Mister Arkadin

STALLONE SUR LES TRACES D’EASTWOOD

24 Juin 2008, 06:13am

Publié par Mister Arkadin

J’ai esquissé dans mon article du 20 mars dernier un parallèle entre la fortune critique des films d’Eastwood et de Stallone. Le second n’a pas atteint, loin s’en faut, la vénération dont le premier fait désormais l’objet en France (plusieurs critiques, dont Michel Ciment et Danièle Heymann, ayant crié au scandale parce que sa dernière production n’a pas été distinguée par le Jury du festival de Cannes). Néanmoins, vu les réticences de la critique française sur Stallone dans les années 1980, au moment de la sortie de chacun des films de la série des Rocky, ce que Télérama écrit désormais lors de leur passage à la télévision laisse augurer une reconnaissance prochaine de Stallone comme grand cinéaste méconnu : gageons que les portes de la Cinémathèque lui seront bientôt grandes ouvertes (1).

TRA 3042, 30 avril 2008, p…, sur Rocky II, la revanche :

« Rocky apprend qu’un nouveau combat risquerait d’entraîner pour lui de graves lésions visuelles. Il épouse Adriennnnnnne, persuadé que sa carrière de boxeur est terminée. Avec une passion identique à celle du premier volet, Stallone interprète le rôle de Rocky, devenu l’idole de l’Amérique. Efficace. »

TRA 3043, 7 mai 2008, p.103, sur Rocky III, l’œil du tigre :

« Rocky est devenu champion du monde. Il profite de sa petite famille, de son fric et prend du bide. Jusqu’au jour où le sauvage Clubber le défie de remettre son titre en jeu. L’intrigue tient en une ligne, mais les combats sont toujours aussi haletants et la rage de Stallone, également réalisateur, communicative. » (1T)

TRA 3044, 14 mai 2008, p.137, sur Rocky IV :

« Alors, où en est-on ? Rocky a été champion du monde, puis plus. Il a pris du bide, puis l’a perdu et est redevenu champion. Son entraîneur est mort, son fils lui en veut, mais Adriennnnnnne est toujours là. Cette fois, l’étalon italo-américain affronte un méchant Russkoff. Le héros est vraiment fatigué, sonnez le gong ! » (0 T)

TRA 3045, 21 mai 2008, p.103, sur Rocky V :

« Rocky devient entraîneur. Mais un organisateur de combats très antipathique utilise la ruse pour lui faire reprendre les gants… Le souffle sportif s’épuise à mesure que les chiffres croissent au bout du prénom titre. » (1 T)


(1) J’ai déjà utilisé cette formule à propos de Max Pécas, sur un mode ironique. Je l’écris le plus sérieusement du monde à propos de SS.

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THE INVASION

24 Juin 2008, 00:28am

Publié par Mister Arkadin

Dans le dernier numéro de Réalités & Vaccinations, le « bulletin d’information de la Ligue Nationale Pour la Liberté des Vaccinations » (n°9, mai 2008, p.36-37, « Les hommes politiques américains seraient-ils plus lucides ou plus indépendants que les nôtres ? »), Sylvie Simon, auteur d’Autisme et vaccination. Responsable mais non coupable (Editons Guy Trédaniel) cite des propos des deux derniers candidats à la Présidentielle américaine (ainsi que d'Hillary Clinton) abordant, avec circonspection mais résolution, le lien qui pourrait exister entre les vaccinations et ce que John Mc Cain appellerait « l’épidémie d’autisme ». Barack Obama aurait déclaré le 21 avril 2008 : « Nous assistons actuellement à une explosion de cas d’autisme. Certains pensent que cette augmentation a un rapport avec les vaccins. Pour l’instant, la science n’a rien pu conclure, mais nous devons chercher et trouver. »

Ce n’est évidemment pas le lieu de prétendre pouvoir conclure pour Mr Obama, ni même de publier toutes les pièces de ce dossier sensible (1). En revanche, The Invasion, le premier film américain (avec Nicole Kidman) du réalisateur de ce monument qu’est La Chute, venant de sortir en Blue Ray, nous ne pouvons manquer de remarquer que plusieurs films récents évoquent les vaccinations (Je suis une légende, par exemple). Rarement de façon explicite, plutôt d’une façon détournée, mais néanmoins assez transparente. Ainsi, dans The Invasion, remake du chef d’œuvre Body Snatchers (L’Invasion des profanateurs de tombes), la substitution de la population par des clones dociles (des sortes de zombies, à moins que ce ne soit des autistes ?) y est-elle obtenue, entre autres, par des campagnes de piqûres systématiques. À la toute fin du film, cela va de soi, l'antidote sera une nouvelle campagne de vaccinations qui permet que tout rentre dans l'ordre pour le happy ending de rigueur. Il a beaucoup été dit que ce film avait été remonté derrière le dos d’Olivier Hirschbiegel pour des questions de forme (afin d'adapter le film aux standards hollywoodiens), mais rien n'a filtré sur l'éventuelle transformation d'un scénario peut-être plus explicitement subversif dans sa version originelle (afin de l'adapter à la version officielle en matière sanitaire ?).

Un film français récent (sorti le 19 mars), Le Nouveau protocole, étonnamment ambitieux et subtil au sein de la production nationale, a également mis en cause les grands laboratoires pharmaceutiques. Là aussi, les vaccins ne sont pas directement désignés. Apparemment, c’est même le contraire, puisque le personnage joué par Marie-Josée Croze, qui éveille le héros (Clovis Cornillac) sur l’exploitation du tiers-monde et de ses masses de cobayes par les firmes et le capitalisme mondialisé, prétend qu’il serait de leur intérêt de ne pas produire de véritables vaccins qui soigneraient les populations mondiales de toutes les maladies possibles et imaginables. Les vaccins comme panacée, serait-ce ce que les auteurs du film ont voulu nous inculquer ? Sans doute pas. D’abord parce que le héros est amené à prendre ses distances avec l’activiste altermondialiste (qui se comporte comme une frénétique de la théorie du complot), à tout le moins à ne pas prendre tous ses propos pour argent comptant ; ensuite parce que les génériques de début et de fin montrent eux aussi des campagnes de piqûres à grande échelle. Thomas Vincent, réalisateur du Nouveau protocole, explique à ce propos : « On peut leur [les laboratoires pharmaceutiques] reprocher une forme d’industrialisation du corps humain : ils enfilent des bracelets aux poignets d’enfants africains vaccinés pour leurs tests et ils numérotent les corps – ce qu’ils appellent des protocoles. Mais, dans mon film, le "protocole" est aussi celui dans lequel pénètrent les personnages principaux à partir du moment où ils abandonnent, pour chercher la vérité, le protocole qui est le nôtre : celui d’une vie bien rangée. » (Télérama, n°3036, 19 mars 2008, p.54).

