Afin de ne pas paraître me désolidariser de mes petits camarades du LJC, j'ai publié une ébauche de liste de mes films préférés de 2014 le 24 janvier, au sein du script de la dernière émission de Philippe d'Hugues. C'était déjà plus tardif que l'année dernière. Pour autant, une autre liste suivra, plus détaillée et, sinon définitive, plus complète, le temps que je "rattrape" quelques films présents sur les listes d'amis ou de revues.
Je me disais par exemple que Leviathan ne manquerait pas de figurer dans ma propre liste une fois ce film vu. Que nenni : comme "arnaque de l'année", peut-être...
Me reste à voir (idéalement environ 500 films, mais passons) : Sils Maria, Mateo Falcone et Eau argentée, Syrie autoportrait. Me restait à voir, plutôt, car, surprise, je me suis laissé convaincre de tenter une nouvelle fois ma chance avec Dumont, en regardant son P'tit Quinquin. Ce n'est pas le souvenir d'un gros dossier des Cahiers qui me pousse à essayer de me dépendre de mon aversion ordinaire pour son cinéma, mais la dernière chronique de Ludovic Maubreuil dans la revue Éléments (n°154, janvier-mars 2015, p.13, « P'tit Quinqui, l'anti-Deschiens »), à propos de ce qu'il qualifie d' « alternative aux fictions françaises lisses et vertueuses comme aux productions américaines riches d'énigmes mais dénuées de mystère ».
C'est à cela que l'on reconnait, je suppose, les critiques qui comptent pour vous : ceux dont la lecture peut, d'un côté, vous forcer à réviser votre jugement, à voir d'un autre œil les films ou les cinéastes pour lesquels vous n'avez guère d'estime, de l'autre vous fortifier dans votre opinion sur tel ou tel, au point que l'ingratitude vous pousserait presque à reprocher au critique en question de s'être montré bien plus apte que vous à traduire ce que vous ressentiez confusément (en ce qui concerne Maubreuil, je pourrais citer ses textes sur WiNY, Confessions d'un dragueur ou encore les rapports entre médecine et cinéma).
Ajoutons que si Maubreuil s'est rapidement constitué un petit cercle d'admirateurs pour la finesse et la profondeur de ses analyses, elles ne furent pas dépourvues, les premières années, d'une recherche stylistique un peu trop prononcée - je forcerais énormément le trait en écrivant que ceci les rendait quelques fois à la limite de l'amphigourique, mais la lecture en était malaisée et cela risquait de rebuter. Ces derniers mois, ce critique hors pair a entrepris de dépouiller son écriture sans pour autant simplifier sa pensée. Dorénavant l'un des trois ou quatre critiques à suivre de plus près, assurément !
Je ne saurais trop encourager à lire tout aussi attentivement tout ce qui se publie, plus généralement, dans Éléments, dont le dernier numéro est passionnant de bout en bout. On n'y négligera pas toutes les si précieuses notes de lectures rédigées pour la plupart par Alain de Benoist, dans la rubrique "Cartouches". Cerise sur le gâteau, dans ce numéro, on relève une petite notation cinématographique (page 20, à propos du livre de Pierre Durand fourmillant d'informations, le Guide dissident de l'Allemagne et de l'Autriche) : « l'actrice Sybille Schmitz, grande figure du cinéma des années 1930, surtout connue pour son rôle dans Vampyr de Dreyer et le Titanic de 1943, "est enterrée dans l'Ostfriedhof de Munich, où sa tombe porte le n° 166-B-32" ! »