ce pacte, Hitler attaqua la Pologne le 1er septembre et l'Armée rouge la prit à revers à partir du 17 septembre. Le 28 septembre, la disparition de la Pologne était entérinée par un traité « d'amitié et de délimitation des frontières » entre les deux régimes totalitaires. Très vite, Staline engagea l'extermination des forces vives du pays occupé - les cadres militaires, politiques, économiques et intellectuels - dans ce qu'il faut bien nommer un génocide de classe.

Dès le 10 février 1940, 140 000 « koulaks » - propriétaires fonciers, paysans aisés - étaient arrêtés et déportés au Goulag soviétique. Fin février, Nikita Khrouchtchev, chef de l'Ukraine soviétique à laquelle était rattachée la Pologne orientale annexée, proposa à Staline de déporter les familles des officiers prisonniers de guerre, mais aussi de policiers, de gardiens de prisons, de gendarmes, d'agents secrets, de propriétaires terriens, d'entrepreneurs et de hauts fonctionnaires : soit plus de 65 000 personnes, surtout des femmes et des enfants. Le 2 mars, le Bureau politique du PC d'Union soviétique approuva cette proposition et, le 5 mars, il signa l'ordre d'exécution des chefs de famille visés plus haut, soit 25 700 Polonais. Parmi ceux-ci, près de 12 000 officiers qui furent tous assassinés, à Katyn (environ 4 400) et dans d'autres lieux. Ces massacres furent suivis de grandes opérations de déportation (75 000 personnes le 29 juillet 1940, des dizaines de milliers début juin 1941).

Campagne de désinformation

Entre septembre 1939 et juin 1941, les Soviétiques assassinèrent ou déportèrent plus de 440 000 Polonais. Et ces opérations reprirent, sur une moindre échelle, en 1944 quand l'Armée rouge pénétra à nouveau en Pologne orientale, puis lors de la prise de pouvoir par les communistes polonais.

En 1943 l'occupant nazi découvrit le charnier de Katyn et orchestra une formidable campagne de propagande anticommuniste. Les Soviétiques nièrent farouchement et dès qu'ils réoccupèrent le site de Katyn, fin 1943, ils organisèrent, film à l'appui, une campagne de désinformation et propagande qui, durant des décennies, fut relayée par les communistes du monde entier.

En mars 1959, Chelepine, le chef du KGB, adressa un rapport à Khrouchtchev, devenu le chef du PC soviétique. Avec le plus grand cynisme, il y rappelait le détail du massacre des officiers et se félicitait du succès de sa désinformation, estimant que désormais « les conclusions [soviétiques] s'étaient profondément enracinées dans l'opinion publique internationale ». En conséquence, il préconisait de détruire toutes les archives concernant l'affaire afin d'éviter « qu'un cas imprévisible [puisse] mener à la révélation de l'opération réalisée, avec toutes les conséquences désagréables pour notre État ». Khrouchtchev donna l'ordre de destruction.

Des excuses officielles

Durant les années 1960 et 1970, l'URSS poursuivit son mensonge d'État, allant jusqu'à interdire l'érection en Angleterre d'un monument privé à la mémoire des victimes de Katyn. Mais, sous la pression d'une Pologne passée après 1989 sous l'autorité de Solidarnosc, Gorbatchev fut contraint, le 13 octobre 1990, journée mondiale pour les victimes de Katyn, de présenter des excuses officielles au peuple polonais. Cependant, il fallut attendre décembre 1991 et sa passation de pouvoir à Eltsine pour que Gorbatchev exhume les ordres originaux d'exécution (1). Enfin, en octobre 1992, le nouveau président russe transmit officiellement copie de ces documents au nouveau président polonais, Lech Walesa.

Ainsi était amorcée une importante démarche en faveur de l'histoire et de la mémoire du totalitarisme en Europe. C'est à cette démarche que le film d'Andrzej Wajda vient donner une nouvelle dimension en rappelant aux Européens de l'Ouest - mais aussi à la Russie de ­Vladimir Poutine - la mémoire tragique du communisme dans « l'Autre Europe ».

* Historien, directeur de recherches au CNRS (Sophiapol-Paris-X). (1) On trouvera la plupart de ces informations dans Victor Zaslavsky, « Le Massacre de Katyn », Perrin, Tempus.

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Figaroscope (Marie Noëlle Tranchant) :

Au début de la Seconde Guerre mondiale, l'armée allemande envahit la Pologne par l'ouest, l'Armée rouge par l'est. Au milieu, les officiers polonais disparaissent. Leurs familles attendent vainement des nouvelles jusqu'en 1943 : les Allemands publient les noms des officiers massacrés par les Soviétiques, découverts dans un charnier de la forêt de Katyn. Mais l'URSS est passée dans le camp des alliés. Le crime soviétique est toujours nié.

Wajda fait revivre cette tragédie nationale à travers l'attente, l'angoisse, l'espoir et le courage des femmes, des mères, des jeunes gens. En entrecroisant les histoires individuelles prises dans une vaste tourmente historique, le film pénètre au cœur du crime et du mensonge. Un grand requiem polonais, émouvant et puissamment dramatique. 


Humanité (L') :

Histoire. Le plus célèbre des cinéastes polonais revient sur le massacre où a péri son père.

Katyn, d'Andrzej Wajda.

Pologne. 2 h 1.

En 1940 à Katyn, probablement quinze mille officiers de l'armée polonaise sont purement et simplement liquidés et balancés dans des fosses. Les coupables désignés de cette extermination sont les Allemands. Moi-même, participant il y a quelque trente ans de cela à une délégation très officielle en Union soviétique, ai été invité à me recueillir à Katyn sur ce symbole de la barbarie nazie. Mais

(la délégation comportait de vieux crabes, dont un des officiers supérieurs de l'escadron Normandie-Niemen) des phrases circulaient sous le manteau. L'Armée rouge aurait, sur ordre de Staline, été responsable du massacre. Le dire aujourd'hui, en - Pologne de surcroît, ne relève plus

du scoop mais on comprend que - Andrzej Wajda, qui perdit son père à Katyn à l'âge de quatorze ans, ait pu avoir envie, dans le cadre d'une superproduction apte à toucher des millions de spectateurs de surcroît, de revenir sur cette période de douleurs qu'il avait déjà abordée dans Génération, Kanal et Cendres et Diamant. C'est donc à travers une nouvelle fiction qu'il retrouve le chemin de sa mémoire, de sa propre résistance anticommuniste et de sa mère, Anna dans le film. Il y a là assez pour émouvoir.

Néanmoins, le résultat ne convainc pas. La première raison est que l'esthétique est surannée, vieillotte, académique en un mot. Piège incontournable où d'autres avant Wajda ont laissé des dents. Impossible de faire de l'avant-garde sur un tel sujet, et voici comment la forme se fige dans une intemporalité qui fait qu'il est impossible de savoir si l'oeuvre date d'aujourd'hui ou d'il y a bien longtemps (pourtant Wajda, dans les films précités, avait ouvert une voie possible...). L'autre cause de l'échec est plus subtile. Wajda intègre des documents d'archives soviétiques pour nous montrer que l'image peut mentir. Belle idée de cinéaste. Mais si l'image peut mentir, pourquoi alors ne pas douter de la version des faits rapportés par Wajda ? En bref, si je crois tout ou partie (la place manque pour soulever la question de sa représentation de l'antisémitisme en - Pologne) de ce qu'il affirme, c'est à partir d'un savoir extérieur, pas d'un point de vue intrinsèque. Comme - aurait dit Godard, est-ce une image juste ou juste une image ? Convaincu que l'affirmation d'une vérité suffit, Wajda n'est pas assez dialecticien pour traiter ontologiquement cette question. D'où, ce qui renvoie à notre réserve précédente, un film qui illustre son propos au lieu de secréter son - discours.

