Mister Arkadin

Articles avec #critique - actualite

SEVRAGE CINÉPHILIQUE

14 Octobre 2008, 10:34am

Publié par Mister Arkadin

Les lecteurs du Monde ne sont probablement pas les plus gros consommateurs de télévision. Ceux qui ne disposent que des chaînes hertziennes pour y voir des films n’ont en tout cas pas l’embarras du choix cette semaine s’ils suivent les conseils de Jean-François Rauger (Le Monde, supplément Radio et Télévision, 12-13 octobre 2008, p.6, « Les films de la semaine »). Bien que vingt-quatre films soient proposés, seule la rediffusion par Arte de Réincarnations, dans la nuit de vendredi à samedi, trouve grâce à ses yeux. Même le chouchou de la critique, Gus Van Sant, n’a droit qu’à un seul carré noir pour Last Days, pourtant une « belle déambulation morbide et languide » (« déambulation languide » ? Façon élégante d’écrire qu’il ne s’y passe strictement rien et qu’on s’y emmer…. comme un rat mort !). On peut trouver Jef un peu difficile, par exemple à l’égard de Head on ou de La Vengeance dans la peau. Mais en ces temps de frilosité critique, dont le symptôme le plus criant est la disparition de la mention « Faute de mieux » dans les pages cinéma de Télérama depuis quelques mois, au profit d’une pléthore de « Pas si mal » (dont bénéficie le moindre film pas complètement dépourvu du plus mince intérêt), la sévérité de Rauger est tout de même revigorante !

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"CRITICS ON CRITICS"

6 Octobre 2008, 23:10pm

Publié par Mister Arkadin


Le dernier numéro de l'excellente revue britannique Sight and Sound comporte un dossier sur la critique, disponible sur son site internet, qui tente de répondre à la question "qui a besoin de la critique ?". On lira aussi avec intérêt les réponses de quelques critiques, dont deux français (les directeurs des Cahiers et de Positif, comme de bien entendu), au sujet de leurs modèles et sources d'inspiration parmi leurs devanciers ("Critics on Critics").

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DE LIEN EN LIEN : LA CRITIQUE SUR INTERNET

16 Septembre 2008, 13:58pm

Publié par Mister Arkadin

La consultation du magnifique blog "Pour 15 minutes d'amour" m'a renvoyé à "Cinebeats", superbe journal en ligne d'une cinéphile anglo-saxonne, qui m'a lui-même donné envie d'aller regarder d'un peu plus près le site de la revue américaine "Cinéaste" (ce nom est-il un hommage à la cinéphilie française ?), et plus particulièrement un débat sur la critique de cinéma à l'heure d'Internet ("Film Criticism in the Age of the Internet : A Critical Symposium"). Je n'ai pas encore eu le temps de le lire, mais nul doute qu'il complète très utilement le débat qu'a organisé à ce sujet la Cinémathèque française cet été (dont j'ai publié un bref résumé ici). Je passe donc le relais. 

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COLLATÉRAL

9 Septembre 2008, 23:07pm

Publié par Mister Arkadin

Titre trompeur, puisque j’admets d’emblée qu’il ne sera pas du tout question dans ce billet du film de Michael Mann (pratiquement son seul vraiment bon au demeurant) avec l’excellent Tom Cruise.

Si l’on pense alors aux « dommages collatéraux », on se rapproche de mon sujet. Un Garrel en couverture de Télérama, une Seydoux dans Les Inrockuptibles, les frasques de Depardieu junior, les amours d’une Smet, et plus encore leur présence sur tous les écrans, Première (n°379, septembre 2008, p.20) qui publient les portraits des « filles de… » Bonitzer, Gummer-Streep, Kinski, Willis-Moore, etc., etc. Je suppose que le phénomène vous exaspère autant que moi.

Je voudrais au contraire parler d’un « bienfait collatéral » de la triste affaire Siné/Val, que j’ai déjà rapidement évoquée ici et . Une bonne partie de la presse a ouvert ses colonnes et ses micros à Siné pour présenter l’hebdomadaire qu’il lance aujourd’hui. Rien de bien alléchant ; jusqu’à l’annonce des titulaires des différentes rubriques du canard, que je découvre dans Le Monde du 5 septembre 2008 (p.14 ; article repris ici). Dans la bande à Siné, officiera, aux « Livres », Noël Godin, dont j’ai déjà brièvement évoqué le rapport à la cinéphilie ici. Et surtout, au « Cinéma », Jean-Pierre Bouyxou, beau-fils du directeur et de la rédactrice en chef, si je ne m’abuse. Le Bouyxou féru d’érotisme dont j’ai parlé  ; s’il est un confrère dont je vais suivre régulièrement la chronique, c’est bien celui-ci !

