J’ai publié en octobre dernier, au sein d’un dossier de la revue littéraire Livr’Arbitres (n°15, automne 2014, p.17-19), deux textes sur le cinéma de ce dernier, précédé par une introduction, sous le titre « 1941-1944 : décadence et résurrection du cinéma, vues par Kléber Haedens ». Je reproduis le tout ci-dessous.
Au sein du même dossier, devait paraître un article de Francis Bergeron sur la revue Le Magasin du spectacle, auquel je me réfère dans mon intro. Il a malencontreusement été omis. Je le reproduis par conséquent aussi ici.
KLÉBER AU SPECTACLE
par Francis Bergeron (1)
Le libraire Eric Fosse proposait à la vente, dans l’un de ses derniers catalogues, un lot de revues décrit comme suit :
(Haedens Kléber) Ensemble complet de la revue « Le Magasin du spectacle » fondée et dirigée par Kléber Haedens. R. Laffont Marseille 1946. 7 numéros parus comprenant les contributions de nombreux écrivains (Mohrt, des Forêts, Maulnier, Barjavel…). 7 volumes brochés In-8, très bel état. 140 €
C’est une revue plutôt difficile à trouver, rarement citée, pas étudiée, et l’annonce était alléchante. Dans son Salut à Kléber Haedens (Grasset, 1996), Etienne de Montéty nous livre quelques informations sur ce Magasin du spectacle. Il rappelle que l’immédiat après-guerre avait été le temps béni des revues. On pense bien évidemment à La Table ronde ou Accent grave, côté « hussards », et aux Temps modernes, du côté opposé. Montéty cite pour sa part, Idées et Fusées.
Pour attirer des écrivains, explique-t-il, Robert Laffont avait créé Le Magasin du spectacle. La direction en fut confiée au jeune journaliste Kléber Haedens. Michel Mohrt y tenait une rubrique intitulée Lettre du Canada, Hugues Panassié traitait du jazz (sa spécialité) et de l’actualité phonographique, Kléber Haedens se réservait plutôt la littérature, et le théâtre, aussi, car la revue avait une forte identité théâtrale. Chaque livraison s’ouvrait d’ailleurs sur la publication d’une pièce : Garcia Lorca dans le numéro 1 de la collection, la pièce de John Steinbeck, Des souris et des hommes, dans le numéro 2, une pièce d’Audiberti, Le Mal court, dans le numéro 4, Les Taureaux, opéra-bouffe d’Alexandre Arnoux, dans le numéro 5, une comédie-farce de Souhovo-Kobiline dans le numéro 6, et la pièce inédite d’Armand Salacrou, Les Nuits de la colère , dans le numéro 7. Jean Vilar donne pour sa part une fort amusante et intéressante « lettre familière au Directeur » dans le numéro 6 de la revue.
Robert Laffont publiait des amis tels Guillain de Bénouville (et son best-seller Le Sacrifice du matin), Gilbert Cesbron (Chiens perdus sans colliers, un best-seller, lui aussi), Michel Déon, Jean Dutourd, Willy de Spens (auteur à relire, en particulier pour ses souvenirs, parus ultérieurement à la Table ronde), et Kléber Haedens se trouvait en terrain de connivence intellectuelle.
Sept numéros d’une revue, c’est insuffisant pour avoir une idée de ce qu’elle aurait pu être. C’est dommage, mais il semble qu’Haedens se soit rapidement lassé des vicissitudes de cette épuisante périodicité mensuelle, même si la maison Robert Laffont assurait l’intendance. Dans la Nouvelle Revue de Paris, Willy de Spens a raconté que la collaboration d’Haedens aux éditions Robert Laffont et donc à la revue Le Magasin du spectacle cessa le jour où Haedens mit dans la boite à idées installée dans les locaux de la maison d’édition un mot sur lequel il avait écrit simplement : « Laffont au poteau ! ». La facétie n’aurait pas été appréciée par l’éditeur. Anecdote peut-être inventée, et non vérifiable, en tout état de cause. Mais la pirouette est plausible de la part de ce « clochard du journalisme et de la littérature » des années cinquante, tel que le décrit Etienne de Montéty. Un moyen aussi de mettre un terme à l’épreuve que devait constituer pour lui la sortie mensuelle d’une revue de 160 pages, aux ambitions rédactionnelles fortes. A la discipline d’une direction de revue, Haedens préférait sans doute les stades de rugby, les bistros de la rue Vavin, et les diners d’amis, orchestrés par Caroline, son épouse.