J.R. 


Les Inrockuptibles :

Evocation lourdingue d'un drame national polonais.

En 1941, près de Katyn, en Pologne, les nazis mettent au jour des charniers contenant plus de 14 000 cadavres d'officiers, d'intellectuels et d'étudiants polonais. Pendant des décennies, Allemands et Soviétiques se rejettent la responsabilité du massacre. En 1990, Mikhaïl Gorbatchev reconnaît que le NKVD, sur ordre de Staline, en est bien l'auteur. A travers le portrait d'officiers polonais et de leurs familles, Andrzej Wajda, figure emblématique du cinéma polonais (et dont le père fut tué à Katyn), met en images la façon dont a été perpétré ce drame national. On comprend ce qu'il a voulu réaliser : une sorte de tombeau à des soldats tués par traîtrise. Hélas, son lyrisme se teinte dès les premiers plans d'un académisme empesé et d'une religiosité (un peu nationaliste) dont il ne se débarrassera jamais. 


Le Journal du Dimanche :

En 1940, Staline ordonne le massacre à Katyn de 22.000 officiers et civils polonais, tout en accusant les Allemands d'en être les responsables. Andrzej Wajda, 83 ans, dont le père fut l'une de ces victimes, revient, dans ce film réalisé il y a deux ans, sur ce tragique événement. Il raconte aussi le destin de plusieurs femmes confrontées au deuil de leurs proches. Le réalisateur de L'Homme de marbre voulait revisiter son histoire et raviver les mémoires. Katyn est une réflexion sur le mensonge et la vérité, malheureusement très académique. 


Métro (1er avril 2009, supplément sur les spectacles du mercredi, rubrique « Et aussi », p.23) [une erreur typographique est maintenue] :

Pour son retour derrière la caméra après plusieurs années d'absence, le cinéaste polonais Andrezj Wajda adapte le roman de son compatriote Andrzej Mularczyk consacré de plus de 15 polonais au massacre en 1940 par l'armée stalinienne, dans la forêt de Katyn. Une œuvre dense et solennelle qui refuse le spectaculaire, quitte à déplaire au jeune public.

 

Métrofrance.com :

Avec "Katyn" qui sort mercredi en salles, le cinéaste polonais Andrzej Wajda signe un film très personnel et revient sur un sujet longtemps tabou, un massacre nié par les Soviétiques qui, au contraire, accusaient, jusqu'à l'effondrement de l'URSS, le régime hitlérien.

Nommé à l'Oscar du meilleur film étranger en 2008 et montré hors compétition au festival international du film de Berlin l'an dernier, "Katyn" traite du "secret le mieux gardé de la censure" estime Wajda dont le père, Jakub Wajda, a été tué lors de ces évènements.

"Jusqu'à sa mort en 1950, ma mère n'a pas voulu croire qu'il avait été tué. Elle écrivait à la Croix-Rouge, en Suisse, à Londres...", avait dit à Berlin le réalisateur, 82 ans, qui n'en avait que 14 lorsque son père a disparu.

Il aura fallu attendre 1990 et le président Mikhaïl Gorbatchev pour que Moscou reconnaisse la responsabilité des Soviétiques dans ce massacre de 22.500 officiers polonais, en 1940.

"Katyn" conte avec sensibilité l'attente des femmes, leurs espoirs et leur incrédulité après la révélation de la tuerie en 1943 par les nazis, lorsqu'ils découvrirent les charniers.

"C'est une élégie, un film sur le deuil, sur la souffrance individuelle", sur ces femmes qui attendaient le retour d'un mari, d'un père, d'un frère, "mais pas un film politique", estime le cinéaste.

"Il fallait faire un tel film. Il faut voir pour faire son deuil et arrêter la douleur. Certaines images resteront dans la conscience collective".

L'auteur de "Kanal" (1957), "L'Homme de marbre", qui remettait en question l'époque stalinienne, et "L'homme de fer", Palme d'Or à Cannes en 1981, a assuré que "Katyn" était le dernier film de sa série historique.

Récompensé d'un Ours d'honneur à Berlin en 2006 et d'un Oscar d'honneur en 2000 pour sa carrière, Wajda avait aussi affirmé craindre une politisation de son film, à l'occasion du 55e anniversaire de la mort de Staline.

Il avait aussi protesté par lettre auprès du président polonais Lech Kaczynski, anticommuniste notoire, contre la tenue, en pleine campagne présidentielle, de cérémonies du souvenir du massacre de Katyn.

"Je ne voulais pas faire un film contre la Russie. D'ailleurs, dans la forêt de Katyn, à côté des fosses des officiers polonais, il y a aussi des milliers de Russes, de Biélorusses, d'Ukrainiens, assassinés dès 1937, dont on parle peu", avait-il affirmé.

Pour autant, la date choisie pour la sortie du film en Pologne, où il a eu quelque 3 millions de spectateurs, était très symbolique : ce fut le 17 septembre 2007, jour anniversaire de l'entrée des troupes de l'Armée rouge dans l'est de la Pologne, en 1939, en vertu du pacte germano-soviétique.

Depuis "Katyn", Wajda a signé "Sweet rush", en compétition à la Berlinale 2009 où il a reçu le Prix Alfred Bauer, et annoncé préparer un film consacré à Lech Walesa, le fondateur de Solidarité, le premier syndicat indépendant du bloc soviétique.

"Katyn" sera à l'affiche d'une quinzaine de salles en France.

 


Le Monde :

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- « "Katyn" : film poignant et douloureux pour Wajda », par Jean-Luc Douin :

Dans les pays de l'Est, Katyn est un mot tabou. C'est le nom d'une forêt, en territoire russe, près de Smolensk, où les troupes allemandes trouvèrent en 1941 un charnier. Les cadavres de milliers d'officiers polonais exécutés d'une balle dans la nuque. Qui avait commandité ce massacre ? Les Allemands accusèrent les Soviétiques. Les Soviétiques désignèrent les Allemands. La polémique dura jusqu'à ce qu'éclate la vérité : en 1990, Mikhaïl Gorbatchev reconnaît officiellement que ces prisonniers de guerre avaient été fusillés par les services spéciaux du NKVD en avril 1940. En 1992, Boris Eltsine en livrera la preuve aux autorités de Varsovie : l'ordre du crime signé par Staline.

Rappel historique : lorsque la seconde guerre mondiale éclate, l'Armée rouge est liée aux nazis par le pacte germano-soviétique signé en 1939. Hitler et Staline se sont mis d'accord pour se partager la Pologne, "ce bâtard né du traité de Versailles", comme dit Molotov, le ministre soviétique des affaires étrangères. Les Allemands attaquent, et, lorsque les Soviétiques franchissent à leur tour la frontière, Staline parle de tendre une "main fraternelle au peuple polonais", de défendre les Ukrainiens et les Biélorusses de la Pologne orientale. Son objectif caché est de détruire la Pologne, qu'il considère comme un Etat fasciste, et d'y imposer le système soviétique.

Andrzej Wajda tenait absolument à tourner un film sur ce traumatisme national pour deux raisons. La première est intime : son père faisait partie des officiers exécutés à Katyn. Cette histoire lui permet de rendre hommage au courage de sa mère et de régler quelques comptes avec sa propre histoire. Il s'est par ailleurs donné une mission messianique, celle de défendre l'identité d'un pays qui fut envahi, morcelé, déchiqueté. Katyn est un nouvel épisode de l'épopée de la survie d'un peuple qui n'a cessé d'être une proie pour ses voisins. Et de la détermination de Wajda à dénoncer la falsification de l'histoire par les communistes.