Une pensée alternative sur la santé publique, et notamment les vaccinations, commencerait-elle à pointer le bout du nez, même de façon prudente et contrariée, dans les productions cinématographiques (destinées au grand public qui plus est) ? Si tel était bien le cas, il s’agirait là d’un exemple de plus de la manière dont le cinéma peut faire passer des "messages" en contrebande, à défaut de pouvoir faire propagande de façon trop directe (ce dont il ne s’est d’ailleurs pas privé tout du long de son histoire !).


Lien complémentaire :

(1) « Autisme : des facteurs sous estimés, des évidences trompeuses, des causes difficilement avouables ».

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QUEL CINÉPHILE SUIS-JE (bis) ?

23 Juin 2008, 14:38pm

Publié par Mister Arkadin

Pour présenter quel cinéphile je suis, j’ai publié le 7 janvier dernier mes réponses à un « Questionnaire cinéphilique » que j’avais adressées à Françoise De Paepe en janvier 2003. Ce questionnaire en avait suscité un second, constitué par les questions suggérées par les cinéphiles qui suivaient le magnifique site "Cinerivage.com", disparu depuis la mort de son animatrice. Voici quelques réponses que j’avais préparées, restées inédites, et qu’il faudrait que je complète un de ces jours (je donne l’ensemble des questions, même celles auxquelles je n’ai pas répondu, si cela amuse certains lecteurs de jouer eux-mêmes le jeu du questionnaire). Venant de relire les copieuses, truculentes et très pertinentes réponses qu’avait données Jean-Pierre Bouyxou au même questionnaire, les miennes me paraissent aussi maigrelettes que pauvres. Baste ! Elles feront l’affaire, en espérant que celles de Bouyxou soient un jour publiées.


Réponses au Questionnaire (bis) de Françoise De Paepe

1.    Quelle est la plus belle introduction cinématographique ? Plan, scène, ou encore, générique ? (Question de Marnie)

La première séquence du second Batman (Tim Burton) ; The Magnificient Ambersons.

2.    Un décor naturel ou une ville ou un pays, que vous avez découvert au cinéma et qui vous a séduit(e) au point de vous donner l’envie d’y aller voir, un jour ? (Question d’Emilia Marchant)

Taïpeh. Au point que j’avais demandé s’il était possible d’y faire son service militaire en tant que coopérant. Hélas, les relations diplomatiques avec ce pays non reconnu par l’ONU ne sont pas assez développées pour que ce projet ait pu avoir un début de réalisation.

3. Vous souvenez-vous de votre premier film « enfants non-admis » ? (Autre question d’Emilia Marchant)

Ne sais plus.

4.    Le plus beau baiser ? (Question de Jean-François Pluijgers)

Dans la salle ou sur l’écran ?

Il faudrait demander à Montherlant, qui répondit à un questionnaire publié juste après guerre par la revue Saint-Germain des Prés :

……………………….

5. Un exemple flagrant de miscasting ? Et, au contraire, un rôle allant comme un gant à un acteur ? (Question de Marlène Pilaete)

Première question : ai déjà répondu à propos du Pianiste.

6. Un des plus beaux mouvements de caméra ? (Question de Jean Leirens)

La scène du meurtre dans Good Men, Good Women.

7.    Le plan le plus hallucinant ? (Question de Pierre-Paul Renders)

Le dernier plan de Stalker (déjà mentionné dans le précédent questionnaire).

Le plan du meurtre dans Good Men, Good Women.

8.    Un réalisateur [ou un acteur, un film] sous-estimé ou à réhabiliter ? (Question de Louis Danvers)

Une actrice : Martine Carol, par exemple dans Nathalie, vu à l’été 2003.

Germaine et Benjamin, de Doillon, avec Anne Brochet et Benoit Régent.

Angel, d’Ernst Lubitsch, rarement cité parmi ses meilleurs films.

Le Grand alibi, d’Alfred Hitchcock.

9.    Quel est pour vous le film le plus subversif ? (Question de Noël Godin)

D’accord pour La Rivière de Tsaï Ming-Liang [si mes souvenirs sont bons, j’avais écrit « D’accord » car l’auteur de la question pouvait avoir accompagné sa suggestion de sa propre réponse]

10.          La politique des auteurs vous semble-t-elle encore une clé valable pour juger le cinéma d’aujourd’hui ? (Question de Henri Sonet)

« Si dans les années 50, des critiques ont dû âprement polémiquer pour imposer le concept de "politique des auteurs", n’est-ce pas parce que le cinéma, art encore très jeune alors, était proche de son origine impure, entaché par ses débuts forains ("un divertissement pour les troufions et les bonniches"). » (Henri Sonet)

La question est trop vaste pour répondre dans ce cadre. Il faudrait de toutes façons au préalable établir une généalogie de la notion d’auteur de film, que d’aucuns ont déjà esquissé (Alain Carou, Christophe Gauthier, Jean-Jacques Meusy, etc.), mais qu’il faudrait poursuivre.

11.          Quels sont les gens que vous jugez essentiels et que vous n’avez pas eu l’occasion de citer ? Les bons, les vrais. (Question de Jean-Marie Buchet)

……………..

12.          Penser que tout a été dit en matière de cinéma et ce, depuis cinquante ans, est-ce forcément une manifestation de passéisme ? (Question de Maurice Einhorn)

………………

13.          Quel est le cinéma qui vous manque aujourd’hui ? Qu’est-ce qui n’a pas encore eu sa place au cinéma ? (Question de Sébastien Verkindere)

………………

14. Quel film regrettez-vous de ne pas avoir vu ? (Question de Stephan Streker)  Quels sont les films que vous n’avez pas vus et que vous voudriez voir ? (Question de Gérard Lenne)

Quelques films pornos des années soixante-dix, par exemple Derrière la porte verte (dont j’ai cependant récupéré une version numérique).

Je regrette surtout de ne pas avoir le temps de TOUT voir, mais aussi de tout retenir de ce que j’ai vu.

« La question de Stephan Streker est plus floue. On peut penser qu’il s’agit de films qui n’ont jamais vu le jour malgré un état avancé du projet » (FdeP) ; on peut penser aussi aux films disparus.

15.          Pour quel genre de films avez-vous le plus d’indulgence ? (Question de Romain Hannebert)

…………………

16.           Y a-t-il une salle de cinéma qui vous ait particulièrement marqué(e) ? (Question d’Eric Russon)

Des séances dans telle ou telle salle (cf. réponses au précédent questionnaire), mais peu de salles en particulier.

