Mister Arkadin

OBAMA, QUE D'ABSURDITÉS ON DIT EN TON NOM

22 Novembre 2008, 00:02am

Publié par Mister Arkadin

Combien d'âneries auront-elles été proférées au sujet de l'accession de Mister Obama à la Présidence des USA ? Y a-t-il un journal français, un médiacrate, un intellocrate ou une starlette infatuée qui n'ait dit ou écrit qu'il serait temps qu'en France il y ait enfin des Noirs ici ou là ? Ce n'est pas le lieu de les relever au niveau politique, quoiqu'il y aurait beaucoup à dire (cela rejoint un peu ce que j'ai écrit dans « Georges Frêche, Lilian Thuram et Alou Diarra, même combat : une équipe de France de football doit-elle être "aux couleurs de la France" ? »). En ce qui concerne le cinéma, ou plus exactement l'audiovisuel, cela aura été l'occasion de ressortir divers plans ou études sur la "diversité" devant désormais prévaloir sur les écrans. Cela aura aussi permis au courrier de Télérama de faire une nouvelle fois la preuve de sa prééminence en matière de bien-pensance auto-satisfaite : « Obama président. Peut-être verra-t-on enfin des Noirs dans les films de Woody Allen. Peut-être... » (19 novembre 2008, p.7) (1). Il est admirable de voir à quel point l'assurance de bien penser prémunit contre toute curiosité, contre toute vérification, contre tout scrupule dans ce que l'on énonce. Passons sur le fait que Woody Allen fait partie de ces artistes qui s'inspirent prioritairement de leur propre expérience et qu'il n'a jamais caché qu'il vivait dans un petit milieu d'artistes juifs new-yorkais. Et notons, pour en finir avec ce billet déjà trop long vu la bêtise de son prétexte, que c'est dans le formidable Mélinda et Mélinda (en ce moment adapté au théâtre, soit dit en passant, comme je le note dans « Cinéastes et cinéma sur scène »), que j'ai découvert, en amant de la succulente et trop rare Radha Mitchell, le très bon Chiwetel Ejiofor, comédien revu ensuite avec plaisir dans la remarquable série britannique Trust (passée postérieurement sur le câble français, bien que sa réalisation soit antérieure à Mélinda), dans She Hate Me et Inside Man (beaucoup de Noirs décidément dans la plupart des films de Spike Lee, s'rait pas imp'tipeu communautariste cui-là ?), ainsi que dans American Gangster.

 


(1) Pour être honnête, précisons que le courrier de Télérama est ce jour là assez équilibré, deux lecteurs cédant à l'Obamania, deux autres la moquant ou la mettant en perspective (le parcours de Gaston Monnerville étant opportunément rappelé, en oubliant cependant que, non seulement il était président du Sénat quand Martin Luther King fut assassiné, mais qu'il fut à deux doigts d'assumer la Présidence de la République - par intérim, certes, mais tout de même, cela relativise les discours amnésiques et culpabilisateurs d'aujourd'hui).