Morceau de bravoure de ce film, le spectacle terrifiant de l'assassinat systématique des officiers - dont on pousse le corps dans une fosse après avoir tiré à bout portant à l'arrière de leur crâne - est précédé par l'évocation des épisodes de cette tragédie (attaque armée des Soviétiques, découverte des restes, etc.), et la manière dont un certain nombre de Polonais vivent l'événement, essentiellement des femmes. Un capitaine de cavalerie est longtemps attendu par sa femme, sa fille et sa mère, qui ont gardé espoir à cause d'une confusion sur la liste des morts. L'épouse d'un général, la soeur d'un pilote vivent douloureusement le silence et les mensonges qui entourent la disparition de leurs proches.

A 83 ans, Wajda arbore une belle vigueur créatrice. Katyn est l'un des films les plus poignants qu'il ait réalisés depuis longtemps. Il faut savoir toutefois que, évoquant des sujets sensibles, Katyn encourt deux types de critiques.

La première concerne le renvoi dos à dos des nazis et des Soviétiques comme prédateurs du territoire national. Réalisé, comme L'Homme de marbre, dans un contexte politique consensuel, le film est conçu comme une bombe antisoviétique. On y voit le Politburo envoyer une universitaire de Cracovie en camp de travail ; on y entend les troupes polonaises clairement assimilées à des partisans de la Pologne libre, et comportant autant de scientifiques, professeurs, ingénieurs, juristes et artistes que de militaires de carrière.

Étrange confusion

Comme l'explique Victor Zaslavsky dans un ouvrage sur Le Massacre de Katyn (Tempus, 202 p., 7,50 €), les Soviétiques ont effectivement programmé la mort des officiers polonais, qui incarnaient les "ennemis objectifs", une intelligentsia bourgeoise, un vivier potentiel de résistance, ainsi que la déportation en camps de leurs familles. Ces exécutions de masse sont conçues comme un "nettoyage de classe".

La seconde est l'étrange confusion entre Katyn et le génocide des juifs. Rien, aucune allusion, dans le film, sur la Shoah, mais une description des rafles, de la traque des familles d'officiers polonais, comme s'il s'agissait de la déportation des juifs en camps. Détail troublant : ces proies d'un massacre programmé sont viscéralement attachées à leur ours en peluche. Or le Musée Yad Vashem de Jérusalem a fait de l'ours un symbole de l'extermination des enfants juifs, du martyre d'un peuple.

Dans Katyn, sommée par les services allemands de dénoncer la responsabilité soviétique dans le massacre, la femme d'un général polonais est menacée d'être envoyée à Auschwitz... Tout, sans cesse, nous ramène aux juifs, sauf que le mot n'est jamais prononcé. Le juif n'existe pas. La victime de la seconde guerre mondiale, c'est le Polonais.

Pourquoi ce non-dit, cette confusion ? Andrzej Wajda aura traîné cette question toute sa carrière, puisque son premier film, Génération (1955) - évocation de la résistance contre les nazis -, occultait déjà cet enjeu capital de la guerre. Il est vrai que l'ambiguïté de la représentation des juifs dans le cinéma polonais dépasse sa personne. 


Télérama (Pierre Murat) :

On retrouve avec émotion le style d'un cinéaste un peu oublié au­jour­d'hui (que c'était beau, pourtant, Les Noces et Les Demoiselles de Wilko !) et depuis quelques années silencieux. On retrouve ses profondeurs de champ, l'ampleur de ses mouvements de caméra, ses plans bleutés où la lumière semble toujours avoir du mal à se frayer un chemin à travers les rares ouvertures...

L'idée du film est venue à Waj­da en entendant un lycéen polonais déclarer qu'à ses yeux le 17 septembre 1939 (date de l'invasion de la Pologne par les Russes) n'était rien d'autre qu'un « jour férié »... Trop, c'est trop ! D'où ce Katyn, évocation romancée, à partir de trois destins de femmes, du massacre, au début de la Seconde Guerre mondiale, de vingt mille officiers polonais (dont le père de Wajda).

Massacre fomenté par la police secrète de Staline, mais nié par les autorités soviétiques jusqu'à la reconnaissance du crime par Gorbatchev, en 1990... Le film est constamment sous-tendu par une haine féroce de l'hypocrisie militaire et par la volonté de renvoyer dos à dos l'Armée rouge et les troupes nazies. Il est tout imprégné d'un lyrisme à l'ancienne, beau et solennel, qui risque, hélas, de laisser totalement froid le lycéen polonais, indifférent à l'Histoire, pour lequel il a visiblement été fait.

 


La Tribune :

"Katyn", d'Andrzej Wajda, raconte le massacre de 22.0000 officiers polonais par les Soviétiques durant la dernière guerre. Crime que le régime communiste a toujours nié. Dans son film fleuve, le réalisateur revient sur ce drame qui lui est personnellement cher. Son père est mort à Katyn.

Un pont, le matin du 17 septembre 1939. D'un côté, une foule de civils polonais fuit la barbarie nazie qui a déferlé sur le pays quinze jours plus tôt. A l'autre extrémité, d'autres Polonais. Eux refluent devant l'avancée des troupes soviétiques qui viennent, à leur tour, d'envahir leur pays. Dans cette scène d'ouverture de "Katyn", Andrzej Wajda résume le drame polonais, de cet Etat historiquement pris en tenailles par de puissants voisins.

Mais, cette fois, l'ignominie va atteindre son comble : sur ordre de Staline, 22.000 officiers et hauts fonctionnaires polonais, faits prisonniers par l'URSS, sont ensuite froidement exécutés d'une balle dans la tête, au printemps 1940, par les agents du NKVD (l'ancêtre du KGB) dans la forêt de Katyn, en Russie. Le père d'Andrzej Wajda était l'un d'eux.

Mais le drame ne s'arrête pas là. Quand les Allemands découvrent les charniers en 1943, ils font de ces massacres l'un de leurs instruments de propagande antisoviétique. En réaction, l'URSS accuse les nazis d'être responsables des meurtres. Avec la défaite de l'Allemagne et l'instauration de la guerre froide, cette version devient la "vérité officielle" imposée en Pologne pendant cinquante ans. Jusqu'à l'effondrement du communisme en 1989.

Gorbatchev puis Eltsine reconnaissent alors que les massacres de Katyn étaient bien dus au NKVD. Ce mensonge d'Etat a traumatisé la Pologne et toutes les familles d'officiers qui n'ont jamais pu savoir ce qu'il était réellement advenu d'un père, d'un frère ou d'un mari disparu. La mère d'Andrzej Wajda faisait partie de ces malheureux.

C'est cette épouvantable histoire que raconte le "Katyn" d'Andrzej Wajda. Le réalisateur a eu bien du mal à faire aboutir son projet, faute de pouvoir accéder pendant longtemps à du matériel historique fiable. Son film est double. Il narre, d'abord, avec une minutie clinique, sans aucun pathos, voire de façon très académique, le cheminement vers la mort d'un groupe d'officiers. C'est criant de vérité et, quand l'inéluctable survient, l'on a envie de détourner son regard.

L'opus s'attache, ensuite, à expliquer comment le mensonge s'est installé à travers le destin de compagnes ou de fils d'officiers exécutés. Ici c'est un garçon qui ne peut être admis dans une école car il clame haut et fort que son père a été tué par les Soviétiques à Katyn. Là, c'est une jeune fille, enfermée à la libération de la Pologne, car elle a osé faire graver une stèle à la mémoire de son frère où la date du décès indiquée laisse entendre que ce sont

les communistes qui l'ont exécuté.

Une œuvre froide donc, efficace, mais aussi parfois un peu superficielle. Voulant saisir le problème de Katyn dans sa globalité, l'auteur n'a manifestement pas eu les moyens de s'arrêter davantage sur tel ou tel aspect de l'affaire. Les détracteurs de Wajda lui reprocheront également de trop flatter la fibre nationaliste - déjà exacerbée - des Polonais. On remarquera aussi la bande-son, une musique volontairement lugubre du compositeur Krzysztof Penderecki.

