Mister Arkadin

AU-DELÀ DES ÉTOILES

23 Février 2011, 00:05am

Publié par Mister Arkadin

Du temps où Jean-Michel Frodon dirigeait Les Cahiers, il était fascinant de voir les "chefs-d’œuvre" fleurir mois après mois dans « Le conseil des dix », jusqu’à trois ou quatre par mois. Depuis son départ, soit la qualité des films a subitement décliné, soit les critiques donnant leur avis sont devenus plus raisonnables. Ainsi, dans le numéro de février 2011, aucun des cinq rédacteurs des Cahiers n’a-t-il jugé le moindre film digne de recevoir quatre étoiles ; deux seulement des cinq autres critiques consultés (Laurent Delmas et Jean-Baptiste Morain) se montrant aussi généreux que possible avec un film (I Wish I Knew et… Comment savoir !). De même dans le numéro de janvier, Sophie Avon était-elle la seule des cinq critiques invités à avoir vu un chef-d’œuvre (Another Year), Stéphane Delorme, rédacteur en chef des Cahiers, distinguant pour sa part Everyone Else.

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Si le spectre des cotations me semble donc un peu plus éclairant, deux bizarreries demeurent toutefois à mes yeux.

En premier lieu, les films sont censés être classés par ordre de préférence des critiques, avec en haut de tableau ceux qui recueillent le plus d’étoiles. Or, certains films se voient surévalués par rapport à la moyenne des étoiles qu’ils reçoivent. Le cas le plus flagrant est celui d’Au-delà, classé en quatrième position alors que seuls deux rédacteurs conseillent le film, un seul franchement qui plus est (trois étoiles pour Vincent Malausa, deux pour Stéphane Delorme) (1), trois autres le déconseillant (une étoile pour Jean-Philippe Tessé et Joachim Lepastier), le seul critique extérieur à la rédaction à l’avoir vu le déconseillant formellement (point noir correspond à « inutile de se déranger »). A contrario, une dizaine de films recueillent plus de suffrages qu’Au-delà, très nettement pour certains (cinq critiques attribuant trois étoiles à Sous toi, la ville et à Le quattro volte), plus également que Somewhere (trois fois trois étoiles seulement et pourtant placé en troisième position). Etre signé Eastwood ou Coppola suffit-il pour être privilégié ? Un film serait-il plus important qu’un autre, bien que moins bon, parce que signé d’un "grand nom" ?

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En second lieu, autant la cote des films récents a baissé depuis l’arrivée d’une nouvelle rédaction, autant la cote des reprises reste au sommet. Ainsi un Welles mineur (La Dame de Shanghai) reçoit-il sept fois quatre étoiles en janvier et un Renoir discutable (Le Journal d’une femme de chambre) en bénéficie quatre fois (sur sept critiques l’ayant vu). La "politique de auteurs" et la surévaluation des "vieux films" ont donc encore de beaux jours devant eux !


Note :

(1) Et encore, Vincent Malausa rétrograde Au-delà de trois à deux étoiles entre janvier et février, le film, dégringolant de la quatrième à la treizième place (quatre nouveaux avis s’avérant de plus assez mitigés). Somewhere subit un sort similaire, passant de la troisième à la onzième place.