Et quel bonheur, une fois n’est pas coutume, de pouvoir s’exclamer : vive le népotisme cinématographique !


P.S. : Bouyxou participe de temps en temps à l'émission « Mauvais genres » de France Culture, où il peut retrouver Jean-Baptiste Thoret, critique ciné de... Charlie-hebdo  ! Ce même Thoret qui avait succédé à Michel Boujut, lui-même viré par Philippe Val à la faveur d'un changement de formule du journal (Le Nouvel observateur avait alors servi de caisse de résonance  aux récriminations de Boujut ; comme quoi, les temps changent...).

PS 2 : le premier numéro de Siné-Hebdo est assez médiocre, la chronique de Bouyxou étant l'une des seuls dignes d'intérêt, ainsi que celle de Godin. Mettons cela sur le compte du rodage nécessaire et de l'improvisation et attendons la suite.

Je ne semble pas seul de cet avis : http://www.libelabo.fr/2008/09/11/sortie-de-sine/

(18 septembre 2008) : Je continue à être du même avis après le numéro 2, dont Serge Kaganski montre assez bien la médiocrité sur son blog,  que j'aime décidément plutôt, bien que je ne partage pas souvent ses goûts et opinions, et que je n'apprécie guère les Inrockuptibles (que je consulte tout de même régulièrement). Un autre exemple : son petit bilan de la "rentrée ciné", avec son très juste "Prix du corbillard sur lequel on n’a pas envie de tirer, dont l’odeur de navet est tellement puissante que tenter de le défendre malgré tout, c’est l’enfoncer encore plus".

(6 octobre 2008) : La médiocrité de Siné-Hebdo s'est confirmée dans les numéros suivants, certains appelant désormais à "sauver Siné", tel Marc-Edouard Nabe, « pas de l'accusation d'antisémitisme, mais de la bande de cons qui l'entoure et, pour se refaire une virginité de faux rebelles sur son dos de vieil anar, l'a poussé à lancer un journal de merde ».

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« ENVIE D'AIMER », À L'AVANCE ?

9 Septembre 2008, 20:59pm

Publié par Mister Arkadin

J’ai dit, dans « Les critiques auxiliaires du marketing », combien certaines pratiques me paraissaient susceptibles de déconsidérer la corporation des critiques de cinéma. L’une d’elles est l’utilisation, dans les placards publicitaires annonçant la sortie d’un film, d’extraits de critiques n’ayant pas encore paru. Il semble presque parfois que les distributeurs arrivent à se procurer les textes avant même qu’ils ne soient écrits !

Que Version femina soit convoqué dans le Journal du dimanche (7 septembre 2008, p.29), pour faire la réclame d’un film sortant le 17 septembre prochain, pourquoi pas, à la limite, puisqu’il s’agit de son supplément. Que les promoteurs de Parlez-moi de la pluie sachent déjà qu’il s’agirait du « coup de cœur de la rentrée » du Figaro, why not, ce quotidien ayant publié une page sur les films à venir. Le Nouvel Observateur a-t-il fait de même, pour que la pub lui fasse dire que serait « un film qui donne envie d’aimer » (les notes d’intention de Bacri/Jaoui et leur bande annonce donnent surtout envie de fuir !) ?

Si mes souvenirs sont bons, durant sa polémique contre la critique des années 1999-2000, Patrice Leconte (1) exprima le souhait qu’aucune critique négative ne paraisse avant la semaine suivant la sortie du film. Préalablement à la question de savoir si cette demande pourrait être recevable, il faudrait qu’aucune phrase de critique ne soit utilisée par la réclame avant même la sortie des films.


(1) J’aime bien Patrice Leconte, mais aller raconter, comme il le fait dans Le Parisien d’aujourd’hui, qu’il voyait les gens se tordre de rire dès qu’il pénétrait dans les salles projetant Les Bronzés 3, dont il assure la promotion pour son passage à la télévision, est un peu fort de café. Il avait au contraire été démontré qu’un film pouvait faire énormément d’entrées malgré un très mauvais bouche-à-oreille (ou alors, on pourrait parler d’un bon bouche-à-oreille y compris quand les gens en ont dit du mal, pour autant qu’ils soient nombreux à l’avoir fait, les publicitaires sachant bien qu’il importe par dessus tout que l’on parle le plus possible de leur produit, que ce soit en bien ou en mal).