 


Valeurs actuelles :

« Katyn massacré » :

J'espère pour vous, amis lecteurs, que vous êtes abonnés à Canal + Cinéma. Sinon, comme 99 % des Français, vous ne pourrez tout simplement pas voir le film consacré par Andrzej Wajda à Katyn. À moins d'attendre sa sortie en DVD, si jamais elle a lieu...

C'est une histoire incroyable, ou plutôt deux ! Un massacre de masse froidement décidé par Staline contre le peuple et l'élite polonais ; et puis sa négation permanente, par tous les moyens, depuis tantôt soixante-dix ans.

Toute l'œuvre de Wajda ne parle que de son pays - ou depuis son pays, ce qui revient au même. Pourtant, ce n'est qu'à l'aube de ses 80 ans qu'il se décidera - « enfin », allais-je dire, mais surtout le premier... - à évoquer cette tragédie, à coup sûr l'une des plus atroces de l'histoire de la Pologne, qui pourtant n'en est pas avare. Le cinéaste est d'autant mieux placé pour parler de l'horreur de Katyn que son propre père en fut victime.

Le film a été distribué partout dans le monde, "y compris l'URSS", comme on disait dans ma jeunesse. Il a fait l'objet en 2007 d'une nomination aux Oscars. En février de l'an dernier, il était projeté en ouverture du 58e Festival international du film de Berlin, en présence d'Angela Merkel. Il n'y a qu'en France que Katyn soit resté étrangement absent des salles. Certes, il a été projeté au Festival du film polonais de Lille ! Mais c'est pas non plus Bienvenue chez les ch'tis.

Quant à la télévision, s'il y avait dans ce pays un service public digne de ce nom, c'est évidemment là que ce document aurait dû avoir sa place. Une page d'histoire aussi glaçante, et en même temps aussi instructive sur l'époque et la nature humaine, c'était tout indiqué compte tenu de la "mission" de France Télévisions, même avant la disparition de la pub (19 h 59, lundi prochain).

Bref, indispensable pour l'édification des jeunes générations... et même des plus anciennes puisque, rappelons-le, jamais depuis soixante-dix ans ce drame n'avait fait l'objet d'un film. Eh bien, en fait, Katyn n'aura été diffusé, dans la plus grande discrétion, que sur une des quatre déclinaisons numériques de Canal +. Le tout en plein milieu des "fêtes", comme si 22 000 cadavres étaient plus faciles à digérer entre la dinde et le foie gras.

À qui profite ce crime de lèse-mémoire, ou plutôt de lèse-Histoire ? Pourquoi ce carnage planifié reste-t-il tabou, soixante-dix ans après, en France et nulle part ailleurs ? J'ai du mal à suivre... Ce que je sais, en revanche, c'est que nous ne serons pas les derniers à rendre hommage, une fois encore, à Ernesto "Che" Guevara, le plus photogénique des tueurs communistes. Le premier volet de son hagiographie sort sur tous nos écrans mercredi prochain, et déjà le magazine Première nous l'annonce : « Ce que le film raconte, c'est une Passion au sens christique du terme. » Dans ces conditions, ils auraient pu attendre Pâques, non ?

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« Katyn ou la tragédie du mensonge »

5 mars 1940. Staline décrète l'extermination de l'élite polonais

Un film poignant d'Andrzej Wajda ressuscite le destin de ces 22 000 polonais exécutés par le NKVD. Un crime que les Soviétiques imputèrent aux Allemands jusqu'en 1990 !

C'est comme s'ils étaient morts deux fois. Au printemps de 1940, quand le NKVD les a liquidés d'une balle dans la nuque ; et jusqu'en 1990, puisqu'il était interdit à leurs familles, qui savaient la vérité, de dire qui les avait assassinés. Une transgression punie de prison sous Staline puis par une persécution de chaque jour infligée aux descendants des victimes, de l'interdiction faite de suivre des études supérieures à la fermeture des emplois publics, sans compter la surveillance exercée par l'appareil policier.

Ce double drame, que Varsovie se bat pour ériger au rang de crime contre l'humanité, les Français le revivront, et, pour beaucoup, le découvriront, ce 1er avril au cinéma, avec un an et demi de retard par rapport à leurs voisins (3 millions de spectateurs en Pologne, autant en Allemagne, un début prometteur en Russie !) et, sans doute, une émotion proportionnelle au tabou auquel s'est attaqué Wajda. Moins la tragédie en elle-même que la manière dont les communistes se sont attachés à l'extirper de la mémoire polonaise, après être parvenus à en faire un "non-sujet" au procès de Nuremberg.

Le 17 septembre 1939, fuyant vers l'est, les débris de l'armée polonaise rescapés de l'offensive allemande commencée le 1er tombent aux mains de l'Armée rouge qui, conformément aux clauses secrètes du pacte germano-soviétique du 23 août, vient officiellement "au secours" des populations biélorusses et ukrainiennes de Pologne orientale. Le 29 septembre, au lendemain de la chute de Varsovie, le septième partage de la Pologne de l'Histoire est entériné : à l'Ouest, les Allemands instituent le "gouvernement général" ; à l'Est, les Soviétiques annexent purement et simplement les territoires entrés en leur possession.

À cette date, environ 250 000 soldats polonais, dont 15 000 officiers, sont prisonniers des Soviétiques. La moitié des simples soldats et des sous-officiers sont relâchés peu après, les autres étant "traités" par le NKVD.

Sur ces 125 000 hommes remis à la police politique de Staline, 42 000 seront libérés car originaires d'Ukraine ou de Biélorussie, et 43 000 autres, issus de Pologne occidentale, livrés aux Allemands. Les 40 000 restants seront déportés en Russie.

Parmi ceux-ci, les 15 000 officiers capturés lors de l'invasion soviétique, mais aussi plus de 6 000 policiers et fonctionnaires issus des "classes hostiles", selon la terminologie du NKVD.

Les officiers, parmi lesquels de nombreux étudiants, incorporés systématiquement dans l'armée de réserve par le système de conscription polonais, sont déportés à Kozelsk et à Starobielsk ; les policiers, les gendarmes et les cadres du scoutisme (essentiels dans la formation de l'élite catholique polonaise d'avant-guerre) à Ostachkov, où les rejoindront de nombreux médecins, scientifiques, juristes et universitaires, mais aussi des prêtres.

Qu'en faire ? Staline ne tergiverse pas longtemps. Il distingue les Polonais "utiles", séparés en deux camps - ceux qui sont prêts à collaborer avec le régime et ceux qui, à raison d'un million d'entre eux, seront déportés au goulag pour servir la machine de guerre soviétique -, et ceux qui, non seulement ne lui serviront pas, mais pourraient contribuer à la renaissance d'une Pologne indépendante.

Le 5 mars, il fait signer par le Politburo l'ordre d'exécution des "contrerévolutionnaires" préparé par Beria, le chef de sa police.

Entre le 3 avril et le 13 mai 1940, les prisonniers du camp de Kozelsk sont transportés dans la forêt de Katyn,non loin de Smolensk, ceux de Starobielsk dans les locaux du NKVD à Kharkov et ceux d'Ostachkov à Kalinine (Tver, aujourd'hui). La même opération se déroule simultanément en Ukraine et en Biélorussie pour 7 800 fonctionnaires polonais membres de divers réseaux de résistance, extraits de leurs prisons pour être exécutés. Soit plus de 22 000 personnes. La méthode qui préside au massacre est tristement traditionnelle chez les Soviétiques depuis les années 1920 : chaque prisonnier est amené, les mains liées dans le dos, au bord d'une vaste fosse commune fraîchement creusée par un bulldozer qui attend,moteur tournant. Puis, un homme du NKVD lui tire une balle dans le crâne. Pas besoin de coup de grâce : quand la fosse sera remplie, le bulldozer ensevelira les corps sous trois mètres de terre, puis nivellera le terrain. La routine de l'horreur.