Exemple : le Grand Action de la rue des Ecoles (à Paris), où, pour la première fois, adolescent, je suis resté à plusieurs séances de suite. Je me souviens même avoir demandé à l’ouvreuse si c’était permis. Il s’agissait de Mister Arkadin

Au risque de choquer les cinéphiles purs et durs (et surtout conformistes à mes yeux), j’avoue volontiers apprécier tout particulièrement le multiplexe qui s’est ouvert il y a deux ou trois ans à deux pas de chez moi. Cela fait certes moins chic que de mentionner tel cinéma lilliputien d’un quartier périphérique. Mais les seize salles y sont toutes grandes et confortables, avec des conditions de projection excellentes ; le choix de films est vaste (quoiqu’il se restreigne quelque peu ces derniers temps) ; le public y est, dans l’ensemble, respectueux ; le personnel aimable ; les séances spéciales assez nombreuses ; la VO prédominante ; les films de tierce cinématographie assez nombreux (j’y ai entendu de l’allemand, de l’espagnol, du russe, de l’hébreu, de l’arabe, de l’italien, etc.).

17.          Les succès en salle, de foule ou critique qui vous ont vraiment choqué(e) ? (Question Véronique Kirszbaum)

Le Cercle des poètes disparus.

Gus van Sant (et beaucoup d’autres) : me choque moins que me navre.

18.           Si vous étiez acteur, quelle période ? Quel film ? (Question d’Anne-Cécile Brandenbourger)

N’importe quel film avec Marie Gillain.

19.          Quel rôle vous colle le plus à la peau ? (Question de Pierre De Paepe)

Plusieurs de James Stewart.

20.          Si vous aviez pu réaliser un et un seul film existant, lequel serait-ce ? (Question Franco Delvecchio)

A Brighter Summer Day.

21.          Le meilleur film en noir & blanc ? (Question de Christian Lebrat)

Dead Man (photo de Robbie Muller).

22.          La plus belle lumière ? (Question de Paul-Hervé Mathis)

………………

23.          Qu’est-ce qui vous exaspère le plus au cinéma ? (Question de Damien Marchal)

Ne pas avoir le temps de tout voir et, par conséquent, de devoir sélectionner, alors que ne me satisfait aucun critère de choix (car il en faut bien, même si l’on se défend que cela soit tel ou tel qui nous guide – affiche, bande-annonce, acteurs, entretiens promotionnels, résumé de l’intrigue lu ou entendu ici ou là, bouche-à-oreille, critiques, que sais-je encore ?).

24.          Qu’est-ce qui vous exaspère le plus dans la critique cinématographique ? (Question de Christian Collin)

Son amnésie.

Regrette qu’il n’y ait pas une ou deux questions de plus sur la critique ou les écrits de cinéma, puisque, manifestement, les personnes fréquentant ce site, cette rubrique en tout cas, aiment lire et écrire sur le cinéma, et non seulement voir des films (peut-être pas autant qu’André S. Labarthe, qui dit un jour à Claude Jean-Philippe dans un documentaire sur les Cahiers du cinéma qu’il aimait autant lire sur le cinéma que voir des films).

Par exemple : une critique vous a-t-elle un jour donné une impérieuse envie de voir un film ?

25.          Le plus beau décor ? (Question de Marie Baudet)

………………

26.          Avez-vous découvert au cinéma un certain genre de musique ? Avez-vous connu une expérience si forte qu’elle vous pousse désormais à associer les images d’un film à cette musique ? (Question Isabelle Corbisier)

………………

27.          Y a-t-il un livre que vous souhaiteriez voir adapté à l’écran ? Ou alors, surtout pas !!! (Question de Françoise De Paepe)

Parmi mes livres préférés, certains ont tenté les cinéastes et scénaristes. Je me réjouis que ces projets n’aient pu voir le jour. C’est le cas, en particulier, du Parfum, de Patrick Süskind [depuis, un film allemand est sorti en France, que je me suis abstenu d’aller voir] : Patrice Leconte y aurait renoncé et considérerait que le Parfum d’Yvonne en tient d’une certaine façon lieu. Cela tombe bien : c’est le film de Leconte que je préfère. J’ai appris que Jacques Audiard rêvait d’adopter le Voyage au bout de la nuit, de Louis-Ferdinand Céline. Mon soulagement est plus grand encore dans ce cas-là, quoique ce roman en tentera certainement d’autres (voir sur ce point l’article que je mentionne ici).

28.          Quel mauvais film que vous avez toutes les raisons de détester, voire de mépriser, ne pouvez-vous vous empêcher d’aimer quand même ? (Question de Jean-Pierre Bouyxou)

Un film que je voudrais mentionner bien que (ou parce que ?) je suis sûr de me faire honnir des cinéphiles, en particulier ceux de « Cinérivage » (n’est-ce pas JPB ? il vous sera difficile après cela de trouver « intelligentes » mes réponses !) : Les Tricheurs, de Marcel Carné, vu, circonstances aggravantes, quand j’avais à peu près l’âge des personnages.

U-Turn d’Oliver Stone.

Les Grands ducs et Le Parfum d’Yvonne de Patrice Leconte.

Mon père ce héros de Gérard Lauzier.

29.          Comment êtes-vous devenu cinéphile? (Question de Robert Cappadoro)

Peut-être des origines familiales, puisque j’ai cité presque tous les membres les plus proches de ma famille dans le précédent questionnaire (ma grand-mère, ma mère, mon frère, auxquelles on pourrait ajouter l’une de me tantes, à laquelle j’ai dédié le livre que j’ai publié fin 2003).

30. La cinéphilie n’est-elle pas futile ? (Question de Jean-François Houben)

………………

31. Quel film auriez-vous aimé vivre ? (Question de Gregory Crenn)

………………

32.          Revoir un film aimé, n’est-ce pas courir le risque d’être déçu ou, davantage, se rendre compte que l’on a changé, que l’émotion n’est plus aussi forte que dans son souvenir… que l’on a vieilli (beaucoup) et vécu (trop peu) ? Et que le film est déjà presque terminé ? (Question de Jean-Pierre Deloux)

Question très pertinente, et qui comporte sa propre réponse, tout aussi pertinente.

Point déjà évoqué dans le premier questionnaire, notamment à la question 2.

33.          Le film que vous aimeriez voir avant de mourir ? (Question de Gael Le Bellego)

It’s a Wonderful Life (Frank Capra).

34.          Pourquoi allez-vous au cinéma ? (Question de Laurent Aknin)

Quelqu’un qui se demande pourquoi il va voir la femme qu’il aime devrait sans doute se demander ce qu’il en est vraiment de son amour. Aussi cette question ne se pose-t-elle pas pour moi.

35.          Qu’est-ce que le cinéma ? (Question de Gilles Esposito)

...........................             

Retour sur le questionnaire précédent :

Ry Cooder, la B.O. de Paris Texas : la longue plage de la rencontre finale.