Il n’empêche qu’au rayon somme toute assez réduit « Kléber Haedens » de sa bibliothèque (onze titres seulement !), il convient donc d’ajouter les sept volumes de ce Magasin du spectacle pour lesquels il sera conseillé de faire réaliser un bel emboitage vert et roses, de la couleur de l’élégant liseré de cette éphémère mais non négligeable revue.
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Note :
(1) Journaliste, essayiste, dernier ouvrage paru : Paul Chack, Editions Pardès, 2013.
1941-1944 : DÉCADENCE ET RÉSURRECTION DU CINÉMA, VUES PAR KLÉBER HAEDENS
Introduction de Pascal Manuel Heu
« Kléber Haedens était un géant, une force de la nature. Il aimait l'opéra, le rugby, le cassoulet que sa femme Caroline préparait à merveille et la littérature. Il a écrit une merveilleuse Histoire de la littérature française et des romans inoubliables » ; « un anar de droite qui croyait avant tout au rugby, à la tauromachie, aux amis, au vin et surtout à la littérature ». Jean d’Ormesson et Pierre Assouline oublièrent, quand il s’est agi de le défendre face aux Vigilantes de la Mémoire – tout indignés qu’un maire, celui de La Garenne-Colombes, s’ingéra à croire, voici six ans, qu’il fût possible de baptiser un collège du nom d’un grand écrivain français sans que celui-ci fût adoubé par les Ligues de Vertu – au moins l’une des dilections auxquelles Kléber Haedens s’adonna goulument : le cinéma.
Ô, certes, cet oubli n’a rien de pendable si l’on ne prenait en compte que ses articles parus de la Libération, dans le quotidien gaulliste L’Époque, aux années 1950, dans Paris-Presse L’Intransigeant, en passant par ceux qu’il donna à Samedi-Soir. Haedens y accomplissait sa besogne sans démériter, mais sans sembler faire preuve d’une passion démesurée pour le septième art. Pourtant, dès 1936, à vingt-trois ans, il avait rendu compte, dans Les Cahiers du Sud, de L’Histoire du cinéma de Bardèche et Brasillach. C’est toutefois pendant l’Occupation, sous le pseudonyme d’Henri Gérard, que son alacrité coutumière s’exerça le mieux en la matière, dans l’hebdomadaire Présent, dirigé à Lyon par Jean Mistler, ancien député et membre du Conseil national instauré par Vichy. Son dézingage d’une bonne partie de la production lui valut d’être rangé par les journaux corporatifs de cinéma comme l’un de ses jeunes critiques à surveiller de près, tant ils remettaient en cause les valeurs établies et bousculaient le conformisme ambiant dans la profession (1).
C’est sous son nom qu’il publia en Une du Figaro, le 23 avril 1941, la virulente admonestation du cinéma français qu’on lira plus loin. Le titre de cet article, « La décadence du cinéma », annonçait la couleur. C’est une mémorable volée de bois vert qui s’abattait sur les premiers films produits après l’Armistice. Cet article peut être considéré, a posteriori, comme le cri de révolte des jeunes cinéphiles contre la première cuvée vichyste. Que nous soyons nous-mêmes aujourd’hui non seulement plus indulgents pour La Fille du puisatier que pour le Chapeau de paille d’Italie de Maurice Cammage et Les Petits Riens d’Yves Mirande, mais que nous puissions même apprécier le film de Marcel Pagnol beaucoup plus que ne le fit Kléber Haedens ne change rien à l’affaire : ce n’est pas ce type de cinéma qu’appelait de ses vœux une nouvelle génération de critiques qui émergeait alors et qui rejoignit les toujours jeunes, mais expérimentés Georges Blond, Robert Brasillach, Georges Champeaux et autres François Vinneuil. Aussi exprimèrent-ils leur déception, leur « honte » écrit même Haedens, de façon autrement agressive que ne le faisaient leurs anciens, ces Nino Frank, Marcel Lapierre, Roger Régent, Carlo Rim ou Émile Vuillermoz qu’ils respectaient tout de même.