Or, un an plus tard, le 22 juin 1941, Hitler rompt le pacte germano-soviétique et lance 160 divisions à l'assaut de l'URSS. Parcourant 100 kilomètres par jour jusqu'au 28 juin, les Allemands réussissent la plus grande percée mécanisée de l'histoire militaire : Smolensk tombe le 16 juillet, Kiev le 19 septembre, Odessa le 16 octobre. L'offensive ne s'arrêtera, en décembre, que devant Moscou.

C'est alors que, les exactions allemandes succédant à celles du NKVD, la Wehrmacht découvre, presque par hasard, les traces du passé récent, aubaine inespérée pour les équipes de la Propaganda Staffel qui, pour une fois, n'auront guère besoin de mentir ! Courant août, soit quelques semaines après la chute de Smolensk, un premier charnier d'une centaine de corps est découvert dans la forêt de Katyn. Les plaques d'identité, papiers et autres photos retrouvées sur les corps parlent d'eux-mêmes : il s'agit d'officiers polonais. Ce n'est qu'un début. À la fin 1942, sur la foi d'informations recueillies auprès de paysans russes, la Wehrmacht exhume plusieurs nouvelles fosses. Et en mars 1943, 4 500 corps sont déterrés d'un coup.

Le 13 avril 1943, Radio Berlin rend publique la nouvelle, aussitôt démentie par Moscou, qui impute évidemment aux Allemands la responsabilité du massacre. Exploitant leur découverte, les autorités du Reich forment une commission d'enquête internationale qui se rend sur place et reconstitue la liste complète des victimes, immédiatement communiquée aux familles.

Certes, les membres de la commission d'enquête appartiennent à des pays occupés par l'Allemagne (France, Danemark, Belgique, Pays-Bas) ou alliés du Reich (Italie, Finlande, Hongrie, Roumanie, Bulgarie). Mais des représentants de la Suède et de la Suisse, neutres, participent à la rédaction du livre blanc qui s'ensuit. Surtout, le général Sikorski, chef du gouvernement polonais en exil à Londres, qui connaît personnellement plusieurs des officiers exécutés par les Russes, donne quitus à ses conclusions. Mieux : il appuie la demande de Berlin de faire corroborer son enquête par l'envoi sur place d'une commission internationale de la Croix-Rouge (à laquelle participent, cette fois, des belligérants alliés, Américains et Britanniques, notamment). Celle-ci arrive bientôt aux mêmes conclusions que la commission réputée "proallemande".

Fureur à Moscou. Taxant Sikorski de « collusion » avec les « hitléro-fascistes », Staline tire prétexte de sa position pour rompre ses relations diplomatiques avec le gouvernement polonais réfugié à Londres - lesquelles, de toute façon, étaient purement symboliques, l'URSS ayant depuis longtemps décidé de remplacer la République polonaise « bourgeoise » d'avant-guerre par une « démocratie populaire » à sa solde, une fois le IIIe Reich vaincu... Mais, le 4 juillet, l'avion de Sikorski s'écrase au décollage à Gibraltar. Pour les Polonais non communistes, aucun doute : il s'agit d'un sabotage, voire d'un assassinat maquillé, le pilote de l'appareil, un Tchèque dont on a perdu la trace, étant sorti indemne de l'accident.

De fait, Sikorski était devenu un gêneur. Pour les Russes, mais aussi pour les Anglo-Saxons qui, en pleines négociations avec les Soviétiques, avaient finalement refusé, quelques jours plus tôt, de reprendre à leur compte les conclusions de la Croix-Rouge.

Un an plus tard, l'URSS reprenait la main sur le dossier. Ayant reconquis la zone des charniers, l'Armée rouge procédait à une seconde exhumation des corps, et un nouveau rapport établissant « sans contestation possible » la responsabilité des Allemands était publié sous l'égide du Pr Nikolai Burdenko, de l'Académie des sciences médicales de Moscou... non sans que la forêt de Katyn soit érigée en zone militaire spéciale et interdite au public jusqu'en 1991, dernière année d'existence de l'Union soviétique !

Mais, au procès de Nuremberg, nouveau coup de théâtre. Le rapport Burdenko étant versé au dossier de l'accusation - donc au passif des Allemands -, l'un des procureurs soviétiques,Nikolai Zoria, émet des doutes inattendus sur sa « valeur probante ». Pour récuser du même mouvement le livre blanc allemand, lui-même joint à la procédure ? Le lendemain, on le retrouve mort dans son lit. Les Soviétiques parviendront cependant à faire récuser tous les témoins désireux de défendre la thèse de la Croix-Rouge. Mais pas à faire porter le chapeau aux Allemands, dont la barque, il est vrai, était déjà bien chargée.

Résultat : le nom de Katyn est absent des vingt-deux jugements constitutifs du verdict, comme s'il s'agissait d'un non-événement. Et pour cause : seuls les Allemands étant susceptibles d'être jugés à Nuremberg, les Soviétiques ne pouvaient, en raison même de leur statut de vainqueur, faire l'objet de la moindre procédure. Cela conduisait l'État communiste polonais à en profiter pour persécuter les familles d'officiers persistant à attribuer à Staline la responsabilité du massacre.

Il faudra attendre 1990 pour que Mikhaïl Gorbatchev, désireux d'assainir ses relations avec Varsovie, reconnaisse verbalement la responsabilité du NKVD dans l'éradication programmée des élites polonaises. Et 1992 pour que Boris Eltsine remette à Lech Walesa, alors président de la République de Pologne, une copie des archives du Politburo retraçant, en détail, le déroulement de ce meurtre de masse, dont aucun des responsables, contrairement aux crimes hitlériens, n'aura été jugé.

 


La Vie :

Des officiers sortis d'un fourgon, poussés un à un dans une cellule et exécutés d'une balle dans la nuque. D'autres suppliciés au bord d'une fosse, liquidés avec la même froideur, au milieu d'une forêt de pins. C'était Katyn, au printemps 1940. Les faits sont connus. Restait à mettre des images sur ce massacre perpétré sur ordre de Staline. À redonner un visage à ces soldats. Andrzej Wajda, dont le père comptait parmi les victimes, raconte. La débâcle, la capture, le sentiment du devoir qui interdit l'évasion, l'espoir d'une libération et puis l'attente des familles, l'espoir jamais éteint d'un retour. Et, après-guerre, le mensonge officiel, la vérité détournée, confisquée par les autorités communistes. La femme d'un capitaine, disparu dans la tourmente, et son fils incarnent cette histoire. À 83 ans, Wajda n'échappe toutefois ni à une forme d'académisme ni au piège du didactisme. Mais ces pesanteurs n'occultent pas le caractère impérieux de ce film, mûri au fil d'une vie.

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J’AI VU LES FOSSES DE KATYN

1 Avril 2009, 22:34pm

Publié par Mister Arkadin

Pour accompagner la sortie en France du film Katyn, ce 1er avril 2009, je reproduis ci-dessous « J'ai vu les fosses de Katyn », reportage du journaliste et critique de cinéma Robert Brasillach, paru dans Je Suis Partout (n°622, 9 juillet 1943, p.1/9, dans le cadre d'une série « Choses vues »).