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LES CRITIQUES AUXILIAIRES DU MARKETING

22 Juin 2008, 06:32am

Publié par Mister Arkadin

Les publicistes du cinéma rivalisent d’ingéniosité pour embrigader les critiques dans la promotion de leurs films. Ainsi est-il devenu presque systématique que des phrases des comptes rendus soient habilement prélevées pour vanter les films dans les placards publicitaires paraissant dans la presse. C’est fait de façon si astucieuse que même une critique négative peut se transformer en éloge en sélectionnant tel bout de phrase tronquée ! Une analyse de ce phénomène mériterait un petit travail universitaire, tant cette pratique renseigne aussi bien sur la représentation que se font les gens de cinéma des goûts du public et de ce qui peut inciter ce dernier à se rendre en salles et sur le clivage existant entre différents types de cinéma selon qu’ils sont soutenus par telle ou telle partie de la presse. Pour tel type de film, seront convoqués Libé et Les Cahiers, pour tel autre Le Parisien et Ciné Live.

L’une des caractéristiques les plus fréquentes (et récentes ?) de ce type de marketing est que l’avis de la presse est convoqué avant même la sortie du film en salles. Quand celui-ci a déjà été montré dans un festival, on peut imaginer que cet avis a été prélevé au moment du compte rendu de Venise, par exemple, comme dans le placard publicitaire ci-contre (Télérama étant mobilisé pour Brokeback Mountain, y compris son Ulysse, alors que celui-ci ne se manifeste normalement qu’à la sortie des films). Mais, désormais, un film n’ayant pas été présenté en festival, tel Sagan, peut bénéficier des dithyrambes journalistiques avant même la publication des critiques, comme ce fut le cas sur le placard découpé dans Le Figaro du 9 juin 2008, soit deux jours avant la sortie du film de Kiane Kurys, alors qu’au moins deux des publications cités, Télérama et Les Inrocks, n’en avaient pas encore rendu compte. Comment les publicitaires du cinéma se procurent-ils les textes à paraître et pourquoi les journaux acceptent-ils d’être utilisés avant même que le public ait pu lire l’intégralité de leurs comptes rendus ? Ce n’est hélas, et paradoxalement, que l’un des signes de la perte de considération qui touche la critique française.

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D’UN ZUCCA L’AUTRE

20 Juin 2008, 23:33pm

Publié par Mister Arkadin

Alouette, je te plumerai (1987) est diffusé en ce moment sur les chaînes du bouquet Cinécinéma Star. Ce film a été réalisé en 1987 par Pierre Zucca, cinéaste auquel Éric Rohmer a récemment rendu hommage en menant à bien une adaptation de l’Astrée d’Honoré d’Urfé que Zucca avait dû abandonner.

C’est l’occasion de revenir rapidement sur l’exposition de la Mairie de Paris qui a fait tant scandale, parce qu’elle aurait « perpétué la propagande nazie ». Le fauteur de trouble n’est autre que le père de Pierre Zucca, André Zucca, dont les photos en couleurs prises à Paris sous l’Occupation auraient dû, selon les contempteurs de l’expo, être plus explicitement dénoncées dans les panneaux explicatifs les accompagnant.

Moult arguments ont été échangés de part et d’autre, et les organisateurs de l’exposition ont dû revoir leur copie pour apaiser quelque peu la fureur des autorités municipales. Il a notamment été jugé naïf par les spécialistes de la photo de considérer que des images parlaient par elles-mêmes et qu’une contextualisation rigoureuse n’était pas indispensable. Sans doute. Deux remarques cependant :

- la photo que je reproduis ci-contre, par exemple, ne fait-elle déjà pas suffisamment froid dans le dos à elle seule, sans qu’il soit nécessaire d’en rajouter par un commentaire redondant ?

- il est surprenant de constater à quel point plus les enfants de France accèdent de plus en plus aisément et en plus grand nombre à l’enseignement supérieur, plus l’éducation pour tous est prolongée indéfiniment, plus il est jugé indispensable de nous abreuver d’explications en tous genres (Renaud Camus remarque ainsi qu’aucun nom ne peut quasiment être cité dans la presse sans que soit précisé de qui il s’agit), plus l’ignorance est supposée, plutôt que la connaissance, de même que les ouvrages de sciences humaines se vendent infiniment moins que dans les années 1970, avant la massification de l’éducation.


Information et liens complémentaires :

- La revue Vertigo publie un dossier sur Pierre Zucca dans son dernier numéro.

- L'émission "Arrêt sur images" sur cette exposition.

- http://www.ericrohmer.com/cine/astree-fr.shtml

 


Complément (25 août 2009) : Daniel Cordier a été interrogé sur cette exposition dans l'entretien qu'il a accordé récemment à l'émission "Arrêt sur images". Il s'est dit pas du tout choqué, y reconnaissant très bien Paris tel qu'on pouvait la voir à l'époque. Pour ceux qui ne seraient pas abonnés à ASI, voici un extrait de ses propos (tels que retranscrits sur le site d'ASI) : « Avant 1943, je n'ai jamais vu une arrestation ! On ne voyait rien. La vie était normale : les Champs-Élysées, Opéra, la Madeleine étaient des quartiers riches, où les gens étaient aux terrasses des cafés et dépensaient beaucoup d'argent. [...] Ces photos m'ont remis en mémoires des choses qui étaient très vivantes : Paris était comme ça. Les gens vivaient... »

 

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PHÉNOMÈNES

20 Juin 2008, 23:31pm

Publié par Mister Arkadin

La troisième note que j’ai ajoutée à mon article « Beaucoup – Pas du tout » pourrait laisser penser qu’aucun film ne trouve grâce à mes yeux et que je ferais mieux d’occuper mes loisirs ailleurs que dans des salles de cinéma. Je m’empresse donc de signaler le premier film qui m’a marqué depuis un bail, depuis L’Heure d’été si mes souvenirs sont bons, quand bien même je n’ai pas grand-chose à en dire (quel dommage que l’admiration inspire souvent moins que l’exécration !...) et qu’il me faudrait le revoir pour mieux l’évaluer. Il s’agit du dernier Shyamalan, Phénomènes (The Happening). Un Shyamalan, assurément, avec son cortège de mystères, de personnages désorientés et d’angoisse diffuse, à tel point que les fans ne s’y retrouvent pas, à force d’y retrouver le même univers que dans les précédents films. Ainsi un lecteur des Inrocks écrit-il sur leur site : « Un air de déjà vu ou presque, qui risque de décevoir les addict de Shyamalan mais qui conviendra probablement aux novices (s’ils subsistent !). Please... Mr M. Night Shyamalan, don’t sold your soul to the devil ! Don’t let money rule your creativity ! it’s so precious...”