L’impertinent Kléber Haedens n’hésitait pas à donner en exemple des cinéastes partis exercer leurs talents à Hollywood, Jean Renoir et Julien Duvivier, et un cinéaste juif, Pierre Chenal, qui ne pouvait plus travailler et qui fut contraint de partir en Argentine l’année suivante. Si, dans le second texte que nous reproduisons ci-dessous, paru trois ans plus tard, Haedens omit ou ne put plus se permettre de mentionner Chenal (à moins que ce ne fût la direction du magazine qui mania les ciseaux), il récidivait à propos de Renoir et de Duvivier (en y ajoutant Clair), noms beaucoup moins en odeur de sainteté sous Vichy en avril 1944 qu’en 1941. Il persistait surtout, comme si de rien n’était, à donner en exemple le cinéma américain. Entretemps cependant, le cinéma français avait relevé la tête et nombre de films rompaient avec la moraline vichyste qui indisposait au plus haut point Haedens et ses camarades. Derrière les chefs de file Marcel Carné et Jean Cocteau s’affirmaient les surdoués Jacques Becker, Louis Daquin et Claude Autant-Lara, dont les révélations permettaient à Haedens de prédire un glorieux avenir au cinéma français.
Aussi est-ce sans surprise que l’on retrouve de nombreux articles sur le cinéma dans Le Magasin du spectacle, la revue présentée plus haut dans ce dossier (2). Y parurent à la fois une remarquable chronique de Jean Rougeul (se distinguent deux beaux textes sur les films de Renoir Partie de campagne et La Grande Illusion) et de fort riches études (3), sur des problèmes de technique (le premier article qui suit la présentation de la revue par Haedens dans le numéro 1 est une compilation de textes de Vsevolod Poudovkinefil sur le montage et le son ; suivra le relief vu par Louis Chevances, qui publie aussi un bilan sur la télévision dans le numéro 5), sur l’exploitation (le doublage, « Une Hérésie du Film Parlant » selon Charles Ford), sur des genres (le cinéma burlesque, par Jean Fayard), sur des acteurs et réalisateurs (Buster Keaton par Henriette Nizan, Max Linder par Ford et René Jeanne), sur des cinématographies (Henri Vignes sur le cinéma tamoul), sur la théorie du cinéma (extrait de l’ouvrage de Jean Epstein Le Cinéma du diable), sur l’enseignement du cinéma, enfin – c’est René Barjavel qui sent qu’ « un certain public ne se contente plus de voir, mais demande à savoir ». « Il serait bon d’aller au-devant de sa faim » et « il serait bon de donner faim à un public infiniment plus étendu », ajoute l’auteur de Cinéma total. Au sein d’une œuvre aussi protéiforme que celle de Kléber Haedens, ce petit aperçu montre que, même au sujet d’un art auquel il n’est pas spontanément identifié, il sut « donner faim » et satisfaire les gourmets !
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Notes :
(1) Je me permets sur ce point de renvoyer à l’entretien que j’ai donné à Livr’Arbitres sur un autre de ces "jeunes Turcs" de la critique sous l’Occupation : « Lucien Rebatet, critique de cinéma sous l’Occupation », Livr’Arbitres, n°3 (nouvelle série), juin 2010, p.39-44. Version longue en ligne : http://mister-arkadin.over-blog.fr/article-entretien-livr-arbitre-53341566.html.
(2) L’abondance des matières dans cette revue était telle (près de 1.200 pages pour 7 numéros !) que Francis Bergeron et moi ne pouvons tout mentionner. Je m’en voudrais toutefois que soit omise la chronique « Les Lettres » d’un des meilleurs critiques du siècle dernier, Jean-José Marchand.