Lorsque M. de Brinon nous fit l'honneur, à Claude Jeantet et à moi, de nous demander de l'accompagner en Allemagne et sur le front de l'Est, afin de rendre visite aux légionnaires français contre le bolchevisme, j'avoue avoir immédiatement pensé que nous pourrions peut-être visiter l'horrible nécropole de Katyn. Mais cette escale n'était point prévue, et, tout au long d'un voyage passionnant et admirablement organisé, où les autorités militaires et civiles rivalisèrent d'attention et de délicatesse, il me semblait voir s'éloigner la possibilité que j'avais entrevue. Nous avions beaucoup de choses à faire, beaucoup à voir, nous ne disposions que d'un temps limité. Et puis, la chaleur venait, les fosses de Katyn avaient été refermées, et on ne les rouvrirait qu'au moins d'octobre pour poursuivre les travaux d'identification. Aucun journaliste français n'était encore allé à Katyn. Si les Espagnols avaient eu la chance de lire les saisissants reportages de Gimenez Caballero, il avait fallu nous contenter du rapport officiel de la commission internationale, à laquelle assistait, pour la France, je ne sais quel apothicaire étoilé, décoré du nom de médecin général, qui avait admis sans discuter le bien-fondé de toutes les remarques de ses collègues, mais n'avait pas eu l'élémentaire probité de signer lui-même le rapport. Pourtant, nous insistâmes, et, à la fin de notre voyage, on nous mena passer la nuit à Smolensk, de façon à voir Katyn au petit matin.

Aujourd'hui, je rassemble dans mon souvenir, pêle-mêle, les images de ces journées : nous avons voyagé en sleeping et en trains de troupes, dans les « wagons durs » et en voiture, dormi dans les grands hôtels viennois et les maisons de bois de la Bérésina, partagé le repas des légionnaires ou la soupe distribuée aux soldats dans les gares et la délicate cuisine française préparée en notre honneur dans les réceptions d'état-majors : nous avons parlé avec les réorganisateurs de la vie économique du pays, avec les ouvriers de Berlin ou de Vienne, et je me sens presque découragé devant cet amas d'impressions et de figures, qu'il s'agit de faire comprendre. Mais si ce voyage a un sens, c'est bien sa dernière image de Russie qui le lui donne, et c'est par elle qu'il faut commencer.

J'ai vu Katyn. Cette perception directe, que rien ne peut remplacer, je l'aie eue. J'ai contemplé le paysage, respiré l'odeur abominable, j'ai marché à travers les sentiers du petit bois riant qui recouvre tant de cadavres, j'ai regardé, dans le vent du matin, les grandes fosses de terre ocrée, les arbres sauvages, les buissons. Je n'ai rien à dire que je n'aie vu.

L'odeur du charnier

Avec la monotonie de la plaine russe, l'étendue lépreuse et lugubre des prés, des marécages, à peine coupée par les forêts, les environs de Smolensk forment un agréable contraste. Les collines charmantes laissent entre elles des vallonnements frais, des bois sans sauvagerie, des jardins. Le petit village de Katun (car c'est ainsi que l'on dit là-bas) n'est sans doute guère différent des autres villages russes : je ne l'ai point vu. J'ai vu seulement un bois, de cinq à six kilomètres, un fouillis d'arbres et de halliers. On irait volontiers passer quelque week-end à Katyn, s'il y avait des week-ends en régime soviétique. Tout cela est vert, dans cet été qui commence, encore proche du printemps, plein d'un charme facile, plus proche encore de Jean-Jacques que de Tolstoï. C'est pourtant là.

On sait comment s'est faite la découverte, de la façon la plus banale. Quelques travaux, quelques tranchées ont mis à jour des cadavres d'officiers polonais. Les Allemands ont interrogé les paysans des environs. Après beaucoup de réticences (la crainte passée des Soviets paralyse parfois les langues), ils ont avoué qu'on avait amené dans le bois, voici trois ans, des trains entiers de prisonniers. Et aussi des Russes. On a poussé plus avant les recherches. On est tombé sur une fosse énorme, qui renfermait des milliers de corps, entassés tête-bêche. On en a identifié deux ou trois mille. Puis, petit à petit, on a découvert d'autres fosses. Pour nous, malgré l'interruption des travaux, on a rouvert un des emplacements funèbres cette nuit. C'est le matin. Nous nous sommes levés à cinq heures, nous nous étions couchés à deux heures et demie, au moment où le jour, qui apparaît très tôt en Russie, commençait déjà à blanchir l'horizon. Il a plu, le ciel est gris, c'est une aube d'exécution capitale classique, et il fait presque froid. Il n'y a pas beaucoup de chemin à faire, depuis la route maintenant séparée du bois par un enclos, pour gagner les tombes. Nous traversons silencieusement le bois, et on nous mène près de la fosse.

Et tout de suite, ce qui nous saute au visage, c'est l'odeur. Le chauffeur de notre voiture qui avait déjà fait cette sinistre visite m'avait prévenu. Ce n'est pas une petite fille. Il a la médaille d'hiver, il a fait campagne, c'est un vieux militant des luttes du national-socialisme :

- je n'ai pas pu manger pendant deux jours, nous a-t-il dit.

Autour de cette fosse, où tout le monde s'est mis à fumer pour masquer l'odeur abominable, il y a des hommes qui ont connu l'autre guerre, et les champs de bataille de celle-ci. Presque tous sont saisis. Pourtant, il faut nous pencher, regarder, il faut sentir.

Je voudrais faire passer un peu de cette odeur à travers les fumées d'encens des archevêques bolchevisants.

Odeur massive, odeur noire et âcre, inoubliable odeur du charnier. Quelque chose de vivant comme une bête, longuement pourri dans cette terre qui n'abîme pas trop les cadavres. Ils sont là, pressés et compacts, et d'eux monte cette chose qu'on pourrait cerner, qu'on pourrait tenir dans ses mains, tant elle est lourde. Le vent parfois la jette à nos visages, et on a envie de s'essuyer, comme si elle était gluante, fétide et molle. Mais ce n'est qu'une odeur. Mais ce n'est qu'une odeur. La viande pourrie, le gibier grouillant de vermine, le suint des étables longuement fermées, la vomissure, les vieilles gangrènes purulentes, la fermentation des graines semblent se mêler tour à tour dans un atroce composé amer. Peut-être est-ce le poisson avancé que cela nous rappelle le plus. Mais un banc énorme de poissons, pourri dans l'âcreté marine, avec des relents d'abcès crevés, de sanies purulentes, de plaies vertes où coulent les toxines. Oui, vraiment, c'est l'odeur qui nous attaque, qui nous enveloppe, et nous y descendons comme nous descendrions dans la fosse elle-même, baignés dans l'horrible suintement, et toute la journée, nous traînerons avec nous, sur nos vêtements, à nos chaussures, cet innommable souvenir gras, indélébile et puant.

Jugement dernier

Après tant de mois, cette odeur ? Mais oui. Il faut croire que la terre de Katyn a des propriétés conservatrices particulières. Quand les hommes affairés à cette besogne remuent les malheureux cadavres polonais, quand ils en soulèvent un au bout de leur crochet, ils nous envoient en même temps à la figure cette odeur, comme si elle était une pelletée de terre. Et nous voyons alors se dresser, debout, comme un décharné de Ligier Richer, un fantôme aux dents découvertes, sec et muet, qui nous apporte sa bouffée de pourriture.

Ils sont là, rangés tête-bêche, bien reconnaissables dans leur bel uniforme souillé et terni, avec les bottes, le grand manteau. J'ai passé plusieurs mois en captivité avec des officiers polonais, je puis reconnaître leurs frères. Ils sont la face contre terre, on nous désigne la trace du coup de revolver dans la nuque. Les photographies nous les ont montrés, mais rien ne peut donner l'idée de cet entassement régulier, couche par couche, aussi méthodique qu'un entassement de conserves. Dans cet amalgame, tout semble se tenir, comme si une matière gélatineuse unissait les corps. Il faut les détacher les uns des autres, au bout de fourches ou de tridents, et l'on entend alors une sorte de déchirement de papier gras. Des fossoyeurs indifférents marchent dans le sable et remuent les cadavres. Ils nous en saisissent un par deux crochets, et le jettent à nos pieds, sec, léger, comme un énorme hareng.