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POUR LE BIEN D’OLIVEIRA, DÉCONSEILLONS VIVEMENT SON FILM !

7 Septembre 2008, 23:09pm

Publié par Mister Arkadin

Dans son léger opuscule sur la critique de cinéma, paru en mai dernier dans la collection « Petits cahiers » des Cahiers du cinéma, Jean-Michel Frodon déplore, page 73, que ne se soit pas produit « un mouvement unanime [de la critique] assez puissant pour pallier la faiblesse de [l]a distribution en salles » du Premier venu. Il est malheureux que le dernier film de Jacques Doillon n’ait pas mieux marché et que l’un des derniers grands cinéastes français ait tant de mal à poursuivre son œuvre. Qu’aurait toutefois souhaité Frodon ? L’union sacrée de toute la profession des journalistes de cinéma pour sauver le soldat Doillon ? Etait-il du devoir de la critique de lui venir en aide (tous alignés en rang serré à l’appel du caporal Frodon, sans doute) ? Les coupures  reproduites pages 72 et 73 montrent que la presse est loin d’avoir ménagé sa peine et mégotté sur l’espace rédactionnel pour inciter ses lecteurs à aller voir le Doillon. Les Cahiers, Libération, Télérama, Le Monde et Les Inrocks l’ont mis en vedette, L’Express et Positif lui consacrant également un article relativement long et favorable. Excusez du peu ! Beaucoup de réalisateurs ne rêveraient-ils pas que leurs films fassent si peu l’unanimité ? Le seul hic : « une notule mitigée » dans Première et Studio. Frodon aurait voulu nous prouver que ces deux magazines ont bien plus d’influence que toute la critique "cinéphile" réunie qu’il ne s’y serait pas pris autrement ! Surtout, il oublie de préciser que Jacques Doillon et ses acteurs n’ont sans doute pas fait la tournée des plateaux télé, nécessaire aujourd’hui pour que le peuple de France, si éduqué et encadré pendant de plus en plus d’années par une armée d’instituteurs et de professeurs, s’intéresse à un film, voire en entende tout simplement parler. Ni Gérald Thomassin, ni Clémentine Beaugrand n’attirent non plus les téléobjectifs de Gala ou de Oops. Si Doillon et ses acteurs ne veulent pas un peu donner de leur personne, pourquoi irait-on déplorer leur manque d’exposition et de succès ?

Cela me rappelle que j’avais voulu voir en mai 2006 le film d’HPG, On ne devrait pas exister, qu’au moins un journal que l’on dit influent, Les Inrockuptibles, avait soutenu (1). Arrivé devant un cinéma du Quartier latin, je ne suis pas entré dans la salle et n’ai pu assister à la projection du film. Hésitation de dernière minute ? Non. Déjà complet ? Que nenni ! Au contraire, la projection fut annulée faute de spectateur ; j’étais le seul à m’être présenté. Une place me fut très aimablement offerte pour une prochaine séance, à laquelle je n’ai pu me rendre.

Je suis aussi allé voir en plein centre de Paris Christophe Colomb, l’énigme, mercredi dernier (jour de sa sortie), au cinéma de la place Saint-Michel. J’ai même cette fois-ci pu entrer dans la salle et rejoindre les trois personnes déjà présentes. Quatre spectateurs pour la première séance de l’après-midi du premier mercredi, cela augure des chiffres peu reluisants pour le dernier Manoel de Oliveira. La presse n’a pourtant pas lésiné là non plus sur les hommages au « centenaire toujours vert », comme l’a écrit Caroline Vié dans 20 minutes. Le métier des journalistes doit être bien difficile, pour qu’ils utilisent si souvent le même angle d’attaque afin de remplir tant bien que mal leur copie. Après Jean-Loup Dabadie permettant au cinéma de faire son entrée à l’Académie française et Valse avec Bachir « premier documentaire d'animation »,  fariboles servies par moult canards, voici du "plus-vieux-cinéaste-du-monde" ou du "phénomène de la nature et du cinéma réunis" (Antoine de Baecque, L’Histoire, n°334, septembre 2008, p.38) resservis à toutes les sauces, comme si cela tenait lieu d’analyse et comme si cela devait forcément inciter à l’indulgence. Car il en faut tout de même beaucoup pour taire l’ennui qui submerge au bout d’un quart d’heure de projection d’un film aussi indigent, pas tant dans les moyens que dans l’inspiration et la mise en scène.