Peut-être est-ce parce que je suis l’un de ces "novices", n’ayant vu que deux ou trois Shyamalan et ne les ayant que modérément appréciés, que celui-ci m’a fasciné. J’ai du mal à comprendre pourquoi, la seule explication que je trouve est que j’ai constamment eu l’impression en voyant ce film que le cinéma était le seul moyen d’expression apte à rendre captivante et sensuelle une telle histoire, à faire ressentir par le spectateur ce que les personnages ressentent eux-mêmes. Je ne puis trouver une manière moins banale de rendre compte du talent de Shyamalan, dont la mise en scène me semble d’autant plus impressionnante que, contrairement à la majorité de ses films, qui s’achèvent sur un grand rebondissement en guise d’explication magistrale, tous les indices permettant de comprendre quels sont les "phénomènes" qui préoccupent les personnages nous sont donnés très rapidement. Si suspens il y a, il est similaire à celui des Oiseaux. Nous sommes promptement informés que c'est la végétation qui s’en prend aux humains, mais, au fur et à mesure du film, elle traque de plus en plus près les personnages principaux, de la même façon que les oiseaux d’Hitchcock étaient de plus en plus nombreux, de plus en plus gros, de plus en plus méchants (pour paraphraser François Truffaut). C’est donc moins la résolution de l’énigme qui intéresse ici Shyamalan, même s’il ne se prive pas de filmer le processus de réflexion de son personnage principal, interprété par le décidément formidable Mark Wahlberg, que sa perception des choses, que ses tentatives d’être à l’écoute de la nature tout en se déprenant de son emprise.


Bande-annonce du film.

Entretien avec Shyamalan.

 

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CINÉMA ET ÉDUCATION

20 Juin 2008, 14:23pm

Publié par Mister Arkadin

Les rapports entre Cinéma et Éducation, qui ont été mis sur le devant de la scène au dernier festival de Cannes, font l’objet d’un bel article de notre ami Michel Gasqui dans le dernier numéro de « la revue des amateurs de cinéma », CinéScopie (n°10, juin 2006) (1), qui se concentre sur le cas de Célestin Freinet. Est reproduite la couverture d’un numéro de la revue BT sur L’École Buissonnière, film inspiré de son parcours. L’occasion de dresser une petite liste des dossiers sur ce thème publiés par les périodiques français (non spécialisés en cinéma).


BT (« Collection de brochures hebdomadaires pour le travail libre des enfants », Coopérative de l’Enseignement Laïc (C.E.L.)) : « L’École Buissonnière » (d’après le scénario écrit par Elise Freinet pour le film de Jean-Paul Le Chanois), n°100, 22 janvier 1950.

BTj (« Bibliothèque du Travail pour les petits », Coopérative de l’Enseignement Laïc (C.E.L.)) : « Notre cinéma à nous », n°200, mars 1981.

Cahier de pédagogie moderne (Bourelier éditeur) : « Le film au service de la première éducation » (congrès des Écoles Maternelles réuni à Toulouse en juillet 1952 ; avec notamment des textes de R.Zazzo, G.Falcucci, M.Thomet), 1954.

Cahiers pédagogiques pour l’enseignement du second degré (10 numéros par année scolaire, publiés par l’A.N.E.C.N.E.S. (Association des éducateurs des classes nouvelles), Lyon, gérant François Goblot) : « Le cinéma et l’enseignement » (textes réunis par Jean Delannoy (professeur au Lycée de Biarritz), d’André Bazin, Jean Woeffel, Jean Delannoy, Pierre Valette, Marcel Chantry, Henri Agel, Gratien Leblanc, Mme de la Mure, M. Jacquemart, Marcel Piponnier, Michel Décaudin, Albert Laplanche, Z (directeur de salle), Jean Cléro, un militant, Pierre Chambre, Jean Michel, Paul Sauvadet, R. Limbourg ; exposé de B. Georgin, M. Fuzelier, M. Grand-Bois ; comptes rendus d’exposés de Mme Gratiot-Alphandéry par F. Ameline, d’André Bazin par J. Woelffel, de M. Loucheur par F. Goblot), n°9, 15 juin 1949, p.238-280.

Cahiers Pédagogiques (« Pour les enseignements de second degré », « revue mensuelle publiée par le Comité Universitaire d’information pédagogique », Paris) : « La culture cinématographique et l’enseignement » (réd. Jean Delannoy ; « La culture cinématographique, cela existe » [« Un art majeur », « Les genres », « L'écran, fenêtre ouverte », « Cinéma et littérature »] ; « L'enseignement du cinéma : problèmes, dangers » [« Le but », « Une nouvelle scolastique ? », « Un point controversé », « Dans le plan des études », « Le travail des élèves », « Le professeur », « Problèmes matériels », « A l'étranger »]), 16ème année (n°5), n°26, 15 mars 1961, 144 p.

Cahiers Pédagogiques (« Changer la société pour changer l’école, changer l’école pour changer la société… », dir. pub. Abel Vintrou, réd. chef Cécile Delannoy, C.R.A.P., cahiers de la Fédération de Recherche et d’Action Pédagogique, Paris) : « Le cinéma » (dossier réalisé par Guy Borreli ; textes de Guy Borreli, J.-A. bizet, B. Laplagne, J. Blanchard, Mlle Prats, R. Rabojac, M. Perez, M. Bellot, M. Binestruy, Ph. Merrieu, Jacques Blaize, Yves Texier), n°154, mai 1977, p.7-30.

Cahiers Pédagogiques (mensuelle, « Changer la société pour changer l’école, changer l’école pour changer la société… ») : « Le cinéma à l’école » (dossier préparé par Monique Laffont), 43e année, n°240, janvier 1986 (un dessin de Marilyn Monroe en couverture, par Max Dupuy).

École des lettres (L’) (« des collèges », revue bimensuelle éditée par l’Ecole / l’école des loisirs, Paris, prés. Jean Fabre, dir. pub. Jean-Louis Fabre, dir. réd. Claude Riva, réd. Michèle Filatoff) : « Cinéma au collège » (« Vers l’analyse filmique » ; « L’opération Collège au cinéma » dans un collège de la Drôme » ; « Cinéma et bande dessinée » : « Le cinéma au collège, un instrument pédagogique, culturel et formateur : "Les Visiteurs du soir", de Marcel Carné » ; « Jacques Prévert, du texte au film » ; « De l’image au texte : un exercice de transposition à partir de "L’Ours", de Jean-Jacques Annaud » ; « Utilisation d’une séquence cinématographique dans l’apprentissage d’un paramètre narratif : la focalisation » ; « L’adaptation comme détournement de scénario » ; « Du texte au film : "Des souris et des hommes", de John Steinbeck » ; « Comment faire l’analyse filmique du "Danton", d’Andrzej Wajda » ; « "Contre l’oubli" : exploitation interdisciplinaire de courts métrages d’Amnesty international » ; « De l’utilisation du péplum en cours de latin » ; textes de Serge Vincent, Dominique Renard et Jacques Joubert, Daniel Salles, Michel Thiébaut, René Coppolani, Béatrice Roussel, Bruno Rémy, Dominique Galaup-Pertusa, Francis Vanoye, Anne-Marie Baron, Janine Hugodot et Jean Perlain, Martin Barnier), 86e année, n°12, 15 juin 1995, 176 p.

