Mister Arkadin

FRANÇOIS BRIGNEAU (1919-2012), CRITIQUE DE CINÉMA

23 Avril 2012, 21:10pm

Publié par Mister Arkadin

http://referentiel.nouvelobs.com/file/3426461.jpgIl a été rappelé jeudi dernier, au "Libre journal du cinéma" de Philippe d’Hugues, que François Brigneau, parmi ses multiples activités journalistiques, fut l’un des premiers, sinon le premier critique de cinéma de l’hebdomadaire Rivarol, en 1951-1952, et qu’il collabora également à Cinémonde. Grâce à l’obligeance de Jean-Paul Angelelli, un texte de FB a pu être lu à l’antenne par Philippe Ariotti. Voici l’extrait en question, tiré d’un compte rendu du film de Sacha Guitry La Poison (« Sacha Guitry : Le meurtre serait-il la forme de divorce la plus répandue dans nos campagnes ? », Rivarol, n°71, 30 mai 1952, p. 5) :

« […] si ce diable d’homme n’a jamais servi le cinéma, il sait se servir de lui, je veux dire qu’il a réussi à y trouver son langage. Celui-ci, j’en suis convaincu, n’a rien à voir avec le vrai langage cinématographique, et c’est pourquoi j’ai employé, au départ de cette chronique, l’expression "divertissement filmé", M. Guitry, pour raconter une histoire, préférera toujours les mots aux images. C’est un homme de théâtre. Ce  n’est pas un cinéaste. La chose est une fois pour toutes entendue. Mais cet homme de théâtre ne manque pas d’idées cinématographiques. Il fut l’un des premiers, sinon le premier, à employer le récitant dans Le Roman d’un tricheur (1936). Ici, il invente une nouvelle présentation : à la place du générique, l’auteur vient présenter ses interprètes. L’idée est amusante, encore que mal réussie. En effet, les petits côtés de M. Guitry, ses tics, ses manies, sa superbe – qu’il force comme au catch le lutter désigné pour jouer méchants outre son rôle – ne vont pas sans gêner. Mais l’invention est amusante et le public, qui adore être dans le coup, suit avec intérêt cette promenade à travers les coulisses du studio, à la recherche des artistes et techniciens qui ont travaillé à la réalisation de La Poison.

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» A la tête des premiers, il faut naturellement mettre Michel Simon. Puissant, lent, épais, il joue de son visage boursouflé avec un art et une intelligence remarquables. On dirait Wallace Berry et Raimu ; toutes les bonnes brutes américaines mâtinées de paysans français, rusés compères et naïfs matois. C’est prodigieux.

» Disons encore qu’en présentant La Poison M. Sacha Guitry fait voir le décor d’une prison et laisse tomber :

» – Je vous assure que la vérité a été respectée. Je l’ai vérifiée moi-même.

» La foule rit, d’un gros rire de gorge, satisfait. La même foule qui, au mois d’août 44, essayait de rompre les barrages d’agents pour venir lui cracher au visage. »