J’ai pour ma part au moins deux raisons d’avoir un préjugé favorable à l’égard de Manoel de Oliveira : son prénom et son hommage, dans le documentaire de Maria de Medeiros sur la critique, au journaliste français qui soutint son premier film à l’orée des années 1930 et dont il se souvenait encore soixante-quinze ans après (Émile Vuillermoz). J’avoue néanmoins être estomaqué par la ferveur que suscite son cinéma, ayant quelque sympathie pour son Non ou la vaine gloire de commander (j’en explique la principale raison ici), mais, entre autres exemples, aucune pour son adaptation de Madame Bovary, puissamment soporifique. Un article délirant d’enthousiasme dans Les Inrocks, un entretien annoncé en une dans L’Humanité, un plus discret dans Paris Match, des articles très favorables dans Le Monde, Le Figaro, Libération, 20 minutes, L’Histoire, Marianne, L’Humanité Dimanche, les Cahiers du cinéma, un article et un entretien dans Télérama, une notule positive dans Le Journal du dimanche, des émissions de radio (« Culture vive » sur RFI, « Tout arrive » sur France Culture , « Le Masque et la Plume » et « On aura tout vu » sur France Inter), etc., ce fut pratiquement la totale pour le dernier Oliveira. Seuls Éric Libiot, dans le supplément « Style » de L’Express, et Didier Roth-Bettoni, dans Première (n°379, septembre 2008, p.74), semblent avoir pris leurs distances et oser affirmer que, « réalisé comme un film d’entreprise, ni fait ni à faire », « plus qu’à un film, Christophe Colomb ressemble à un spectre de film ». « Et son prestigieux auteur, au fantôme épuisé de l’artiste de l’épure qu’il fut. » On aimerait bien sûr que les magazines du cinéma fassent preuve d’autant d’indépendance critique vis-à-vis des films plus "populaires". Force est de constater cependant qu’à l’égard de quelques vieilles gloires, que la cinéphilie officielle, sinon institutionnelle, a transformées en véritables vaches sacrées, l’esprit critique trouve plus souvent refuge dans Première ou Studio que dans les Cahiers, Positif ou Télérama !

Vu le succès rencontré par bien des campagnes de presse pour certains films, comme les Premier venu et On ne devrait pas exister dont il a été question plus haut, je n’ai pas de raison de m’abstenir de déconseiller vivement Christophe Colomb, l’énigme. Peut-être suis-je en train de rendre service à Oliveira en lui faisant gagner un ou deux spectateurs (2).


Note et complément :

(1) Article disponible sur le site d'HPG : http://www.hpgnet.com/inrock2.htm

(2) (5 août 2009) La base Lumière m'informe que ma propagande pour Oliveira n'a guère été suivie d'effet, Christophe Colomb. L'Énigme ayant totalisé 14 195 entrées en France et  Cristóvão Colombo - O Enigma 5 577 au Portugal ("Nul n'est prophète..." !), aucun autre pays européen n'en ayant voulu...

 

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LE MASQUE DES "GROSSES TÊTES" ?

25 Août 2008, 23:02pm

Publié par Mister Arkadin

« La vérité sort de la bouche des enfants », d'après le dicton. Alors que je venais, une fois n'est pas coutume, de mettre France Inter pour écouter "Le Masque et la Plume", dimanche soir vers 20 heures 30, la petite sœur de ma compagne me demande ingénument : « C’est les "Grosses têtes" ? » Cela peut paraître légèrement impertinent à l’égard de Danièle Heymann, Xavier Leherpeur et Éric Neuhoff, qui se partageaient le temps de parole à ce moment là. Mais les critiques radiophoniques n’ont-ils pas tendance à se transformer en bateleurs pour se gagner l’auditeur (surtout quand l’émission est enregistrée en public) ? Les "bons mots", les petites saillies humoristiques, le divertissement en un mot, ont mauvaise presse en matière de cinéma, entre autres au sujet des films d’Audiard. Les journalistes ne se privent pas pour autant d’y avoir recours eux-mêmes et les critiques vedettes du "Masque", rejoignant sur ce point ceux de Libération, donnent souvent l’impression de vouloir se faire mousser aux dépens des films. Participant moi-même à une émission de radio sur le cinéma, qui n’est pas enregistrée en public mais a lieu en direct, je connais cette tentation et y cède probablement de temps à autre. L’interrogation de Yémi me prémunira-t-elle contre ce travers ?

