LES TROIS AUTRES POUVOIRS, PAILLASONS DU POTENTAT PEILLON
Vincent Peillon a fini par admettre, dans l’émission « Déshabillons-les » sur Public Sénat (16 mars 2010), qu’il avait eu tort de demander la démission d’Arlette Chabot suite à l’organisation par France 2 d’une émission sur l’identité nationale avec Éric Besson et Marine Le Pen. Grand philosophe, expert de la Révolution française, notre fin politique s’est avisé que se plaindre de la mainmise sarkozyste sur l’audiovisuel tout en se faisant parallèlement coupeur de têtes des dirigeants de France 2 était quelque peu paradoxal. De la part de quelqu’un qui aspire au pouvoir exécutif, s’en prendre ainsi au "quatrième pouvoir" (celui de la presse) était pour le moins maladroit. Peillon a mis le temps, mais il l’a lui-même reconnu. Mais en était-il à son coup d’essai ? N’avait-il pas déjà fait des coups d’éclat qui auraient dû scandaliser tout autant, voire plus ?
Passons rapidement sur son soutien à Ségolène Royal pour la Présidentielle 2007 (il en est revenu, comme quoi l’homme réfléchit…). Cette candidate n’avait-elle pas déclaré que si Sarkozy, une fois élu, faisait voter une loi revenant sur les 35 heures, elle se débrouillerait pour qu’elle ne soit pas appliquée dans sa région ? Et d’un pouvoir de plus, le législatif, qui passe à la trappe de ces socialistes d’un nouveau genre ! (cela dit, quand on laisse sans trop protester le Parlement voter la ratification du traité de Lisbonne refusé par le peuple français, on n’est plus à ça près).
Et terminons notre tour d’horizon de la démocratie vue par le républicain Peillon en examinant sa conception du dernier pouvoir qu’il pourrait ne pas détenir si l’exécutif lui était confié : la Justice. Lors d’une émission « Mots croisés » du 7 décembre 2009 (déjà sur France 2 ; émission également visible ici), il a sommé Bruno Gollnisch de s’expliquer sur une affaire jugée en faveur de ce dernier (1). Peillon s’est érigé en juge suprême, exigeant de quelqu’un qui avait été définitivement innocenté de comparaître devant lui (sans que cette obscénité ne perturbe outre mesure l’animateur, Yves Calvi, soit dit en passant). S’il est un fasciste qui aurait dû être éjecté du plateau en l’occurrence, ce n’est donc pas celui qu’on croit. Car, un, deux, trois, le compte est bon, ne resterait que l’exécutif si Peillon y accédait, le pouvoir auquel il aspire étant bien absolu. Tant qu’il n’étudie la Terreur que dans les livres, notre tête a encore une chance de rester sur nos épaules !
Complément (14 mai 2010) : Dans les portraits de Bruno Gollnisch qui fleurissent en ce moment dans la presse à la faveur de son duel avec Marine Le Pen pour la succession de Jean-Marie Le Pen à la tête du Front National, les journalistes rappellent souvent qu'il a été suspendu d'enseignement à l'Université de Lyon III (par exemple dans Le Parisien du 8 mai 2010 et dans Libération du 11 mai 2010). Ils omettent en revanche systématiquement d'informer leurs lecteurs que Bruno Gollnisch a été reconnu innocent par la justice.