(3) Kléber Haedens lui-même n’écrivit pas d’article sur le cinéma pour Le Magasin du spectacle. En revanche, il en avait publié au moins deux dans Le Livre des lettres, « revue littéraire paraissant six fois l’an » qui peut être considérée comme la préfiguration du Magasin, puisque le même duo l’avait fondée à Marseille en octobre 1943 (le catalogue en ligne de la BnF l’associe à la revue Fusées, il faudrait vérifier leur rapport exact) : Haedens en tant que directeur, Laffont en tant qu’administrateur.
La décadence du cinéma
par Kléber HAEDENS (Le Figaro, 23 avril 1941, p.1/2)
On a dit beaucoup de mal du cinéma français. Il flattait, nous a-t-on dit, les passions dégradantes, il proposait à la foule l’admiration des déserteurs et des mauvais garçons, l’éclair du coup de feu et du poignard lui donnaient ses principales lumières, il était peuplé de visages sans regards et de corps sans âme, apparitions amères dans la brume des ports, tristes fleurs d’une organisation financière qui était une invitation permanente à l’escroquerie et aux scandales. C’est alors que nous arrivaient les délicieux mirages d’Hollywood. À côté de nos vaudevilles militaires, qui accordaient tous leurs soins à l’adultère demi-bourgeois et à la stupidité des adjudants, nous voyions se dessiner sur la toile blanche les brillants et joyeux exploits de l’armée britannique dont les uniformes rutilaient sous le soleil des Indes. M. Gary Cooper nous apparaissait, tantôt sous les traits d’un cow-boy flegmatique et sentimental, tantôt sous le costume d’un gentleman ahuri et légèrement cinglé. L’Ouest américain entrait dans nos mémoires avec ses chemins de fer héroïques, ses diligences baladeuses et ses constructeurs de cités. M. William Powell, l’œil clair, le cœur amoureux, gardait dans les plus noires aventures policières un sens imperturbable de la discrétion et le long James Stewart promenait sur les mystères du monde un regard doux et transparent. L’Amérique nous envoyait, chaque semaine, des leçons de désinvolture et, dans cette correspondance imagée entre les continents, nous étions loin d’avoir l’avantage. Ah ! nous pouvions nous frapper la poitrine : « le peuple le plus spirituel de la terre » trouvait sa joie dans les plaisanteries de corps de garde, les amours suspectes et les jeux de mots séculaires.
Il y avait une grande part de vérité dans ces critiques. Le cinéma français ne donnait pas l’exemple de la qualité et de l’esprit. Et, cependant, nous nous trouvons contraints aujourd’hui de saluer avec respect notre cinéma d’avant-guerre. Il comptait, après tout, ses hommes de talent. Nous devons à René Clair des films remarquables où Charlie Chaplin lui-même a puisé quelques-unes de ses bonnes idées. Jacques Feyder, Jean Renoir, Julien Duvivier, Pierre Chenal, Marcel Carné, Maurice Cloche ont signé des œuvres dont nous n’avons pas à rougir. De temps en temps, parmi le désordre et la médiocrité, surgissait un film soigneusement construit, où les préoccupations commerciales ne l’emportaient pas, où l’effort vers le bien et le beau était visible. Ces films, les Américains les découvrent en ce moment avec une jubilation sincère puisqu’ils s’y précipitent et qu’ils leur donnent les premières places dans ces classements et ces referendums qui les enchantent. Le cinéma français, en dépit des tares les plus graves, tenait une place honorable dans le monde.
Cette place, il s’occupe actuellement de la perdre. Après la défaite, les producteurs de cinéma nous avaient promis de renoncer à leurs mauvaises habitudes. Ils nous avaient promis de ne plus s’obstiner à lancer des films uniquement composés pour exploiter l’inquiétante naïveté du dimanche soir. Or, nous n’avons encore découvert aucun témoignage concret de ces intentions valeureuses. Nous avons vu les trois principaux films parus depuis l’armistice. Ils nous accablent, ils nous affaiblissent et nous pouvons le dire franchement, nous en avons honte.