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"MATHIEU", SELON ALAIN

23 Août 2008, 23:07pm

Publié par Mister Arkadin

Pour quelqu’un d’extérieur au petit milieu de la critique ciné parisienne, il est difficile d’identifier les critiques vraiment indépendants de ceux qui arrivent à camoufler les rapports qu’ils entretiennent avec l’industrie du cinéma, avec tel ou tel cinéaste, ou groupe de cinéastes, pour ne mentionner que le principal élément pouvant déterminer leurs avis. Cette question de l’indépendance de la critique est inhérente à cette dernière. Elle l’était déjà aux origines de la critique cinématographique, ce dont j’essaie de traiter ici, à propos de son "père", Émile Vuillermoz, ainsi que dans la thèse que je rédige en ce moment sur celui-ci ; elle le demeure plus que jamais. Ces trop brèves considérations sur une question insoluble me sont revenues à la lecture d’une critique du dernier film de Mathieu Kassovitz. Je ne lis habituellement que dans les grandes diagonales les pages sur le cinéma de Paris Match (comme l’ensemble de ce genre de presse, d’ailleurs). Pour une fois, je viens de lire attentivement « la critique d’Alain Spira », mise en vedette et encadrée en rouge, les trois petits "match" qui l’accompagnent signalant, pour autant que je sache, le seul compte rendu positif sur Babylon A.D. paru dans toute la presse parisienne. Cela m’a presque paru suspect. Mais, après tout, ce critique n’est pas forcé de s’aligner sur le goût commun et nous avons tous nos faiblesses pour quelque film unanimement décrié. Toutefois, au beau milieu du texte, mes soupçons de connivence ont été renforcés par la phrase suivante : « Après ces mesquins problèmes d’argent, Mathieu a dû affronter une série de tracas qui en auraient poussé plus d’un au suicide. » Comment se fait-il que le critique se soit permis de désigner de cette façon celui dont il juge l’œuvre  ? Certes, l’usage abusif du prénom et maintes autres manifestations de fausse familiarité continuent de se répandre, en vertu de l’idéologie du "sympa" stigmatisée par Renaud Camus, y compris là où on l’attendrait le moins, jusque dans le discours journalistique, qui devrait être le plus neutre possible, jusqu’au sommet de l’État même, où l’on a par exemple récemment donné du "Ingrid" ad nauseum. Faut-il voir dans ce "Mathieu" subrepticement glissé au détour d’une phrase, le cinéaste redevenant ensuite un plus commun "Kassovitz", l’aveu d’une proximité ou juste de la sympathie pour quelqu’un de méritant et qui a fait passer un bon moment au critique ? Alain Spira n’aurait-il pas dû informer d’emblée ses lecteurs de son rapport à Mathieu Kassovitz ? Mais peut-être n’a-t-il à son égard qu’un rapport de spectateur à cinéaste ? Ce relâchement dans l’expression n’en serait que plus fâcheux, tant il donne l’impression, qui n’a peut-être pas lieu d’être, d’une critique de complaisance.

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RAMBO "JUSTICIER AMBIVALENT"

4 Août 2008, 00:27am

Publié par Mister Arkadin

Je viens de retrouver l’une des coupures de presse qui m’ont fait écrire, ici et , que la réception critique de l’œuvre de Sylvester Stallone ressemble de plus en plus à celle de Clint Eastwood. Il s’agit de la critique du dernier Rambo parue dans Le Canard enchaînée du 6 février 2008 (signée D.F.) : « […] la guerre est montrée comme une épouvantable boucherie, et Rambo comme un justicier ambivalent qui prend plaisir à tuer… » "Justicier ambivalent" ? Voici que de l’ambiguïté est reconnue à Stallone, ainsi qu’une dénonciation au second degré, et même sans complaisance (un film « tourné sans fioritures », écrit D.F.), de la guerre, alors que Stallone fut longtemps considéré comme un propagateur primaire de l’impérialisme américain. A suivre…

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INTERNET ET LA CRITIQUE...

6 Juillet 2008, 04:06am

Publié par Mister Arkadin

Internet et la critique... et les livres. Les propos de Pierre Assouline, lors d'une soirée publique organisée le 31 mars dernier par le CNL, me paraissent non seulement extrêmement instructifs et pertinents, ce pour quoi j'en conseille l'audition (se rendre sur le site du Centre national du livre par le lien, ci-dessus), mais susceptibles de s'appliquer à d'autres domaines culturels, en particulier le cinéma, tout en éclairant le fonctionnement de l'édition, papier et sur Internet (notamment les blogs, y compris celui-ci).

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