École des parents : « Contenu familial et social des films actuels » (textes de G.Friedmann, Edgar Morin, L.Brams), n°4, février 1956.

Éducateur (« Pédagogie Freinet », ICEM (Institut Coopératif de l’Ecole Moderne), dir.pub. E. Freinet, Cannes) : « Cinéma et Télévision. L’emploi des moyens audiovisuels » (par Pierre Guérin et la commission des « Techniques Sonores » de l’ICEM ; « Généralités » ; « Techniques et moyens » et « L’illusion de la modernisation de l’école par la seule introduction des moyens audiovisuels », par Pierre Guérin ; « L’éducateur doit se sentir concerné par l’audiovisuel », par P. Le Bohec ; « Le cinéma » ; « Des efforts dans le passé », « Le 8 mm muet », « Le 16 mm sonore », par Pierre Guérin ; « Le icnéma à l’école ? Pourquoi pas », par C. Charbonnier ; « La caméra, antidote du cinéma », par A. Hymon et M. Tabet), n°30-31, « Les dossiers pédagogiques », supplément au n°6, 1er mars 1968, 48 p.

Éducateurs (« Revue des problèmes de l'enfance », Service central de recherche et d’action pour l’enfance, Paris, revue bimestrielle, dir. Jean Pihan, réd. Louis Raillon) : « L’éducateur chrétien en face du cinéma » (compte rendu des journées d’études du 16 au 19 juillet 1951 ; « L’éducateur chrétien en face du cinéma », éditorial ; « Allocation d'ouverture des Journées Nationales d'études », par Mgr Hamayon ; « Le cinéma, dimension nouvelle » et « L'Humanisme cinématographique », par Henri Agel ; « Comment on fait un film » et « Le cinéma est aussi une industrie », par Jean-Louis Tallenay ; « Les professions du cinéma », par Maurice Costadau ; « Le cinéma peut-il être un instrument d'enseignement ? », par Pierre Faure ; « Y a-t-il un cinéma pour enfants ? », par Claude Macke ;  « La santé des enfants et leur équilibre psychique en face du cinéma », par le Dr Paul Le Moal ; « Ce qu'il faut savoir du Cinéma d'hier pour comprendre le Cinéma d'aujourd'hui », par Denis Marion ; « Les tendances acuelles du cinéma », par Emmanuel Flipo ; « Conclusions des Journées d'études »), n°37, janvier-février 1952, p.1-115.

Éducateurs (Service central de recherche et d’action pour l’enfance, Paris, Éditions Fleurus) : « Le Son, l’Image et l’Enfant » (avec notamment « L’enfant, l’image et le monde », par Elisabeth Gérin, et « La caméra, instrument pédagogique »), n°60, novembre-décembre 1955.

Educateurs (Paris, Service Central de Recherche et d’Action Pour l’Enfance, dir. Jean Pihan, réd.chef Louis Raillon) : « Connaissance du cinéma » (éditorial (« Le Cinéma et nous ») ; textes de Claude Macke (« Connaissance du Cinéma »), Jean Morienval (« L’Enfant devant le Cinéma »), Henri Agel (« Le Ciné-Club du lycée »), Jean Chazal (« Cinéma et délinquance juvénile »), Guy Sinoir (« Quelques idées sur une enquête »), Jacqueline Meinrath (« Le Contrôle des films et la protection de la jeunesse »), Jean Legeais (« Une expérience de Ciné-Club en Algérie : Studio Jeunesse ») ; textes et documents ; bibliographie ; organismes de cinéma), n°26, (mars-avril ?) 1950, (p.81-184 ?) 112 p. (également publiée en tiré à part).

Éducation 2000 (Centre d’information sur les techniques d’enseignement, Institut supérieur de pédagogie de l’Institut catholique de Paris) : « Pour un cinéma auquel les enfants ont droit », n°13, été 1979.

Éducation 2000 : « Audiovisuel / Communication / Pédagogie » (« Cinéma – Histoire – Enseignement » ; dossier conçu par Jacques Montaville, réalisé en collaboration avec François Garçon et Gilles Delavaud ; entretiens avec Marc Ferro, René Allio, Marcel Ophüls et Eric Rohmer ; articles de Rémy Pithon, Pierre Sorlin, Jean-Pierre Jeancolas, Jean-Pierre Bertin-Maghit, Roger Viry-Babet, Pierre Guibbert, Jacques Grant, Jean-Jacques Varret, Jacques Cléry, Marie-Christine Alamargot, Bernard Pretet et Christiane Turpin ; bibliographie de François Garçon), n°18, mars 1981, 128 p.

Études religieuses (La Pensée Catholique (Liège) / Office Général du Livre (Paris)) : « Éducation cinématographique » (par Robert Claude, s.j.), n°662-663, août 1949, 64 p.

Libération (quotidienne, Paris, dir.pub./réd. Laurent Joffrin ; www.liberation.fr) : « Après la Palme d’or. École, la nouvelle star » (« Montrer », éditorial de Didier Pourquery ; « "Entre les murs" : l’éclat de l’école », par Véronique Soulé ; « A Françoise-Dolto, les élèves fiers de leurs copains », par Cordélia Bonal ; « Bégaudeau a su sortir de l’imprécation », entretien avec François Dubet ; « Il ne faut pas prendre le film comme un modèle », entretien avec Marie-Françoise Nonnon ; « La palme avait tout juste », par Didier Péron ; « Les profs et la palme », par Fabrice Rousselot), 27 mai 2008, p.1-4.

Monde de l’éducation (Le) (mensuelle, Société éditrice du Monde, Paris, dir.pub. Jean-Marie Colombani, réd.chef Brigitte Perucca) : « La classe en images » (série de dix articles de François Bégaudeau sur le tournage du film Entre les murs, réalisé d’après son roman ; « L’organisation du chaos », « En attendant le peuple », « Je ne sais plus où j’habite », « "Ouais" », « Au taquet », « Répétition impossible », « Le vrai ne ment pas », « Comme elles viennent », « C’est bon comme ça » et « Faire droit »), du n°350, septembre 2006, au n°359, juin 2007.

Parisien (Le) (quotidienne) : « La Palme d’or des gamins de Paris ("Entre les murs" triomphe à Cannes) » (« La France donne un coup de jeune à la Palme d’or », par Pierre Vavasseur ; « Qu’avez-vous retenu de ce 61e Festival », propos de Régine Lartigue, Sandrine Goslin, Yoni Zaoui, Benjamin Doche, Odile Bufflier ; « Le sacre d’un cinéaste engagé », par Alain Grasset, Hubert Lizé et Pierre Vavasseur ; « Un cas d’école nommé Bégaudeau », par Pierre Vavasseur ; « Les mots me manquent », propos de Aïssata, « une mère remplie de fierté » ; « C’est un truc de malade ! », par Fanck, « l’un des collégiens d’"Entre les murs" »), 26 mai 2008, p.1-3.