La fille du Puisatier de M. Pagnol, où le bavardage vaguement teinté de soleil méridional s’unit à la fausse poésie populaire, nous conduit de l’emphase à la vulgarité. Ce n’est pas un bon film, mais nous ne pouvons pas lui jeter la pierre, car notre mauvaise étoile nous a conduits devant le Chapeau de paille d’Italie de Maurice Cammage, et Les Petits Riens de Yves Mirande. Il est impossible d’imaginer bandes plus laides et plus sottes, où le mauvais goût, la lourdeur s’expriment avec autant d’impudence et d’agressivité. Nous ne voulons pas parler ici des défaillances techniques : photographies maladroites et brouillées, insuffisance du son, etc… Il est possible que les réalisateurs de ces films se soient heurtés à des difficultés techniques que nous n’imaginons pas. Mais la rareté de la pellicule ne saurait en aucun cas servir d’excuse à la vulgarité des intentions. René Clair avait tiré du Chapeau de paille d’Italie un film cocasse et plein d’humour où une noce de daguerréotype se trouvait poursuivie par un dieu moqueur. M. Cammage nous présente une noce grasse et visqueuse, luisante de sauce, prisonnière de la plus méchante aventure qu’on puisse inventer. La décadence éclate. Et je ne sais pas si M. Mirande a jamais été spirituel, mais je suis sûr qu’il ne l’est plus. Ses acteurs eux-mêmes ont l’air découragé. Raimu est las et le pauvre Fernandel n’arrive plus à faire sourire un public dont la docilité est pourtant exemplaire. Fuyons vite les salles obscures.
Le cinéma possède une valeur de propagande qui est reconnue par tout le monde. Nos films peuvent être vus à l’étranger. Il nous est impossible de laisser passer ceux que nous venons de voir sans dire que nous n’en sommes pas solidaires et que nous n’y trouvons aucune trace de l’esprit français.
Où va le cinéma français ?
Réponse de Kléber HAEDENS à une enquête
(Filmagazine, Lyon, n°125-126, 13 avril 1944, p.8-9)
L’avenir du cinéma français sera très exactement celui que quelques réalisateurs de talent voudront bien lui donner. Après l’armistice, Marcel Carné ayant eu l’idée de tourner un film sur un thème de légende, nous avons vu naître une série de films plus ou moins rêveurs ou fantastiques auxquels la publicité donna généreusement le sens de la poésie. Après Carné, nous avons eu Cocteau et l’influence de ces deux hommes peut déterminer une grande part de l’avenir de notre cinéma. Les Visiteurs du Soir sont l’œuvre la plus inattendue des années d’armistice. Ils ont ouvert un chemin qui s’est déjà fleuri de bandes remarquables comme L’Eternel Retour. Le cinéma français me semble tout à fait capable de donner des films aussi beaux que les anciens mythes.
Dans le réalisme, l’aventure, le comique, nous réussissons assez mal. De même que Zola est bien inférieur à Hemingway, de même nos films réalistes sont bien inférieurs à ceux des Américains ou aux classiques allemands. Pourtant, deux réalisateurs se sont révélés capables, depuis la guerre, d’observer la vie quotidienne et de la traduire en images : Louis Daquin, avec Nous les gosses, et Jacques Becker avec Goupi Main Rouges. Grâce à Daquin et Becker, nous pouvons espérer des réussites exceptionnelles et toutes neuves dans notre cinéma.
Dans le film d’aventures, nous échouons complètement et nous ne sommes pas près de réaliser L’Ile au Trésor ou La Chevauchée fantastique. De même, dans le film comique. Nous pouvons compter deux comiques dans l’histoire du cinéma français : Max Linder et Noël-Noël. Or, Max Linder est mort depuis longtemps, et Noël-Noël est de plus en plus mal utilisé. De ce côté, les espoirs sont minces.
Depuis la guerre, les faits marquants sont, d’une part, le magnifique épanouissement du talent de Marcel Carné et le retour de Jean Cocteau à l’écran ; d’autre part, la révélation de Jacques Becker, de Louis Daquin et de Claude Autant-Lara. Si, à ces noms, vous ajoutez ceux de René Clair, de Jean Renoir et de Julien Duvivier, cela suffit à indiquer que l’avenir du cinéma est plus brillant qu’il ne l’a jamais été.
Nota Bene :
- La revue Le Magasin du Spectacle a fait l'objet d'une substantielle étude dans La Revue des revues (par Gérard-Denis Farcy, n°32, 2002, p.70-77).
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