C'est encore une comparaison empruntée aux peuples de la mer qui me vient à l'esprit. Mais elle frappe trop pour ne pas la faire. S'il est vrai que le fœtus naît dans l'élément marin, je veux croire désormais que le cadavre devient, lui aussi, cette étranger bête à sang froid, coagulé et vert. Il est là, ce hareng sec et monstrueux, arraché à la gélatine des autres corps. Ses côtes saillent comme des arêtes sous le vêtement. Nous nous penchons sur lui, nous regardons. Il y a déjà longtemps que je ne respire plus que, par la bouche, exercice que je recommande dans cette situation, et je vois quelques-uns de nos compagnons qui répriment à grand peine leurs nausées.

Au couteau on coupe les poches du malheureux pour le fouiller. Voici de la monnaie polonaise, un portefeuille, des papiers d'identité, un envoi d'argent de sa famille adressée à son camp de prisonniers, avec les cachets de la poste encore bien visibles, un journal russe d'avril 1940. Tout cela sali, taché, humide d'innombrables contacts, mais encore reconnaissable.

Nous raisonnons avec froideur, si la froideur est possible ici. Que ces corps soient des corps de Polonais, cela n'est pas douteux. Aucune supercherie n'est possible, de ce côté-là. Peut-on nous avoir monté, pour la propagande, une immense et atroce mascarade ? Mais on a fouillé pour nous ces cadavres, qu'il est vraiment impossible d'avoir « préparés » à l'avance : les vêtements sont collés au corps, il faut le couteau pour les détacher. Sans dégoût apparent, les fossoyeurs russes arrachent les poches et nous montrent ce qu'elles contiennent. Et les papiers sont irréfutables, ainsi que les dates. Un journal, une lettre, rien de postérieur au mois d'avril 1940. Il faut que l'exécution ait eu lieu à quelques jours de là, quelques semaines tout au plus. On ne peut désigner qu'un coupable : le bourreau soviétique.

On s'excuse de ces raisonnements, peut-être ne sont-ils pas inutiles. Il y a encore des gens qui s'imaginent que Katyn est un bluff, les Soviets auraient-ils rompu avec les émigrés polonais de Londres à ce sujet ? Mais toute logique abstraite est dépassée par la vision de ces corps écrasés. Si le visage est abîmé et méconnaissable, bien qu'il ne soit pas réduit aux seuls os, le corps, à travers les vêtements coupés, conserve encore la peau, les muscles, un amas vert, rose et jaune, tantôt durci, tantôt gélatineux, que la terre sablonneuse a gardé en état. J'avoue être, pour ma part, plus sensible, physiquement, à l'horreur vivante, aux blessures, aux brûlures, aux mutilations. Je puis me pencher sans trop de dégoût physique sur ce cadavre insolite, hors de notre humanité. Mais il est là, ce grand gaillard qui devait être vigoureux, rejeté sur le sable comme sur une grève, témoin d'un crime. Et il parle par toute son immobilité, comme au jugement dernier.

Cent mille...

On nous mène à une autre fosse, plus petite, où un cadavre a les mains attachées derrière le dos. Un autre a sa vareuse rabattue sur le visage. Il paraît qu'ailleurs on a trouvé des Russes sans trace de balle, mais de la terre dans la bouche : enterrés vivants.

Pour les officiers polonais une étrange question se pose. Celui que j'ai exhumé et fouillé avait une lettre de sa famille adressée à son camp. Donc, pendant quelques mois, de l'automne 1939 au printemps 1940, il avait joui du statut régulier des prisonniers de guerre. Le statut que les Soviets n'ont jamais appliqué aux Allemands et à leurs alliés. Le malheureux avait correspondu avec les siens, reçu des colis et même de l'argent. Et puis, un beau jour, tout s'est arrêté. Les Russes ont mis dans des wagons douze mille officiers, et les ont méthodiquement exécutés dans les fosses de Katyn. Pourquoi ce brusque changement ?

Il ne peut y avoir qu'une réponse. Pendant quelque temps les Soviets ont espéré gagner l'armée polonaise. Non seulement celle qui était originaire des régions occupées par eux, mais aussi bien les officiers originaires de Varsovie, des régions occupées par l'Allemagne (la lettre que j'ai vue venait du Gouvernement Général) ce qui laisse soupçonner bien des machinations. Et puis, un jour, ils ont compris que les Polonais haïssaient le bolchevisme, que ce peuple si souvent irréfléchi, si souvent léger, d'une légèreté tragique, n'avait pas oublié la leçon anticommuniste de Pilsudski, et qu'au-delà de Pilsudski, il n'avait pas oublié que son histoire fut essentiellement anti-russe. Les Soviets ont tiré la conséquence logique de cette constatation : ils ont décapité l'élite polonaise, comme ils ont anéanti l'élite des pays baltes.

Nous traversons le bois, où le vent a emporté quelques billets de banque polonais, que l'on ne garde point, puisqu'ils sont sans valeur et ne peuvent servir à l'identification. Je voudrais en ramasser quelques-uns pour donner à la quête, dans quelque église. Je pense que partout - et même en Amérique - les Polonais ont fait prier pour les leurs. Mais que nulle part à l'étranger et même pas au Vatican, on n'a entendu un cardinal ou un évêque élever la voix pour condamner ce massacre de catholiques. L'épiscopat français s'est tu, lui qui aime tant parler. Mgr Baudrillart ne se serait pas tu. Pie XI lui-même, qui condamna les massacres d'Espagne, ne se serait sans doute pas tu. L'Eglise manque d'hommes.

Voici une autre fosse devant nous, une autre éminence à peine creusée. Presque à la surface, des corps de paysans. Cette fois, ce sont des Russes, sans papiers, sans identité, pauvres bougres tués en 1937 et 1938, selon toute vraisemblance. On ne saura jamais pour quel « crime ».

- Partout, nous dit l'officier qui dirige les fouilles, on trouve des fosses. On pourrait creuser par hasard. Et d'après la superficie du bois, et la densité des tombes, nous pensons maintenant qu'il y a là de soixante mille à cent mille cadavres.

Cent mille cadavres... Dans ces fourrés riants, comme on en trouve à Vincennes ou à Fontainebleau.

Pitié et réflexion

À l'entrée de la nécropole, les Allemands ont rassemblé les corps exhumés, plusieurs milliers dont près de trois mille ont été identifiés. Après avoir réuni leurs papiers et tout ce qui pouvait servir à les reconnaître, l'armée allemande leur a donné des bombes décentes, des tombes de soldats, immenses et régulières, surmontées de hautes croix. Il y a parmi eux cent cinquante médecins. À part, les sépultures de deux généraux. C'est là que des chapelains polonais ont dit la messe. C'est là qu'on nous demande de venir, et que l'ambassadeur de France et nous-mêmes saluons les victimes de la guerre. Dans cette minute silencieuse, au-delà de toute politique, nous, Français, nous pouvons penser qu'au mois de septembre 1939 nous étions les compagnons d'armes de ceux qui reposent ici, victimes de chefs imprudents, des excitateurs d'Amérique, et de la barbarie bolchevik. Et nous ne voudrions pas laisser place à un autre sentiment qu'à la pitié.

Mais il faut aussi réfléchir. L'une des plus importantes revues anglaises, la Nineteeth Century, dans son numéro de juin, demandait franchement pourquoi les Polonais n'étaient pas passés du côté des Allemands, d'autant plus, ajoutait-elle sans fard, que les Polonais qui ont fait preuve de bonne volonté, n'en ont tiré qu'avantages particuliers et généraux. Quand nous sommes entrés à Paris, cela a été pour apprendre que le général Siborski, chef des émigrés de Londres, et qui avait pris l'initiative de demander une enquête sur Katyn, venait de se tuer en avion avec son chef d'état-major. Peut-être est-il la dernière victime en date de Katyn, comme Darlan était la dernière victime de Mers-el-Kébir.