Pédagogie (« Éducation et culture », « Revue pour les parents et pour les maîtres », Centre d’études pédagogiques, Paris) : « Le cinéma » (textes de Pierre Chambre, Robert Couffignal, Dr Antoine Pierson, Maurice Rigaux, R. P. Claude, F. Cocquerez ; enquête et documents), n°9, novembre 1949, p.509-564.


Note et liens complémentaires :

(1) A lire également (entre autres) la présentation d’un site sur les revues de cinéma (qui devrait bientôt comporter un dictionnaire des critiques) et le récit sur la drôle de guerre du cinéma, par Roger Icart.

- Quelques liens sur Cinéma et Éducation :

Film et Culture : le cinéma à l'école

Base nationale d'éducation à l'image

Zéro de Conduite : l'actualité éducative du cinéma (blog)

Cinematographe et mouvement Freinet 1927-1940

Le Web pédagogique - Cinéma - L. Hansen-Love

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CINÉMA ET RADIO : SEMAINE DU 21 JUIN 2008

19 Juin 2008, 10:14am

Publié par Mister Arkadin

Rattrapage :

Vendredi 20 juin 2008, de 09h00 à 11h00, Radio Classique : « Musiques de stars » (Olivier Bellamy), avec les acteurs Marie-Anne Chazel et Michel Blanc – Rediffusion le samedi 21 juin de 10h00 à 12h00


Voici la liste des émissions radiophoniques sur le cinéma de la semaine à venir :

Samedi 21 juin 2008, de 17h03 à 18h00, France Inter : « Système disque » (Valli), sur le cinéma et la musique, avec Vladimir Cosma

Samedi 21 juin 2008, de 22h05 à 0h00, France Inter : « Alternatives » (Laurence Pierre), sur « les B.O. de films afro-américains des années 70 »

Dimanche 22 juin 2008, de 11h00 à 12h00, Europe 1 : « Tu l’as dit, Baffie » (Laurent Baffie), avec l’acteur Alain Chabat, pour le film La Personne aux deux personnes

Dimanche 22 juin, de 22h10 à 23h30, France Culture : « ACR » (« Atelier de création radiophonique », Philippe Langlois et Frank Smith), essai radiophonique d'Elisabeth Butterfly « le journal d'Alphonse, le dernier film de François Truffaut » et  quelques instructions inédites de Jean-Luc Godard à son monteur pour le film Passion

Lundi 23 juin 2008, de 11h05 à 12h30, France Inter : « Le fou du roi » (Stéphane Bern), avec Éric et Ramzy pour leur film Seuls Two

Lundi 23 à vendredi 27 juin 2008, de 20h00 à 20h30, France Culture : « A voix nue » (Marc Voinchet), avec l’actrice Line Renaud

Mardi 24 juin 2008, de 9h10 à 9h35, France Inter : « Esprit critique » (Vincent Josse), sur le film Gomorra

Mardi 24 juin 2008, de 16h30 à 16h55, RCF : « Souvenirs Souvenirs » (Gwénola Fouchérand), avec l’actrice Line Renaud

Mardi 25 juin 2008, de 9h10 à 9h35, France Inter : « Esprit critique » (Vincent Josse), Eva Bettan sur le film Valse avec Bachir

Mercredi 25 juin 2008, de 14h30 à 16h00, RTL : « La tête dans les étoiles » (Laurent Boyer), avec l’actrice Michèle Morgan

Jeudi 26 juin 2008, de 11h05 à 12h30, France Inter : « Le fou du roi » (Stéphane Bern), avec les acteurs Virginie Ledoyen et Pascal Elbé pour le film Mes amis, mes amours

Vendredi 27 juin 28, de 21h00 à 21h55, RCF : « Médiagora » (Claude Carrez), avec Guillaume Deheuvels (enseignant et membre du jury de l’Éducation nationale au Festival de Cannes) et Robin Renucci (président de ce jury)


Rappel : Grille des émissions de radio spécifiquement consacrées au cinéma

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ANDRÉ GILLOIS (MAURICE DIAMANT-BERGER, 1902-2004)

19 Juin 2008, 06:42am

Publié par Mister Arkadin

Il y a quatre ans disparaissait André Gillois. Voici la nécrologie que j’ai publiée dans le n°295 de la revue Jeune cinéma (mars-avril 2005, p.70-72).

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« Mort un 18 juin… » (le 19 selon Le Monde…), a titré l’année dernière Le Figaro à propos d’André Gillois, né Maurice Diamant-Berger en 1902. Cette référence était à la fois bien venue et un peu réductrice. Entré très précocement dans l’action clandestine, André Gillois se rendit en effet en 1942 à Londres où, ayant été l’un des pionniers des émissions radiophoniques dès les années 1930, il devint, à la BCC, l’un des principaux animateurs de l’émission « Les Français parlent aux Français ». Toutefois, il ne s’est jamais considéré comme gaulliste et, s’il remplaça Maurice Schumann comme porte-parole du général de Gaulle le 1er juin 1944, il ne s’engagea pas pour autant en politique une fois rentré en France, préférant reprendre son œuvre de médiateur culturel. Après l’édition dès les années 1920 (du journal de Jules Renard notamment), il se consacra plus spécifiquement à la radio et à la télévision, auxquelles il doit sa célébrité (un mémoire d'histoire soutenu en 2002 par Benjamin Goldenstein à Paris I a fait le point sur la question). Certaines rediffusions dans les « Nuits de France-Culture » étonnent encore par la tenue et l’exigence de ce qui était proposé au public des années 1950 et 1960.

Mais ce brillant touche-à-tout, auteur d’essais historiques, de pièces de théâtre et de romans, croisa aussi plusieurs fois le cinéma en cours de route. Passons rapidement sur les faits mentionnés par les dictionnaires et bases de données : scénarios, écrits avec son compère Jean Nohain, de Raphaël le tatoué, une fernandelerie de Christian-Jaque (1939), et de Voyage surprise, adapté par Jacques Prévert pour son frère Pierre (1947) ; dialogue de Narcisse (1940) ; apparition dans un film de Jean Boyer, Cent francs par seconde (1953) ; adaptation de son roman 125, rue Montmartre, un policier écrit à la manière de Simenon, qui donna un bon Grangier avec Lino Ventura et Robert Hirsch (1959). Et rappelons plutôt son activité de critique cinématographique, bien moins connue. Si peu connue d’ailleurs qu’André Gillois lui-même, que j’ai interrogé à ce sujet en 1997, redécouvrit avec surprise ses articles sur le cinéma publiés pendant quelques années dans l’hebdomadaire parisien Chantecler, à partir de 1926. « Je ne me souvenais pas qu’on ait attaqué Chaplin comme cela. », me déclara-t-il par exemple en lisant les textes où il prit vigoureusement la défense de celui que quelques gloires littéraires de l’époque considéraient encore comme un pitre. La relecture de ses chroniques, pleines de liberté, de verve et de pertinence, confirme pourtant qu’il faut ajouter le nom de Maurice Diamant-Berger à la liste, bien moins réduite qu’on ne croit, des très bons critiques de l’entre-deux guerres.