On sait que la Croix-Rouge polonaise, dirigée par des médecins polonais, a collaboré activement à l'exhumation et à l'identification. On sait que des officiers polonais, prisonniers de l'armée allemande, ont été amenés en avion pour reconnaître le charnier. Ils en sont repartis pleins d'une indignation immense et sont prêts, ont-ils dit, à prendre les armes contre le bolchevisme. Les craintes de Nineteenth Century ne sont point vaines : la mort de Siborski le prouve. En Français, en Européens, en hommes formés par le christianisme, nous souhaitons que le mouvement s'accentue encore.

Dans ce décor que la mort rend sinistre, sous la grisaille du ciel russe, nous pouvons songer au malheureux sort d'un pays entraîné par des fous et des mégalomanes hors du destin modeste et sûr qui aurait pu être le sien. Mais nous songeons surtout que ce charnier épouvantable donne la mesure de ce qui pourrait nous attendre tous. Ces officiers antibolcheviks ne sont point seuls. À côté d'eux, des dizaines de milliers de Russes, peut-être des révolutionnaires, peut-être même les aides-bourreaux, dorment pêle-mêle. Si la barrière de l'Occident venait à crever, les abbés rouges dormiraient à côté des riches gaullistes aussi bien que des collaborationnistes tièdes ou convaincus. Et l'odeur de Katyn monterait alors de Fontainebleau ou de la Loire.

Voilà ce que nos yeux ont vu. Nous avons tenu à le dire, avant toute autre chose, parce qu'il nous semble tenir là un des éléments essentiels de cette guerre. Elle n'est point faite au peuple russe, on l'a répété vingt fois : elle est faite pour briser et contenir ce que représente la sauvagerie mécanique et implacable de Katyn. À la fin de notre séjour en Russie, dans cette aube froide, nous emportons collée à nous l'odeur du carnage pourri, et la vision de ces bancs énormes de vaincus, agglomérés et échoués dans les clairières sablonneuses, la bouche ouverte comme des poissons étouffés. Du Vatican, de Paris, de Lyon, de Lille, que ne peut-on organiser des pèlerinages, afin de prier - et de comprendre !


En compléments, plusieurs documents audiovisuels relatifs à ce reportage, évoqué dans l'émission « Concordance des temps » du 25 octobre 2008 (« Les politiques mentent-ils toujours ? »), dans laquelle Jean-Noël Jeanneney s'interrogeait pour savoir quels étaient «  les avantages et les inconvénients des travestissements de la vérité dans les gouvernements des hommes » :
-       la Visite de Monsieur de Brinon aux combattants de la LVF, Actualités Françaises, 1er janvier 1943, 10 min. 15 sec., INA [un autre document de l'INA] ; 
-       le massacre de Katyn. 
 

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KATYN : VOICI DÉJÀ VENIR LES CONTRE-FEUX

25 Mars 2009, 05:41am

Publié par Mister Arkadin

Le 11 janvier dernier, j'écrivais, dans « Tu n'as rien vu à Katyn », que je ne croirais à la sortie en France de Katyn que le jour où j'aurai le film d'Andrzej Wajda « sous les yeux, dans un cinéma de la région parisienne ». J'ai toutefois pu le voir grâce à son passage sur Canal et me suis réjoui le 24 janvier de sa qualité dans « Viva Wajda ! ». Cette fois, quelques distributeur et exploitants courageux, peu nombreux paraît-t-il (1), étant venus à bout des résistances, la sortie du film est annoncée pour mercredi prochain, le 1er avril. Il ne semblerait pas que ce soit un poisson d'avril, des avant-premières étant également annoncées, notamment au Champo (séance organisée par la revue L'Histoire, avec Antoine de Baecque, Stéphane Courtois et Alexandra Viatteau, mardi 31 mars à 20 heures).

Autant avais-je donc tort d'aller jusqu'à douter que le film finirait par sortir, autant je puis maintenir ma prédiction du 11 janvier sur le peu d'empressement des médias et salles françaises à promouvoir un film sur les massacres du communisme. L'accueil critique devrait être à l'unisson, comme je le pressentais aussi : « la genèse, le parcours, l'exploitation (à tous les sens du terme, ne tarderont pas à dire les gardiens du temple) et les diverses réceptions de Katyn mériteraient d'être analysés en détails tant ils sont aussi instructifs que le film lui-même ». D'ores et déjà, quelques contre-feux ont été allumés. Contentons-nous pour aujourd'hui de deux exemples.

"Zéro de conduite", site sur « l'actualité éducative du cinéma », s'est fendu d'un petit article sur son blog (2), qui se termine ainsi : « Mais s'il dénonce la censure de l'Histoire par le régime communiste, le film n'est pas à l'abri de la récupération et de l'instrumentalisation par le gouvernement actuel, dans un contexte doublement sensible : les tensions avec le voisin et ex-grand-frère russe, et la campagne interne de lustration, chasse aux dernières sorcières communistes... » Ce n'est pas moi qui surligne en gras. J'attirerai plutôt l'attention sur le « Mais », annonce d'une procédure de diversion qui devrait avoir bien des équivalents dans la presse mercredi prochain, le plus probable étant cependant l'accueil tiède et discret, comme c'est le cas par exemple dans le mensuel de cinéma Studio (3) - mieux vaut encore passer sous silence ou s'attarder le moins possible sur un film ou un fait qui dérange pour l'étouffer dans l'œuf plutôt que de l'attaquer de front et franchement.

Plus culotté est le procédé trouvé par le « magazine culturel » Transfuge (« Littérature et Cinéma »), dans son n°28 de mars 2008, qui intitule son « Essai du mois » (signé Vincent Jaury, son rédacteur en chef) « Le cinéma polonais, antisémite ? » (p.16-17). Sujet éculé que la sortie en janvier d’un livre sur Juifs et Polonais : 1939 à nos jours permet de réactiver opportunément pour traiter le film de Wajda de manière biaisée, en conclusion : « Il y a fort à parier que le débat reprendra avec la sortie du film Katyn où le mot juif n’est pas une seul fois prononcé. » Pourquoi le serait-il au sujet d’un film sur le massacre d’officiers polonais par les Soviétiques ? Mystère. En revanche, il est clair que Vincent Jaury a trouver là le moyen de ne pas parler du film lui-même. De la même façon que Bernard-Henri Lévy assimile à tour de bras tout antiaméricanisme à de l’antisémitisme, voici venu le temps où l’on fait plus que sous-entendre que tout anticommunisme, ou la dénonciation de ses crimes, ne serait pas exempt d’antisémitisme. Cela vaut la peine de parler de "débat", comme Vincent Jaury fait mine de l’appeler de ses vœux, quand l’on en est réduit à ce genre d’argument !


Notes :

(1) Six copies en France selon Benoît Gousseau (critique littéraire et rédacteur en chef du mensuel Politique Magazine), interrogé dans l'émission du « Libre journal de Jacques Trémolet de Villers » consacrée au sujet (Radio Courtoisie, jeudi 19 mars 2009, de 19h30 à 21h00, « Le cinéma d'hier et d'aujourd'hui » - enregistrement).

(2) À quand un « dossier pédagogique » d'au moins une vingtaine de pages, comme pour d'autres œuvres à dimension historique (telle Indigènes) ?

(3) Studio Ciné Live, n°3, avril 2009, p.38 : « Quand le cinéma se conjugue avec le devoir de mémoire », le dit "devoir" étant expédié en un quart de pages (la revue en comportant cent soixante quatre), ce qui me rappelle un compte rendu d'un ouvrage sur le génocide arménien que Patrick Kéchichian qualifiait de « monument », « Le Monde des livres » ne lui ayant cependant concédé qu'un sixième de page environ...


Compléments :

- Site officiel du film ;

- Le massacre de Katyn selon wikipédia.

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