André Gillois n’y abordait du reste pas le cinéma en néophyte, puisqu’il fut l’assistant de son frère Henri Diamant-Berger, directeur du Film puis réalisateur des Trois mousquetaires (1921). « J’étais passionné de cinéma, et j’en ai fait du très mauvais », prétendait André Gillois, qui n’était pas tendre non plus pour son frère, dont il disait qu’il était si peu doué pour la mise en scène qu’il aurait dû se cantonner à la production. André Gillois a décrit ses aventures cinématographiques dans ses très riches et très plaisants mémoires, Ce siècle avait deux ans (Belfond, 1980 ; Mémoire du Livre, 2002, préface de Jean-Louis Crémieux-Brilhac). Il n’en gardait en définitive qu’un seul bon souvenir : sa rencontre avec René Clair, dont il a reproduit une précieuse lettre (Opus cité, p.315-316). Aux débuts du Parlant, le cinéaste dit du film qu’il vient d’ « exécuter », 14 juillet, qu’il est « absolument vide ». Trop de contraintes, trop de compromis à passer, trop de gens auxquels il faut plaire : « J’essaie de faire [des films] les moins mauvais possible. Mais l’élan n’y est plus. » Tout aussi désabusé que son ami, André Gillois n’en a pas moins lui aussi réussi à devenir l’un des acteurs les plus actifs de la vie culturelle française du XXe siècle : preuve que l’audace et le talent peuvent s’accorder avec le scepticisme et la modestie qui le caractérisaient.

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Complément (31 janvier 2011) : un article assez complet est consacré  par Paul Vecchiali aux activités cinématographiques de MDB dans l'’Encinéclopédie. Cinéastes « français » des années 1930 et leur œuvre (Éditions de l’Œil, 2010).

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DISTINCTION DU PORNO, "MAUVAIS GENRE" PAR EXCELLENCE

18 Juin 2008, 22:57pm

Publié par Mister Arkadin

Il est bel et bon que "les professionnels de la profession" s’indignent de tout "retour à l’ordre moral" et de toute censure, comme c’est en moment le cas à propos de l’interdiction aux moins de 18 ans du film de Pascal Laugier, Martyrs. Les critiques (par l’intermédiaire du Syndicat de la critique de cinéma) font front avec les cinéastes (la Société des réalisateurs de films) pour réclamer un réexamen par la commission de classification, les jeunes gens de 16 à 18 ans ayant bien aussi droit que les adultes de voir des tombereaux d’hémoglobines et quelques petites tortures bien inoffensives.

A contrario, l’éditorial du rédacteur en chef adjoint du magazine Première (n°347, juillet 2008), « Le mauvais genre censuré », nous rappelle opportunément qu’il est bien un "mauvais genre" qui ne saurait être confondu avec du cinéma. Le gore ayant acquis ses lettres de noble, il ne saurait en effet être « relégué à la case prévue pour les films pornographiques : uniquement sur les chaînes cryptées, entre minuit et 5 heures du matin ». Gérard Delorme s’insurge : « Le CSA, qui pourrait arbitrer, refuse de faire la différence entre un film pornographique et un film de "grande violence" », cette dernière notion lui paraissant de plus bien confuse et imprécise, aucun film ne devant dès lors en faire les frais. D’aucuns auraient pu croire que la différence entre un film où les gens font l’amour et se donnent du plaisir et un film où ils s’entretuent et se font souffrir devrait valoriser le premier plutôt que le second. La manière dont la critique et la profession s’accommodent de la relégation du porno et de sa mise au ban tout autant qu’elles s’indignent de la moindre restriction à la diffusion des films violents montre qu’il n’en est rien. S’il demeure un "mauvais genre", qui devrait lui bénéficier en vertu de la prédilection des esprits éclairés pour les genres peu légitimés, décriés par les bien-pensants et persécutés par les pouvoirs publics, c’est donc bien le porno. Il est loin le temps où Paul Vecchiali était salué comme un prince pour avoir refusé que son Change pas de main ne soit pas ixé, par solidarité pour ses confrères réalisateurs de pornos.

Cet éditorial de Première illustre en tout cas parfaitement la communication que j’ai prononcée à l’Université Libre de Bruxelles le 19 avril dernier (colloque « Les mises en scène de la sexualité et leur (dis)qualification : obscénité, pornographie et censure », actes à paraître), dont je reproduis ci-dessous la présentation.

 

Liens complémentaires sur Martyrs :

- site officiel ;

- Facebook.


« L’indistinction comme distinction – la qualification comme disqualification : le porno, genre cinématographique par excellence »

Bien que la question de la définition du cinéma pornographique n’ait jamais été complètement résolue, il est peu de genres aussi aisément identifiables, aussi marqués dans leurs caractéristiques. Pourtant, les points de vue portés sur lui se situent en règle générale aux deux extrêmes. Ils soulignent, d’une part, son extrême distinction par rapport au reste de la production (classification, conditions de production et de diffusion, discours spécifiques, etc.), d’autre part l’extrême indistinction au sein même de ce genre particulier (aucune possibilité de variation entre ses différentes productions ne lui étant concédée par le discours critique dominant, alors qu’il est l’un des plus compartimentés qui soit pour ses aficionados).

Cette indistinction critique est, paradoxalement, un élément d’appréciation du genre, et donc de ses productions. La qualification du genre auquel on les assigne (le porno) vaut disqualification (l’analyse des films eux-mêmes étant dès lors jugée superflue, voire inenvisageable). En retour, la disqualification d’une œuvre, d’un phénomène entraîne souvent leur qualification comme pornographique (« c’est du porno ») alors même qu’ils n’ont a priori d’autre rapport avec les productions pornographiques que la réprobation qu’ils suscitent. Cette indistinction critique représente donc un défi pour le discours sur le cinéma, dans la mesure où le porno pourrait être considéré comme le genre cinématographique par excellence : celui dont le simple énoncé suffit à désigner un film en le (dis)qualifiant. Deux sources principales le montrent abondamment en France : la presse des années 1970 (lors de l’apogée du phénomène en salles) et les magazines sur la télévision des années 2000 (présentation des films érotiques et pornographiques dans les grilles de programmes, lorsque leur banalisation relance les polémiques à ce sujet).

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